Star Wars Stories 4 : 2015, L’année du Réveil de la Force
Article Cinéma du Vendredi 02 Janvier 2015

Cette rubrique récurrente vous propose de suivre la production des cinq nouveaux films de la franchise Star Wars – à commencer par le tournage du Réveil de la Force —, ainsi que tous les projets menés conjointement par Lucasfilm et Disney. La guerre des étoiles n’était qu’un début…

Par Pierre-Eric Salard

Si vous ne souhaitez pas être exposés à d’éventuels spoilers, nous vous déconseillons la lecture des lignes suivantes !



Début novembre 2014, le tournage de Star Wars : The Force Awakens s’est terminé. Le titre officiel de l’Épisode VII a été dévoilé le 6 novembre 2014 : Le réveil de la Force. Ce nom reprend parfaitement le style vague et suranné des titres des précédents épisodes de la saga, comme La menace fantôme et Un nouvel espoir. Le premier « teaser » du film a été diffusé quelques jours plus tard. Mais reprenons là où nous nous étions arrêtés : en août 2014.

Après avoir débuté en mai à Abu Dhabi, le tournage s’était poursuivi aux studios Pinewood, près de Londres, puis dans la forêt de Dean – toujours en Angleterre – et sur l’île de Skellig Michael, au sud-ouest de l’Irlande. Mais suite à la blessure que s’était faite Harrison Ford en juin, sur un plateau de Pinewood, le planning avait été modifié de fond en comble pour permettre la poursuite de la production malgré la convalescence de l’acteur. Lucasfilm dut cependant se résoudre à organiser une pause de deux semaines, en août. En ce qui concerne les prises de vues réalisées à Abu Dhabi, nous avons récemment appris que la Jordanie devait originellement accueillir l’équipe de J.J. Abrams. Bien moins sujet aux instabilités que traverse actuellement la Tunisie (où ont été filmés les Épisodes VI et I de la saga Star Wars), ce pays du Moyen-Orient partage une longue histoire avec l’industrie du cinéma. Depuis Lawrence d’Arabie, en 1962, les paysages désertiques de la Jordanie ont été aperçus dans Zero Dark Thirty et Prometheus. Quelques semaines avant que l’équipe de production de The Force Awakens s’envole pour la Jordanie (et plus particulièrement pour la région de Wadi Rum, au sud), et juste avant qu’un contrat soit signé, Abu Dhabi obtint les faveurs de Lucasfilm. « Cela s’est déroulé à la dernière minute », regrette le responsable de la Royal Film Commission de Jordanie, George David. « Mais ça fait partie du business ». Mais les repérages organisés par Disney, ainsi que la qualité des infrastructures d’Abu Dhabi, ont fait pencher la balance. Évidemment, un certain aménagement de taxe, permettant d’économiser plusieurs millions de dollars sur le budget, n’est pas passé inaperçu chez Disney et Lucasfilm ! Sans oublier les à-côtés, dont des aides financières directes permettant de loger les acteurs dans des hôtels quatre étoiles pour la « modique » somme de 50 dollars par nuit… Autant d’avantages qui ont permis aux Émirats Arabes Unis de s’immiscer dans la galaxie lointaine. Rappelons d’ailleurs qu’une caméra IMAX a été utilisée à Abu Dhabi. Si le film sera bel et bien diffusé dans les salles IMAX, J.J. Abrams a récemment précisé que, en réalité, une seule scène de The Force Awakens a été tournée nativement à l’aide de ladite caméra IMAX. Il faut savoir que ces appareils ont plusieurs défauts qui compliquent leur utilisation : ils sont gros et bruyants. Ce qui n’est guère pratique pour filmer des scènes dialoguées ! Or J.J. Abrams s’est tout de même permis d’utiliser une caméra IMAX pour tourner une unique séquence d’action. « Les avantages l’emportent sur la migraine provoquée par l’utilisation de ces caméras », s’amuse le réalisateur. «L’opportunité d’avoir une scène d’action faite à l’aide du format d’origine d’IMAX était trop exquise pour ne pas l’utiliser. En tant que spectateur, c’est quelque chose que je veux voir ». Les fans qui iront voir Le réveil de la Force dans une – véritable – salle IMAX pourront donc découvrir une scène dans le célèbre format géant ; le reste du film sera évidemment converti… En ce qui concerne le tournage réalisé sur l’île de Skellig Michael, cet été, des riverains et plusieurs associations de protection environnementale se sont inquiétés de son impact sur la faune et la flore de cet espace protégé. La ministre irlandaise des Arts et du Patrimoine, Heather Humphreys, a ainsi expliqué qu’un accord fut conclu après que les producteurs du film aient accepté de réduire l’impact environnemental du tournage. Ainsi Lucasfilm a-t-il réduit de 90 % les déplacements en hélicoptère. Enfin, les studios Pinewood ont annoncé que douze de leurs seize plateaux ont été utilisés pour les besoins du tournage de The Force Awakens – dont le récent « Richard Attenborough Stage », le plus haut (et deuxième plus large) bâtiment du complexe. Lucasfilm a également investi deux espaces en extérieur (le North Lot et le Paddock Lot). Il semblerait enfin qu’une séquence nautique (ou sous-marine) soit au programme, puisque le tournage s’est également fait dans le réservoir d’eau « Paddock ». Également située à l’extérieur, cette gigantesque piscine, d’un volume d’environ 3500 m³, dispose d’un large fond vert (de 73 mètres de largeur pour 18 de hauteur). Autant dire que l’équipe de production de cet Épisode VII a occupé une large majorité des plateaux des studios Pinewood pendant une (petite) moitié de l’année. Or, comme nous le verrons plus loin, la saga Star Wars n’en a pas terminé avec Pinewood…

