Visite du tournage d’AVENGERS : L’ERE D’ULTRON : Entretien avec James Spader, l’homme derrière le masque d’ULTRON – 1ère partie
Article Cinéma du Jeudi 14 Mai 2015

Par Pascal Pinteau

C’est d’abord sous les traits d’un jeune aventurier que James Spader se fait connaître des fantasticophiles, quand il est apparaît en 1994 aux côtés de Kurt Russel dans le fameux STARGATE- LA PORTE DES ETOILES de Roland Emmerich. La même année, il incarne littéralement un jeune loup aux dents longues dans l’excellent et quelque peu oublié WOLF de Mike Nichols, avec Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer. En 1996, on le retrouve devant la caméra de David Cronenberg pour le dérangeant CRASH d’après le roman de J.G. Ballard, dont les personnages sont dépendants des sensations de véritables accidents de voiture, et les provoquent pour assouvir leurs fantasmes érotiques. En 2000, il joue le détective à la poursuite d’un sérial killer dans le thriller horrifique THE WATCHER, et le héros du film de SF bancal de Walter Hill SUPERNOVA. Passons vite sur ALIEN HUNTER (2003) que Spader a probablement accepté pour acquitter ses impôts, mais n’oublions pas de citer sa remarquable carrière à la télévision, où il a excellé dans des séries de tous genres, jouant un habile avocat aux côtés de William Shatner dans BOSTON JUSTICE, un chef d’entreprise excentrique et imprévisible dans la sitcom THE OFFICE, et l’homme le plus recherché par le FBI et la CIA, l’énigmatique Raymond « Red » Reddington, dans la série à suspense THE BLACKLIST. Sa prestation de méchant mystérieux a fait une si forte impression sur les téléspectateurs que son nom s’est tout naturellement imposé quand les Studios Marvel ont cherché l’acteur qui pourrait donner vie à l’un des adversaires les plus redoutables des Avengers : Ultron, la machine qui a accédé à la conscience, et qui veut débarrasser la planète d’un fléau nommé humanité.

Entretien avec James Spader (Ultron)

Qu’avez-vous pensé quand les Studios Marvel vous ont contacté pour vous proposer de jouer l’un des méchants les plus célèbres de leur univers de BDs ?


Quand la proposition m’a été faite, mon fils aîné avait 19 ans, et en dépit du fait qu’il ait toujours aimé les adaptations de comics au cinéma et la lecture des BDs, je n’avais jamais tourné dans un film de ce registre au cours de ma carrière. Mes enfants n’ont même jamais pu voir un seul de mes films quand ils étaient petits, ils ont dû attendre d’être bien plus grands. Mais mon petit dernier avait trois ans quand L’ERE D’ULTRON s’est présenté, et comme il s’intéressait déjà au Fantastique, je me suis dit que j’avais enfin l’occasion de tourner dans un projet qui ferait plaisir à mes garçons. J’ai donc dit dès les premières réunions avec Kevin Feige que ce film m’intéressait. J’étais en train de tourner une série quand Kevin m’a appelé pour me parler du rôle d’Ultron. Il se trouve que je me rendais à Los Angeles pour participer à une série d’interviews et Joss Whedon a profité de cette opportunité pour écrire quelques scènes et me donner une idée de la manière dont Ultron se comporterait et s’exprimerait, afin de voir si cela me plairait. Ensuite, j’ai rencontré Kevin et Jeremy Latcham, et ils m’ont montré le contenu d’un énorme classeur qu’ils avaient préparé à mon attention. Ils avaient demandé à leurs dessinateurs de réaliser quelques designs préparatoires d’Ultron, et des esquisses de scènes dans lesquelles il intervenait sous plusieurs formes successives au cours de l’histoire. Ils avaient déjà incorporé mon image dans ces recherches graphiques. J’ai été tellement impressionné et emballé que j’ai dit oui ce jour-là, dans cette salle de réunion des locaux de Marvel. J’ai compris que ce projet allait être sensationnel et très amusant à tourner, même sans tenir compte de ma longue amitié avec Robert Downey Jr, avec lequel je n’avais plus eu le plaisir de travailler depuis des décennies. J’ai pensé que ce serait formidable de pouvoir se retrouver à nouveau sur un plateau.

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez joué ce personnage de « robot », à défaut de le décrire d’un autre mot, et comment vous avez travaillé avec le procédé de capture de performance pour lui donner vie ?

Volontiers. Dans ce cas précis, l’une des choses les plus intéressantes est cette intention d’incorporer certaines de mes expressions faciales dans la structure métallique de ce personnage qui évolue constamment, tout au long de cette histoire. Cette transformation prend d’ailleurs un tour assez amusant, car même si Ultron veut se différencier des êtres humains organiques car il les a en horreur, il a malgré tout tendance à se rapprocher de plus en plus de leur aspect. En dépit de sa redoutable intelligence, il n’est pas à l’abri de ce paradoxe, et sa silhouette comme son « visage » acquièrent de plus en plus de possibilités de mouvements et d’articulations proches de l’anatomie humaine.

Comment cette idée de répulsion / fascination d’Ultron envers les humains est-elle née ?

Eh bien elle a surgi au cours de ma toute première conversation avec Joss Whedon, quand je lui ai demandé quelle pourrait être ma contribution à la création du personnage d’Ultron. Il m’a dit que si je souhaitais que l’intégralité du personnage soit basée sur moi, et non pas seulement ma voix, et que je me sentais prêt à tourner avec le procédé de capture de performance, ce serait formidable, mais que cela ne tenait qu’à moi, et qu’il ne voulait pas m’y contraindre, ce qui était très sympathique de sa part. Comme dans chacun des projets dans lesquels je m’implique, quand je dis oui, c’est pour faire les choses à fond et non pas à moitié. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne me suis jamais autorisé à entrer dans un casino pour jouer ! (rires) J’ai donc dit à Joss que je serais ravi de jouer totalement le personnage, mais j’avoue que je n’avais aucune idée de ce que cela allait signifier concrètement au jour le jour pendant le tournage.

La suite de cet entretien avec Ultron paraîtra bientôt sur ESI !

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