Sur le tournage des GARDIENS DE LA GALAXIE : Entretien exclusif avec Michael Rooker (Yondu)
Article Cinéma du Dimanche 05 Octobre 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Notre rendez-vous suivant nous amène devant le mobile home / loge où se détend Michael Rooker en attendant qu’on l’appelle sur le plateau. Rooker s’est fait remarquer par les amateurs de Fantastique dès ses débuts dans le film choc HENRY, PORTRAIT D’UN SERIAL KILLER (1986). Il a contribué régulièrement à notre genre cinématographique favori , notamment dans LA PART DES TENEBRES (1993), A L’AUBE DU 6EME JOUR (2000), REPLICANT (2001), le film d’horreur parodique de James Gunn HORRIBILIS (2006) , JUMPER (2008), la comédie d’humour noir SUPER (2010), toujours signée James Gunn, et bien entendu la cultissime série THE WALKING DEAD dans laquelle il a interprété de manière saisissante le personnage violent et complexe de Merle Dixon de 2010 à 2013. Loin des brutes hargneuses qu’il a souvent campé au cinéma et à la télévision, Michael Rooker est on ne peut plus chaleureux et convivial en nous accueillant dans son mobile home, et fait même un brin de ménage express pour nous permettre de nous asseoir à ses côtés et d’admirer de près le maquillage bleu qu’il porte pour incarner Yondu, le pirate de l’espace…

Vous collaborez depuis longtemps déjà avec James Gunn. Qu’est-ce qui fait que vous vous entendez si bien avec lui et que vous vous retrouvez souvent dans le casting de ses projets ?

Je crois que James et moi avons le même sens de l’humour sarcastique, et que les histoires qui lui viennent en tête lui donnent à chaque fois l’occasion de me tourmenter physiquement, par le biais des personnages que j’incarne ! (rires)

Tout particulièrement dans HORRIBILIS, où vous vous métamorphosiez en une créature énorme et cauchemardesque !

Ah oui, là mon personnage souffrait, mais moi aussi, car le maquillage durait sept heures !

Et combien de temps faut-il pour appliquer votre maquillage de Yondu ? Vous avez la peau bleue et une crête de métal qui semble sortir du haut de votre crâne…

Entre le moment où j’arrive dans la loge de maquillage et celui où j’arrive sur la plateau, il s’écoule six heures. Le processus de peinture en bleu prend à lui seul trois heures. Après cela, ils passent à la pose de la prothèse sur mon crâne et à d’autres petites choses, et cela prend une heure et demie. Ensuite, je passe par l’habillage, la pose des lentilles de contact et les petites retouches. Ces lentilles ont été fabriquées spécialement pour le film, et comme elles ont été peintes, elles sont un peu plus épaisses que des lentilles de vision normales. Mais je les supporte bien.

Êtes-vous obligé de vous lever très tôt tous les jours ?

Non, cela varie. Ce matin, je me suis levé seulement à sept heures moins le quart, mais en fonction du plan de travail, je peux me lever aussi à cinq heures, à quatre heures ou même à trois heures trente du matin.

Quand vous vous levez à l’aube, pouvez-vous somnoler encore un peu pendant que l’on vous peint en bleu ?

Non, parce que les maquilleurs vous demandent de bouger, de garder la tête droite. Mais je savais ce qui m’attendait en acceptant de jouer dans ce projet délirant, et je suis ravi d’être là ! Et d’ailleurs, ce maquillage est tellement ben conçu que je finis par oublier que je le porte. Souvent, je me demande pourquoi les gens qui passent dans le studio me regardent d’un drôle d’air. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes que je me rappelle que je suis bleu et que j’ai une crête de métal sur le crâne ! (rires)

Quelle a été votre réaction quand vous vous êtes vu métamorphosé en Yondu de la tête aux pieds pour la première fois, avec votre costume et votre maquillage ?

J’ai été époustouflé. Je trouve que le look du personnage est très réussi. Regardez le soin qui a été apporté à la confection du manteau de cuir que je porte. C’est incroyable, non ? La seule chose que j’ai demandé à Alexandra Byrne, notre chef costumière, c’est d’ajouter de vraies poches au manteau, car dans sa première version, elles étaient factices.

