LES GARDIENS DE LA GALAXIE en Blu-ray et DVD : Entretien avec James Gunn, réalisateur
Article Cinéma du Lundi 15 Decembre 2014

L'occasion de la sortie en Blu-ray et DVD des Gardiens de la Galaxie,, nous vous proposons un nouvel entretien avec le réalisateur James Gunn.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous nous parler des relations entre les membres qui forment l’équipe des Gardiens de la Galaxie, et de ce qui fait que ce groupe collabore bien ?

Au début, ils ne s’entendent pas du tout. Ils ont chacun une piètre opinion des autres et se disputent constamment. En fait, ils essaient même de s’entretuer ! (rires) Ils arrivent à surmonter leurs différents et quand ils forment leur équipe pour la première fois, ils le font d’abord pour des raisons purement égoïstes, parce que c’est dans leur intérêt personnel. Mais comme ils continuent à travailler ensemble, ils finissent par découvrir leurs qualités et leurs faiblesses secrètes. Et en traversant différentes épreuves, ces cinq personnages qui se détestaient vont finir par s’apprécier, parce qu’ils vont faire l’effort de voir ce qui se cache derrière le masque de chacun d’eux. J’ai eu beaucoup de plaisir à voir nos acteurs évoluer ensemble pour former cette équipe, et j’ai remercié les dieux d’avoir eu la chance de pouvoir travailler avec eux. Prenez Dave Bautisa, par exemple. Je crois qu’aucune autre personne au monde n’aurait pu jouer Drax. Dave a non seulement le physique incroyable qui correspond exactement au rôle, mais en plus il a une sensibilité à fleur de peau. C’est assez surprenant de voir un acteur avec une telle musculature jouer aussi bien des scènes d’émotion. Sans vouloir critiquer Dwayne « The Rock » Johnson, je crois qu’il aurait été incapable de jouer les scènes que Dave a interprétées pour nous. Il a aussi un excellent sens du timing comique, et il est parfaitement capable de dire de manière naturelle les dialogues typiques de Drax, qui s’exprime comme un personnage de Shakespeare. Ce n’était pas facile à faire sans tomber dans un côté parodique, et pourtant il l’a fait ! Depuis que je l’ai vu jouer ainsi, j’ai été incapable d’imaginer qui que ce soit d’autre dans ce rôle. Et j’ai eu la même réaction en voyant comment tous les autres acteurs se sont emparés des rôles que nous leurs avons proposés. Benicio Del Toro est hallucinant quand il incarne le Collectionneur. Il est arrivé à rendre ce personnage extravagant parfaitement crédible. Et je dois avouer que ce que Benicio a apporté au rôle était bien supérieur à ce que j’avais écrit dans les pages du script. Idem pour Chris Pratt et Zoe Saldana, qui sont littéralement devenus Peter Quill et Gamora.

Y a-t-il eu des moments où vous avez pris un peu de recul en filmant cette équipe surréaliste dans laquelle se trouvent aux côté du seul terrien un colosse recouvert de scarifications, un arbre vivant, une jeune femme entièrement verte et un raton laveur qui parle ?

Oh oui, bien sûr ! Ce côté délirant nous amusait beaucoup au début. Et il arrive encore que nous mettions nos acteurs dans des situations tellement démentes qu’ils ne peuvent qu’en rire. Comme vous le voyez en ce moment sur le moniteur qui est à côté de nous, la jeune femme de petite taille qui est la doublure lumière de Rocket Racoon, Artie, porte un costume vert et une sorte de peluche avec la tête de Rocket au niveau de son torse, car cela correspond à la hauteur supposée du personnage.A certains moments, nous lui avons fait porter aussi un haut parleur assez volumineux, d’où sortait les répliques dites par mon frère Sean, qui prête sa voix à Rocket pendant le tournage. On voyait donc Artie se promener sur le plateau avec ce haut parleur et cette tête de Raton Laveur fixées sur sa poitrine. C’était extrêmement bizarre à voir. On aurait pu croire que nous étions en train de tourner un film destiné à un public de fétichistes pervers ! (rires) C’était une scène avec Benicio Del Toro ou Rocket était sensé être juché sur les épaules de Groot. Artie était accrochée à un support sur lequel on avait placé une réplique de la tête de Groot. Et Benicio s’est retrouvé face à elle, qui s’accrochait à un arbre à tête humaine, avec son costume vert, son haut parleur, et sa tête de raton laveur sur le torse. Quand vous vous retrouvez en train de filmer ce genre de chose, vous ne pouvez pas rester impassible devant une situation aussi incongrue ! (rires)

