Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Suite de notre entretien avec Kristen Wiig et Melissa McCarthy

Aimeriez-vous ne pas avoir peur des fantômes, comme vos personnages ?

Kristen Wiig : Je serais ravie d’en avoir un dans ma voiture. Si une silhouette de passager apparaissait à côté de moi quand je conduis à Los Angeles, cela me permettrait de rouler dans la file d’autoroute réservée aux automobilistes qui pratiquent le covoiturage ! (rires)

Melissa McCarthy (éclatant de rire) Oh, c’est une idée géniale, moi aussi, je voudrais un passager fantôme pour échapper aux embouteillages ! (rires)

Plaisanterie à part, croyez-vous à l’existence des fantômes ?

Melissa McCarthy : Je dirais que oui, car je suis persuadée que l’énergie des êtres vivants peut laisser une empreinte dans certains lieux, et les marquer ainsi pendant des décennies ou des siècles. Je pense que tout le monde a éprouvé au moins une fois dans sa vie le sentiment étrange de percevoir une présence intangible en entrant pour la première fois dans une maison apparemment banale.

Vous n’avez pas constaté de phénomènes paranormaux pendant le tournage ? Melissa McCarthy : Un jour, une caméra s’est mise à léviter… (rires)

risten Wiig : Et à une autre occasion, nous avons remarqué que les pieds de Leslie Jones flottaient légèrement au-dessus du sol. (rires)

Melissa McCarthy : Oui, c’est d’ailleurs la vraie raison pour laquelle elle paraît si grande ! (rires)

En quoi vous identifiez-vous à vos personnages ?

Kristen Wiig : Je peux parfaitement comprendre qu’Erin ait fait le choix de se conformer à une image respectable à un moment de sa vie, afin de s’intégrer à un nouvel environnement professionnel. C’est quasiment un réflexe de survie quand on tente d’être accepté au sein d’un nouveau groupe. Pour moi, c’était très amusant de jouer ce personnage qui prétend être une femme différente de ce qu’elle est vraiment et qui réprime toute une partie de sa personnalité pour se créer une nouvelle image. Elle lutte désespérément contre ce que son instinct et son intuition la poussent à faire, et met du temps à retrouver son vrai chemin. Les scènes où l’on voit Erin retrouver Abby sont particulièrement savoureuses grâce à cette situation.

Vous collaborez une fois encore avec le réalisateur Paul Feig. Apparemment, il n’a eu aucun mal à vous convaincre de vous joindre à ce projet…

Melissa McCarthy : Non, en effet ! J’ai eu plusieurs fois le plaisir de travailler avec Paul et la raison pour laquelle je suis toujours heureuse de le retrouver pour de nouveaux projets de films tient tout simplement au fait qu’il excelle dans la mise en scène de comédies. De plus, Paul est un homme charmant qui fait régner une excellente atmosphère sur les plateaux, parce qu’il sait amuser, encourager et dynamiser ses équipes techniques et ses comédiens. Il est toujours de bonne humeur, content d’être derrière la caméra, et vous aide en faisant des commentaires judicieux et positifs sur votre travail. Il est aussi capable de vous proposer les idées les plus folles et les plus drôles qui soient afin de décupler l’impact des dialogues et des gags d’une scène. Et comme il apprécie le processus collaboratif du tournage, il est toujours à l’écoute de nos idées, mêmes lorsqu’elles semblent délirantes ou compliquées à mettre en oeuvre. Il prend le temps de les analyser sérieusement et quand il est convaincu qu’elles ont un bon potentiel, il est le premier à dire « OK, allons-y ! Essayons de tourner cette scène de cette manière et voyons ce que cela donnera ! » Paul agit comme un grand entraîneur d’équipe sportive : il coache ses athlètes de manière à ce que toute son équipe sache ce qu’il faut faire pour raconter efficacement l’histoire et pour nous permettra d’être encore plus drôles et plus percutantes quand nous jouons une scène. En tant qu’actrice, toute cette confiance qui nous entoure nous fait un bien fou et nous encourage a développer nos personnages, parce que nous savons que Paul ne nous laissera jamais sortir des rails ni commettre une erreur qui changerait le ton ou l’énergie particulière d’une scène. Nous pouvons lui faire pleinement confiance en sachant qu’il veille sur nous, qu’il est toujours de bon conseil, et qu’il ne nous laissera pas nous ridiculiser en allant dans de mauvaises directions.

Kristen Wiig : Et pourtant, nous essayons souvent de nous ridiculiser en nous mettant dans des situations grotesques !

Melissa McCarthy : Oui ! (rires) Mais avec Paul, nous nous sentons libres de tenter des gags que nous n’oserions jamais faire devant nos conjoints ni nos amies les plus proches ! De plus, nous sommes chacune entourées par trois autres actrices qui nous soutiennent et nous donnent parfaitement la réplique quand nous jouons et que nous improvisons des petites choses nouvelles. J’ai constaté à maintes reprises que c’est en se lançant spontanément dans des improvisations qui peuvent sembler saugrenues que l’on tombe sur des pépites qui constituent les meilleurs gags du film.

D’où vient la complicité évidente qui vous lie toutes les quatre ?

Melissa McCarthy : Je crois qu’elle vient de nos racines professionnelles, de notre familiarité commune avec le registre de la comédie et ses règles. Nous savons toutes que pour réussir à bien jouer une scène humoristique, il faut être à l’écoute de votre partenaire et lui faire pleinement confiance même lorsqu’il vous entraîne loin dans une de ses idées en ajoutant de nouvelles répliques. Kristen, Kate, Leslie et moi nous tenons les coudes et nous respectons le travail des autres. Par exemple, quand nous savons que Kristen va dire une réplique bien précise dans quelques secondes, nous ne nous lançons pas dans une improvisation qui remettrait totalement en cause son texte : dans un tel cas, soit nous n’improvisons pas à ce moment-là, soit nous ajoutons une toute petite chose sur laquelle Kristen pourra rebondir aisément tout en restant dans l’esprit de sa réplique originale. Comme nous nous apprécions toutes, que nous nous respectons, et que nous exerçons cette profession depuis longtemps, il se crée une confiance qui nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes, en nous mettant toutes au service de la scène. Parmi nous, personne n’essaie de gagner en brillant plus fort que les autres, ni en essayent de souligner à l’extrême les points amusants de chacune de ses répliques.

Kristen Wiig : La comédie est un travail collaboratif. Nous venons toutes de troupes de théâtre d’improvisation ou de SATURDAY NIGHT LIVE où l’on est constamment en train de collaborer avec des scénaristes et des acteurs. On apprend vite à se soutenir mutuellement, et à être le faire-valoir de ses partenaires pour leur permettre de réussir à jouer au mieux les différents effets comiques prévus dans le script. Et il y a aussi une sorte de transmission de pensée qui nous lie pendant que nous jouons et qui nous fait ressentir spontanément quel est le moment précis où il faut parler ou se taire parce que votre partenaire a trouvé une nouvelle idée ou une nouvelle attitude qui va lui permettre de faire hurler de rire le public. Cela se passe de façon quasiment magique quand nous travaillons sur scène ou sur un plateau de télévision ou de cinéma.

La suite de ce dossier se matérialisera bientôt sur ESI !

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