Reportage exclusif sur le tournage des GARDIENS DE LA GALAXIE : Entretien avec Dave Bautista (Drax le Destructeur)
Article Cinéma du Mardi 21 Octobre 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Alors que Zoe Saldana est rappelée sur le plateau, nous avons l’occasion d’observer la scène en cours de tournage. Elle se déroule dans le décor de l’Eclector, le vaisseau pirate de Yondu et de son équipage, la bande des Ravageurs. Il s’agit d’une salle circulaire au plafond assez bas. Elle est bordée d’écrans translucides placés sur des supports métalliques. Quill et Gamora expliquent à leurs alliés leur plan de bataille pour attaquer le Dark Aster, le colossal vaisseau de Ronan l’accusateur. Une personne de petite taille qui porte un justaucorps vert et une tête de Rocket Racoon sur le torse se tient dans un coin du décor et fait mine d’écouter. Les phrases d’explications sont longues, avec un vocabulaire de SF assez difficile à dire et en cette fin de journée où la fatigue s’accumule, Chris Pratt doit s’y reprendre à plusieurs reprises pour ne pas omettre de prononcer certains mots. Zoe Saldana, elle, dit son texte à chaque fois sans accroc, avec une assurance, une patience et un professionnalisme impressionnants. Les prises s’interrompent et pendant que l’on installe différemment la caméra, le colosse du groupe des Gardiens de la Galaxie vient nous rejoindre. Déjà impressionnant vu de loin, l’ex-catcheur Dave Bautista, qui fut six fois champion du monde, l’est encore beaucoup plus de près alors qu’il s’assied à nos côtés. Il est très grand et sa musculation donnerait des complexes à Superman lui-même. Les motifs très sophistiqués de ses scarifications rouges ressortent sur sa peau grise, et nous donnent l’impression de nous retrouver en face d’une statue vivante ornementée. Bautista nous salue d’une voix grave et douce qui contraste avec son apparence saisissante dans le rôle de Drax le Destructeur. On le sent un peu fatigué, notamment parce que ses lentilles de contact l’empêchent de nous distinguer correctement, car elles limitent sa vision périphérique. Il est néanmoins prêt à nos raconter sa trajectoire professionnelle atypique, en ponctuant son récit de petites réflexions qui prouvent une modestie non feinte, une ouverture d’esprit et une détermination à mener une vraie carrière de comédien qui force le respect.

Votre aspect est extraordinaire…

Merci ! L’équipe des maquillages spéciaux a fait un travail formidable.

Est-ce que vous avez réussi à vous habituer à toutes ces prothèses qui recouvrent la partie supérieure de votre corps ? Est-ce qu’elles finissent par devenir une seconde peau ?

Oh non, pas du tout . C’est assez horrible à supporter ! (rires) Je me sens sale, poisseux à cause de la colle, et de la transpiration qui s’accumule sous les prothèses en silicone qui ne laissent pas la peau respirer.

Avez-vous souvent envie d’arracher tout cela ?

Oh oui ! Le problème vient de l’accumulation des journées de tournage. Quand je reviens après la pause du dimanche, tout se passe bien le premier jour, ce n’est pas difficile à supporter. Le lendemain, ma peau commence à réagir et commence à me démanger et à me gêner un peu. Mais au bout du quatrième ou du cinquième jour, elle devient toute sèche et irritée et j’attends l’heure du démaquillage avec une vive impatience. Avoir envie de se gratter un peu partout pendant toute une journée sans pouvoir le faire, c’est long !

Combien de temps passez-vous dans la loge de maquillage ?

Au début, l’application durait quatre heures et demie, mais maintenant, elle a été réduite à trois. Et le démaquillage dure une heure et demie.

Les prothèses ne limitent pas trop vos mouvements ?

Non, pas du tout, parce qu’elles sont très souples. En revanche, les lentilles de contact rétrécissent mon champ de vision. Il faut aussi mettre souvent un liquide dans mes yeux pour éviter les irritations. Il arrive qu’elles tombent pendant une scène d’action, mais pour l’instant, nous avons toujours réussi à les retrouver ! (rires)

Comment arrivez-vous à gérer ces contraintes au quotidien, tout en jouant votre rôle ?

Vous savez, tout cela n’est pas une surprise. On m’avait bien expliqué ce qui m’attendait, et j’ai signé mon contrat en connaissance de cause. J’étais prêt.

Avez-vous droit à des journées de repos spéciales pour laisser à votre peau le temps de se remettre de tout cela ?

Je n’ai pas de journées de pause en plus par rapport aux autres acteurs, mais nous avons quand même le temps de nous ressourcer. C’est suffisant.

Pouvez-vous nous raconter le parcours de votre personnage dans cette histoire ? Il est marqué par une tragédie…

Oui, sa femme et sa fille ont été assassinées par le méchant principal du film. Au début du récit, Drax ressemble aux autres membres du groupe : il a été habitué à se débrouiller seul et à ne faire confiance à personne. Pour différentes raisons, on peut dire que tous les Gardiens de la Galaxie sont orphelins. Au fil de leur aventure, ils apprennent à être moins égoïstes et à lutter ensemble pour une cause juste et pour l’intérêt commun. C’est un message toujours bon à propager. Drax apprend à faire confiance à ses nouveaux amis et ensemble, ils forment la famille qu’ils n’ont jamais eu.

