Sin City 2 – J'ai tué pour elle : Un polar d'encre et de sang
Article Cinéma du Mardi 29 Juillet 2014

Lorsque Sin City sort en salles, en 2005, Robert Rodriguez et Frank Miller ne dissimulent pas leur volonté de revenir au plus vite au sein de la ville des pêchés. Neuf ans plus tard, Dwight, Marv et John Hartigan reviennent enfin sur le grand écran avec une deuxième adaptation des romans graphiques de Frank Miller. Il était plus que temps de tourner la page...

Par Pierre-Eric Salard



En 2005, le réalisateur Robert Rodriguez (Machete, Planète terreur) surprend les cinéphiles en proposant une adaptation extrêmement fidèle – que ce soit d’un point de vue graphique ou narratif – des comics de Frank Miller (300, Batman : The Dark Knight Returns), publiés aux États-Unis de 1991 à 2000 par Dark Horse Comics et proposés en France par Vertige Gaphic, puis Arkham, à partir de 1994. Frank Miller signe lui-même le scénario en adaptant trois des sept volumes : Sin City, Le grand carnage et Cet enfant de salaud. Le prologue et l’épilogue du film sont quant à eux tirés d’une histoire courte, publiée dans le volume Booze, Broads & Bullets. Robert Rodriguez invite également l’auteur à co-réaliser cette adaptation (Quentin Tarantino signant quant à lui un segment). Ce qui l’obligera à quitter la puissante Directors Guild of America (DGA). À une époque où Brian Singer et Sam Raimi proposent respectivement leurs propres versions des X-Men et Spider-Man, le cinéaste d’Une nuit en enfer souhaite non pas proposer sa vision de l’œuvre de Frank Miller, mais une transposition parfaite du récit illustré en noir et blanc (avec quelques touches de couleur). Visuellement, le long-métrage reprend les plans, la mise en lumière, la coloration et le découpage des pages des comics. Grâce aux technologies numériques testées par Robert Rodriguez lors de ces précédents films, le film est intégralement tourné devant un fond vert. Le résultat est de l’ordre de l’inédit. Accompagnés par un casting impressionnant (Jessica Alba, Benicio del Toro, Elijah Wood, Michael Madsen, Rutger Hauer, Michael Carke Duncan...), Mickey Rourke, Bruce Willis et Clive Owen interprètent les trois personnages principaux : le colossal Marv, le détective John Hartigan et le mystérieux Dwight McCarthy. À sa sortie, Sin City est salué par la critique. Il récoltera 158 millions de dollars au box-office international, pour un budget de 40 millions. Un second épisode est immédiatement envisagé. Mais les mois passent, puis les années, et le projet tarde à voir le jour. « La première question que l’on me pose, c’est toujours « quand est-ce que vous allez faire un autre Sin City », s’amuse Robert Rodriguez en 2006. Pour cette future adaptation, Robert Rodriguez et Frank Miller sélectionnent rapidement le second volume des comics, J’ai tué pour elle (A Dame To Kill For), publié en 1994. Le titre de ce roman graphique fait référence à Ava Lord, une femme fatale qui manipule les hommes afin de satisfaire ses ambitions. Le film serait simultanément un prélude et une suite au premier volet – certaines se déroulant avant ou après les événements que nous avons découverts en 2005. Dès 2006, Frank Miller s’attelle à l’écriture du script. Il indique alors que le tournage pourrait débuter dès la fin de cette même année ! Ce qui est confirmé par Robert Rodriguez lui-même. Pourquoi faudrait-il attendre davantage ? Sin City a été un succès ; le public attend un second opus. Il ne faudrait pas le décevoir… En 2007, le scénario est prêt. Le tournage n’a pourtant pas commencé. « Nous sommes en train d’en discuter », explique Robert Rodriguez à l’été 2007. Il rencontre d’ailleurs Angelina Jolie, à laquelle il propose le rôle d’Ava Lord. Mais l’absence de progrès de Sin City 2 se trouve en coulisse. En effet, la société de production Dimension Films, qui avait distribué le premier opus, a quitté le giron de The Walt Disney Studios en 2005, peu après la sortie de ce dernier. Ses fondateurs, les frères bob et Harvey Weinstein, ont préféré retrouver leur indépendance. Dimension Films devient une division de leur nouvelle société, The Weinstein Company. Cette