Sur le tournage des GARDIENS DE LA GALAXIE : Entretien avec Zoe Saldana (Gamora) – 2ème partie
Article Cinéma du Jeudi 09 Octobre 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Jouez-vous des scènes avec Thanos dans ce film ?

Non, pas dans cet épisode, mais d’après les bribes d’informations que j’ai pu rassembler en discutant avec les uns et les autres de toute la saga des GARDIENS DE LA GALAXIE, je sais que Thanos est une figure proéminente de l’univers Marvel, et que comme c’est le père adoptif de Gamora, il y aura forcément un moment où nous nous retrouverons face à face.

Vous avez un lourd passé en commun. Les retrouvailles ne vont pas être faciles !

Exactement ! (rires)

Pour en revenir aux scènes d’action, utilisez-vous malgré tout un style particulier de combat à main nues ou à l’épée ? Avez-vous travaillé cela avec un chorégraphe ?

Au début, je me suis contentée d’observer des toreros. Quand j’ai évoqué cette approche au superviseur des cascades, il m’a parlé de l’un de ses amis, un espagnol qui pratique la tauromachie et qui par un heureux hasard était justement venu passer quelques jours chez lui à ce moment-là. Il est venu nous voir au studio et il a accepté de nous donner quelques leçons de tauromachie, à ma doublure cascade Chloé et à moi. Et dès que je l’ai vu faire, j’ai su que ces mouvements correspondaient parfaitement à la personnalité de Gamora. J’espère que tout cela transparaîtra à l’écran, car nous avons beaucoup travaillé pour obtenir ce résultat.

Comment affrontez-vous l’épreuve quotidienne des quatre à cinq heures de maquillage ? Parvenez-vous à dormir ou au moins vous reposer encore un peu pendant certaines phases d’application de la peinture ou des prothèses ?

Non, car une fois que je suis réveillée, je suis dans l’énergie du travail et je ne me rendors plus, même si je me retrouve dans une loge de maquillage avant l’aube. C’est ainsi que je fonctionne naturellement. Mais vous savez, je n’ai pas envie de me plaindre au sujet de ce processus. Le fait que ce soit fastidieux n’a pas d’importance, car c’est le résultat final qui compte. J’ai accepté ce rôle et je suis heureuse de tourner ce film. A quoi bon geindre à propos de ces inconvénients ? Je m’entends très bien avec les deux maquilleuses que je retrouve chaque matin. Il y a ma maquilleuse personnelle que j’ai fait venir de Los Angeles et une autre artiste anglaise. Elles sont toutes les deux formidables et extrêmement professionnelles. Comme vous l’imaginez, quand trois filles se retrouvent le matin dans une loge de maquillage, elles papotent, elles grignotent constamment et elles écoutent de la musique tout en travaillant. (rires) J’ai emmené aussi avec moi ma chienne Mugsy qui nous tient compagnie. Même si le processus de maquillage est long et doit s’effectuer à un rythme très soutenu, le temps s’envole vite, car nous passons ensemble des moments agréables.

Quelles sont les principales étapes de l’application de votre maquillage ?

La première étape consiste à nettoyer la peau avec un produit astringent afin de retirer la petite pellicule huileuse produite par les glandes sébacées. Une fois que la peau est bien propre et sèche, les maquilleuses collent les prothèses sur mes pommettes et mon front, puis elles créent les raccords entre les bords des prothèses et la peau, afin que l’on ne puisse plus voir les jonctions. Ensuite, elles appliquent une première base de couleur jaune sur les prothèses et le reste de la peau, puis une seconde couche verte, et une troisième couche d’un autre vert. Ensuite, elles poudrent le tout et appliquent le maquillage de beauté sur mes lèvres, mes yeux et le reste du visage. Ensuite on met ma perruque en place, puis je passe à l’habillage et à l’installation de tous les équipements et accessoires qui font partie de mon costume. On fait encore quelques retouches juste après l’habillage et quand tout est fini, il est généralement onze heures ou midi, et je peux enfin aller sur le plateau pour entamer ma journée de tournage ! C’est cela, arriver sur le plateau si tard dans la journée, après cinq heures de préparation, qui me semblait être le défi le plus difficile à relever, et c’est bien le cas. Certaines fois, il m’arrive d’arriver sur le plateau en étant aussi fatiguée que si j’avais déjà tourné pendant toute une journée. Et je sais que Dave Bautista, qui porte un maquillage corporel très spectaculaire et très long à appliquer, a ressenti la même fatigue. Mais nous trouvons malgré tout le temps de nous ressourcer entre les prises, en méditant et en nous reposant un peu dès qu’il est possible de faire une petite pause.

