LE REVEIL DE LA FORCE : Andy Serkis et Lupita Nyong’o, entretien croisé avec les interprètes du Chef Suprême Snoke et de Maz Kanata – 2ème partie
Article Cinéma du Lundi 08 Fevrier 2016

Propos formatés et traduits par Pascal Pinteau

Lupita, racontez-nous une journée de travail habituelle pour vous, pendant le tournage du REVEIL DE LA FORCE…

Lupita Nyong’o :
La toute première étape de ma journée commençait tôt le matin dans la loge de maquillage, afin que l’on colle sur mon visage les 149 petits points qui permettaient d’enregistrer mes expressions. Cela prenait de 45 minutes à une heure, en fonction de la volonté de coopérer dont la colle faisait preuve. (rires) J’enfilais ensuite la tenue de mocap créée par ILM, qui est grise et recouverte de petits triangles. Ensuite, on fixe sur le costume avec du velcro des petites sphères qui réfléchissent la lumière, ainsi que des protections aux niveaux des genoux et des petites attaches pour restreindre mes mouvements afin qu’ils correspondent au physique de Maz, qui est une vieille alien très mignonne. Et pour finir, on place sur ma tête un casque doté de quatre cameras HD, et d’un grand anneau de LEDs qui éclairent puissamment mon visage afin que l’on puisse enregistrer la moindre de mes mimiques. La première fois que je suis arrivée sur le plateau harnachée ainsi, je dois dire que j’étais extrêmement intimidée, parce que les lumières braquées sur mon visage attiraient l’attention de toutes les personnes présentes. Il m’a fallu lutter contre ma nervosité, mon trac, et le sentiment désagréable de savoir que j’étais observée par tout le monde, pendant que je tentais d’habiter cet espace de tournage en devenant une personne complètement différente. C’était vraiment bizarre au début.

Parlez-nous de votre collaboration avec Andy, l’autorité en ce domaine…

LN :
Andy m’a énormément encouragée. Il m’a permis de bien comprendre le processus de la capture de performance, et m’a incité à oublier ma tenue et mon casque pour me focaliser sur la recherche du personnage, comme lorsque je joue dans des circonstances normales. Cela m’a permis de prendre de l’assurance et d’avancer. J’ai eu aussi la possibilité de voir mon avatar bouger en temps réel, et d’observer comment mes mouvements commandaient les siens. C’est très curieux de se regarder sur un moniteur vidéo comme dans un miroir et d’y voir le reflet d’une créature complètement différente qui vous regarde droit dans les yeux ! Mais si tout se passe bien, je pense que la récompense de tous ces efforts , ce sera de voir Maz vivre et exprimer ses sentiments dans le film, en oubliant que je me cache derrière elle.

Andy Serkis : Je trouve que l’une des caractéristiques les plus fantastiques de la capture de performance est de permettre à n’importe quel acteur de jouer n’importe quel rôle. D’un point de vue philosophique, c’est sans conteste le plus grand outil que le 21ème siècle ait apporté aux acteurs. Peu importe votre taille ou votre poids. Avec cette technique, on échappe aux rôles stéréotypés, ou aux clichés que certains directeurs de casting associent à certains physiques. La couleur de votre peau, votre silhouette ou votre sexe n’interfèrent plus avec le travail que vous pouvez réaliser. C’est un outil exceptionnel, qui désinhibe et libère les acteurs. Et plus on l’utilise dans l’industrie du cinéma, plus il séduit ceux qui y ont recours, qu’il s’agisse des comédiens, des réalisateurs ou des producteurs.

Andy, comment décririez-vous votre personnage ?

AS :
Le chef Suprême Snoke est un être humanoïde très impressionnant et charismatique, entouré de mystère. Personne ne questionne son autorité parmi les hauts dignitaires du Premier Ordre.

Lupita, avez-vous été impliquée dans le développement du design de Maz ?

