Preview Wonder Woman : La reine de l’univers DC revient en 2017
Article Cinéma du Lundi 04 Avril 2016

Une fois n’est pas coutume, les premiers extraits d’une superproduction ont été dévoilés près d’un an et demi avant sa sortie. Après une longue période de développement, les studios Warner Bros lancent enfin, à grand renfort de promotion, leur propre univers cinématographique cohérent. Huit ans après les studios Marvel : il était temps.

Par Pierre-Eric Salard



Si Man of Steel (2006) représente la première pierre de ce nouvel édifice, c’est avec Batman v Superman et Suicide Squad que ce monde fictif prend réellement vie. Et dès l’année prochaine, bien qu’elle soit introduite dans L’Aube de la Justice, Wonder Woman bénéficiera de sa propre aventure en solo, avant de rejoindre, quelques mois plus tard, les rangs de la Justice League. Retour sur l’histoire d’un des plus illustres personnages de l’écurie DC Comics, qui n’avait jusqu’alors, et contrairement aux autres superhéros connus auprès du grand public, jamais obtenu de long-métrage à gros budget…

En avance sur son temps

Wonder Woman, alias Diana Prince dans le civil, a été créée il y a plus de 70 ans par l’écrivain américain William Moulton Marston. Diplômé en psychologie à l’université Harvard, ce dernier fit parallèlement des découvertes dans le domaine de la pression artérielle. Son épouse, Elizabeth Holloway Marston, lui aurait suggéré le lien unissant les émotions ressenties et le débit cardiaque. William Marston met ainsi au point un test de pression sanguine systolique. Ces travaux seront utilisés, quelques années plus tard, pour créer le premier polygraphe – le fameux détecteur de mensonges. Une machine dont il sera un ardent défenseur, jusqu’à la fin de sa vie. Ces expériences, ainsi que ses études en psychologie, auront ultérieurement un impact direct sur la création de Wonder Woman. En effet, William Marston tire certaines conclusions ; il devient convaincu que les femmes sont plus honnêtes que les hommes, mais aussi plus rapides et efficaces dans le travail. Dès le mois d’octobre 1940, William Marston évoque le potentiel éducatif inutilisé des comic books. Cette interview incite un responsable d’All-American Publications (qui deviendra ultérieurement DC Comics, suite à une série de fusions entre plusieurs éditeurs) à lui proposer un poste de consultant en pédagogie. L’heure est aux superhéros ; Superman et Batman ont fait respectivement leurs premières apparitions en 1938 et 1939. Or William Marston imagine une nouvelle sorte de héros ; Elizabeth lui conseille de mettre en scène une femme. Dans les années 1930, William Marston forme un couple très libre avec son épouse et une certaine Olive Byrne. Les caractères de ces deux femmes libérales lui inspireront la personnalité de Wonder Woman. Une femme forte et indépendante qui se sert de son propre détecteur de mensonges – un lasso magique. L’auteur imagine ainsi un personnage féminin éloigné des archétypes de l’époque. Loin d’être tendre ou soumise, Wonder Woman dissimule sous ses atours charmants une puissance équivalente à celle de Superman. All-American Publications propose ainsi la première aventure de l’amazone – dessinée par H.G. Peter — dans les pages d’All Star Comics #8, en décembre 1941. Le succès est fulgurant. Six mois plus tard, Wonder Woman obtient sa propre série de comics. Pendant cinq ans, jusqu’à son décès, William Marston signe le scénario de la quasi-intégralité des aventures de Wonder Woman. La plupart des attributs que nous lui connaissons sont alors introduits : son entraînement au sein d’une utopie entièrement féminine, ses bracelets indestructibles, son lasso magique… Depuis lors, à l’exception d’une poignée de mois, la publication des comics Wonder Woman n’a jamais cessé. À l’origine, Diana fait partie d’une tribu d’Amazones isolée sur une île paradisiaque, dont la Reine est sa propre mère. Elle finit par tomber sous le charme du Capitaine Steve Trevor, blessé suite au crash de son avion. Elle participe à une compétition visant à sélectionner l’Amazone le plus méritante – et à ramener Steve Trevor à la civilisation. Elle obtient ainsi son célèbre costume, ainsi que son pseudonyme. Afin de conserver son identité secrète, elle ne tardera pas à emprunter le nom d’une infirmière aux traits identiques : Diana Prince. Elle pourra ensuite veiller sur Steve et œuvrer pour la justice… Parmi ses premiers adversaires, on retrouve évidemment des éléments des forces nazies, mais aussi des super-vilains et des demi-dieux maléfiques. Si elle fut rapidement la secrétaire de la Justice Society of America, Wonder Woman sera surtout l’un des membres fondateurs de la Justice League, en 1960. Au cours des décennies, ses origines furent évidemment maintes fois modifiées. Ainsi finit-elle par obtenir ses pouvoirs par l’intermédiaire de dieux grecs. Hollywood ne tardera pas à remarquer le potentiel de ce personnage.



