Reportage exclusif sur le tournage des GARDIENS DE LA GALAXIE : Entretien avec Dave Bautista (Drax le Destructeur) – 2ème partie
Article Cinéma du Jeudi 23 Octobre 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Avez-vous à jouer de nombreuses scènes d’action ?

Oui ! Le rythme du film est très soutenu, et James a conçu de nombreuses scènes de combats sensationnelles. Certaines ne sont pas sophistiquées de par leur chorégraphies, mais grâce à la façon dont James et son directeur de la photographie les ont filmées. J’ai vu le résultat, et ces images m’ont époustouflé. Il y a notamment une scène de combat très importante que j’ai répété pendant des mois avec le superviseur des cascades, et que nous avons dû changer trois jours avant de la filmer car les mouvements étaient beaucoup trop rapides et trop élaborés pour être lisibles une fois mis en images comme James le souhaitait. On n’aurait pas pu suivre correctement l’action. James utilise des ralentis sous différents angles et le résultat est vraiment impressionnant.

Utilisez-vous un style de combat particulier ?

Non, Drax utilise un mélange de styles : un peu d’arts martiaux, un peu de force brute, et ensuite, il dégaine les dagues qui sont cachées dans ses bottes ! (rires) Quand il se déchaîne, il peut avoir une vitesse d’action et une force surhumaines. Par rapport aux autres personnages du groupe des Gardiens de la Galaxie, Drax ressemble davantage aux superhéros traditionnels de Marvel.

Lisiez-vous des comics quand vous étiez enfant ?

Pas énormément, car je n’avais pas les moyens d’en acheter. J’en lisais de temps en temps chez des copains, mais je préférais aller voir des films au cinéma et regarder de bonnes séries à la télévision. Et dessiner moi-même me plaisait plus que de lire des BDs.

Quand avez-vous eu l’idée de devenir acteur pour la première fois ?

Vous savez peut-être que j’ai été catcheur pendant longtemps, plus de dix ans, et j’ai tourné dans un film un peu par hasard, pour faire plaisir à un ami. Il avait beaucoup insisté et j’ai fini par accepter. Au début, j’étais un peu inquiet, mais tout s’est tellement bien passé et m’a paru si intéressant que j’ai eu envie d’explorer davantage cette activité. La fédération américaine de Catch avait des projets de films à cette époque, mais elle ne me les proposait jamais, préférant mettre en avant d’autres champions. Je leur ai fait savoir que j’avais des opportunités de jouer de mon côté, et comme cela ne changeait rien à leur attitude, j’ai annoncé que je quittais la fédération en donnant un préavis de 9 mois, conformément au règlement. Je crois qu’ils étaient persuadés que je n’aurais pas l’audace de renoncer à ma carrière dans le catch. Ils m’ont relancé souvent en me proposant des sommes énormes, presque absurdes, pour que j’annule mon projet. Et ils ont refusé de le croire jusqu’au jour où j’ai tenu parole et je suis parti ! (rires) C’est à ce moment-là que j’ai pris des cours d’art dramatique et que j’ai commencé à passer des auditions.

En dépit du fait que cela nécessite beaucoup d’endurance et de travail, arrivez-vous encore à vous amuser pendant le tournage de ce film ?

Non seulement je m’amuse, mais j’apprends énormément en travaillant avec James Gunn et avec tous les merveilleux comédiens de notre équipe. Je sais que je suis devenu un meilleur acteur depuis le début du tournage. J’avais envie de relever de nouveaux défis et de ne pas me contenter de faire ce que je faisais depuis longtemps. J’aurais pu me satisfaire de mon statut de vedette de catch et très bien vivre grâce à cela, mais je pense qu’au fond de moi, je ne me serais pas senti épanoui. Jouer dans LES GARDIENS DE LA GALAXIE est chaque jour un challenge. Et c’est ce qui me plaît.

Avez-vous eu plus peur sur le plateau de James Gunn que face aux adversaires les plus hargneux, sur le ring ?

