Rencontre avec les créateurs de SOS FANTÔMES : Une nouvelle équipe féminine, toujours dans la tradition comique de SATURDAY NIGHT LIVE - 1ère partie
Article Cinéma du Jeudi 21 Juillet 2016
Une partie du public des fans de SOS FANTÔMES a-t-il été possédé par le démon de la misogynie ? C’est ce que l’on a été tenté de penser en découvrant les premiers commentaires perfides et pessimistes qui ont suivi l’annonce de la production de ce reboot de GHOSTBUSTERS, l’une des meilleures comédies fantastique des années 80. Certes, on ne retrouve dans les rôles principaux de ce nouvel épisode ni Dan Ackroyd, ni Bill Murray – réfractaire à toute participation à un autre épisode après le fiasco de GHOSTBUSTERS 2 en 1989 – ni Ernie Hudson, ni le regretté Harold Ramis hélas parti trop tôt dans l’au-delà, mais il faut reconnaître que les talents comiques réunis par le studio Sony Columbia autour de ce projet sont à la fois considérables et issus de la même prestigieuse académie de l’humour américain qu’est l’émission parodique SATURDAY NIGHT LIVE. Véritable institution du rire depuis plus de quatre décennies – le premier épisode fut diffusé en 1975 – SATURDAY NIGHT LIVE est devenu dès ses origines une extraordinaire pouponnière de talents comiques, qui ont fait là leurs premières armes d’acteurs et de co-scénaristes des sketches proposés aux téléspectateurs américains tous les samedis soirs à partir de 23h30. Au fil des ans, SNL a permis à des dizaines d’inconnus de devenir des stars du petit écran et leur a ouvert ensuite une voie royale pour faire aboutir leurs projets à Hollywood. Sans établir ici une liste exhaustive et bien trop longue des anciens piliers de l’émission, rappelons que John Belushi, Dan Ackroyd (qui formèrent ensuite le tandem culte des Blues Brothers), Chevy Chase, Bill Murray, Eddie Murphy, Mike Myers, Will Ferrell, Chris Rock, Robert Downey Jr, Adam Sandler, Martin Short, Billy Crystal, Ben Stiller et bien d’autres se plièrent à l’exercice ô combien difficile de se produire en direct devant des dizaines de millions de personnes en changeant de perruques et de costumes à la vitesse de l’éclair entre chaque sketch. A chaque époque, un nouveau casting de comédiens surdoués est venu remplacer le précédent pour amuser de nouvelles générations de téléspectateurs. Et celui de ces dernières années, particulièrement brillant, a permis de découvrir des actrices à la puissance comique phénoménale comme Kate McKinnon, Leslie Jones et l’épatante Kristen Wiig, réunies ici avec la vedette de la sitcom MIKE & MOLLY, l’irrésistible Melissa McCarthy, toujours prête à mettre son charme, ses rondeurs et son énergie au service des situations comiques les plus délirantes, comme dans le récent Spy, où elle secondait au pied levé l’agent secret en difficulté incarné par Jude Law. Ce reboot de SOS FANTÔMES n’est pas la première collaboration cinématographique de Kristen Wiig et Melissa McCarthy avec le réalisateur Paul Feig : on avait pu les voir en 2011 dans le formidable MES MEILLEURES AMIES, co-écrit par Wiig et Annie Mumolo, l’une des meilleures comédies américaines de ces dernières années. Autant de raisons d’accueillir avec bienveillance ce fameux reboot dont les premiers extraits que nous avons découverts avant de rencontrer l’équipe du film nous ont beaucoup fait rire.
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Entretien avec Kristen Wiig et Melissa McCarthy - Les nouvelles chasseuses de fantômes.
Comment décririez-vous vos personnages respectifs, leurs qualités, leurs faiblesses, et leur manière de s’intégrer à l’équipe des Ghostbusters ?
Kristen Wiig : Mon personnage s’appelle Erin Gilbert. Erin et Abby Yates, que joue Melissa, étaient amies pendant leur enfance. Erin a été confrontée au paranormal à cette époque-là, et Abby est la seule personne qui l’a crue quand elle lui a raconté les choses extraordinaires qui lui étaient arrivées. Par la suite, Erin et Abby sont devenues amies intimes et ont continué à parler ensemble de fantômes et de phénomènes surnaturels, en réunissant énormément d’informations sur les événements étranges dont elles entendaient parler. En grandissant, elles ont conçu ensemble des conférences et même écrit des livres sur ce thème. Mais par la suite, Erin a préféré se distancier de tout cela quand elle a eu l’occasion de mener une carrière scientifique « respectable » afin de ne pas entacher sa réputation et sa crédibilité aux yeux de ses collègues. Abby est la seule des deux à avoir continué à assumer pleinement sa passion du paranormal : elle n’a jamais renié ses convictions. Mais le destin va se mêler de tout cela, et alors qu’Erin et Abby se sont perdues de vue depuis plusieurs années, des circonstances très étranges vont les réunir à nouveau.
Melissa McCarthy : Ce qui m’a beaucoup plu dans le personnage d’Abby Yates, c’est sa capacité à ne jamais abandonner, ni douter d’elle-même. Quelles que soient la situation, elle va jusqu’au bout de ses passions sans se préoccuper de ce que l’on va penser d’elle. Elle est absolument certaine qu’il existe bel et bien tout un univers d’entités issues de l’au-delà, et que les manifestations paranormales sont des phénomènes bien réels et donc dignes d’être étudiés scientifiquement. Peu importe si tout le monde lui dit « Tu es folle » ou « Tu es vraiment bizarre » : elle balaie tout cela du revers de la main, rétorque qu’elle est sûre de ses convictions et ne dévie jamais du chemin qu’elle s’est tracé. J’apprécie beaucoup que Abby soit si forte, qu’elle n’accorde aucune importance aux opinions conformistes et agisse toujours courageusement pour faire aboutir ses projets en dépit du scepticisme général. Elle reste positive et se fiche totalement de ce que l’on peut dire d’elle parce qu’elle sait que les fantômes existent réellement. Et quels que soient les obstacles qui se dressent devant elle, elle n’hésitera jamais à avancer dans cette voie. Abby est extrêmement heureuse de retrouver son amie d’enfance et de vivre cette aventure hallicinante avec elle.
Est-ce que vous vous retrouvez un peu dans votre personnage ?
Melissa McCarthy : Oui, dans la mesure où j’apprécie sa détermination farouche et son désir de mener à bien les projets qui lui tiennent à cœur. Beaucoup des gens que j’admire dans mon entourage professionnel, ma famille ou plus largement dans la vie possèdent cette capacité remarquable d’être indifférents à ce que l’on peut dire d’eux, et réussissent ainsi à préserver leur motivation et leur enthousiasme lorsqu’ils abordent un nouveau projet ardu. Quand mes filles me racontent la pression qu’exercent sur elles certaines de leurs camarades de classe pour se conformer à une attitude ou à une mode, je les incite à réagir en protégeant farouchement leur indépendance. Si nous nous conformions tous aux grandes tendances d’opinion, il n’y aurait plus aucune idée originale, ni aucune invention pour changer le monde ! Il faut bien que des gens fassent des choses apparemment folles ou passent pour des illuminés en présentant de nouvelles théories, car s’ils n’étaient pas là, il n’y aurait plus de progrès dans la médecine, plus de nouvelles solutions pour lutter contre les fléaux qui menacent l’humanité, ni d’inventions révolutionnaires dans le domaine des hautes technologies ! C’est la raison pour laquelle je trouve que cette indépendance d’esprit est fascinante et admirable.
La suite de ce dossier se matérialisera bientôt sur ESI !