décision a un coût : ils ne disposent plus du financement nécessaire au tournage de Sin City 2. Or leurs premières productions ne rencontrent pas le succès espéré. Les frères Weinstein incitent ainsi Robert Rodriguez à se concentrer sur d’autres projets. « Va faire un ou deux films, et reviens nous voir », déclarent-ils au cinéaste. Après avoir terminé la postproduction des Aventures de Shark Boy et Lava Girl (2005), Robert Rodriguez va œuvrer sur Planète terreur (qui fait partie du diptyque Grindhouse). Tout en continuant à travailler pour l’industrie des comics books, Frank Miller, quant à lui, va produire l’adaptation de son 300 (2007), avant de réaliser celle de The Spirit (2008). À cette occasion, il annonce qu’une trilogie Sin City est envisagée ! « Il est devenu de plus en plus difficile de revenir vers Sin City 2 », tempère Robert Rodriguez. « Nous n’arrivions plus à trouver du temps à consacrer à ce film. Nous avions manqué le moment propice ». Les spectateurs, eux, continuent à réclamer cette suite. « Nous nous sommes dit qu’il fallait le faire, à un moment ou à un autre », ajoute le réalisateur. « Mais il nous fallait avant tout trouver du temps ». L’occasion tardera à arriver. À partir de 2008, Sin City 2 reste bloqué dans l’« enfer du développement » où s’abiment de nombreux projets. Il faut attendre 2011 pour que Robert Rodriguez annonce, à l’occasion de la sortie du quatrième opus de la série des Spy Kids, que Sin City 2 sera son film suivant. « Il semble qu’il y existe une possibilité que ce film voie enfin le jour », déclare peu après Carla Gugino, qui incarnait Lucille dans la première adaptation. « Mais il faut avant tout réussir à rassembler toute l’équipe… » Il s’avère effectivement difficile d’accorder les emplois du temps des nombreuses vedettes qui ont participé au premier volet. En août 2011, Robert Rodriguez déclare que le budget est bouclé. « Nous disposons de tout ce dont nous avons besoin », ajoute le cinéaste. « Nous pouvons lancer le tournage dès que le scénario est prêt ». Suite aux nombreux délais, Frank Miller a effectivement retravaillé son scénario, qui bénéficie désormais de deux histoires originales (sur quatre). En septembre, le script est révisé par William Monahan (Les infiltrés, Oblivion). Durant les semaines suivantes, les fans retiennent leur souffle. En octobre 2011, Frank Miller indique que le feu vert n’a pas été donné. « J’ai de l’espoir », avoue-t-il. Il faut attendre mars 2012 pour que Robert Rodriguez annonce que le tournage débutera aux alentours de l’été. Le doute est de mise ; durant les sept années précédentes, combien de fois a-t-il expliqué que Sin City 2 verrait bientôt le jour ? Finalement, le 13 avril 2012, Sin City : J’ai tué pour elle est officiellement annoncé par Dimension Films. Les prises de vues sont prévues pour l’automne ; la sortie en salles est programmée pour l’automne de l’année suivante. « Depuis le jour où nous avons terminé Sin City, j’ai envie de refaire équipe avec Frank Miller et de retrouver le monde qu’il a créé », déclare Robert Rodriguez. « Mais nous avons préféré attendre. Nous avions un devoir envers les fans : disposer d’une histoire exceptionnelle, qui serait à la hauteur des attentes démesurées ». Frank Miller promet quant à lui que ce nouvel opus ira plus loin que le film original. « Les spectateurs réclament Sin City 2 depuis bien longtemps », rappelle Bob Weinstein, pour qui ce long-métrage marque la onzième collaboration – en seulement seize ans – avec Robert Rodriguez. « Croyez-moi : l’attente en valait la peine ! »



