Visite du tournage d’AVENGERS : L’ERE D’ULTRON : Entretien avec Jeremy Renner - 1ère partie
Article Cinéma du Jeudi 07 Mai 2015

Par Pascal Pinteau

Oscarisé en 2008 pour sa performance dans DEMINEURS, Jeremy Renner, à l’instar de Hawkeye, s’était senti un peu lésé quand son personnage, subjugué par un sort de Loki avait passé la majeure partie du premier volet d’AVENGERS au service des méchants…Dans ce nouvel opus, Renner et Hawkeye ont pris leur revanche, d’une manière que les fans ne sont pas prêts d’oublier.

Entretien avec Jeremy Renner ( Clint Barton / Hawkeye)

Comment Joss Whedon vous a-t-il expliqué que Hawkeye aurait un rôle bien plus important dans ce film ?


Nous en avons parlé très longtemps à l’avance, bien avant qu’il y ait un scénario à lire. J’ai rencontré Joss lors d’une soirée, par hasard, et il m’a appris que toutes les choses que nous avions envisagées initialement de faire dans le premier épisode auraient lieu dans le deuxième, mais qu’elles seraient traitées de manière inattendue, avec une surprise. Joss et moi aimons beaucoup Hawkeye et nous n’avons pas eu la possibilité d’explorer vraiment son caractère et sa personnalité dans le premier AVENGERS. Nous nous sommes rattrapés dans cet épisode, et je dois dire que nous avons pris beaucoup de plaisir à décrire ses sentiments, ses émotions, son humanité. C’était cela qui m’avait donné envie d’interpréter ce personnage dans AVENGERS au début, parce qu’il n’est qu’un homme, et qu’il a des failles, des défauts et ses propres limites.

Comment décririez-vous cette nouvelle expérience de travail avec ce groupe d’acteurs que vous avez appris à connaître ?

Je ne sais pas si l’on peut dire que le groupe de nos personnages est en train de « faire bloc » dans cette nouvelle aventure, car en vérité aucun des AVENGERS ne s’entend parfaitement avec les autres, et c’est justement ce qui rend ces histoires si savoureuses et si amusantes. Nous formons une famille en disfonctionnement. Mais en dehors des plateaux, nous nous entendons tous très bien et je dois dire que ce groupe d’acteurs a certainement été l’un des meilleurs aspects du tournage de ces films. Dans le premier AVENGERS, je n’ai eu que deux très courtes scènes à jouer avec Robert Downey Jr, et elles passent comme un éclair dans de grandes séquences. J’ai passé la plupart du temps à jouer avec Scarlett Johansson et aussi avec Tom Hiddleston, et à part cela, je jouais des scènes de mon côté, où j’agissais en tant que complice de Loki, hypnotisé par lui. Dans cet épisode, les choses sont très différentes, ce qui est très agréable pour nous tous, mais terriblement compliqué pour Joss, car il doit gérer dix acteurs un peu fous qui s’apprécient beaucoup et qui veulent passer leur temps à bavarder et à plaisanter. Il a une superproduction à diriger, et il se retrouve dans le rôle du maître d’une classe de maternelle particulièrement dissipée. Je n’exagère pas en disant cela : il est quelquefois obligé de siffler pour attirer notre attention et faire stopper nos babillages ! Il faudrait peut-être qu’on nous serve des cachets de Ritalin avec nos repas, comme ceux que l’on donne aux enfants hyperactifs pour les aider à se concentrer ! Mais en dehors de cela, comme nous avions déjà fait amplement connaissance pendant le premier AVENGERS, nous avons tissé tant de liens que cela nous a permis de recréer tout de suite une excellente ambiance en coulisses. Nous avons démarré le tournage de cet épisode sur les chapeaux de roues, ce qui est une bonne chose, car nous avons énormément de choses à faire au cours de cette aventure.

Comment Hawkeye s’entend-t’il avec Tony Stark, cette fois-ci ?

Leur relation a changé après que l’on ait eu l’occasion d’explorer un peu le passé de Hawkeye dans l’épisode précédent. Elle s’approfondit au cours de cette aventure, car Hawkeye et Stark en apprennent un peu plus l’un sur l’autre au cours des évènements auxquels ils sont confrontés. Et travailler avec Downey est très amusant. Robert sait comment renouveler prise après prise l’intérêt d’une scène que l’on est en train de jouer. Il change à chaque fois quelque chose, ajoute un mot, une remarque, un regard. De cette manière tout reste constamment frais, intéressant, nouveau, et cela vous force à réagir et à inventer en lui donnant la réplique. On ne sait jamais ce qui va sortir de sa bouche et j’aime beaucoup cela.

Le premier AVENGERS avait été tourné essentiellement dans les décors géants et sur les fonds verts des studios d’Albuquerque, au Nouveau Mexique. Cette fois-ci vous tournez dans les studios Shepperton à côté de Londres, mais vous avez également eu l’occasion de tourner à plusieurs reprises en décors extérieurs, dans d’autres pays. Est-ce que cela a beaucoup changé les choses pour vous ? Est-ce que cela a influencé votre manière de jouer ?