Retour aux affaires

Dans la semaine du 25 au 29 août dernier, après deux semaines de pause, le tournage de The Force Awakens reprend justement au sein de décors construits à Pinewood. Suite aux « vacances » provoquées par la blessure d’Harrison Ford survenue le 12 juin, et les opérations chirurgicales qui s’ensuivirent, les acteurs et techniciens reprennent leur poste. Harrison Ford, qui a fêté ses 72 ans en juillet, peut ainsi retrouver le costume de Han Solo. Les studios Disney en profitent pour confirmer que la date de sortie de l’Épisode VII est toujours prévue pour le 18 décembre 2015. Peu après, Ridley Scott révèle qu’il avait rendez-vous avec Harrison Ford, la veille de son accident. « J’espère que je n’y suis pour rien », déclare-t-il, non sans humour. Le réalisateur avait alors discuté avec l’acteur de Blade Runner 2, dont le script est terminé. Harrison Ford devrait ainsi retrouver le rôle de Deckard… une fois que Ridley Scott en aura terminé avec The Martian et Prometheus 2 ! « Malgré toutes ces années, et l’accident, Harrison est un survivant », précise le cinéaste. « Donc oui, Blade Runner 2 est prévu ». D’une suite à l’autre, Harrison Ford renoue définitivement avec la SF ! Outre Mark Hamill, Carrie Fisher, Peter Mayhew (Chewbacca) et Kenny Baker (R2-D2), un autre ancien de la saga Star Wars apparaitra dans The Force Awakens. Alors qu’il a déjà participé aux six précédents films, Anthony Daniels – alias C-3PO –, 68 ans, n’a en réalité jamais quitté la galaxie lointaine ; il a ainsi doublé son personnage dans de nombreuses séries d’animation (dont, très récemment, Star Wars Rebels). Initialement, le comédien britannique a pourtant refusé de retrouver C-3PO dans The Force Awakens ! « Quand J.J. Abrams m’a contacté, il m’a demandé si je voulais bien participer en prêtant seulement ma voix au personnage », se souvient-il. Anthony Daniels ne tarde pas à refuser. « J.J. s’attendait à cette réponse. Il n’était pas possible que je ne fasse que la voix ». J.J. Abrams lui a donc proposé de jouer, à nouveau, le droide. L’acteur insista ensuite pour qu’un nouveau costume soit construit. « Les modifications sont invisibles, mais elles m’ont rendu la vie bien plus simple… » Même s’il ne peut pas dévoiler le rôle de C-3PO dans le film, Anthony Daniels pense que le droide a gagné en confiance. « Il a survécu à tellement d’événements dramatiques… ». Lucasfilm a annoncé en octobre qu’un autre acteur des précédents épisodes sera de retour dans l’Épisode VII. Sauf que Warwick Davis ne risque pas de retrouver un de ses anciens personnages. Il incarnait précédemment l’Ewok Wicket (dans Le Retour du Jedi puis les téléfilms consacrés aux Ewoks) et deux personnages mineurs de La menace fantôme, Weazel et Wald. Le grand public connait également son visage pour le rôle de Willow, dans le film éponyme. Enfin, notons que deux comédiens ont rejoint la distribution de La Force se réveille : Christina Chong (« 24 Heures Chrono », « Doctor Who », « Halo : Nightfall ») et Miltos Yerolemou (« Game of Thrones »). Ce dernier incarnait Syrio Forel dans la première saison de l’adaptation TV du Trône de Fer. Il rejoint ainsi un autre visage de la série diffusée sur HBO, Gwendoline Christie (qui joue Brienne dans « Game of Thrones »).