Est-ce que Yondu se sert de sa crête de métal d’une manière particulière ?

Franchement, je ne suis pas sûr de ce qu’ils projettent de me faire faire avec cela. A un moment, il a été question qu’elle soit en partie lumineuse, mais se promener avec un paquet de piles pour alimenter cet éclairage aurait été encombrant. Peut-être vont-ils modifier son aspect pendant la postproduction, à présent que l’on peut pratiquement tout faire avec les effets numériques ? Qui sait, peut-être vont-ils même tenter de me rendre encore plus beau que je ne le suis naturellement avec des effets 3D, mais je doute qu’ils puissent y parvenir. (rires) Dans les BDs originales des GARDIENS DE LA GALAXIE, Yondu est représenté soit avec une bande de cheveux à la Mohawk sur le crâne, soit avec une sorte de crête de chair qui descend jusqu’à la nuque. Et certaines fois, il est entièrement bleu, tandis que d’autres, il est bleu et rouge ! Je pense que ces variations d’aspect dans les BDs nous laissent un peu de marge pour le représenter tel que vous me voyez aujourd’hui, tout bleu, avec une crête de métal. Les fans de comics verront que nous avons rendu hommage au Yondu original. Ils savent qu’il faut toujours adapter un peu les choses quand on transpose un personnage de la page de BD au grand écran.

Mais cette crête métallique pourrait-elle être une arme, pour donner des coups de tête ?

Pourquoi pas ?! (rires) Je dois dire que je n’y avais pas pensé comme cela !

Pouvez-vous nous décrire votre personnage ?

Yondu est une sorte de pirate de l’espace, qui se déplace dans toute la galaxie avec son équipage, qui s’appelle les Ravageurs. Il s’agit d’un groupe de guerriers qui m’obéissent, qui sont fidèles et en lesquels je peux avoir confiance. Nous formons une équipe de combattants redoutables et Peter Quill / Starlord est l’un d’entre nous. Yondu l’a élevé comme son propre fils. Peter et moi avons une relation très sympathique dans le film.

Vous avez joué énormément de personnages de méchants au cours de votre carrière, de HENRY, PORTRAIT D’UN SERIAL KILLER jusqu’au personnage de Merle dans THE WALKING DEAD. Êtes-vous satisfait de jouer un héros cette fois-ci, dans un space opera produit par Marvel ?

Oui, mais vous savez, les héros des GARDIENS DE LA GALAXIE sont très loin d’être des gens parfaits. Certains sont humains et réagissent comme tels, à l’instar de Peter Quill, tandis que d’autres viennent d’autres mondes et n’ont pas le même comportement. Les choses que fait Yondu sembleraient extrêmement dures d’un point de vue humain, car elles ne correspondent pas à la sensibilité terrienne. Yondu vit dans un univers âpre, dangereux et violent. Il s’est endurci pour supporter tout cela au quotidien. Mais cela ne l’empêche pas de prouver qu’il a un grand cœur, tout particulièrement à la fin de notre histoire. On finit par percer la carapace et par se rendre compte qu’il est plus affectueux qu’il ne voudrait le laisser paraître. Quand il dit à Quill qu’il va le tuer, cela signifie juste qu’il va lui botter les fesses. Il ne faut pas le prendre au sens littéral : c’est simplement une question d’ajustement de vocabulaire ! (rires) Yondu a tellement voyagé et rencontré de gens qu’il a acquis une grande expérience. Il est difficile de le berner. Il utilise un anglais de bric et de broc, qu’il a appris en écoutant Peter, et peut-être aussi en captant des communications radio en provenance de la terre.

Avez-vous fait des recherches sur les apparitions de votre personnage dans les comics ?