Oh oui ! Se retrouver face à l’œil de la caméra est terrifiant, réellement terrifiant, car elle capte tout de votre espace intime. C’est ce qui rend ce métier excitant et sensationnel. Contrairement à ce que les gens croient, le plus difficile dans cette profession n’est pas de mémoriser son texte. Ce qui est complexe quand on crie « Moteur, action ! », c’est d’être en communion avec les autres acteurs, de se projeter ensemble dans une bulle où nous échangeons des émotions, tout en respectant les indications de mise en scène du réalisateur, et en se plaçant sur nos marques au sol. C’est un exercice à la fois intuitif, émotionnel, technique et très précis, qui nécessite une concentration totale. Autant je savais que je serai parfaitement à l’aise pendant les scènes « physiques » grâce à mon expérience passée, autant cet aspect-là du tournage me faisait entrer dans un nouveau domaine où je savais que je me mettais en danger. Et je suis très content de l’avoir fait. Les dialogues que j’ai à dire à certains moments du film sont très éloignés du vocabulaire de ma vie de tous les jours, ou de celui que l’on utilise sur les rings ou dans les vestiaires ! (rires) Comme vous le savez sans doute, dans les BDs de Marvel, les textes de certains personnages sont très sophistiqués, presque Shakespeariens.

Oui, c’est une manière d’écrire les dialogues que Stan Lee a été le premier à utiliser dans les comics, chez Marvel, dès les années 60, et les scénaristes qui lui ont succédé ont repris cette tradition…

On retrouve ce style dans les dialogues des GARDIENS DE LA GALAXIE. Et pourtant, je devais m’emparer de ce texte et le dire naturellement, comme s’il venait de moi. C’est tout un art de parvenir à faire cela. Bien souvent, je suis époustouflé par le talent des comédiens qui parviennent à vous convaincre que tout ce qu’ils disent jaillit de leur esprit, de leur bouche. Je pense à des acteurs comme Christian Bale. Quand vous le voyez jouer à 11 ans dans L’EMPIRE DU SOLEIL de Steven Spielberg, vous êtes sidéré par son talent et son naturel. Vous vous dites qu’il était né pour faire ce métier ! En ce qui me concerne, ce n’était pas tout à fait pareil ! (rires) il faut que je travaille beaucoup pour apprendre cet art de la comédie.

Le contrat que vous avez signé pour jouer Drax indique-t-il que vous vous engagez à reprendre le rôle dans deux autres épisodes des GARDIENS DE LA GALAXIE ?

Désolé, mais Marvel nous a donné des indications très précises, et je n’ai pas le droit de vous répondre sur ce point.

Est-ce le rôle le plus complexe que vous avez joué jusqu’à présent ?

Oui, et de loin. D’abord parce que Drax est l’un des personnages principaux du film, et ensuite parce que j’ai beaucoup plus de dialogues et de temps de présence à l’écran que dans les deux précédents longs métrages que j’ai tournés, L’HOMME AUX POINGS DE FER et RIDDICK. Quand j’ai quitté la fédération américaine de Catch, je savais bien que mon physique ne me permettrait de correspondre qu’à un certain type de rôles. Mais heureusement pour moi, ceux que l’on m’a proposés correspondaient exactement à mes goûts : j’adore la Science-Fiction, les films de superhéros, les films de vampires, et le cinéma Fantastique en général. Et jusqu’à présent, j’ai eu la chance d’être choisi pour jouer dans les films auxquels j’avais le plus envie de participer. Mais j’aimerais aussi incarner des personnages réalistes dans des petits films indépendants, avec de bons dialogues et des intrigues intéressantes. C’est plus la qualité que l’ampleur d’un projet qui m’attire. Je me régale quand je vois les films de Guy Ritchie, de Martin Scorcese, de Quentin Tarantino, avec des personnages très forts et d’excellents dialogues. Ils ont réalisé des thrillers et des films policiers âpres et percutants que j’adore. Je serais aussi ravi de participer à de très bonnes séries dans l’esprit de BREAKING BAD…

Y a-t-il une scène émouvante autour de votre personnage que vous aimez particulièrement dans le film ?