L‘attaque des drones

Au début du mois de septembre, l’équipe de production de l’Episode VII quitte quelque temps les plateaux de Pinewood pour poser ses caméras en extérieur, au sein de l’ancien aéroport militaire de la Royal Air Force Greenham Common, situé à 80 kilomètres à l’ouest de Londres. Fermé en 1993, cet espace est devenu un parc public en 1997. Des hangars — camouflés par de l’herbe — accueillent ainsi des répliques de différents chasseurs X-Wing, ainsi qu’une portion du Facon Millenium. Les vaisseaux parqués dans cette base – appartenant vraisemblablement, dans le film, à l’Alliance Rebelle, ou à l’organisation politique qui lui a succédé – ont été artificiellement multipliés – non pas à l’aide d’images de synthèse, mais de trompes l’œil reprenant la forme des X-Wing ! Notons que ce tournage a été découvert, par hasard, par un instructeur dans une école d’aviation. Il prenait des photos lorsqu’il est tombé sur une moitié de Faucon Millenium (celle qui sera évidemment visible dans le cadre des caméras). La nouvelle s’est propagée sur les réseaux sociaux, et de nombreux fans se sont rendus sur place afin d’apercevoir le tournage. Des drones ont même été utilisés afin de prendre de la hauteur et espionner les allées et venues de l’équipe de production. Comble de malchance : les dirigeants des studios Pinewood avaient commandé, en juin dernier, un dispositif « Droneshield », fabriqué par la compagnie américaine éponyme. Cet appareil est capable de détecter les vols de drones et hélicoptères dans des espaces où les survols sont interdits. Mais le Département d’État des États-Unis – l’équivalent de notre ministère des Affaires étrangères — n’a jamais validé les documents permettant l’exportation du dispositif… De toute manière, repérer un drone ne suffit pas à empêcher la captation d’images !