Pouvez-vous nous dire en quelques mots ce qui est surprenant et attirant dans la personnalité de chacun des Gardiens de la Galaxie ?

Vous faites références aux personnages ou aux acteurs qui les incarnent ?

Aux deux ! Dites-nous tout ! (rires)

OK. Eh bien, dans le cas de Chris, je l’ai vu évoluer en tant qu’acteur pendant tout le processus de création de ce film. Et le chemin que nous avons fait ensemble a été l’un des plus gratifiants de toute cette aventure. Il est arrivé après s’être préparé de manière intensive et m’a épaté dès le premier jour de tournage. En jouant son personnage, il n’a cessé de lui donner plus de profondeur. Ces derniers jours, tout particulièrement, il a joué des scènes émouvantes où il a été au meilleur de son talent. Je suis comme lui : aujourd’hui, je me sens bien plus capable de faire ce film que je ne l’étais quand je suis arrivé dans les studios de Shepperton, et il m’arrive de souhaiter que l’on me donne l’occasion de pouvoir tout recommencer ! (rires) En ce qui concerne Zoe Saldana, j’ai découvert une personne très chaleureuse qui possède un charisme fou et une autorité naturelle assez masculine, autrement dit les ingrédients parfaits pour incarner le personnage de Gamora en la rendant à la fois séduisante et impressionnante. Il y a une petite romance qui commence à naître discrètement entre elle et Quill, mais dans la répartition des rôles qu’ils jouent au sein du groupe, Gamora a une attitude masculine, et Quill une attitude plus féminine, et c’est une inversion des clichés qui me plaît beaucoup. Je vous ai déjà parlé de Drax et de l’excellente prestation de Dave Bautista, qui a surpassé tout ce que j’imaginais. Dès qu’il apparaît à l’image, il dégage cette présence physique, cette aura de puissance qui est exactement ce que représente Drax, tout en étant capable de mettre ses émotions à nu.

Et Glenn Close, qui joue la dirigeante de la police de l’espace, les Nova Corps ?