Drax a-t-il un certain sens de l’humour ? Vous avez l’air tellement sérieux, et vous êtes tellement impressionnant avec votre carrure et vos scarifications que l’on imagine bien le parti que l’on doit pouvoir tirer en vous faisant dire des répliques imparables…

(rires) Drax n’a pas l’habitude de plaisanter… C’est un personnage qui s’exprime en agissant et qui parle peu. C’est d’ailleurs l’un des aspects du rôle qui m’a rassuré quand on me l’a proposé, car je n’avais pas encore l’habitude d’apprendre et de dire de longs dialogues. En fait, James Gunn utilise de l’humour de situation autour de Drax. Sa simple présence dans certains environnements provoque un effet amusant. Et il lui arrive souvent d’être la cible des plaisanteries de ses compagnons, parce qu’il est peu subtil et prend tout ce qu’on lui dit au pied de la lettre. Il n’est pas du tout stupide : il est simplement hermétique au second degré et aux sous-entendus. Il permet souvent de créer des moments amusants dans le film. Et le contraste entre Drax et Quill est parfait, parce qu’il y a d’un côté ce grand type mutique et de l’autre un petit malin qui est constamment ironique. Rocket ne l’épargne pas non plus, car c’est une petite créature très sarcastique. Il y a beaucoup d’interactions savoureuses et de moments comiques au cours de nos scènes communes.

Et quels types d’échanges les Gardiens de la Galaxie ont-ils avec Groot ? C’est un arbre vivant, une forme de vie végétale…

Groot est souvent mystérieux et difficile à comprendre. Le seul qui soit en mesure de communiquer aisément avec lui est Rocket. Mais même si nous avons du mal à parler avec Groot , puisque son vocabulaire est très limité, nous nous rendons tous compte qu’il s’agit d’une créature bonne et innocente, et nous l’apprécions beaucoup grâce à cela.

Devez-vous vous entraîner beaucoup pour conserver votre musculature ?

Je la maintiens à un certain niveau, car je sais qu’elle a beaucoup compté dans le fait que j’ai été choisi pour jouer ce rôle. Je dois dire qu’au début, quand j’ai lu le script pour la première fois, j’ai eu un peu de mal à m’identifier à Drax. Je n’arrivais pas à comprendre les motivations du personnage, sa manière d’être. Ce n’est qu’au moment où je l’ai vu représenté dans les dessins préparatoires de l’équipe graphique de Marvel que j’ai vraiment compris qu’il me ressemblait et qu’il dégageait quelque chose que je serais en mesure d’interpréter. En le regardant, j’ai vu beaucoup de similitudes étranges entre moi et lui, à commencer par la ressemblance entre mes tatouages personnels et ses scarifications. Cela peut sembler naïf de dire cela, mais je suis convaincu que j’étais né pour jouer ce rôle. Beaucoup de fans de comics me l’ont dit depuis, d’ailleurs. Et si l’on y réfléchit , il n’y a pas tellement d’acteurs à Hollywood qui auraient pu correspondre aux critères du rôle. Il y avait la question du physique, bien sûr, mais aussi la capacité d’exprimer une large palette d’émotions, car Drax peut être impassible un moment, être ému ensuite puis devenir la rage incarnée trois secondes plus tard. Et comme je suis très émotif, je me sers de cela dans mon interprétation.

Comment avez-vous travaillé ce rôle avec James Gunn ?

Quand je l’ai rencontré la première fois pendant les auditions, il m’a demandé de jouer certains dialogues de différentes manières, pour tester mes capacités à exprimer des émotions variées. Je crois que bien souvent à Hollywood, quand on fait passer des castings à des types grands et musclés, ils peuvent jouer sans trop de problème des scènes sérieuses et des moments de colère en haussant la voix, parce que c’est facile à faire. En revanche, quand on leur demande de pleurer en pensant à la famille qu’ils ont perdu, ils en sont incapables. Je suis heureux que James me l’ait demandé, et j’ai réussi à jouer cela en m’inspirant de mon expérience personnelle. Je peux me sentir de nombreux points communs avec Drax, de bien des manières. Même si je n’ai pas vécu un drame aussi horrible que le sien, j’ai vécu une enfance difficile. Mes parents vivaient très modestement, et ils n’avaient pas la possibilité de nous acheter de la nourriture tous les jours. Nous vivions dans un quartier défavorisé où il y avait beaucoup de délinquance, et beaucoup de mes amis d’enfance sont morts à cause de la violence et de leurs mauvaises fréquentations. J’ai eu moi-même de mauvaises expériences. Mes relations avec ma mère ont été éprouvantes et conflictuelles. C’était une famille dysfonctionnelle, comme on dit aujourd’hui. Mais je m’en suis sorti.

La suite de cet entretien avec le colossal Dave Bautista paraîtra bientôt sur ESI !

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