Preview Wonder Woman – 2ème partie
Article Cinéma du Mardi 05 Avril 2016

Une question d’éthique

Entre 2008 et 2012, Marvel et Disney ont patiemment mis en place leur univers cinématographique, qui avait abouti à The Avengers. Warner et DC Entertainment ont décidé d’opter pour une méthode plus radicale : présenter et rassembler d’abord leurs superhéros, avant de leur offrir des aventures en solo. Grâce à son succès au box-office il y a déjà trois ans, Man of Steel fait certes office d’exception – et d’introduction. Entre-temps, les créatifs de Warner Bros ont mis au point un plan d’ensemble, à long terme, qui n’a rien à envier à ce que proposent les studios Marvel. Batman et Wonder Woman rejoignent ainsi Superman dès ce mois-ci. Aquaman et The Flash seront, eux, discrètement introduits. Fin 2017, en compagnie de Cyborg, ils rejoindront tous la célèbre Justice League. Avant d’obtenir, l’un après l’autre, des films dérivés. Seule Wonder Woman a obtenu une dérogation : ses origines seront explorées dès juin 2017, avant même la fondation de la Ligue de la Justice. Cependant, son introduction précoce dans Batman v Superman explique pourquoi le casting de l’interprète de Diana Prince s’est déroulé pas moins de quatre ans avant la sortie de Wonder Woman. Ainsi, dès le 4 décembre 2013, Warner Bros Pictures dévoile l’identité de l’actrice qui prêtera ses traits à l’Amazone pour de nombreuses années : Gal Gadot. «Wonder Woman est sans doute l’un des plus puissants personnages féminins de tous les temps», déclare alors le réalisateur de L’Aube de la Justice, Zack Snyder. «Gal est non seulement une actrice incroyable, mais elle possède aussi cette qualité magique qui la rend parfaite pour le rôle». Cette jeune Israélienne, née en 1985, signe dès le départ pour un minimum de quatre films : Batman v Superman, Wonder Woman et les deux parties de Justice League. «Nous avons rencontré un grand nombre d’actrices, comme vous pouvez l’imaginer», se souvient Zack Snyder. «Mais Gal est à la fois forte, belle et gentille. C’est une combinaison intéressante». Gal Gadot n’est guère une étrangère au sein de l’industrie hollywoodienne. Couronnée Miss Israël en 2004 (ce qui lui a permis de participer au concours de Miss Univers), elle débute une carrière de mannequin avant de jouer, en 2008, dans la série dramatique israélienne «Bubot». Elle a ensuite interprété Gisele Harabo dans trois épisodes de la série des Fast & Furious. Elle a également joué dans Night & Day, au côté de Tom Cruise et Cameron Diaz. En outre, elle avait failli incarner Faroa, le bras droit de Zod, dans Man of Steel. Une grossesse l’en avait finalement empêché. Lorsqu’elle se présente au casting de Batman v Superman, Gal Gadot sait simplement qu’il s’agit d’un film produit par Warner Bros et réalisé par Zack Snyder. Supposant un rapport avec Batman, elle imagine qu’elle auditionne pour le rôle de Selina Kyle – alias Catwoman ! À l’époque, seule la présence de Bruce Wayne avait effectivement été évoquée dans la presse. Ce n’est que lorsqu’elle est rappelée, afin de tourner des essais avec le nouvel interprète de Batman, Ben Affleck, qu’elle découvre la véritable identité de son personnage. Une nouvelle qui l’enthousiasme indéniablement : «J’ai toujours rêvé de jouer une femme indépendante, qui ne se repose pas sur les hommes», s’amuse-t-elle. «Je souhaitais ardemment jouer ce personnage, mais je ne le savais pas. J’ai l’impression que l’on m’a offert l’opportunité d’inspirer les gens, et pas seulement les femmes. À cause de ce que Wonder Woman représente pour le public. C’est aussi une grande responsabilité». Gal Gadot a toutefois dû affronter, tant bien que mal, les critiques acerbes de certains fans sur Internet, concernant son physique – qui ne correspondrait pas à celui du personnage dans les comics. «Ils ont dit que j’étais trop maigre et que ma poitrine était trop petite», rappelle-t-elle. «Les vraies amazones n’avaient qu’un sein afin de mieux tirer à l’arc. Je ne jouerai donc pas une véritable amazone. Il est impossible de faire plaisir à tout le monde. Les critiques font partie du métier». Pour Lynda Carter, l’interprète de Wonder Woman il y a quarante ans, ces fans n’ont qu’une vision partielle du personnage. «Ce qui compte, ce ne sont pas ses superpouvoirs. C’est son éthique. Wonder Woman représente ce qui est juste». «Peu importe ce que vous faites, vous ne pourrez jamais plaire à tout le monde», ajoute Gal Gadot. «Les gens auront toujours quelque chose à redire. Mais c’est mon travail, ma carrière, mon art. Quoi que je fasse, je fais mes recherches et je donne le meilleur de moi-même».