Au milieu du mois de septembre, les cinéphiles assistent à un curieux échange entre l’équipe de production de The Force Awakens, et celle de Superman vs. Batman : Dawn of Justice, réalisé par Zack Snyder pour un studio concurrent, Warner Bros (rappelons que les studios Marvel appartiennent à Disney). Alors que des rumeurs affirment qu’une des Batmobile a été volée, sur le tournage de la suite de Man of Steel, à Detroit, Zack Snyder publie sur les réseaux sociaux une photo montrant deux policiers de Gotham City qui viennent d’arrêter un Stormtrooper – membre des troupes de choc de l’Empire. Le soldat était visiblement au volant de la Batmobile… Zack Snyder mettait ainsi un terme à la rumeur, tout en faisant un clin d’œil appuyé à J.J. Abrams. Ce dernier ne tarda pas à répondre à l’aide d’une vidéo offrant les premières images (officielles) du Faucon Millenium. Dont les parois dissimulent un modèle réduit de l’imposant « Tumbler » de la trilogie Batman de Christopher Nolan ! « Je pense que cela a commencé lorsque J.J. et Colin Anderson, un talentueux cameraman qui travaille sur mes films, m’ont envoyé une photographie dans laquelle ils arboraient tous les deux des masques de Batman rudimentaires », explique Ben Affleck, qui incarne Bruce Wayne dans le prochain film de Zack Snyder. Ce dernier proposa ainsi de répondre à sa façon ! « J’aime bien l’idée de ces clins d’œil entre les deux réalisateurs ». Ces échanges cocasses semblent être représentatifs de l’ambiance du tournage de l’Épisode VII. « Tout le monde s’amuse », déclare Oscar Isaac, l’un des nouveaux venus dans la galaxie Star Wars, et qui pilote un X-Wing dans le teaser. « Il y a beaucoup d’enthousiasme, et le film est réalisé avec beaucoup de cœur. Il n’y rien de cynique dans la manière dont nous faisons ce film ». Mais le temps passe, et la fin des prises de vues approche. Le 27 septembre, Anthony Daniels annonce qu’il a participé à ses dernières scènes. « C’est fini pour moi », déclare-t-il. « Enfin – j’espère – en ce qui concerne l’Épisode VII. Le temps le dira ». L’acteur britannique s’avoue en tout cas confiant. « Vous ne verrez pas le résultat avant un certain nombre de jours, mais je sais que l’attente en vaudra la peine ! ». La promotion n‘attend certes pas…

