Propos traduits et formatés par Pascal Pinteau

Comment vous êtes-vous retrouvés à auditionner pour Star Wars ?

Daisy Ridley : La première fois que j’ai entendu parler du retour de STAR WARS, je me trouvais en compagnie de plusieurs amies, dont l’une est maquilleuse et l’autre styliste. Quand elles m’ont appris au détour de notre conversation qu’un nouvel épisode de STAR WARS allait être tourné, j’ai immédiatement envoyé un email à mon agent en lui disant qu’il fallait absolument que je participe à ce casting. Je ne sais pas pourquoi j’ai réagi aussi vivement : j’ai éprouvé un sentiment étrange, et j’ai su qu’il fallait que j’agisse aussitôt. J’ai fini par décrocher une audition. Je suis arrivée très nerveuse, une heure en avance, et j’ai essayé de me calmer en faisant les cent pas devant l’immeuble. Je n’avais jamais été aussi stressée avant une audition. Pendant son déroulement, j’ai deviné pour la première fois que tous les gens qui s’en occupaient avaient envie de choisir une personne totalement inconnue pour ce rôle. Je savais que ce rôle allait être important, mais j’ignorais que le personnage de Rey allait apparaître dans la plupart des scènes du film. Je ne connaissais pas non plus la trajectoire personnelle de Rey, ni la quête qu’elle entreprend et encore moins jusqu’où cela va la mener. Ce n’est que lorsque j’ai lu le script que l’ai pris conscience de l’énorme importance de sa place dans l’histoire. Ma dernière audition a été fantastique. Quelques jours plus tard, on m’a avertie que JJ allait m’appeler, mais mon téléphone portable était en panne et je n’ai pas pu recevoir son appel. Je ne savais pas ce qui se passait ni quelle était sa décision. J’ai fini par arriver à le joindre et c’est à ce moment-là qu’il m’a annoncé que j’allais jouer dans LE REVEIL DE LA FORCE. J’étais bien sûr folle de joie.

John Boyega : Pour ma part, j’ai reçu un coup de fil de mon agent pour me prévenir que les auditions pour STAR WARS allaient commencer, et il m’a dit que JJ voulait me rencontrer et me filmer pour voir si je pouvais correspondre au rôle. Je ne savais pas de quel type de rôle il s’agissait, puisque je n’avais pas encore lu le script. J’ai donc pris un train pour me rendre à Londres, j’ai rencontré JJ, parlé avec lui du rôle, puis j’ai lu et répété deux fois les deux scènes qu’il avait sélectionnées pour l’audition avant de les jouer devant la caméra. C’était assez éprouvant nerveusement de jouer dans ces conditions pour le projet STAR WARS sans disposer de détails plus spécifiques sur le personnage. Après cela, on m’a rappelé plusieurs fois pour des auditions supplémentaires, puis j’ai joué dans un test filmé avec Chewbacca, ce qui était très excitant pour le fan que je suis. Ce processus intensif de casting a duré pendant sept mois. Je me souviens qu’a ce moment là, je devais assister à la première d’un film que j’avais tourné. Je ne pensais plus qu’à STAR WARS et au suspense qui se prolongeait lorsque je me suis retrouvé sur le tapis rouge. Je n’arrivais plus à me concentrer sur autre chose que « Alors, vont-ils m’offrir le rôle ou pas ?! » Ce soir-là, des rumeurs couraient que je participais au casting de STAR WARS, et quand des journalistes me demandaient si j’allais participer au film, je m’en sortais en disant « Je n’ai rien entendu à ce sujet, mais ce serait fantastique si JJ Abrams voulait que je joue dans STAR WARS ! » (rires) Le lendemain, j’ai reçu un email de JJ qui me demandait où je me trouvais. Je lui ai dit que j’étais chez moi et il m’a proposé de le rejoindre dans un petit café de Mayfair. J’ai sauté dans un taxi, et je l’ai vu attablé tout seul dans le café désert, en train de boire une tasse de thé. Nous avons eu une courte conversation, et il m’a demandé si j’étais vraiment prêt à assumer physiquement et mentalement toutes les contraintes du rôle si on me l’offrait. Il a poursuivi en me demandait si je serais partant pour me muscler et m’entraîner, à la fois en tant qu’acteur, et physiquement aussi. Et il m’a demandé aussi si j’avais bien pris conscience de l’ampleur de la responsabilité que ce rôle représentait. Je lui ai dit sans hésiter : « Oui, ne t’inquiètes pas. Ça va aller : je ferai tout ce qu’il faut faire pour jouer ce personnage. » Juste après, il m’a dit « Tu es la nouvelle vedette de STAR WARS » et là, j’ai eu l’impression pendant un instant que le monde entier s’était figé et était resté immobile. Je pouvais voir tous les détails du décor autour de nous, compter le nombre de sucres dans la petite coupelle posée sur la table…Et pendant ce moment, je me répétais dans ma tête « Il vient de dire que je suis la nouvelle vedette de STAR WARS ». Il fallait que je fasse un effort pour me rappeler de respirer ! Ensuite JJ a levé un verre d’eau et m’a dit « Félicitations ! ». J’étais en pleine extase. Cela a été probablement été le plus beau jour de toute ma vie. Après le rendez-vous, j’ai marché dans les rues de Londres en ayant l’impression de vivre un rêve éveillé, comme si tout était différent autour de moi. J’avais déjà reçu auparavant des coups de fils pour m’annoncer que j’avais obtenu des rôles pour lesquels je m’étais beaucoup battu, mais ce jour-là, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait d’un vrai triomphe pour moi en tant qu’acteur, et j’ai eu aussi le sentiment d’entrer dans l’histoire du cinéma, ce qui m’a rendu extrêmement heureux. La première lecture commune du script avec tous les autres acteurs a eu lieu une semaine plus tard, mais dans l’intervalle, on nous a expliqué que nous n’avons le droit d’annoncer la nouvelle à personne, ni à nos amis, ni même aux membres de notre famille. Personne n’était au courant. A ce moment-là, le communiqué de presse officiel n’était pas encore paru, et je peux vous dire que j’ai eu un mal de chien à mener ma vie comme si de rien n’était, sans révéler à quiconque que j’allais jouer dans STAR WARS ! La nouvelle a été publiée un peu plus tard, ainsi que la photo où l’on nous voyait tous réunis pendant la première lecture commune du script. C’était un moment historique, et une impression sensationnelle. Je n’avais rien pu dire à mon père et à ma mère, mais ils ont deviné ce qui se passait le jour de cette lecture du script, parce que j’ai reçu un message me disant de n’en parler à personne alors que je me trouvais avec eux !

