Dans les coulisses de LA DEMOISELLE ET LE DRAGON : Entretien avec Millie Bobby Brown
Article Cinéma du Lundi 18 Mars 2024

ENTRETIEN AVEC MILLIE BOBBY BROWN (Élodie)

Qu'est-ce qui vous a attirée dans ce rôle et dans ce film ?


Je crois que c'était avant tout le défi que le projet représentait pour moi. Après avoir lu le scénario, je me souviens avoir pensé que je n'avais encore jamais rien fait où je sois seule à tout porter. Dans tout ce que j'ai tourné jusqu'à présent, je peux coexister avec quelqu'un d'autre. Quand je joue dans STRANGER THINGS, j'ai des camarades géniaux sur qui je peux compter. Et avec ENOLA HOLMES, je peux m'appuyer sur Henry Cavill ou Louis Partridge. Mais pour ce qui est de LA DEMOISELLE ET LE DRAGON, je me suis dit : « Oh là là, je suis toute seule. Je dois être là tous les jours et me donner à fond tous les jours. » Voilà ce qui m'a intriguée au départ. Après, c'est la puissance de ce rôle qui m'a attirée. Élodie change complètement entre le début et la fin du film. Elle devient la femme qu'elle ignorait pouvoir être. Je pense que c'est une intrigue très importante qui touchera de nombreuses femmes et jeunes filles.

C'est le troisième film pour lequel vous portez aussi la casquette de productrice exécutive. Comment LA DEMOISELLE ET LE DRAGON s'inscrit-il dans l'évolution de votre carrière, particulièrement sous cet angle ?

J'adore le processus de création, que ce soit devant ou derrière la caméra, et pouvoir produire les séries et films dans lesquels je joue est une sensation merveilleuse. C'est un vrai bonheur de créer des choses qui me passionnent, d'être incluse dans des discussions qui dépassent mon seul rôle, de pouvoir donner forme à une histoire, de participer au casting et de trouver les gens qui donneront vie au projet. Ce film, en particulier, a eu un fort impact sur ma carrière. Je n'avais encore jamais travaillé comme je l'ai fait pour ce projet. Tous les soirs, je rentrais et je dormais comme un sac. J'étais épuisée, parce que je me consacrais corps et âme au film. Dès que je finissais une prise, je regardais le moniteur, je revenais et je changeais mon jeu. Je me donnais des instructions, en plus de celles de Juan Carlos, pour chaque prise. La production m'attire, j'aime participer à ce qu'il se passe derrière la caméra.

Comment ce film réinvente-t-il la formule du conte de fées ?

C'est un aspect du film qui m'a plu dès le départ. Élodie est une demoiselle qui n'a pas besoin d'être sauvée. Elle se sauve elle-même, de bien des façons. Le film renverse les attentes : on pense que le prince va revenir pour la sauver, mais... non. N'attendez pas le prince ! [rires] Et je crois que quand tous les hommes de la vie d'Élodie la laissent tomber, elle devient elle-même l'homme de sa vie. J'adore le fait qu'elle s'en sorte contre toute attente. De demoiselle en détresse, elle devient guerrière. Je ne sais pas si elle s'en savait capable, et c'est ce qui est beau dans cette histoire : elle se trouve elle-même à travers cette expérience traumatisante et intense.

Comment avez-vous abordé le personnage d'Élodie ?

Je voulais être aussi authentique que possible, à fleur de peau. Je ne voulais pas rester à la surface de ce qu'elle pourrait être. J'ai eu besoin de plonger en moi-même et d'utiliser énormément d'expériences personnelles pour devenir Élodie. Je ne pouvais pas me contenter d'y aller à 20 %. Il fallait que je sois entièrement présente. Pendant la majeure partie du film, je n'ai pas eu d'autres acteurs avec qui jouer. C'est l'équipe technique qui m'a servi de camarades de jeu, c'est sur eux que je m'appuyais. C'était une expérience absolument géniale, mais ça a aussi changé la personne que je suis. Mon interprétation d'Élodie repose beaucoup sur la personne que je suis vraiment et sur ce que j'ai dû puiser en moi pour devenir le personnage.

Vous êtes-vous inspirée de certaines héroïnes dans d'autres films ou d'autres genres ?

Il n'y a jamais eu d'histoire comme celle-ci, alors je n'ai pas pu m'inspirer de quoi que ce soit. Personnellement, je n'ai jamais rien lu qui ressemble à LA DEMOISELLE ET LE DRAGON. Pour le personnage d’Onze, je peux m'inspirer de MAD MAX. Pour Enola, je pense un peu à Hermione dans HARRY POTTER. Mais comme je n'avais trouvé personne pour Élodie, je savais que j'allais devoir la créer, la trouver en chemin, découvrir ses faiblesses et ses forces, lui inventer une vie et un parcours qui touchent tout le monde. Il fallait qu'on croie en elle et qu'on la soutienne. C'était un processus très compliqué. Élaborer une chronologie pour ce personnage et l'incarner, c'était comme des montagnes russes. Je n'ai que 19 ans, je change tous les jours. Je ne sais pas encore exactement qui je suis, en tant que Millie. Tenter de déterminer la progression de ce personnage, alors que je suis moi-même encore en train de changer et que je continue à découvrir tous les jours qui je suis... J'ai dû apprendre à construire le personnage à mesure que j'avançais. Je me disais : « Si elle assure là, ça veut peut-être dire qu'elle maîtrise cet aspect de la survie. Je vais utiliser ça dans la scène suivante. » Quand le dernier jour est arrivé, je savais qui elle était !