Une préparation intensive

En mai 2014, Gal Gadot tourne ainsi ses premières scènes pour le film de Zack Snyder. Il faut cependant attendre octobre 2014 pour obtenir les premières informations sur le film Wonder Woman. Les dirigeants de Warner Bros recherchent alors activement une femme pour mettre en scène le film – une décision qui pourrait paraître autant sexiste que progressiste, selon les points de vue. Kathryn Bigelow (Point Break, Zero Dark Thirty), Michelle MacLaren, Catherine Hardwicke (Twilight), Mimi Leder (Deep impact), Karyn Kusama (Aeon Flux), Julie Taymor (Across the Universe) et Tricia Brock (“The Walking Dead”) sont approchées. Le 24 novembre 2014, Michelle MacLaren signe pour réaliser Wonder Woman. Maintes fois récompensée, cette réalisatrice et productrice canadienne a signé de nombreux épisodes de «The Walking Dead», «Game of Thrones» et «Breaking Bad». Charles Roven, Deborah Snyder et Zack Snyder sont annoncés à la production. Le 4 décembre, Jason Fuchs (Pan) rejoint le projet pour développer le script en collaboration avec Michelle MacLaren. Or la vision de la cinéaste ne semble pas correspondre à ce que souhaitent les responsables de la Warner. Le 13 avril 2015, elle abandonne le projet, suite aux sempiternelles «divergences créatives». Selon une rumeur tenace, elle envisageait une aventure épique dans un style proche de Braveheart. Deux jours plus tard, Patty Jenkins est appelée à la rescousse. Un juste retournement de situation : elle avait elle-même été remerciée par les studios Marvel, trois ans plus tôt, alors qu’elle devait mettre en scène Thor : Le Monde des ténèbres ! Née en 1971, Patty Jenkins n’a réalisé qu’un unique long-métrage, Monster (2003)… pour lequel Charlize Theron avait obtenu l’Oscar de la meilleure actrice ! Depuis, elle a notamment travaillé sur les séries «Entourage» et «The Killing». Reste qu’avec Wonder Woman, la cinéaste américaine obtient enfin l’opportunité de raconter les aventures d’une superhéroïne… et ainsi de prendre une revanche sur Marvel. Patty Jenkins et Jason Fuchs œuvrant sur le scénario, le processus de casting peut débuter. Dès le mois de mai 2015, le nom de Chris Pine est évoqué. Une information confirmée deux mois plus tard : l’interprète du Capitaine Kirk dans le reboot de Star Trek joue Steve Trevor, officier du renseignement de l’armée des États-Unis. Et, accessoirement, futur compagnon de Diana Prince. Chris Pine signe lui aussi pour participer à un nombre indéterminé de films. Les noms de Sean Bean (Le Seigneur des Anneaux) et Eva Green (Casino Royale) furent un temps évoqués pour interpréter les adversaires de Wonder Woman, Ares et Circe. L’acteur français Saïd Taghmaoui (La Haine) a finalement rejoint Robin Wright («House of Cards»), Danny Huston (X-Men Origins : Wolverine), David Thewlis (Cœur de dragon), Ewen Bremner (Exodus, Snowpiercer), Elena Anaya et Lucy Davis (Shaun of the Dead) au sein de la distribution. Notons enfin que des incompatibilités d’emplois du temps ont empêché Nicole Kidman de jouer dans Wonder Woman. Un rôle qui semble avoir finalement été attribué à l’actrice danoise Connie Nielsen (Mission to Mars, Gladiator) : la Reine Hippolyte, mère de Diana. Pour préparer le tournage, Gal Gadot s’exerce notamment au kick-boxing. «Ma préparation physique fut très intense», résume-t-elle. «Kung Fu, jujitsu… Il me fallait gagner de la masse musculaire». Le tournage de Wonder Woman débute en novembre dernier, près de Londres. Il s’est ensuite poursuivi en Italie. «Les costumes sont incroyables», souligne Chris Pine. «Nous avons des scènes avec près de 500 figurants, tous en costumes d’époque !» Notons que Lindy Hemming (The Dark Knight) est responsable de la création desdits costumes. Patty Jenkins a également fait appel au directeur de la photographique Matthew Jensen (Chronicle), à la directrice artistique Aline Bonetto (Amélie Poulain) et au monteur Martin Walsh (Chicago).