Installation à Londres

Les dernières semaines du tournage réservent une mauvaise surprise à J.J. Abrams. Alors que des photos volées du tournage à Abu Dhabi et à Pinewood avaient déjà entamé la chape de plomb protégeant le film, une trentaine de concept arts sont dévoilés sur Internet. Les révélations sont nombreuses, et certaines rumeurs sont ainsi confirmées. Il ne faut toutefois pas oublier que ces esquisses ne sont qu’un instantané dans le processus de création du film. Les concepts ont pu évoluer ou disparaitre… Le 30 septembre, c’est au tour d’Oscar Isaac (Inside Llewyn Davis) de quitter les plateaux de Pinewood. Non sans saluer la volonté de J.J. Abrams d’utiliser aussi peu que possible les outils numériques. « Il tourne sur pellicule et a fait construire de véritables décors », souligne Oscar Isaac. « Vous avez des centaines de véritables stormtroopers, des centaines de figurants, et les vaisseaux. Vous les voyez vraiment. Tout est réel. Chacun peut interagir avec cet univers ». Ce choix ne contredit évidemment pas l’utilisation des images de synthèse, pour tout ce qui ne peut pas être construit ou montré dans la réalité. Ainsi, à la mi-octobre, Kathleen Kennedy, la présidente de Lucasfilm, inaugure le nouveau studio londonien de la société d’effets visuels de Lucasfilm, Industrial Light & Magic (ILM), en compagnie du Chancelier de l’Échiquier George Osborne et du ministre de la Culture Ed Vaizey. Ce n’est pas un hasard si ILM a choisi d’ouvrir un studio dans le quartier de Soho, à Londres : les prochains films seront également tournés à Pinewood, non loin de là. « Ce studio jouera un rôle primordial dans la création des trucages de l’Épisode VII et des films suivants », précise Lynwen Brennan, la présidente d’ILM. Notons que certains effets visuels seront également confectionnés au sein d’un studio ouvert à Vancouver. Supervisé par Sue Lyster, le studio londonien d’ILM œuvre actuellement sur Avengers 2, Ant-Man et, évidemment, La Force se réveille. Les plus de 200 infographistes qui y travaillent ne sont guère des néophytes. Le directeur de l’animation, Michael Eames, a travaillé sur la saga Harry Potter, alors que le directeur de la création, Ben Morris, a participé à Gravity. « Nous perpétuons la tradition voulant que les films Star Wars soient faits à Londres », rappelle Kathleen Kennedy, qui souligne que l’installation de Lucasfilm à Pinewood et la création d’un studio d’ILM à Londres ont été réalisées en l’espace de seulement deux ans. Lynwen Brennan a profité de l’inauguration pour revenir sur la volonté de mêler effets traditionnels et trucages numériques. « C’est typiquement le style de J.J. Abrams. Nous avons déjà travaillé avec lui », rappelle-t-elle. ILM s’était effectivement occupé des effets visuels de Star Trek. « Ses films sont ancrés dans la réalité. C’est l’un des éléments qui font que ses films ont une âme. Les acteurs peuvent toucher leur environnement. Nous, cela nous permet d’avoir quelque chose sur lequel construire. Pas uniquement pour les plans disposant de véritables décors, et dans lesquelles nous devons intégrer une créature ». Les infographistes disposent ainsi d’un « guide » esthétique, qui peut être reproduit ou respecté dans les plans 100 % numériques. « Une partie du film se déroule dans l’espace, et cela ne choquera personne si je dis que c’est difficile à créer sans l’aide des images de synthèse ». Il semble que J.J. Abrams ait rencontré toutefois quelques difficultés à convaincre les responsables des studios Disney, qui envisageaient une utilisation massive des outils numériques. Selon l’acteur Simon Pegg, sa propre fille – alors âgée de trois ans ! – a peut-être aidé à convaincre ces cadres. En effet, lorsqu’il a rendu visite à J.J. Abrams sur les plateaux de Pinewood, plusieurs membres de l’équipe l’ont surnommé « l’homme dont la fille a sauvé Star Wars » ! Quelques mois plus tôt, quand Simon Pegg lui a montré L’Empire contre-attaque, la petite Pegg s’est exclamée, en découvrant Yoda, « il est réel ! ». « Effectivement, la marionnette était présente. Elle interagissait avec Mark Hamill », explique l’acteur, qui raconte ensuite cette anecdote à J.J. Abrams. Ce dernier aurait ainsi repris l’argument pour convaincre les dirigeants de Disney, et ainsi pouvoir utiliser des marionnettes et autres masques « à l’ancienne ». C’est pourquoi que Simon Pegg fut accueilli avec enthousiasme par des marionnettistes œuvrant sur Le réveil de la Force « Je sais que J.J. Abrams a toujours prévu de réaliser le film de cette manière », tempère le comédien. « Mais cette anecdote validait son idée, en quelque sorte ». Notons que J.J. Abrams recevra, en février 2015, le Visionary Award de la prestigieuse Visual Effects Society (VES), reconnaissant sa contribution à l’industrie du cinéma. « J.J. a constamment élevé le niveau technique, mais aussi l’aspect émotionnel des effets visuels », précise Jeffrey A. Okun de VES. Cela reste – pour l’instant – une rumeur, mais il semblerait que J.J. Abrams ait d’ailleurs fait appel au studio The Imaginarium pour enregistrer les mouvements d’acteurs afin — non seulement — de les reproduire sur des modèles 3D numériques, mais aussi sur des marionnettes animatroniques. Rappelons qu’outre un rôle dans le film, Andy Serkis (Gollum, King Kong, César…) participe à la création de The Force Awakens via sa société The Imaginarium, spécialisée dans la capture de mouvements (MOCAP). Il n’est donc pas impossible que l’Épisode VII dispose des dernières avancées technologiques en matière d’animatroniques.