Comment était-ce de travailler avec Juan Carlos Fresnadillo ?

JC avait une vision, ce projet lui tenait particulièrement à cœur. Il visualisait les prises qu'il voulait sur son storyboard. Il avait pratiquement déjà créé les décors dans sa tête. Puis il m'a passé le relais et laissée choisir comment créer Élodie. Il avait évidemment sa propre idée sur elle, mais il m'a aussi fait suffisamment confiance pour me donner la main et me laisser créer le personnage. Après tout, il n'est pas une jeune femme. C'était très sympa d'avoir un réalisateur qui me laisse créer quelque chose moi-même, en toute confiance. Et c'était aussi super d'avoir un réalisateur qui savait ce qu'il voulait et avait une si belle vision.

Racontez-nous le tournage dans les grottes.

Ce que je peux vous dire, c'est que les grottes étaient très concrètes. Elles étaient parfaitement conçues, très complexes et tactiles. Tout semblait réel. On tournait dans des entrepôts à Londres. Quand j'entrais là-dedans, je me sentais vraiment immergée, il n'y avait pas moyen de faire semblant. Il n'y avait pas de fond vert. Je peux aussi dire que ce n'était pas exactement un plaisir de descendre dans ces grottes. Mais je me disais : « Élodie déteste y aller. Élodie ne veut pas être là. » C'était dur de courir à l'intérieur. C'était dur d'y tomber. C'était dur de crier, parce que personne ne m'entendait. Je n'y voyais rien. Tout semblait tellement réel. J'ai adoré les grottes en tant qu'actrice, mais je les ai détestées en tant qu'Élodie. En plus, comme je suis un peu claustrophobe, il y a eu quelques scènes particulièrement pénibles pour moi. La scène du tunnel où je tombe en avant et me retrouve tête en bas : c'était une prise cool, mais j'avais tellement peur qu'il a fallu changer quelques trucs. Mon assistante et mon frère étaient derrière moi et me tenaient les jambes. Ils me remontaient quand je paniquais trop. On a réussi à tourner la scène en deux prises, et ma panique s'est avérée utile pour le personnage.

La créatrice des costumes du film, Amanda Monk, dit de la robe d'Élodie que c'est un couteau suisse. Parlez-nous de cette robe et de son utilisation.

Les robes de l'époque, c'était un enfer. Devoir porter un corset et 17 couches de vêtements par-dessus, ça entrave, et c'est bien ce que voulait la société à ce moment-là. On voulait que les femmes se sentent bridées et inutiles. Je ne pouvais pas bouger ! Ça a été toute une histoire d'accrocher un micro sur la robe de mariée. Puis, à mesure que le film avançait, on a commencé à supprimer les couches, une par une : ça a été une expérience follement libératrice. Et à la fin du film, quand on voit la robe déchirée et réduite à une seule couche, on comprend qu'on voit Élodie telle qu'elle est réellement. Il y a beaucoup de symbolisme là-dedans.

Parlez-nous des cascades, vous vous êtes entraînée pour ça ?

J'ai fait moi-même toutes mes cascades, du début à la fin. Le plus dur, c'était de grimper. Je croyais que ce serait le plus simple, car j'ai fait de l'escalade quand j'étais plus jeune, mais non, ce n'était vraiment pas de l'escalade. J'étais dans la grotte, accrochée à un câble et je ne grimpais pas de la roche, mais un cristal glissant. Mes pieds étaient enveloppés dans le tissu de ma robe, ce qui n'offrait aucune accroche sur les parois. C'est sans doute l'entraînement le plus dur que j'aie eu à suivre. D'un autre côté, je voulais faire des erreurs. Il fallait que je glisse, que je tombe. Je ne voulais pas trop m'entraîner, car il ne fallait pas que je donne l'impression de bien connaître les grottes. Je voulais qu'on entende : « Action ! Suivez-moi, et espérons que j'arriverai à m'en sortir. »

Quel a été l'aspect le plus gratifiant de cette expérience pour vous ?

Le fait de savoir que je peux compter sur moi-même. Que je suis quelqu'un de fiable, capable d'assurer quand il le faut. Parfois, on a l'impression qu'on partage le poids des choses avec les autres, en tant qu'actrice. Mais quand j'ai dû tout faire seule, être là tous les jours, même quand j'étais fatiguée, même quand j'étais malade, être présente quoi qu'il arrive, j'ai trouvé ça extrêmement gratifiant.

Si vous voulez tout connaître sur l’histoire des trucages, dans le cinéma, les séries, le maquillage, le cinéma d’animation et les plus belles attractions des parcs à thème, offrez-vous EFFETS SPÉCIAUX : 2 SIÈCLES D’HISTOIRES, la bible des SFX, unanimement célébrée par la presse comme l’ouvrage absolument incontournable sur le sujet, avec 848 pages, 2500 photos dont beaucoup exclusives, et les interviews de 160 des plus grands spécialistes mondiaux ! Vous découvrirez des anecdotes incroyables sur les tournages des films et séries cultes, et vous saurez exactement comment les moments les plus étonnants de vos œuvres favorites ont été créés !
Pour vous procurer ce livre de référence en un clic sur Amazon, c’est par Ici. Bookmark and Share


.