Un peu, oui, mais il n’était pas nécessaire de trop approfondir cela, car James et l’équipe de Marvel ne vont utiliser que quelques caractéristiques et certains éléments du passé de Yondu dans ce film. Le personnage original était armé d’un arc et de flèches, mais dans le film, je n’utilise qu’une flèche que je projette par télékinésie. C’est mon arme fétiche, et elle fait des dégâts assez impressionnants quand je l’emploie. Je ne sais pas si la télékinésie peut être considérée comme un superpouvoir en tant que tel, mais en tout cas elle m’évite d’avoir à porter un pistolet laser à la ceinture.

Quelle est la trajectoire de votre personnage au cours du film ?

Eh bien, j’ai élevé Quill, et je suis son père adoptif et son mentor. Et quand il a besoin de moi pour se lancer dans l’aventure la plus insensée et la plus dangereuse de toute sa vie, je suis là pour lui prêter main forte.

Participez-vous à beaucoup de scènes d’action ?

Je participe à quelques séquences de combat, mais je n’ai pas à combattre souvent de manière physique. Yondu est tout à fait capable d’affronter n’importe qui, mais les décisions qu’il a à prendre pendant les batailles sont plus stratégiques. Et comme il est le chef d’une bande de pirates qui sont des gros bras, la plupart du temps, si quelqu’un l’ennuie, il lui suffit de siffler et ses hommes s’occupent de l’indésirable à sa place ! (rires)

Avec THE WALKING DEAD et maintenant LES GARDIENS DE LA GALAXIE, c’est la seconde fois que vous jouez dans des adaptations très attendues de comics. Regardez-vous souvent les transpositions de BDs ? Que pensez-vous de leur popularité sans cesse grandissante à la télévision et au cinéma ?

Oui, je me suis mis à en regarder très régulièrement depuis que j’ai commencé à jouer dans THE WALKING DEAD. Mais je dois dire que je n’ai pas pu en voir énormément, tout simplement parce que les journées de tournage de THE WALKING DEAD étaient très intenses et très longues. Je n’avais guère le temps de voir des films. De plus, j’essaie de me focaliser sur chaque projet auquel je participe, et de ne pas trop me disperser en voyant trop de choses différentes pendant que je tiens un rôle. Les seules exceptions dans le domaine des séries ont été GAME OF THRONES et BREAKING BAD, qui sont vraiment remarquables et qui étaient assez éloignées de THE WALKING DEAD pour ne pas « parasiter » ma concentration sur le personnage de Merle. Je préserve aussi le temps que je consacre à mon entraînement physique. Je pratique le Karaté depuis dix ans, et je me rends régulièrement dans un dojo pour continuer à apprendre et à me perfectionner. J’ai réussi à trouver un bon dojo à Londres pendant ce tournage.

Comment James Gunn vous a-t-il décrit votre personnage ?

James m’a d’abord dit qu’il était en train d’écrire un script et qu’il s’inspirait de ma personnalité pour traiter l’un des personnages de cette histoire. (rires) Je crois qu’il aime bien ma manière de plaisanter dans la vie. J’ai un humour un peu décalé, souvent sardonique, et James a probablement pensé qu’il conviendrait bien à un pirate de l’espace ! (rires) Pour ma part, je suis ravi de ce rôle. Je m’amuse beaucoup et c’est la première fois que l’on me donne à jouer un père, même si Yondu est loin d’être un papa comme les autres. Et très franchement, travailler avec James est extrêmement agréable. C’est un auteur/réalisateur très talentueux et toujours impliqué à 200% sur le film qu’il tourne. Si vous avez une question à lui poser sur votre personnage, il y répondra bien au-delà de ce dont vous aviez besoin, et reviendra aussi sur toutes les relations entre votre personnages et les autres protagonistes. Vous aurez presque envie de lui dire « OK, c’est bon James, laisse-moi un peu de marge pour imaginer aussi des choses de mon côté ! » (rires) C’est important de préserver cela, car un acteur crée le personnage au fur et à mesure que le film se tourne, en jouant et en interagissant avec les autres comédiens. A ce moment-là, le personnage évolue dans sa propre vie, dans le film. Et c’est là que des choses nouvelles et magiques se passent, en plus de ce qui était écrit sur les pages du scénario. James sait en tenir compte et l’exploiter au mieux.

La suite de ce dossier galactique paraîtra bientôt sur ESI !

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