Entretien exclusif avec Marc Webb, réalisateur de THE AMAZING SPIDER-MAN 2, LE DESTIN D’UN HEROS - 3ème Partie
Article Cinéma du Mardi 26 Aout 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Marc, nous vous retrouvons dans votre salle de montage et vous venez de nous montrer une des premières scènes du film, qui nous en apprend beaucoup plus sur le destin des parents de Peter après leur départ précipité que ce que l’on avait vu dans l’épisode précédent. Comment est née cette séquence où ils tentent de fuir les USA à bord d’un jet privé, et réalisent qu’on leur a tendu un piège mortel ?

Eh bien je voulais la filmer en tout premier, dès le début du tournage, car j’avais peur que le studio fasse pression ensuite pour la couper dans le script, en arguant qu’on ne voit pas Spider-Man dedans ! Cette séquence a été très amusante à tourner. Comme vous avez pu le voir, le décor de l’intérieur du jet bouge beaucoup, grâce à un système de gimbal qui nous a permis de simuler le moment où le jet fait un piqué. J’ai été particulièrement satisfait d’avoir pu filmer toute la scène de la bagarre dans l’avion sans avoir recours à des cascadeurs. Tout ce que vous avez vu a été joué par Campbell Scott, qui joue Richard Parker, le père de Peter, et par Bill Hacht qui joue le rôle du pilote. Ces deux acteurs ont passé des semaines à répéter chaque geste du combat. Ce qui rendait cette chorégraphie encore plus difficile à régler, c’est que la plateforme sur laquelle était construit le décor était fixée sur un axe transversal, comme un poulet dans une rôtisserie, et pouvait à la fois pivoter sur elle-même et être secouée par les autres actionneurs de la machinerie. C’était un dispositif très complexe. A l’exception de quelques plans qui montrent l’extérieur de l’avion en train de tomber, tout ce que vous avez vu dans cette scène a été tourné directement avec une caméra tenue à la main, dans le décor en mouvement, avec les deux acteurs faisant mine de s’affronter. Le département des effets visuels a simplement ajouté des débris de verre en train de voler dans la cabine, et le ciel au travers des hublots, mais tout le reste a été filmé en prises de vues réelles. C’est à la fois très amusant à faire, et assez dur à supporter, car pour pouvoir cadrer correctement la scène et diriger les acteurs, nous devions être solidement attachés au décor qui tournait. Après chaque prise, nous avions la nausée, et l’impression que tout continuait à bouger autour de nous ! (rires) Mais ça en valait la peine. Cette scène a été une excellente manière d’entamer le tournage de ce film.

Est-ce que la scène que vous nous avez montrée est complète sous cette forme ?

Mmm…disons qu’il est possible qu’il y ait certains plans en plus quand elle sera insérée dans le film.

C’est ce que laisse entendre le plan où l’on voit qu’il reste un parachute sous l’un des sièges de l’avion.

C’est une remarque intéressante. Vous avez un bon sens de l’observation ! (rires)

Quel logiciel utilisez-vous pour monter le film ?

Nous travaillons sur Avid avec Pietro Scalia, qui est un monteur formidable, et une légende dans le métier. Il a reçu un Oscar pour son travail sur LA CHUTE DU FAUCON NOIR de Ridley Scott, avec lequel il a collaboré sur GLADIATOR , AMERICAN GANGSTER et PROMETHEUS. J’avais eu le plaisir de travailler avec Pietro sur le précédent AMAZING SPIDER-MAN.

Vous avez tourné le film à la fois en 3-D native et en 2D convertie en relief…

Oui, et cette séquence en est justement un excellent exemple. Je n’aurais pas pu tourner cette scène avec une caméra 3-D numérique. J’aime la qualité particulière de l’image 35mm, qui capte et restitue la lumière bien plus joliment qu’une image numérique. Comme nous devions bouger énormément la caméra pendant le tournage de cette scène, avec le décor en mouvement, et le chef opérateur attaché à la structure qui pivotait sur elle-même et qui était secouée pour imiter les turbulences, nous avions besoin d’utiliser une petite caméra qui puisse suivre tout ce qui se passait avec beaucoup d’agilité. Les supports de caméra 3-D avec deux caméras et tout un équipement qui pilote simultanément les deux objectifs sont beaucoup trop volumineux et fragiles pour supporter de telles conditions de tournage. Je n’avais envie d’être limité par les capacités de la caméra pendant la captation de cette scène. C’est la raison pour laquelle j’ai pris d’emblée la décision de filmer cette séquence en 2D, parce que je savais que nous allions pouvoir la donner en premier au département des effts visuels pour la convertir en relief, tout en créant les effets des débris volants dans la carlingue. Nous avions tout le temps nécessaire pour faire une conversion extrêmement sophistiquée, à l’instar de celle que James Cameron a faite pour TITANIC 3-D.

Pouvez-vous parler de l’apparition de Harry et Norman Osborne dans ce film, et de l’arc narratif de ces deux personnages ?

Il y a beaucoup de tensions entre Norman Osborne et son fils Harry. Les liens amicaux entre Peter Parker et Harry ont été renforcés par le fait qu’ils ont tous les deux été abandonnés par leurs pères, pour différentes raisons. Le père de Peter a disparu, tandis que celui de Harry s’est tellement investi dans son travail qu’il a négligé son fils. Vous découvrirez dans le film une scène très émouvante entre Norman et Harry dont je ne peux pas vous parler. L’interaction entre les deux personnages est très forte. Norman est incarné par Chris Cooper, qui est l’un des plus grands acteurs américains. Dane et lui ont d’ailleurs déjà eu l’occasion de jouer ensemble, dans un film sorti il y a quatre ans intitulé AMIGO.

S’agit-il de tensions personnelles entre Norman et Harry, ou de tensions professionnelles parce que Harry est l’héritier désigné de l’empire Osborne, et va devoir diriger Oscorp dans le futur ?

Ce sont des tensions personnelles. Harry a du ressentiment parce que Norman était accaparé par son empire, pour des raisons que vous découvrirez dans le film. Harry est un jeune homme brillant, mais il a souffert de se sentir rejeté. Et je voudrais préciser que cette incarnation de Harry est très différente de celle que l’on a vue avant. Notre Harry est un étudiant extrêmement brillant, dont les capacités scientifiques rivalisent avec celles de Peter. Il a toutes les compétences nécessaires pour hériter de l’empire Oscorp et pour le diriger.

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