Il y en a plusieurs. Il y a quelques jours, nous avons tourné une scène au cours de laquelle Peter Quill raconte quelque chose qui est très touchant, et Chris Pratt jouait tellement bien la scène qu’il m’a bouleversé et que je me suis mis à pleurer. Nous avons tourné la scène un grand nombre de fois, et à la fin de la journée, James a poussé Chris a aller vraiment au bout de ses émotions et il l’a fait. Il était si convaincant que c’était impossible de ne pas avoir les larmes aux yeux en étant à ses côtés… Mais mon moment favori est bien sûr celui où Drax raconte les circonstances dans lesquelles sa femme et sa fille ont été tuées, et l’on sent à ce moment-là qu’il n’est pas seulement ivre de rage et obsédé par l’idée de se venger, mais surtout brisé émotionnellement.

Pensez-vous que Drax puisse être un bon modèle pour les enfants qui aiment s’identifier à des superhéros ?

Oui, et pas seulement pour les enfants. Car Drax, comme chacun des personnages du groupe des Gardiens de la Galaxie, fait le choix de suivre le bon chemin et de ne pas subir son destin. Nous abandonnons tous nos intérêts égoïstes pour mener un combat pour le bien commun, pour protéger les gens. Et cela, en étant prêts à sacrifier nos vies s’il le faut. Je pense qu’après avoir vu le film, les gens se sentiront dans un bon état d’esprit.

Avez-vous été scanné en trois dimensions pour que l’équipe des effets visuels réalise une doublure numérique de Drax ?

Oh oui, et plus d’une fois : presque tout le temps ! (rires) A chaque changement de costume ou d’accessoire, en fait. Et a chaque fois que nos tenues sont endommagées pendant les combats que nous menons tout au long du film. Si je me retrouve avec une coupure au visage après avoir affronté des ennemis, hop, on me repasse au scanner ! Mais comme j’aime les jeux vidéo et les jouets, je suis assez impatient de voir comment ces scans vont être utilisés pour produire des avatar vidéo et des figurines de Drax ! Je crois que ce que j’attends avec le plus d’impatience, c’est ma transposition en personnage Lego ! (rires)

Quel est votre regard sur la carrière d’un autre ex-catcheur devenu acteur, Dwayne Johnson ?

On me demande souvent si j’ai envie d’être le prochain Dwayne Johnson, et je réponds toujours que je préférerais être le prochain Mickey Rourke. Je respecte ses choix, et je l’apprécie à titre personnel, mais il n’est pas celui que je voudrais devenir.

Quels sont les moments les plus surprenants que vous avez vêcus pendant ce tournage ?

James Gunn aime bien surprendre ses acteurs pendant une scène en leur soufflant de nouvelles idées, afin de les faire réagir de manière instinctive, sans avoir eu le temps d’y réfléchir posément . Et il l’a fait très souvent. Il y a eu un autre moment très surprenant, une plaisanterie dont j’ai été la victime et que l’on verra certainement dans les bonus des éditions vidéo du film. Un jour, quand j’ai été appelé sur le plateau, les techniciens et les acteurs avaient un air un peu bizarre. Quand les caméras se sont mises à tourner, Chris, puis tous les acteurs ont commencé à danser, et j’ai entendu James crier « Figurants, commencez à danser aussi ! » comme j’étais le seul à ne pas avoir été prévenu, vous imaginez mon expression de stupeur en voyant cette scène complètement délirante. Et quand Chris m’a pointé du doigt en me faisant comprendre que c’était mon tour, je me suis mis tant bien que mal à faire quelque pas de danse maladroits ! (rires) Cela fait partie des choses que James aime organiser pour détendre l’atmosphère et amuser ses équipes, et c’était très sympathique.

La suite de ce dossier galactique paraîtra bientôt sur ESI !

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