Reportage exclusif sur le tournage des GARDIENS DE LA GALAXIE : Entretien avec Chris Pratt alias Peter Quill / Star-Lord – 3ème partie
Article Cinéma du Mercredi 17 Septembre 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Vous projetez une merveilleuse innocence en incarnant le personnage d’Andy Dwyer dans la série PARKS AND RECREATION. On a vu beaucoup de comédiens jouer des naïfs ou des idiots, mais votre manière de jouer Andy le fait ressembler à un enfant émerveillé et désordonné qui habiterait un corps d’adulte. Y a-t-il aussi un peu de cette innocence dans le personnage de Peter Quill, parce qu’il a été élevé dans l’espace, comme vous nous le disiez un peu plus tôt ?

Oui, il y a un peu de cela dans la personnalité de Peter. Absolument. Parce qu’il a du se débrouiller par lui-même à partir de l’âge de son kidnapping, vers neuf ou dix ans. Il a donc gardé des côtés enfantins, mais les circonstances et le contexte de sa vie sont radicalement différents de ceux d’Andy. Même s’il n’en a pas l’air, Peter a une grande souffrance en lui, qui est celle que connaissent tous les déracinés. Son monde d’origine lui manque. Sa famille lui manque. Ce sont des blessures profondes. Ce traumatisme est présent en lui où qu’il aille. Mais il a cependant gardé un enthousiasme proche de celui des enfants. Il a des réactions vives et intenses, sans fards. Ce qu’il fait est « brut » en quelque sorte, parce qu’il n’a pas été éduqué pour dompter ses sentiments ou se conformer à une manière d’être en société. Il vit de manière pleine, intense et immédiate. Il est dans l’instant présent, comme un enfant. Mais bien sûr, les épreuves qu’il traverse au cours de cette aventure le font mûrir et le transforment pour de bon.

Peter Quill possède-t-il certains pouvoirs, ou disons des capacités inhabituelles ?

Peter n’est pas comme un superhéros habituel, qui peut voler, projeter des rayons brûlants avec ses yeux, ou grimper à la verticale sur les murs. Il est humain, même si l’on apprend au cours du film qu’il a des caractéristiques qu’aucun autre humain ne possède, et ce pour différentes raisons… Mais cela n’intervient pas au cours de cette première aventure. On ne décrit pas en détail ce qui le rend si spécial, en dehors du fait qu’il constitue l’un des maillons importants de ce groupe.

Comment Peter Quill s’entend-il avec les autres membres de l’équipe ? Quelles sont ses relations avec eux ?

Elles évoluent constamment au cours du film. Au début, il a peur d’eux et les déteste. Il voudrait les fuir. Et à la fin, il les aime, ils forment une famille, et il donnerait sa vie pour les protéger. On suit cette évolution tout au long de l’aventure, et on devine aussi que Peter trouve Gamora très attirante.

Quels sont les défis à relever en interprétant ce rôle, aussi bien au niveau dramatique qu’au niveau pratique, puisque deux des personnages du groupe des GARDIENS DE LA GALAXIE, Groot et Rocket Racoon, ne sont pas physiquement présents sur le plateau quand vous jouez ?

C’est difficile, mais quand même moins que cela le serait si Christian et Sean, les doublures de ces personnages, n’étaient pas face à nous pendant le tournage. Chris et Sean sont des acteurs et ils s’impliquent énormément dans l’interprétation de ces personnages. C’est vraiment très appréciable et très généreux de leur part, car ils savent que ce qu’ils font sur le plateau sera effacé pour être remplacé par les personnages animés en 3D. Ils savent aussi qu’ils ne seront pas reconnus pour ce travail, et que leurs choix de jeu ne sera pas forcément repris dans l’animation 3D. Idem pour leur manière de dire le texte, car Bradley Cooper, qui prêtera sa voix à Rocket Racoon, et Vin Diesel, qui fera de même pour Groot, le joueront à leur propre manière. Bref, Chris et Sean font ce travail pour nous aider, tout en sachant qu’ils interviennent de manière quasi-anonyme, et que personne ne verra leurs visages. Je tiens à leur rendre hommage parce qu’ils accomplissent cette tâche aussi dure qu’ingrate, dans tout ce qu’elle a d’épuisant physiquement, alors qu’il leur suffirait de dire leur texte confortablement installés dans des fauteuils derrière la caméra. Pour nous, leur présence et leur implication a été une vraie bénédiction. C’est grâce à eux que nous ne nous retrouvons pas en train de jouer en face d’un espace vide laissé pour intégrer plus tard un personnage 3D. Nous avons la chance de jouer en face de Sean Gunn, qui peut générer toutes sortes d’émotions e jouant Rocket, pour m’aider à ressentir tout ce que je dois ressentir au cours de la scène.

Justement, que ressent Peter face à Rocket Racoon ?

Rocket est un drôle de petit être. C’est une créature qui a été créée génétiquement et cybernétiquement, et qui se sent seule au monde. Et même s’il est ahurissant à voir, ce raton laveur équipé d’un fusil est d’abord un solitaire, qui se sent différent de tous les êtres qu’il croise dans la galaxie. Il en souffre beaucoup. C’est un point commun qui existe entre Peter et Rocket, et quand je joue « avec lui », c’est sur cette douleur commune que je me connecte, pour être en empathie. On accepte mieux les réactions de quelqu’un quand on sait qu’il souffre, et on les comprend vraiment quand on connaît les causes de cette souffrance. Je pense que les spectateurs auront eux aussi de l’empathie pour cette petite créature. Je crois que l’on aurait eu du mal à obtenir le même résultat s’il avait fallu que je joue face à une balle de tennis accrochée à un petit bâton ! C’est pour cela que j’ai énormément de reconnaissance envers Sean.