LN :
Non, car à mon arrivée sur le tournage, le design de son visage et de sa silhouette était déjà bien avancé. Sa taille était établie aussi, mais pas les textures et les couleurs de sa peau, ni son costume. On m’a permis de suivre le développement de sa tenue, et je dois dire que chacune des étapes de ce travail m’a fasciné, car je découvrais à chaque fois de nouveaux détails qui avaient été soigneusement conçus pour contribuer à raconter son histoire et décrire des traits de sa personnalité. C’était sensationnel de voir la qualité du travail accompli par les différents départements artistiques pour la rendre crédible. Je ne suis qu’une des personnes qui a contribué à lui donner vie, car c’est vraiment un travail d’équipe.

Lupita, comment s’est passée la collaboration avec John Boyega et Daisy Ridley ?

LN :
Très bien. Ils débordent d’énergie tous les deux, ils maîtrisent complètement l’univers de STAR WARS et comme ils jouent les deux rôles principaux, ils savent tout sur les trajectoires de leurs personnages et sur les rebondissements de l’histoire. John Boyega est un véritable professeur capable de tout vous apprendre sur STAR WARS. C’est toujours moi qui vient le voir pour lui demander de m’expliquer ce qu’ont été les Guerres des Clones, par exemple, et il me répond en détail, sans aucune hésitation. C’est fantastique de travailler avec un acteur principal qui connaît si bien l’univers du film. Daisy apporte une énergie rafraîchissante à toutes les scènes que l’on tourne avec elle. Son travail est emprunt d’une grande douceur. Daisy et John sont tous les deux agréables, bienveillants, et collaborer avec eux a été un grand plaisir.

Et quelles ont été vos impressions sur Harrison Ford ? Il peut être intimidant par moments…

LN :
J’étais tout à fait consciente de la chance que j’avais de travailler avec Harrison : c’étaient des instants précieux. Il connaît bien son métier, et il a travaillé sur tant de grands films de ce genre auparavant que cela lui donne une assurance naturelle. Il a une relation privilégiée avec JJ et avec toute l’équipe. C’est assez étonnant de le voir agir avec tant de maîtrise, tout en étant constamment prêt à s’amuser. Ce mélange d’aisance, et professionnalisme et d’humour m’a fasciné. Sur un plateau aussi grand, avec autant de techniciens et d’éléments différents qui doivent fonctionner parfaitement en même temps, il est facile de se sentir très impressionné et d’être un peu dépassé par tout ce qui se déroule. Harrison, lui, sait toujours ce qui se passe et se focalise exactement là et où il le faut pour donner le meilleur de lui-même.

Que pensez-vous que le public attende de ce film ?

AS :
Un grand spectacle dans la tradition des épisodes 4, 5 et 6 de la saga STAR WARS, et je pense que c’est exactement ce que JJ lui a préparé.

LN : J’espère que le public sera impressionné en voyant tout cet univers reprendre vie avec autant de dynamisme et d’ampleur. LE REVEIL DE LA FORCE va être une fête pour les yeux, tout en présentant une histoire fondée sur des émotions que nous connaissons tous. Le sujet universel au cœur du récit, c’est ce que l’on doit faire pour devenir vraiment soi-même, et prendre sa destinée en main en affrontant toutes ses peurs. J’espère que les fans apprécieront cette histoire et qu’ils passeront un bon moment en découvrant les personnages et les nombreuses scènes spectaculaires du film. il va y avoir tant de choses à découvrir et à apprécier…J’espère que le fabuleux travail réalisé par les différents départements artistiques sera bien montré dans les scènes et que les spectateurs seront sensibles au soin apporté à la conception des moindres détails de cet univers. La qualité des costumes, des décors, des accessoires et des créatures et telle qu’ils semblent authentiques, et j’espère que le public appréciera cela.

La suite de notre dossier sur LE REVEIL DE LA FORCE paraîtra bientôt sur ESI !

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