Deux des quatre récits imbriqués dans Sin City 2 se déroulent avant les événements du premier film : J’ai tué pour elle et The Long Bad Night. Ce dernier segment a été imaginé par Frank Miller pour le film, ainsi que The Fat Loss. J’ai tué pour elle, qui constitue l’arc narratif principal, est tiré du second volume des comics. Dwight McCarthy – interprété par Clive Owen dans le film original – y gagne sa vie en prenant des clichés compromettants des ébats d’époux infidèles. Il est un jour contacté par une ancienne compagne, l’envoutante Ava Lord, qui a besoin de son aide pour échapper à l’emprise de son millionnaire de mari. Mais les hommes ne sont que des pions dans le sinistre jeu de la femme fatale, qui n’hésite jamais à user de ses charmes. Après avoir été trahi par la belle, Dwight cherchera à se venger. Dans The Long Bad Night, Johnny – un personnage inédit — tente de mettre un terme au joug du plus grand vilain de Sin City. Les événements ne se dérouleront évidemment pas comme il les avait prévus. Just Another Saturday Night, une courte histoire tirée du cinquième volume des comics, se déroule parallèlement aux retrouvailles entre John Hartigan (Bruce Willis) et Nancy Callahan, dans le premier film. Marv (Mickey Rourke) reprend conscience au bord d’une route, entouré de cadavres. Il n’a cependant aucun souvenir de ce qui s’est précédemment passé ! Enfin, The Fat Loss — le second récit original — raconte comment Nancy tente de se remettre de la mort de John Hartigan — et de le venger, plusieurs années plus tard ! Cette dernière intrigue – inédite — était promise aux fans des comics depuis plus d’une douzaine d’années… À l’instar du film original – et des sept tomes des comics —, Sin City 2 est donc constitué de récits qui se déroulent à diverses époques. Ce qui explique pourquoi certains protagonistes, morts précocement, font leur (ré) apparition. Le processus de casting a débuté en avril 2012. « Le casting sera du même calibre et éclectisme que celui du premier opus », promet alors Robert Rodriguez, qui s’apprêtait à se plonger dans le tournage de Machete. « J’ai déjeuné avec Mickey Rourke. Il est très excité à l’idée de retrouver Marv ». Quelques mois plus tôt, l’acteur américain ne semblait pas être aussi enthousiaste. « J’aime Marv, mais je suis sujet à la claustrophobie ». Arborer un maquillage ne l’enchante donc guère – même s’il est l’œuvre du talentueux Greg Nicotero (The Walking Dead). « Vous devez porter du latex une douzaine d’heures par jour ! » Sans oublier les éventuels effets secondaires — qui ne consistent pas seulement à sentir ses yeux rougir. «Une nuit, je me souviens avoir rencontré une fille dans un bar », raconte-t-il, non sans humour. « Je l’ai invité à venir déjeuner avec moi, durant la pause. Mais je n’avais pas le droit de retirer le maquillage. Je ne l’ai évidemment jamais revu ! » Bon gré mal gré, sa participation était cependant inévitable. Après tout, Sin City lui avait permis de renouer avec le cinéma, après plusieurs années passées loin des projecteurs. Jessica Alba (Nancy Callahan), Rosario Dawson (Gail), Bruce Willis (John Hartigan), Powers Boothe (le Sénateur Roark) et Jaime King (Goldie et Wendy) sont également de retour. « Depuis 2005, j’ai entendu parler de Sin City 2 tous les six mois », s’amuse Jessica Alba. « Chaque année, on me disait que le film allait se faire… À force, je n’y croyais plus ! » Les aléas de la vie ont toutefois contraint à dénicher de nouveaux interprètes pour plusieurs personnages du film original. Entre-temps, Brittany Murphy et Michael Clark Duncan nous ont quittés. Dennis Haysbert (24 heures chrono) reprend ainsi le rôle du second, Manute. Le majordome — puis homme de main – a un rôle bien plus important dans l’intrigue de Sin City 2. Il n’était donc pas possible de couper les scènes de ce personnage. « Manute est un personnage crucial des intrigues des comics, et Michael Clarke Duncan a parfaitement établi ce rôle sur grand écran », déclare Robert Rodriguez. « Mais nous n’aurions pas pu raconter l’histoire de J’ai tué pour elle sans Manute. Nous sommes donc ravis d’accueillir Denis au sein de la distribution ». Il est plus surprenant d’apprendre que Jeremy Piven (Le Royaume, la série Entourage) remplace Michael Madsen dans le rôle de Bob. Initialement, l’acteur de Reservoir Dogs était pourtant annoncé. « Quelqu’un semble mieux informé que moi », soulignait-il en 2012. « Mais j’aimerais que cela soit vrai ». Pour une raison obscure, Michael Madsen n’a finalement pas été invité à retrouver Bob. Devon Aoki étant enceinte à l’approche du tournage, Jamie Chung (Dragonball Evolution) incarne quant à elle l’assassin muet Miho. Notons enfin que Clive