Les studios Marvel espèrent que LES GARDIENS DE LA GALAXIE lancera une franchise à succès et engendrera d’autres épisodes. Est-ce que vous trouvez cette perspective excitante ? Ou craignez-vous un peu de devoir jouer ce personnage pendant de longues années ? Avez-vous aussi la crainte d’être cantonné dans des rôles d’action, et de rater ainsi l’opportunité que l’on vous propose d’autres types de personnages ?

Aujourd’hui j’ai du mal à savoir comment je réagirais si j’étais amené à jouer Peter Quill dans dix autres épisodes des GARDIENS DE LA GALAXIE. Je pense que ma perception du rôle dépendra aussi de l’accueil des spectateurs. Les acteurs qui ont été placés dans ce genre de situation ont souvent eu envie d’en profiter pour jouer des rôles très différents entre les épisodes d’une saga cinématographique.

Oui, Sean Connery, notamment, entre deux James Bond, s’amusait à casser son image avec des personnages aux antipodes de 007…

En fait, c’est juste une question d’état d’esprit, car quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve , on peut toujours se dire que « L’herbe est plus verte ailleurs. » Franchement, je ne crois pas que je serais le genre d’acteur qui rechignerait à reprendre un rôle très agréable et se plaindrait qu’il l’ait stéréotypé… Je joue Andy dans PARKS AND RECREATION depuis 6 ans, et je peux vous dire sincèrement que je suis ravi de retrouver ce personnage, et de jouer avec tous les formidables acteurs de l’équipe. C’est resté un immense plaisir et je serais heureux de continuer à jouer dans la série. Cela peut sembler étrange de dire cela alors que la plupart des comédiens qui travaillent pour la télé ne pensent qu’à trouver des rôles au cinéma, mais PARKS AND RECREATION est une série géniale, et les gens qui la créent le sont aussi.

Vous qui avez été un jeune fan de comics passionné de Science-Fiction, que ressentez-vous quand vous vous retrouvez aujourd’hui dans les décors géants construits pour LES GARDIENS DE LA GALAXIE, que vous êtes entouré d’acteurs maquillés en extraterrestres, et que vous tournez des scènes d’action ? Même s’il s’agit d’un travail qui exige énormément de concentration de votre part, éprouvez-vous quand même du plaisir en vous vous retrouvant immergé dans cet univers ?

Oh oui, absolument. Particulièrement quand je me retrouve dans les décors, comme vous le suggériez. Notre chef décorateur et designer Charlie Wood a accompli un travail remarquable, qui nous permet de jouer dans des environnements sensationnels, vraiment superbes, avec des trouvailles très imaginatives partout. Il suffit de les observer pour que votre imagination soit stimulée. Avec les patines et les petits détails mis en place par les équipes de la décoration, on jurerait que tout est vrai. Cela n’a rien à voir avec un tournage sur fond vert. J’ai souvent l’impression que je me retrouve au milieu d’une attraction extraordinaire des Studios Universal ou de Disneyland. Il y a une telle impression d’immersion…Prenez par exemple l’intérieur du vaisseau de Peter Quill, le Milano : il est époustouflant. Le Dark Aster, l’astronef de Ronan l’accusateur, est très spectaculaire aussi. Et les décors de Knowwhere, de Xandar, et des autres endroits dans lesquels l’action du film se déroule sont également sidérants. Je me souviens que quand j’étais enfant, et que j’essayais de reproduire des cases de BDs avec des décors complexes et des personnages dans des postures dynamiques, je me décourageais vite en voyant le résultat. Je me disais que je n’arriverais jamais à dessiner aussi bien que ces artistes-là. Le mieux que je pouvais faire, c’était réaliser une copie correcte, mais j’étais incapable de créer une illustration originale. Je me souviens très bien de ce double sentiment de frustration causé par mes lacunes et de fascination pour le talent des grands dessinateurs de comics. Eh bien, je me suis souvent retrouvé totalement captivé par les créations des artistes qui ont conçus l’univers visuels, les décors et les costumes des GARDIENS DE LA GALAXIE. Regardez les illustrations qui recouvrent les murs de la pièce dans laquelle nous nous trouvons : elles sont superbes, n’est-ce pas ? Et je n’ai pas la moindre idée des méthodes que ces génies emploient pour créer ces magnifiques images. Idem en ce qui concerne les étapes du processus de conception puis de construction d’un décor complexe sur plusieurs niveaux comme celui du Milano. Partir d’une simple idée pour arriver à construire un environnement solide, truffé de détails et d’accessoires qui fonctionnent, dans lequel tous les acteurs et les techniciens peuvent prendre place pour tourner, c’est de la pure magie pour moi. C’est en cela que je retrouve l’émerveillement de mon enfance, et cette jalousie envers ces artistes d’un talent fou !

Aujourd’hui, vous vous retrouvez projeté dans les comics que vous lisiez enfant…

Oui, mais cela me semble moins incroyable à vivre au jour le jour, en tant qu’acteur, parce que le rideau des coulisses a été levé depuis longtemps, et qu’obtenir ce rôle a été un long processus. Je sais qu’une figurine à mon effigie va être fabriquée, et pour un fan de comics et de Science-Fiction, on pourrait penser que cette expérience-là est l’une de celles qui j’attends le plus. Mais ce n’est pas le cas, car là aussi, j’ai été témoin étape par étape de la manière dont on procède pour créer un jouet comme celui-là. Le secret du tour de magie a été dévoilé, là aussi ! Mais voir cette pièce tapissée de dessins superbes, et admirer les maquettes des vaisseaux et des décors, cela enflamme vraiment mon imagination d’acteur et me remplit d’admiration.

La suite de cet entretien avec le héros des GARDIENS DE LA GALAXIE paraîtra bientôt sur ESI !

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