Clap de fin

Si le mois d’octobre est placé sous le signe des trucages, c’est parce que le tournage de l’Épisode VII s’apprête à se conclure. Le 17 octobre, Harrison Ford abandonne le blaster de Han Solo. Trois jours plus tard, Christina Chong annonce qu’elle a participé à ses dernières prises de vues. Le 3 novembre, une grande fête est organisée au Science Museum de Londres pour célébrer la fin du tournage, avant que les acteurs ne se dispersent à travers le monde. Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill, John Boyega, Daisy Ridley, J.J. Abrams ou encore Simon Pegg (qui a peut-être incarné un alien, qui sait ?) – et même R2-D2 — font partie des convives. Mais il reste encore quelques plans à filmer. Dans une lettre, J.J. Abrams, Kathleen Kennedy et le producteur Bryan Burke remercient tous les membres de l’équipe de production. « Des déserts d’Abu Dhabi à la Forêt de Dean en passant par les plateaux de Pinewood, vous avez relevé chaque défi, tout en restant aussi merveilleusement généreux que brillamment talentueux », peut-on notamment y lire. « Nous sommes ici pour faire un film qui divertira des millions de gens, de tous âges, pour des générations. Nous sommes ici pour créer une expérience que le public aimera autant regarder que nous avons aimé la créer, ensemble ». Le 6 novembre, Disney et Lucasfilm annoncent que les prises de vues sont terminées, près de six mois après que l’équipe se soit envolée pour Abu Dhabi. Le titre du film est alors – enfin — dévoilé. Star Wars : The Force Awakens ne manque pas d’engendrer un certain nombre de jeux de mots sur les réseaux sociaux. Luke Skywalker lui-même s’y mettra. « La force se réveille (dans une ferme du Kansas, pour découvrir finalement que tout n’était qu’un rêve). Suis-je le premier à faire cette blague ? Je l’espère bien », écrit Mark Hamill sur Twitter, faisant ainsi référence au Magicien d’Oz. Les fans les plus attentifs auront remarqué que le titre ne fait plus mention de l’Épisode VII. Qu’ils se rassurent : la numérotation sera bien visible lors du générique du film. Rappelons que la promotion des trois films originaux ne mentionnait pas davantage leurs numéros respectifs. Il ne fallait pas faire fuir les spectateurs, qui auraient pensé avoir raté les épisodes I, II et III (qui, évidemment, seront réalisés bien plus tard). Sans oublier qu’Un nouvel espoir n’obtint son « IV » qu’en 1979, lorsque le succès permit d’envisager des suites. À l’inverse, la trilogie la plus récente a utilisé la numérotation pour rappeler au grand public que les trois opus étaient des « préquelles ». Or, en 2015, Disney souhaite séduire les anciens fans, mais aussi un tout nouveau public. « Le numéro 7 pourrait intimider les néophytes », précise un responsable de Lucasfilm, Matt Martin. Par contre, cette absence de numérotation pourrait poser problème lors de la promotion des films dérivés, prévus pour 2016 et 2018. Dès lors, comment expliquer aisément que ces futurs longs-métrages ne sont pas consacrés aux aventures des différentes générations de la famille Skywalker ? Le temps, là encore, nous le dira…