Un chemin de croix

Outre ses apparitions dans une pléthore de dessins animés et de longs-métrages d’animation, Wonder Woman est restée dans les mémoires grâce à une série télévisée, diffusée au milieu des années 1970. En réalité, dès 1967, suite au succès de la série «Batman», un projet de comédie — intitulé Who's Afraid of Diana Prince? — fut développé. Sans succès : le pilote n’engendre aucune suite. En 1974, Warner Bros produit pour ABC un téléfilm qui aurait pu faire office de pilote pour une véritable série. Mais cette libre adaptation des comics (où Diana Prince ne porte même pas son fameux costume) ne soulève aucun enthousiasme. ABC et Warner Bros ne tardent pas à rectifier le tir : dès l’année suivante, un téléfilm bien plus fidèle rencontre un certain succès. Pour le grand public, Lynda Carter devient ainsi le visage de Wonder Woman… jusqu’à cette année 2016, et le retour de Diana Prince sur les écrans ! Si la première saison de cette série se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, les deux suivantes, diffusées sur CBS, s’inscrivent dans les années 1970. Qu’importe : un même acteur, Lyle Waggoner, incarne Steve Trevor, puis son fils ! Suite à la déprogrammation de cette série, Wonder Woman sera victime d’une malédiction : plusieurs projets TV sont avortés dans les années 1990 ; elle ne fait aucune apparition dans la série «Smallville» ; en 2011, un pilote produit par David E. Kelley («Ally McBeal») ne génère aucune série ; un dernier projet, «Amazon», est depuis resté lettre morte. Sur le grand écran, le parcours de Diana Prince n’est pas plus glorieux. Il aura fallu plus de deux décennies, et de nombreuses mutations du projet, pour que Wonder Woman puisse obtenir son propre long-métrage. Dès 1995, alors que Joel Schumacher prend le relais de Tim Burton sur la série des Batman, Ivan Reitman (S.O.S. Fantômes) caresse l’idée de produire une adaptation. À partir de 1999, le producteur Joel Silver (The Matrix) accumule les projets successifs. Au cours des années, un grand nombre de scripts seront écrits, des réalisateurs recrutés, et de nombreuses actrices approchées (dont Sandra Bullock). En 2005, le projet est confié à Joss Whedon (Serenity). Deux ans plus tard, suite à des désaccords avec les dirigeants de la Warner Bros, le cinéaste abandonne à son tour la superhéroïne. Non sans regret. Ironiquement, il chapeautera quelques années plus tard les deux premiers opus des Avengers, issus de la maison d’édition concurrente, Marvel. C’est d’ailleurs le succès des premiers films de l’univers cinématographique Marvel – mais aussi de la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan – qui incite les cadres de la Warner à lancer la préproduction de longs-métrages consacrés à Wonder Woman, the Flash et Green Lantern. L’insuccès de ce dernier provoque un ultime retournement de situation : Wonder Woman va désormais intégrer un univers cinématographique cohérent (reflet de ce qu’ont brillamment réalisé les studios Disney et Marvel), initié par Man of Steel (2013). Il aura donc fallu attendre trois ans de plus pour que Diana Prince soit enfin introduite sur le grand écran, dans Batman v Superman. Si l’on ne compte pas son apparition dans La grande aventure LEGO (2014), évidemment !



La suite de ce dossier sera prochainement publié sur ESI !

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