LES GARDIENS DE LA GALAXIE en Blu-ray : Entretien avec James Gunn, réalisateur – 2ème partie
Article Cinéma du Mardi 16 Decembre 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Comment pourrait-on définir LES GARDIENS DE LA GALAXIE ? Comme une comédie de Science-Fiction ponctuée d’humour noir ?

Il y a effectivement beaucoup d’humour sarcastique dans notre film. Mais aussi beaucoup d’aventure, d’émotion et de grand spectacle. Nous allons raconter une histoire de Science-Fiction, mais d’une manière plutôt originale, je crois, ce qui fait que j’ai un peu de mal à vous dire quelle étiquette conviendrait le mieux pour qualifier le film. Je pense que les spectateurs se feront eux-mêmes leur avis, l’essentiel étant qu’ils passent un bon moment. En tous cas, je peux vous dire que mon intention n’a pas été de traiter ce récit comme une parodie : la narration de l’histoire est faite de manière sincère, sans clins d’oeils. Il y a même plusieurs séquences dramatiques assez surprenantes et certains moments qui, je l’espère, seront émouvants à voir.

Parlez-nous de vos acteurs principaux…

Chris Pratt s’est fait connaître à la télévision par son talent humoristique. Il joue là son premier rôle principal, et je dois dire qu’il n’a cessé de m’impressionner depuis qu’il a passé notre casting et que j’ai compris que c’était lui qui devait être Peter Quill. Chris a entrepris une métamorphose physique phénoménale pour avoir la musculature de notre héros, et l’amplitude dramatique de son jeu d’acteur n’a cessé de progresser tout au long du tournage. Je pense que le public lui trouvera drôle, vif, émouvant et en un mot irrésistible. Zoe Saldana est une actrice dont le charisme, l’autorité naturelle, le charme et la beauté convenait si bien à Gamora que nous avons tout fait pour la convaincre d’accepter ce rôle. Et par bonheur, elle a dit oui. Elle a travaillé son personnage de manière remarquable, en trouvant le moyen de faire ressortir ses failles et ses douleurs sous sa carapace. Et nous avons eu aussi la chance de trouver le seul acteur au monde qui pouvait interpréter Drax le Destructeur : Dave Bautista. Dave a été plusieurs fois champion du monde de catch, il est grand, incroyablement musclé, mais il est surtout devenu un acteur à part entière, en laissant s’exprimer sa sensibilité à fleur de peau. Drax s’exprime de manière Shakespearienne, et Dave a parfaitement réussi à s’approprier ces dialogues. Il est étonnant !

Les deux autres membres de l’équipe, Groot et Rocket Racoon, sont réalisés en images de synthèse. Pourquoi avez-vous choisi Bradley Cooper pour incarner Rocket Raccon en lui prêtant sa voix ? Que va-t-il apporter à ce rôle insolite de raton laveur qui parle et qui porte une arme plus grande que lui ?

Bradley est un acteur remarquable. Je dois dire que nous avons fait des tests de voix avec beaucoup de stars qui ne convenaient pas, et aussi avec des acteurs spécialisés dans le doublage. Les comédiens de doublage qui travaillent souvent sur des séries animées et des jeux vidéo ont tendance à jouer avec des voix caricaturales, cartoonesques, auxquelles je n’arrivais pas à croire. Nous ne pouvions pas aller dans cette direction-là, car l’un des éléments les plus importants du film était de parvenir à rendre cette petite créature insolite aussi crédible et réaliste que possible. L’une des particularités de Bradley, c’est qu’il est aussi doué dans l’interprétation de situations dramatiques que dans celle de moments comiques. Il a un physique de jeune premier séduisant, mais il parvient aussi à se fondre dans des rôles de composition où il est quasiment méconnaissable. Il était exactement l’acteur dont nous avions besoin pour être la voix et l’âme de Rocket. Nous avons déjà enregistré une bonne partie des dialogues de Rocket avec lui, et son interprétation a été formidable et a dépassé toutes mes espérances. Il va rendre Rocket craquant ! (rires)

LES GARDIENS DE LA GALAXIE fait partie de la phase 2 de production des Studios Marvel, qui a commencé en 2013 avec IRON MAN 3 et THOR, LE MONDE DES TENEBRES, qui se poursuit en 2014 avec CAPTAIN AMERICA LE SOLDAT DE L’HIVER et votre film, et se concluera en 2015 par AVENGERS, AGE OF ULTRON. Pouvez-vous nous dire comment LES GARDIENS DE LA GALAXIE sera relié à ces autres films de la phase 2 ?

Eh bien il se déroule dans le même univers et à la même époque, ce que l’on peut ignorer si l’on en juge seulement par les environnements futuristes que nous montrons. Mais il s’agit bien du temps présent, malgré tout, dans des endroits très éloignés de la Galaxie. Vous avez pu voir récemment que le personnage du collectionneur incarné par Benicio Del Toro dans notre film faisait une apparition surprise dans la séquence post-générique de THOR, LE MONDE DES TENEBRES. L’autre lien avec les films de la phase 2 et de la phase trois est le personnage de Thanos, qui prendra de plus en plus d’importance dans l’univers cinématographique de Marvel. Il y a aussi plusieurs autres connexions, mais nous les révélerons en temps voulu. Il faut quand même laisser des surprises aux fans !