Etiez-vous tous les deux des fans de Star Wars ?

JB : Je suis né en 1992. J’ai grandi à l’époque de la sortie des préquelles, que j’ai bien aimées quand j’étais petit. Ensuite, mon père m’a dit que je devrais regarder les épisodes 4, 5 et 6 pour voir la fin de l’histoire entre Anakin et Luke Skywalker. J’ai suivi son conseil et découvert les films originaux, que j’ai trouvés formidables. Tous les acteurs y font des performances mémorables. Il n’est guère étonnant de constater à quel point ces films ont marqué tant de comédiens, de réalisateurs, d’artistes des effets spéciaux, de maquilleurs, et de gens de toutes les professions du spectacle. STAR WARS à toujours occupé une partie importante du côté « Geek » de mes passions. Je suis un grand fan de comics, dont ceux tirés de cet univers. Et quand je pense que j’en fais désormais partie, je trouve cela complètement fou !



DR : STAR WARS m’a également beaucoup marquée quand j’étais petite. Mon film préféré de la saga est L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE. Une réplique de cet épisode m’est toujours restée en tête. Quand Luke décide qu’il lui faut retrouver Dark Vador, Yoda lui conseille de se rendre d’abord dans une caverne très sombre, pour se préparer à ce qui l’attend. Avant d’y entrer, Luke lui demande « Qu’y a-t-il à l’intérieur ? » et Yoda lui répond « Seulement ce que tu y apporteras. » Cette phrase m’avait frappé, car elle illustre à la perfection l’idée que tout ce que vous avez en vous vous aide à mener votre chemin et à faire aboutir des choses positives dans votre vie. Jusqu’à la fin de l’épisode 6, Luke reste persuadé qu’il subsiste encore un peu de bonté en son père, même s’il a été corrompu par le côté obscur de la Force. Et les évènements lui donnent raison, et permettent à Anakin de se racheter à la fin de sa vie. A ce moment-là, on n’en a que plus d’estime pour Luke, qui a pris de grands risques en pariant sur l’espoir et la possibilité d’une rédemption.

L’épisode 2 de cet entretien paraîtra bientôt sur ESI !

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