Owen ne reprend pas le rôle de Dwight McCarthy. Dans le premier film, Shellie (interprétée par la regrettée Brittany Murphy) mentionnait que Dwight avait changé de visage — suite à une opération de chirurgie reconstructive. Or les événements auxquels participe ce personnage – dans Sin City 2 — se déroulent avant ceux de Sin City. « L’intrigue de J’ai tué pour elle explore des situations que nous avons évoqué, Clive Owen et moi, dans certains dialogues du premier film », précise Rosario Dawson (Men in Black 2, Descent), qui retrouve le rôle de Gail. Josh Brolin (No country for old Men) devient ainsi le nouveau visage de Dwight. « Josh est parfait », promet Robert Rodriguez. « Nous avons rencontré des difficultés avant de trouver un acteur qui comprendrait ce personnage. Josh était l’un de mes premiers choix, mais il n’était pas disponible. Il a finalement pu se libérer. Si nous avions réalisé Sin City 2 quelques années plus tôt, cela n’aurait pas pu être possible ! » Frank Miller et Robert Rodriguez supervisent eux-mêmes les séances de casting. « Nous rencontrons chaque acteur », explique le cinéaste. « Je souhaite assister aux réactions de Frank. Il a dessiné tous ces personnages. Quand un acteur correspond à ses créatures, cela se voit sur son visage. Il ne le sait qu’au moment où un acteur passe la porte ». La carrière d’Angelina Jolie ayant suivi de nombreux détours depuis 2007, une nouvelle actrice est recherchée pour le rôle d’Ava Lord. « Ava est complètement diabolique », déclare Frank Miller. « Elle n’a aucune pitié. Le mal incarné ». Les noms de Salma Hayek, Rachel Weisz, Rose McGowan, Michelle Williams ou encore Anne Hathaway ont été successivement évoqués. La Française Eva Green (Casino Royale, Dark Shadows), née en 1980 à Paris, obtient en janvier 2013 le rôle tant convoité. « Pour chaque homme, Ava est à la fois le plus beau rêve et le plus sombre cauchemar », souligne Frank Miller. « Elle est l’une des plus dangereuses et fascinantes résidentes de Sin City. Dès le départ, nous savions que son interprète devait être capable de personnifier les nombreuses caractéristiques de cette femme fatale. Nous les avons trouvés chez Eva Green ». Notons que la jeune comédienne a récemment joué dans une autre adaptation d’un roman graphique de Frank Miller, 300 : Rise of an Empire. « C’est une pure coïncidence », souligne l’actrice, qui n’avait jamais lu un volume de Sin City. « J’ai, depuis, lu plusieurs fois J’ai tué pour elle », ajoute-t-elle. Son interprétation devait reproduire fidèlement le story-board. « J’étais un peu inquiète. Dans ces conditions, comment allais-je laisser parler ma créativité ? Mais Ava est une femme fatale aux multiples facettes ». Le prolifique Joseph Gordon-Levitt (Inception, The Dark Knight Rises, Looper) obtient quant à lui le costume d’un personnage inédit et inventé pour le film, Johnny. Julia Garner (Le Dernier Exorcisme 2) incarne la strip-teaseuse Marcy, dont Johnny croisera la route. « Le tournage fut très rapide et amusant », explique l’actrice. « Joseph Gordon-Levitt est un partenaire génial, j’ai adoré travailler avec lui ! » Ray Liotta (Les affranchis) incarne Joey Canelli, un homme d’affaires qui trompe sa femme avec Sally – elle-même interprétée par Juno Temple (The Dark Knight Rises). « J’ai obtenu le rôle trois mois après avoir passé les auditions », se souvient Juno Temple. « Dès le lendemain, j’étais dans un avion ! Je partage toutes mes scènes avec Ray Liotta, un acteur dont j’admire les films depuis l’âge de 14 ans. Il est tout simplement brillant ». Christopher Meloni (Man of Steel) joue le nouveau partenaire de Bob, Mort, qui est aussi l’un des seuls policiers intègres de la sinistre cité. Stacy Keach (le rôle-titre de la série Mike Hammer) sera Wallenquist, responsable de l’organisation criminelle éponyme. Notons enfin que Lady Gaga fait une apparition en tant que serveuse. « Elle m’a beaucoup impressionné », déclare Joseph Gordon-Levitt. « Lady Gaga est une vraie professionnelle ». Les talents de la chanteuse semblent d’ailleurs être appréciés par Robert Rodriguez, puisqu’elle a précédemment joué dans Machete Kills.