Deux des cinq personnages du groupe des GARDIENS DE LA GALAXIE ont des tailles très différentes de celles des humains. L’arbre vivant Groot est très grand, tandis que Rocket Racoon est tout petit. Arriver à cadrer tous ces personnages ensemble dans les mêmes plans doit être horriblement difficile…

Oui, c’est vrai. C’est souvent un casse-tête. D’autant plus que nous tournons le film en format très large 2:35. Nous avons été obligés d’imaginer des astuces pour résoudre ce problème : Rocket bondit sur des éléments placés en hauteur pour discuter avec ses compagnons ou pour se battre, et Groot s’assoit souvent pour que l’on puisse voir sa tête dans le cadre. Nous travaillons beaucoup sur les compositions des images pour réussir à bien intégrer Rocket qui mesure 60cm et qui a une longue queue aux côtés de Groot, qui culmine à 2m13. Et comme ce sont les meilleurs amis du monde, ils évoluent presque tout le temps ensemble. Mais ces personnages ont aussi beaucoup d’avantages et notamment celui de nous contraindre à « ouvrir le film » en présentant souvent des cadres très larges qui mettent en valeur nos grands décors et les panoramas des différentes planètes sur lesquelles se déroule l’action.

Vous ne tournez pas en 3-D native…

Non, le film sera converti en relief au moment de la post-production. C’était assez légitime compte tenu du grand nombre d’effets visuels et de personnages en images de synthèse que nous allons utiliser, et qui seront créés eux aussi après le tournage. Le type de relief que nous allons employer se rapprochera de celui d’IRON MAN 3 : il sera basé sur des effets immersifs mais discrets, sauf à certains moments qui se prêtent à des effets de jaillissements, comme les combats et les scènes de batailles spatiales. Ma mise en scène tient compte du relief, mais le film est conçu pour être visionné parfaitement en 2D.

Le grand succès remporté par les productions des studios Marvel suscite beaucoup d’intérêt parmi les acteurs, les scénaristes et les réalisateurs. Qu’est-ce qui a fait que Kevin Feige vous a choisi ? Parce que vous aviez un angle particulier à proposer ou parce que vous étiez le scénariste/réalisateur idéal pour ce film ?

Parce que j’étais le choix idéal ! (rires) Mais il a d’abord fallu que je réussisse à convaincre Kevin, Louis D’Esposito, Jeremy Latcham et Victoria Alonso de me confier ce travail. Quand je suis allé les rencontrer le premier jour, et qu’ils m’ont interrogé sur ma vision du film, je les connaissais déjà tous. Je savais que j’étais en compétition avec beaucoup d’autres gens et je leur ai décrit sincèrement comment je souhaitais transposer ces personnages au cinéma. Je leur ai expliqué aussi que j’avais été sur le point de réaliser d’autres blockbusters auparavant, mais que je m’étais retiré de ces projets en fin de compte parce que je ne voyais pas comment ils allaient pouvoir me permettre d’exprimer ma propre personnalité. Vous savez, quand on se retrouve dans ce genre de situation, on comprend que le studio qui produit le film a déjà décidé de lui « donner un parfum vanille » qui correspond à tous les autres blockbusters standardisés qu’il présente pendant l’été et qu’il veut vendre comme des crèmes glacées. Et si vous essayez de changer de parfum pour être plus original et plus personnel, vous n’y arriverez pas. Pour moi, LES GARDIENS DE LA GALAXIE était un cas complètement différent. J’avais le sentiment que cela pourrait être un film de grande ampleur, qui correspondait exactement a mes goûts dans les registres de l’aventure, de l’action, de l’humour, de la comédie dramatique, et qu’il me permettrait aussi d’exprimer mon amour des ratons laveurs. (rires) Je sais que cela a l’air d’être une plaisanterie, mais c’est la pure vérité : j’ai toujours été attiré par ces adorables petites bestioles !

Et vous connaissiez aussi très bien la BD originale…

Oui, car je suis un vrai fan de comics. J’en ai toujours lu, toute ma vie. Et je connaissais effectivement très bien les différentes époques de la saga des Gardiens de la Galaxie.

Quels sont vos comics préférés ?

Vaste question ! J’en aime tant que c’est difficile de répondre... LES WATCHMEN sont une des séries de comics les plus extraordinaires de tous les temps. La série des GARDIENS DE LA GALAXIE a été créée en 1969 par Arnold Drake et Gene Colan, mais je préfère la seconde équipe de personnages que Dan Abnett et Andy Lanning ont formée en 2008 à partir de héros que l’on avait vus précédemment. C’est cette série d’aventures qui est la plus proche de notre film, aussi bien au niveau du ton que de la composition de l’équipe des Gardiens de la Galaxie. C’est du grand spectacle, très drôle, très dynamique, dans la lignée des space operas, même si ce terme évoque souvent des films plus austères que le nôtre. Plus que de la Science-Fiction, je dirais que c’est une aventure épique qui se déroule dans l’espace.

La suite de cet entretien avec James Gunn paraîtra bientôt sur ESI !

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