Quand votre vie est-elle plus heureuse ? Quand vous jouez en vert ou en bleu ?

(rires) J’hésite un peu à le dire, mais…en bleu. (rires) Pour la simple raison qu’avec le processus de capture de performance que nous avons utilisé sur AVATAR, j’ai pu passer beaucoup plus de temps à jouer le personnage et à être Neytiri. Et à approfondir la construction de sa personnalité de Na’vi. AVATAR a été une expérience extraordinaire, l’une de ces étapes dans votre vie qui vous rend plus humble. Pour exprimer l’innocence de Neytiri, j’ai passé beaucoup de temps avec des enfants, pour observer leurs comportements, leurs réactions, leur émerveillement par rapport à ce qui les entoure. J’aime travailler davantage avec mon imagination qu’avec les choses concrètes qui se trouvent sur un plateau. Je trouve que j’arrive à créer ainsi une composition de personnage plus équilibrée, plus riche et plus crédible. Arriver à voir ce qui n’existe pas, et se plonger dans cet univers mental était une expérience très agréable. Et pourtant, il fallait faire abstraction du hangar dans lequel nous nous trouvions, et oublier aussi les points verts tracés sur nos visages, nos tenues en lycra avec des marqueurs de mocap et les caméras reliées à nos casques !

Comment votre personnage évolue-t-il pendant le film ? Gamora est de toute évidence très endurcie au début de l’histoire, mais révèle-t-elle peu à peu des aspects plus doux de son caractère ?

Oui. Comme mon neveu expert en BD me le disait, Gamora est une personne profondément droite et honnête. Dès qu’elle comprend la responsabilité que le petit groupe des Gardiens de la Galaxie a entre les mains et qu’elle comprend à quel point leur mission est importante et dangereuse, elle sort de ses gonds et se dévoue à cette cause ! Et quand l’équipe n’est pas d’accord avec elle sur la manière d’agir pour surmonter une épreuve, cela la rend folle. Dans ces cas-là, elle n’hésite pas à aller au-devant du danger pour protéger ses amis, quitte à affronter toute seule l’univers entier ! Gamora a donc une belle trajectoire, puisqu’elle agit en solitaire et en fugitive au début du film, et qu’elle s’intègre à une équipe pour sauvegarder des centaines de milliers de mondes au cours d’une aventure incroyablement risquée. Elle se rend compte qu’elle a trouvé une cause juste à défendre, pour laquelle elle est prête à sacrifier sa vie. C’est une trajectoire très noble, une belle évolution, et cela rend le personnage encore plus intéressant à interpréter.

Est-ce qu’une histoire d’amour naît entre Gamora et Peter Quill ?

Une histoire d’amour ? Non, on ne peut pas vraiment décrire les choses en ces termes-là. Il est difficile de dire exactement quels sont les sentiments que Gamora et Peter éprouvent l’un pour l’autre à ce moment de la saga, mais en tous cas, il attire de plus en plus son attention, et elle ne peut pas le nier aisément et faire comme si de rien n’était. Il ne faut pas oublier que malgré leurs origines différentes, Gamora et Peter ont beaucoup de souffrances en commun, car ils ont été arrachés à leur parents pendant leur enfance, et ont connu ensuite l’existence douloureuse de personnes déracinées. Ils ont évolué dans des environnements assez sombres et ont survécu en volant, et dans le cas de Gamora, en étant tueuse à gages. En se réunissant pour faire ensemble quelque chose de bien, tous les membres du groupe entament une belle rédemption.

Vous parliez de votre neveu, mais en vous écoutant, on se dit que pour lui, vous devez être la tante la plus fantastique au monde !

Oui, mais cela dépend des jours. Il vient d’avoir dix ans et quand il me voit arriver, il a des tas de questions à me poser sur ce que je fais, mais après un moment, il se lasse et il retourne jouer à MINECRAFT sur sa console de jeu ! J’ai fait venir mon neveu et ma nièce en Angleterre pour qu’ils puissent assister au tournage des GARDIENS DE LA GALAXIE, mais croyez-le ou pas, au bout d’un ou deux jours, ils préféraient rester dans mon Mobile Home / Loge et jouer avec leur console plutôt que de venir voir ce qui se passait sur le plateau ! Cela me rendait folle ! J’avais beau leur dire « Mais enfin venez ! On va tourner une scène de combat géniale, et vous allez pouvoir me voir me battre avec mes armes et mon maquillage tout vert ! » mais ils faisaient la moue et préféraient restés accrochés à leurs manettes…Croyez-moi, même Gamora ne peut pas lutter contre les consoles ! (rires)

La suite de cet entretien avec les héros des GARDIENS DE LA GALAXIE paraîtra bientôt sur ESI !

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.