Si Frank Miller et Robert Rodriguez sont tous deux crédités à la réalisation de ce second opus – à l’instar du premier volet —, Quentin Tarantino n’a pas été invité à rejoindre, cette fois-ci, le tournage. Les prises de vues ont débuté en octobre 2012 dans les locaux de Troublemaker Studios, la société de Robert Rodriguez, à Austin, dans l’état du Texas. « Après tant d’années, le premier jour sur le plateau ressemblait à un rêve éveillé », s’amuse Jessica Alba. Le cinéaste a semble-t-il voulu repousser les limites pour Sin City 2. « La première fois, je me suis retenu », explique-t-il. « Je ne savais pas si les spectateurs apprécieraient l’imagerie du film. Sin City ressemble à une bobine traditionnelle, un film en prises de vues réelles et noir et blanc, avec quelques touches de couleur. J’ai tué pour elle sera visuellement encore plus proche du style des comics. Ce film va surprendre ! » Il ajoute que la force du film ne repose pas uniquement sur ses visuels. « Sin City est avant tout une manière de raconter une histoire, qui fonctionne sous toutes les formes, aussi bien sur grand écran que sur le papier. Frank Miller est un auteur et illustrateur comme il n’en existe aucun autre ». Le tournage se fait — de nouveau — devant un fond vert, les acteurs ne disposant que de quelques accessoires pour asseoir leurs interprétations. Même si l’utilisation des fonds verts l’éloigne pendant plusieurs mois des rayons du soleil, Robert Rodriguez apprécie le contrôle absolu qu’elle lui offre. Eva Green avoue cependant qu’elle a été déstabilisée par ce processus. « Il n’y a rien de réel, autour de vous. Le plus important est de rester connecté avec votre partenaire de jeu. Dans le cas contraire, vous êtes perdus devant ces fonds verts. Josh Brolin fut d’ailleurs un partenaire d’exception ». Elle a en outre tourné plusieurs scènes dans le plus simple appareil. « Le corps d’Ava est son arme, un outil qu’elle utilise pour manipuler les hommes. La nudité n’est donc pas gratuite. J’ai fait confiance à Robert. Je savais qu’il filmerait les scènes de nu avec goût, et qu’il me mettrait en valeur ». Jessica Alba s’est quant à elle entrainée durant trois mois avant de retrouver, près de dix ans plus tard, Nancy Callahan. « J’ai dû mémoriser et maitriser un certain nombre de chorégraphies », précise-t-elle. « Je danse davantage dans ce film. Ce fut très difficile, et vous comprendrez pourquoi… » Sin City 2 est tourné nativement en 3D relief – un processus qui n’est pas inconnu pour Robert Rodriguez. « Nous ne l’avions pas fait pour Sin City », rappelle-t-il. « Et je n’aime pas les conversions. Les deux processus sont incomparables. L’univers de Sin City, en deux dimensions, est très stylisé. En 3D, l’imagerie du film va émerveiller le public ». La création des plus de 2000 plans à effets visuels a été confiée à Prime Focus India (Robin des bois), situé à Mumbai. Notons que le groupe Prime Focus a lui-même participé au financement de Sin City 2. Pour les besoins de ce projet, pas moins de 450 infographistes ont été recrutés. Alors que l’industrie — américaine — des trucages souffre actuellement des délocalisations, les conditions et les coûts du travail n’ont bien entendu pas été évoqués. Initialement prévue pour octobre 2013, la descente aux enfers de Dwight aura finalement lieu à partir du 22 août prochain, aux États-Unis. Et le 17 septembre en France. Nous aurions pu croire que la fastidieuse postproduction était à l’origine de ce report. Selon Robert Rodriguez, le film a toujours été prévu pour 2014 ; il souhaitait, en réalité, conserver un créneau en octobre pour son Machete Kills. Quelle que soit la véritable raison, Frank Miller et Robert Rodriguez se projettent déjà dans l’avenir. « Nous avons récemment regardé le montage final », racontait le second en mars dernier. « Frank semblait très satisfait. Il m’a ensuite expliqué comment il imaginait Sin City 3 ! » La trilogie évoquée en 2007 deviendrait ainsi réalité ! Sans même compter les récits courts et les intrigues inédites que pourrait imaginer Frank Miller, deux volumes des comics n’ont pas encore été transposés sur le grand écran. En décembre 2013, Bob Weinstein envisageait, quant à lui, le développement d’une série télévisée. Plusieurs adaptations TV issues des productions de Dimension Films sont déjà à étude, dont Scream sur MTV et The Mist. Sans oublier qu’Une nuit en enfer est devenue une série diffusée aux États-Unis sur le réseau El Rey, et à l’international sur Netflix. En cas de succès, J’ai tué pour elle ne risque pas d’être notre dernière incursion à Sin City. Espérons simplement que neuf années ne nous séparent pas de cette future visite…

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