Pour moi en tant qu’acteur et aussi pour mon personnage, c’est infiniment plus facile d’agir et de réagir dans un décor réel que quand on se retrouve sur un grand plateau vide avec un cyclorama vert, et que l’on vous demande de fixer du regard une balle de tennis accrochée au bout d’une perche, ou une croix faite de deux morceaux d’adhésifs collés sur le mur. Cela n’a même strictement rien à voir. Surtout quand mon personnage doit tirer une flèche et atteindre une cible. Tout devient beaucoup plus réaliste quand je peux voir ma cible dans un vrai paysage. Paradoxalement, quand nous nous trouvions en Italie, le paysage des Alpes était un peu trop beau pour correspondre à l’atmosphère âpre de notre histoire. L’équipe des effets visuels va devoir effacer et remplacer certaines parties splendides du panorama de la ville dans laquelle nous avons tourné, afin qu’elle ressemble à une cité dévastée par la guerre. Dans la plupart des cas, nous avons utilisé des éléments de décors ajoutés dans les vraies rues pour leur donner un aspect de ruines. L’équipe chargée de transformer les lieux en champ de bataille a réalisé un travail merveilleux, très réaliste et à grande échelle. Vous verrez des scènes d’action très impressionnantes pendant cette séquence, notamment ce qui se passe dans la tour de l’horloge de la ville.

Comment décririez-vous ce que James Spader apporte au rôle d’Ultron ?

James apporte beaucoup de poids, de personnalité et d’humanité à ce rôle. Il a donné à Ultron le côté rebelle et capricieux d’un adolescent de 14 ans, tout en lui apportant une dignité et une majesté qui est le pendant du fait qu’il de s’éveiller à la conscience et est toujours en train d’apprendre. James Spader est vraiment, vraiment formidable. Il a brillamment réussi à humaniser quelque chose qui ne l’est pas.

Comment se déroule cette seconde collaboration avec Joss Whedon ?

Joss est l’homme qui détient toutes les réponses. C’est lui qui connaît tous les rouages du plan. Pour ma part, j’essaie d’avancer sans faire tanguer son navire, parce qu’il a passé beaucoup de temps à préparer minutieusement tout cela, et que je sais que je peux m’appuyer en toute confiance sur ce travail qu’il a accompli. J’agis en fonction de ce dont il a besoin, et tout ce que je sais, c’est que si je vois un grand sourire apparaître sur son visage à la fin d’une prise, cela veut dire que j’ai bien fait mon boulot. Nous avons appris à nous connaître, et nous avons désormais une excellente manière de communiquer à demi-mot, par un simple geste, ou un regard. Et cela marche très bien. Je me réjouis d’avoir cette excellente relation avec lui, et de pouvoir lui faire confiance. Je sais que Joss a également confiance en ses comédiens, qu’il sait qu’il peut se reposer sur moi, et que je veux lui donner le meilleur de ce que je peux offrir.

Le matériel de Hawkeye bénéficie de certaines améliorations techniques dans ce film. Pouvez-vous nous en parler ?

Volontiers. Plusieurs membres des Avengers reçoivent de nouveaux équipements, et beaucoup d’entre eux sont issus des technologies développées par Stark Industries. Les flèches que Hawkeye utilise sont équipées de différentes pointes qui ont chacune des caractéristiques bien précises, ce qui lui permet de les choisir et de les utiliser en fonction des situations auxquelles il est confronté. Les particularités de certaines de ces flèches sont expliquées dans le film, tandis que d’autres ne le sont pas, afin de réserver quelques surprises aux spectateurs quand Hawkeye entre en action, car il peut obtenir des résultats très différents en sélectionnant ces flèches. J’en décoche une qui est particulièrement intéressante à La Sorcière Rouge : elle fonctionne comme une sorte de taser. Il y a aussi un gadget qui est un « lanceur en série » à l’intérieur duquel se trouve dix flèches, ce qui m’évite d’avoir à bander mon arc constamment. Et quelquefois, je vais au plus simple : je n’utilise même pas mon arc, et je poignarde des robots directement avec mes flèches.

Vous a-t-on préparé un arc pour un gaucher ?

Oui, comme pour le film précédent. Comme je suis gaucher, cela signifie que je tiens mon arc avec ma main droite. Ce n’est que pour ma première apparition en tant que Hawkeye dans THOR que l’on m’avait donné un arc pour droitier, mais cela a été corrigé ensuite. Dans cet épisode, mon arc est un peu plus traditionnel. Ils étaient allés un peu loin dans le côté futuriste de certaines formes la dernière fois, et cela avait rendu l’arc difficile à tenir. Il n’arrêtait pas de m’échapper des mains, et comme il était trop lourd, j’avais eu une tendinite. Tout cela a été corrigé, et le nouveau modèle est plus léger, plus pratique à porter et à utiliser. Mais son aspect n’est pas radicalement différent du précédent.

La suite de cet entretien avec Hawkeye paraîtra bientôt sur ESI !

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