Tonnerre sous les tropiques : Entretien avec Robert Downey Jr
Article Cinéma du Mercredi 15 Avril 2009

A l'occasion de la sortie du film en DVD et Blu-Ray, retrouvez notre interview de Robert Downey Jr !

Par Pascal Pinteau

2008 restera décidément une année mémorable pour Robert Downey Jr et pour tous les admirateurs de cet acteur de grand talent : après avoir triomphé au boxoffice il y a quelques mois dans Iron Man, il vient de remporter un autre énorme succès avec Tonnerre sous les tropiques. Sa double prestation est l’un des points forts de cette formidable parodie signée Ben Stiller. ESI vous le dit : précipitez-vous et allez la voir en salles !

Votre personnage de « Tonnerre sous les tropiques » est incroyable. Vous nous livrez là une prestation absolument hilarante…

Merci. Pendant le tournage, nous nous sommes donnés à fond en espérant que ce serait bien une fois monté, mais je n’étais pas tout à fait certain de ce qu’allait donner le résultat final. Maintenant que je l’ai vu, j’en suis très fier.

Comment avez-vous réagi quand vous vous êtes vu pour la première fois, métamorphosé en homme de couleur ?

J’étais abasourdi, mais ravi. Je me suis regardé dans le miroir en disant : « C’est formidable, je suis devenu un beau type noir ! ».

Avez-vous eu la moindre réticence, au départ, quand Ben Stiller vous a proposé ce rôle ? Vous êtes-vous demandé pendant un moment si vous alliez accepter ou non ?

Évidemment, jouer un acteur qui incarne un acteur noir dans un film, c’est quand même prendre des risques, même si l’on sait d’emblée qu’il s’agit d’une comédie. Le traitement parodique de l’histoire indique clairement qu’elle ne doit pas être prise au premier degré, mais malgré cela, vous courrez tout de même le risque que certaines personnes s’offusquent et prennent mal ce qui est de toutes évidences une plaisanterie. Pour clarifier notre propos, Ben a voulu que Brandon Jackson, qui joue le rappeur Alpa Chino, me fasse constamment des reproches à propos de mon déguisement dans le film. Mais je crois que la présence de mon personnage s’imposait, puisque Ben joue une vedette de films d’action sur le retour, et Jack Black un acteur spécialisé dans les comédies vulgaires et qui a de gros problèmes d’addiction à la drogue. Pour compléter ces deux personnages, il ne manquait plus qu’une caricature d’acteur : un type qui prépare a ce point son rôle, grâce à « la méthode » (qui consiste à devenir le personnage), qu’il se comporte de manière inappropriée, et presque psychotique !

Vous aviez déjà eu l’occasion de travailler avec Ben Stiller auparavant…

Oui, en 1999, dans Black and White, avec Claudia Schiffer. Excusez du peu ! J’ai été content de le retrouver, parce que Ben est non seulement un comédien de talent, mais aussi un très bon réalisateur. Il portait beaucoup de casquettes différentes pendant la production de Tonnerre sous les tropiques, puisqu’il était à la fois acteur, réalisateur, co-auteur et producteur. Il avait tous les atouts dans son jeu, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il allait réussir à mener tout de front et gagner la partie. Et pourtant, il a réussi brillamment. Si les gens sont venus voir le film et l’ont aimé, c’est grâce à lui.

Jack Black en parlait récemment, et disait à quel point il a vu le talent de réalisateur de Ben Stiller évoluer au fil des ans. Que pourriez-vous nous dire sur sa manière de réaliser le film ?

C’était extrêmement dur pour lui, parfois, étant donné le nombre de problèmes complexes qu’il avait à régler en même temps. Vous savez, bien réussir une comédie, c’est beaucoup, beaucoup plus dur à faire que ce que l’on pourrait imaginer. Il ne suffit pas de mettre en place des comédiens et de leur faire dire des choses amusantes, ou de se filmer en train d’être torturé de manière parodique. Faire du comique, ça se travaille énormément, ça se prépare dans les moindres détails, même si on peut tenter de faire des choses en plus et d’improviser sur le plateau. Il faut préparer les gags de manière extrêmement précise, et avoir l’œil pour repérer tout ce qui peut empêcher un effet ou une réplique de fonctionner parfaitement. Il suffit parfois d’une virgule mal placée ou d’une demi-seconde de retard pour qu’un effet comique soit raté. Réussir à faire rire n’est pas donné à tout le monde, et c’est un des dons de Ben.

Le concept du film est formidable. Il parodie à peu près tout et tout le monde dans le milieu Hollywoodien. Qu’en avez-vous pensé ?

J’ai adoré le script. Le cirque Hollywoodien prête à rire, quand on a un peu de recul. J’ai souvent l’occasion de m’en amuser, quand j’en parle avec des amis qui font partie de ce milieu, et qui ont assisté eux aussi à des choses savoureuses. Nous nous racontons des anecdotes, comme le font sans doute tous les gens dans tous les milieux professionnels, partout dans le monde. Mais dans le monde du cinéma, les excès sont souvent bien plus délirants qu’ailleurs. C’est ce qui permet aux médias et au public de jouer au petit jeu qui consiste à monter en épingle quelqu’un, à en faire une vedette, puis à se délecter de ses problèmes s’il vient à chuter. Je suis bien placé pour parler de ça ! (rires) C’est dans la nature humaine… Peut-être n’avons-nous pas assez évolué pour ne pas nous réjouir des malheurs des autres, mais quand on se moque avec un bon esprit, par le biais de personnages de fiction, ça ne fait de mal à personne et tout le monde peut s’amuser sans mauvaise conscience.