Un voyage vers l’inconnu

À près d’un an de la sortie du film, peu d’éléments de l’histoire ont été évoqués. Mais si vous ne désirez absolument rien savoir, nous vous déconseillons la lecture de la fin de cet article. «Les gens ne connaissent pas aussi bien son origine que celles de Superman ou de Batman», souligne Geoff Johns, directeur de la création chez DC Comics. «Nous voulons donc montrer au public qui elle est, d’où elle vient, et pourquoi elle fait ce qu’elle fait». Tout juste sait-on que l’intrigue se déroule partiellement durant la Première Guerre mondiale (ou peu après). «C’est une période que nous ne voyons pas souvent au cinéma», précise Chris Pine. «D’habitude, il s’agit plutôt de la Seconde Guerre mondiale !» Même si cela reste à confirmer, l’acteur semble jouer deux rôles : celui de Steve Trevor à notre époque, mais aussi celui de l’arrière-grand-père de ce dernier (qui rencontre Diana après s’être écrasé). «Steve Trevor est un type espiègle et charmant», déclare Chris Pine, sans préciser si son personnage vit au XXe ou au XXIe siècle. «C’est un cynique. Il connaît la nature bestiale de la civilisation moderne». À un siècle d’écart, les deux membres de la famille Trevor prêteraient donc main-forte à Wonder Woman. Qui, elle, ne vieillit pas. Elle est d’ailleurs âgée de plus de 5000 ans ! «Elle possède une endurance incroyable», précise Gal Gadot. «Elle est exceptionnellement forte. Elle peut sauter très haut, et pratiquement voler. Elle maîtrise des tonnes de styles d’arts martiaux». Il est plus que probable que son adversaire soit issu de la mythologie grecque : Ares, le dieu de la guerre. Il fut l’un des ennemis récurrents de l’Amazone dans les comics. Le producteur Charles Roven a d’ailleurs précisé que cette nouvelle version de Wonder Woman aura la même origine que sa plus récente incarnation de papier : une demi-déesse. «Vous allez comprendre quelle est sa mission», déclare Gal Gadot. «Autrefois, les Amazones protégeaient le monde des hommes», ajoute Geoff Johns. «Ce qu’elles ont arrêté de faire. Elles pensent que les hommes n’en valent pas la peine. Diana souhaite poursuivre la mission des Amazones. Cela l’obligera à voyager au sein de notre monde». Mais les événements vont peut-être donner raison à ses consœurs, puisque le synopsis de Batman v Superman indique que Wonder Woman se retrouve forcée de sortir de sa retraite. «Elle a tout vu», ajoute Gal Gadot. «Elle sait ce que les humains sont capables de faire». Pour Chris Pine, Wonder Woman sera un blockbuster à la fois amusant et moralement pertinent. «Nous abordons des thèmes très profonds», promet-il en évoquant l’humanité du personnage principal. Alors que des rumeurs tenaces évoquaient la participation de Lynda Carter, l’agent de l’interprète emblématique de Wonder Woman a affirmé que ce ne sera finalement pas le cas. «Je me soucie essentiellement du fait que ce personnage puisse continuer à exister», ajoute la comédienne. Nul doute que les plus grandes aventures de Diana Prince sont devant nous.

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.