Oh, j’avais une peur bleue de Glenn Close avant de la rencontrer ! Je n’ai été effrayé que par quelques acteurs au cours de ma carrière, et elle en faisait partie parce qu’elle est une légende vivante. Je me demandais comment elle allait accepter que je la dirige, elle qui a tant de talent et d’expérience…Et quand je l’ai enfin rencontrée pour la première fois, je me suis rendu compte qu’elle était extrêmement sympathique, chaleureuse, et bien plus séduisante dans la vie que dans les rôles qu’elle a souvent incarné au cinéma. Elle est sidérante quand on la voit jouer Nova Prime Rael. J’avais coutume de lui dire qu’elle a des yeux qui sont des trésors inestimables, car ils ressortent incroyablement bien à l’image. On ne voit plus qu’eux. John C. Reilly, qui incarne Rhomann Dey, apporte toute sa personnalité haute en couleurs au rôle. Bradley Cooper qui va donner sa voix à Rocket, est un acteur qui est autant à l’aise dans les premiers rôles que dans les rôles de composition. Et je savais qu’il serait capable de donner énormément de personnalité à Rocket Racoon qui est vraiment l’un des personnages centraux de notre film. Quand on parle des GARDIENS DE LA GALAXIE, les gens disent souvent « Ah oui, c’est ce film avec un raton laveur qui parle ! Ça a l’air un peu parodique, non ? » Et je voudrais être très clair sur un point : LES GARDIENS DE LA GALAXIE ne va pas ressembler à AVENGERS avec Bugs Bunny au milieu de l’équipe ! Quand j’ai entrepris d’adapter cette bande dessinée en film, je me suis demandé dans quelle réalité un raton laveur qui parle pourrait exister. Et dans quelles circonstances une telle créature aurait pu voir le jour. Eh bien, les spectateurs découvriront tout cela dans le film, et apprendront que la trajectoire de Rocket a été plutôt dramatique, et lui a causé beaucoup de souffrances. Il a été un cobaye que l’on a découpé, opéré, reconstitué et sur lequel on a fait toutes sortes d’expériences affreuses. Mais il y a survécu et il a réussi à s’en sortir. Mais le résultat, c’est qu’il est de ce fait l’unique créature de son genre dans tout l’univers, ce qui est une destinée particulièrement tragique. Rocket Racoon n’est pas un personnage souriant de cartoon, c’est une créature profondément triste et qui bout de colère en pensant à ce qu’on lui a fait subir. Et Bradley Cooper a magnifiquement su restituer les côtés dramatiques et les réparties amusantes du personnage, tout en préservant son intégrité. Ce n’est pas comme si Rocket avait deux visages et jonglait avec en passant de l’un à l’autre. Et c’est la raison pour laquelle Bradley était parfait dans ce rôle : sa performance est fantastique.

Comment Bradley Cooper a-t-il réagi quand vous lui avez dit, « Bradley, je voudrais te proposer un rôle de Raton Laveur ! »

(Rires) Eh bien contre toute attente, il a été immédiatement enthousiaste ! (rires) Bradley est l’une des plus grandes stars à l’affiche de ce film, et pourtant, quand il est arrivé pour participer aux sessions d’enregistrement, il a fait preuve d’une grande humilité. Il était totalement disponible, et il m’a même dit « Si tu veux me donner des indications de jeu précises pour certaines répliques, n’hésite pas à le faire. » Certains acteurs ne supportent pas que le réalisateur empiète sur le champ de créativité, tandis que Bradley a fait preuve d’une ouverture d’esprit totale. Sa prestation m’a vraiment époustouflé.

Etant donné que vous êtes un fan de comics, pourquoi avez-vous choisi de transposer LES GARDIENS DE LA GALAXIE au cinéma, et non pas d’autres héros de Marvel ?

On m’avait fait d’autres propositions auparavant, mais elles ne m’attiraient pas. J’étais sur le point d’écrire et de réaliser un autre blockbuster destiné à sortir en été il y a quelques années, pour un autre studio, mais cela ne s’est pas fait pour diverses raisons. Le projet s’intitulait PETS (Animaux domestiques, NDLR) et son héros était un homme qui était kidnappé par des extraterrestres qui voulaient le domestiquer et en faire la mascotte de la maison. Je pense que cela aurait pu être une comédie très savoureuse. A la suite de l’abandon de PETS, j’ai écrit et réalisé SUPER, qui était une sorte de déconstruction mi-tragique mi-comique du film de superhéros. SUPER a attiré l’attention des dirigeants des studios Marvel et nous avons commencé à nous rencontrer régulièrement et à évoquer les projets que nous pourrions développer ensemble. C’est ainsi que nous en sommes venus à évoquer la possibilité de transposer au cinéma LES GARDIENS DE LA GALAXIE et que j’ai dit à Marvel que ce projet-là m’intéresserait beaucoup. Ils m’ont proposé d’écrire un script… Et voilà pourquoi nous avons pu avoir cette conversation aujourd’hui dans les studios de Shepperton !

La suite de cet entretien avec James Gunn paraîtra bientôt sur ESI !

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.