Par Pascal Pinteau

Quelles sont les scènes que vous avez pris le plus de plaisir à tourner ?

J’ai bien aimé celle qui se déroule autour du marteau de Thor, pendant la soirée de détente, quand chacun des Avengers tente de le soulever en vain. Elle m’a beaucoup plu parce qu’il s’agissait d’un moment drôle et tout simple, sans dialogues techniques, jargon de SF ni quoi que ce soit de particulier. Il s’agit juste d’une petite vignette qui nous montre les Avengers en train de boire un verre et de s’amuser ensemble. En dehors de cela, j’ai beaucoup aimé la préparation et le tournage des cascades. C’est très amusant. J’ai eu le sentiment de pouvoir contribuer beaucoup à ces scènes-là. J’ai suggéré différentes idées d’actions, et Joss m’a laissé faire. Il ne m’a jamais dit comment il fallait que je décoche une flèche, ni comment je devais porter mon arc ou quelles postures je devais adopter. Il m’a laissé entièrement carte blanche. Tout ce que j’ai pu apporter ainsi aux cascades m’a permis de m’exprimer artistiquement d’une manière qui complète mon plaisir d’acteur. Pour le reste des scènes dramatiques, il fallait juste que je contribue par mon jeu à la transposition en images de cette énorme histoire, mais il n’y avait pas énormément de marge de manœuvre, parce que les scènes étaient déjà parfaitement conçues et préparées. J’ai bien aimé la scène que je joue avec La Sorcière Rouge, peut-être parce qu’à ce moment-là, Hawkeye s’exprime pour la première fois comme une personne réelle. Nous avons abordé cette scène de différentes manières, afin de voir comment utiliser au mieux le sens de l’humour de mon personnage. C’était une question de nuance : fallait-il que Hawkeye soit irrévérencieux, ironique ou simplement un peu moqueur ? Après avoir fait plusieurs essais, nous sommes arrivés à un résultat qui fonctionne bien, et qui m’a plu.

Comment décidez-vous de réaliser vous-même certaines cascades, et de vous laisser doubler pour d’autres ?

Je commence par répéter ces actions avec l’équipe des cascades, pour avoir un adversaire humain de chair et d’os en face de moi, parce que dans les prises finales, je ne me bats que contre de l’air puisque les robots d’Ultron sont réalisés en images de synthèse. Le responsable des cascades me donne un partenaire pour que je puisse m’entraîner en disposant d’une cible pour mes coups et mes manœuvres d’attaque ou de défense. Mais le reste du temps, c’est avec les superviseurs des effets visuels que je parle, afin de leur expliquer qu’a tel moment, je vais faire ceci puis ensuite cela. Par exemple comment je vais pivoter sur moi-même pour que la pointe de la flèche soit dans la bonne direction pour toucher mon adversaire à un point précis, et donc que l’impact va le propulser dans cette direction-là. Il faut que je m’assure de bien communiquer toutes ces informations au reste de l’équipe, ce qui constitue une autre partie un peu étrange de ce travail de cascades et d’effets visuels. Mais cela me plaît beaucoup, parce que c’est très physique et très créatif. Et sur le point précis des cascades que j’aimerais pouvoir faire, mais que je ne réussirais probablement pas, il me reste encore la possibilité de les décrire et de m’arranger avec les équipes des cascades et des effets visuels pour voir comment les transposer malgré tout en images. Bien sûr, quand une action est trop risquée physiquement, une doublure prend mon relais, car les compagnies d’assurance ne permettent pas aux acteurs de prendre de vrais risques. Les superviseurs des cascades ont la responsabilité de s’assurer que ce que nous faisons reste raisonnable, et est entouré de toutes les précautions et mesures de sécurité possibles au cas où quelque chose se passerait mal. Mais sans parler forcément d’exploits physiques impossibles, il peut arriver que certains gestes soient très difficiles à réussir. Par exemple, s’il fallait que je retire deux flèches en même temps de mon carquois et que je les décoche ensemble avec mon arc, je crois qu’il faudrait que l’on tourne de très nombreuses prises avant que j’y parvienne. Par contre, je peux tout à fait expliquer au superviseur des effets visuels le geste que j’ai en tête, me contenter de le mimer pendant la prise de vues, et ensuite, on placera des flèches 3D dans ma main et on les animera pour donner l’impression que je les ai parfaitement lancées. Et tout cela m’aidera à avoir l’air un peu plus impressionnant dans le film que je ne pourrais l’être en réalité !

En quoi L’ERE D’ULTRON est-il différent du premier AVENGERS ?

C’est très simple vraiment. Tout ce qui marchait déjà bien dans le premier volet a été amélioré de manière exponentielle dans celui-ci. Les relations entre les personnages ne se sont pas réellement améliorées : elles deviennent plus profondes. Il y a plus de choses à explorer cette fois-ci. Les ennemis ne sont pas meilleurs, ils sont différents. Les cascades sont délirantes. Le monde dans lequel tout cela se déroule est bien plus grand, et on y découvre beaucoup de nouveaux personnages. Les Avengers ont énormément de nouveaux défis à relever, et il faut qu’ils les traitent tous en même temps, comme dans ces numéros de cirque où l’on doit faire tourner des assiettes sur des tiges en bambous, en agitant constamment toutes les tiges.

Et comment décririez-vous l’atmosphère du film ? Plus sombre ?

Pas nécessairement, même s’il y a plusieurs scènes émouvantes, et un contexte de guerre contre l’humanité. Ce que j’ai aimé dans le premier volet, c’est justement qu’il ne se prenait pas trop au sérieux. Je pense d’ailleurs que c’est l’une des raisons pour lesquelles il a plu non seulement aux jeunes fans et aux amateurs de comics, mais aussi à un public bien plus large : mes parents l’ont adoré ! Je crois que c’est la logique et le côté universel des situations mises en scène par Joss qui ont trouvé un écho dans le grand public. On retrouve donc tout cela - cette sensibilité, ce goût du grand spectacle, ces petits clins d’oeils disséminés ça et là – dans ce deuxième épisode, et je m’en réjouis. Tout cela ressemble énormément à la personnalité de Joss, c’est certain.

Dites-nous quelques mots sur le nouveau Quinjet dont nous avons vu le décor…

Celui-ci a été considérablement perfectionné ! Nous avons tourné plusieurs scènes importantes dedans avec tous les Avengers, et il ne s’agit pas de simples moments où nous volons avec pour nous rendre d’un point à l’autre…C’est un décor très impressionnant, comme vous avez pu le voir, très bien conçu. En tournant dedans, j’ai eu le temps d’admirer tous les détails qui ont été mis en place par l’équipe de notre chef décorateur Charles Wood, les interrupteurs, les équipements, les petites diodes clignotantes, et tout semblait parfaitement crédible.

La suite de notre dossier AVENGERS L’ERE D’ULTRON paraîtra bientôt sur ESI !

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