Justin Theroux, le producteur exécutif et co-auteur du film, et Ben Stiller ne tarissent pas d’éloges à votre propos. Bien sûr, tout le monde connaît déjà votre capacité à incarner des rôles extrêmement différents, mais « Tonnerre sous les tropiques » vous donne l’occasion de faire une double composition comique exceptionnelle…

Merci, merci ! Justin a beaucoup de talent, à la fois en tant qu’acteur, producteur et co-auteur du script. Nous nous sommes si bien entendus que j’ai proposé qu’il soit engagé sur Iron Man 2, ce qui a été fait.

Ben Stiller nous disait qu’il avait été impressionné par votre performance, et sidéré par les scènes que vous avez complètement improvisées, comme votre monologue devant la rivière…Il nous racontait que c’était incroyable de vous voir faire cela spontanément. Vous avez dû vous amuser beaucoup à vous lancer dans ce numéro hallucinant…

Honnêtement, j’étais complètement parti ailleurs, complètement dans la peau du personnage, ce qui est un comble, étant donné que c’est justement de ce genre de comportement d’acteur que le film se moque ! (rires) Certains jours, j’étais vraiment persuadé que j’étais le sergent Lincoln Osiris ! Comme si j’étais devenu Kirk Lazarus ! (rires) Je dois avouer que pendant la pause déjeuner, quand j’étais installé dans mon mobile home, avec mon maquillage et ma couleur de peau noire, je continuais souvent à parler comme Lincoln Osiris quand les gens venaient me voir. C’était plus facile de rester dans la peau du personnage que d’en sortir et de reprendre le tournage après…

La promotion du film sur le web est très drôle. Avez-vous été amusé de voir le site consacré à Kirk Lazarus ?

Oui. C’était une très bonne idée. Après le tournage, Ben est parti travailler sur le montage du film et sur ses prochaines activités et de mon côté, je me suis lancé dans la préparation d’un autre projet. Nous nous sommes revus pour parler de la promotion de Tonnerre sous les tropiques, et en évoquant différentes idées, il nous a semblé évident de continuer dans cette direction. Il y a déjà des bandes-annonces des films de Tugg Speedman, Kirk Lazarus et Jeff Portnoy dans Tonnerre sous les tropiques, il semblait donc évident que la création de faux sites web s’imposait. Rester dans le personnage pour faire la promo du film ne me gênait pas, même si c’est un peu étrange de redevenir Lazarus dans ces spots que nous avons tournés ensuite.

Vous avez déjà participé à plusieurs films d’action, mais aujourd’hui, le plus connu d’entre eux est évidemment « Iron Man ». Comment pourriez-vous comparer ce tournage en armure avec celui dans la jungle et dans la boue ?

Tonnerre sous les tropiques était plus immédiat, car nous tournions dans une vraie jungle, ce qui impliquait de faire de vrais efforts physiques. Pour tout vous dire, dans le prochain Iron Man, tout comme dans la version de Sherlock Holmes que je tourne actuellement, et qui fait la part belle à l’action, je vais être beaucoup plus actif physiquement que dans tout ce que j’ai tourné auparavant. Iron Man racontait les origines du personnage, et à part quelques scènes ou je devais mimer des coups de poing ou bouger dans l’armure, il n’y avait pas de vraies séquences d’action très physiques. Tonnerre sous les tropiques m’a permis d’aller plus loin. Pendant les deux premières semaines de tournage, j’ai vu plus d’impacts de balles et d’explosions autour de moi que pendant tout le reste de ma carrière ! (rires)



Etes-vous un fan des grands films qui traitent de la guerre du Vietnam ?

Je crois que ce serait difficile de ne pas les aimer. Ils font partie de ma culture cinématographique, tout comme les hommages qu’on leur a rendu dans d’autres films. Ces personnages ont eu un impact énorme sur le public et aussi sur beaucoup d’acteurs qui auraient eu envie de les interpréter.

Nous parlions plus tôt des précautions que vous aviez prises pour souligner que la métamorphose de Kirk Lazarus en acteur noir était une parodie de « la méthode ». Pourriez-vous nous parler de la façon dont vos amis de la communauté noire ont réagi à ce rôle ?

Oh, ils se sont bien amusés, mais vous savez, on ne peut jamais prévoir comment certaines personnes vont réagir à une plaisanterie. Je sais que nous n’avons rien fait de blessant dans le film. D’abord parce que tout le monde, qu’il soit blanc ou noir, est tourné en dérision de la même manière, et ensuite parce que la communauté noire doit affronter des problèmes bien plus sérieux qu’un film comique comme le nôtre, qui est fait dans un bon esprit, sans rien de choquant moralement. Nous essayons de faire rire de tous les travers humains, et de nous moquer du monde étrange d’Hollywood.

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