Rêves d’enfants

Entre ces deux films dérivés, l’intrigue initiée dans Le réveil de la Force se poursuivra dans l’Épisode VIII, écrit et réalisé par Rian Johnson (Looper) et prévu pour 2017. À l’instar de son prédécesseur, cet opus sera filmé aux studios Pinewood, à partir du printemps 2016. Le studio londonien d’ILM ne devrait pas tarder à se lancer dans la préproduction de ce film. Alors que les sociétés d’effets visuels ne peuvent traditionnellement pas prévoir ce qui les attend sur le long terme, le nombre de films Star Wars en cours de production permet à ILM de travailler dès maintenant sur des concepts qui ne verront pas le jour avant la fin de la décennie. Rian Johnson, lui, est déjà plongé dans l’écriture du film. « C’est très surprenant, mais sincèrement, je ne me suis jamais autant amusé », déclare le cinéaste. « Je n’ai absolument pas peur. Je peux juste dire que je suis heureux. J’ai grandi en regardant cette saga, mais aussi en jouant avec les figurines. Enfant, les premiers films que j’ai imaginés dans ma tête se déroulaient dans cet univers. Ce qui crée une connexion directe, comme si je retournais automatiquement en enfance ». Si Rian Johnson, âgé de 40 ans, dit ne pas encore sentir le poids de la responsabilité qu’on lui a confié, il évoque un besoin d’équilibre entre ce qui l’inspire dans Star Wars, et la nécessité de raconter une histoire dont il se soucie. En somme, le cinéaste doit réussir à faire « son » Star Wars. Kathleen Kennedy insiste ainsi auprès de tous les cinéastes recrutés pour que chacun impose son style. « C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai accepté », ajoute Rian Johnson. « Je ne suis pas encore terrifié, contrairement à ce que je craignais. Mais je suis sûr que je finirai par l’être… » Le cinéaste évoque déjà la poursuite du style initié par J.J. Abrams, en faisant appel aux images de synthèse uniquement quand c’est nécessaire. La pression sur les épaules de Gareth Edwards (Monsters, Godzilla) est indéniablement plus forte. En effet, le président des Walt Disney Studios, Alan Bergman, a d’ores et déjà annoncé que son film dérivé (dont nous ne connaissons toujours pas le sujet) sortira en salle en décembre 2016 – soit dans exactement deux ans ! Le réalisateur britannique, né en 1975 (soit quelques mois avant le tournage d’Un nouvel espoir…), supervise depuis le printemps 2014 la préproduction de son film, tout en travaillant sur le scénario avec Gary Whitta (Le Livre d’Eli, After Earth, la première saison du jeu vidéo « The Walking Dead »). Le directeur de la photographie Greig Fraser (Zero Dark Thirty) est l’un des premiers techniciens émérites à avoir rejoint l’équipe de ce mystérieux long-métrage, dont le tournage doit débuter dans une poignée de mois. « Star Wars est comme ma première histoire d’amour cinématographique, si vous voyez ce que je veux dire », déclare ce dernier. « Je peux être fatigué, stressé et anxieux », écrit le scénariste Gary Whitta sur Twitter. « Mais je ne me suis jamais senti autant excité, d’un point de vue créatif, de toute ma vie ». Ayant grandi avec la saga, ces jeunes cinéastes réalisent leurs rêves d’enfant. C’est aussi le cas de l’américain Josh Trank – né en 1984, soit après la sortie du Retour du Jedi —, qui va se lancer dans la préproduction de son propre film dérivé, prévu pour 2018. Reste à savoir quels seront les rôles de Lawrence Kasdan et Simon Kinberg, originellement recrutés en tant que consultants pour l’Épisode VII, et scénaristes de films dérivés. Le premier s’est finalement consacré à l’écriture d’une nouvelle version du script de The Force Awakens, alors que le second s’est contenté de produire (et écrire quelques épisodes) de la série Star Wars Rebels. Mais Simon Kinberg produit ou écrit parallèlement d’autres films (le prochain Quatre fantastiques, Chappie). Quoi qu’il en soit, l’ensemble de ces films s’inscrit dans une nouvelle continuité, supervisée par un département dédié au sein de Lucasfilm. Seuls les anciens films et la série The Clone Wars font encore partie de la mythologie officielle. Lucasfilm va tenter de faire mieux que Marvel Studios en mettant au point un univers cohérent sur le grand et le petit écran, mais aussi dans les pages des comics et des romans. Sans oublier les jeux vidéo.

L’absence de George Lucas

Selon les acteurs du Réveil de la Force, George Lucas, qui n’a qu’un rôle honorifique de consultant sur ce film, n’a vraisemblablement pas rendu visite à l’équipe de tournage. Il se consacre à d’autres activités, dont la construction d’un musée des « arts narratifs » à Chicago. Son nom apparait cependant dans la première production Lucasfilm de l’ère Disney, Strange Magic, annoncée le 11 novembre dernier pour une sortie, aux États-Unis, le 23 janvier 2015. Réalisé par Gary Rydstrom, ancien designer sonore (Titanic, Jurassic Park), ce film d’animation musical a été confectionné par les équipes de Lucasfilm Animation Singapour et d’ILM, qui avaient auparavant créé Rango. Le scénario de Strange Magic, qui raconte en chansons les aventures d’elfes et de fées, est tiré d’une histoire de George Lucas – qui s’est lui-même inspiré de la comédie féérique Songes d’une nuit d’été de William Shakespeare. Un mois après la diffusion de la première bande-annonce du Réveil de la Force, George Lucas déclarait ne pas l’avoir vu. Preuve que le créateur de la saga a bel et bien confié son bébé à d’autres cinéastes. Rendez-vous en fin d’année pour découvrir si cette adoption s’avère concluante !

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