Rencontre avec les créateurs de SOS FANTÔMES : Entretien exclusif avec Katie Dippold, co-scénariste – 2ème partie
Article Cinéma du Vendredi 26 Aout 2016
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Entretien avec Katie Dippold, co-scénariste
Quel a été l’impact des improvisations des actrices sur votre travail pendant le tournage ?
Heureusement pour moi, Melissa, Kristen, Kate et Leslie sont toutes des expertes en improvisation comique, et j’étais comblée par les plaisanteries et les gags qu’elles ajoutaient à mes dialogues et aux situations du film. Etant donné que je ne suis pas la créatrice du concept original de SOS FANTÔMES , je me suis mise au service du film pour lui rendre hommage et pour faire en sorte que le résultat final soit le plus amusant possible. Toute notre équipe adore l’original et a travaillé aussi dans ce but. Quand on est scénariste, on réécrit si souvent le script et les dialogues de chaque scène qu’on finit par les connaître par cœur, et forcément les répliques comiques ne vous surprennent plus. Donc à chaque fois que les actrices me faisaient rire par leur interprétation et leur improvisations, j’étais surprise et ravie. Elles sont tellement douées qu’elles arrivaient à ajouter des gags sans jamais dévier de la manière dont la scène devait être racontée.
Combien de fois avez-vous réécrit le scénario, en tout ?
Je ne peux pas vous citer de chiffres car cela a été un processus permanent. Après la première version du script dialogué, nous avons eu des idées différentes car nous avons commencé à imaginer quelles actrices pourraient tenir les rôles principaux, puis quand le casting a été établi, il a fallu réaménager et adapter un peu les rôles en fonction des personnalités de Melissa, Kristen, Kate et Leslie. Et bien sûr, comme l’on a le temps de prendre du recul sur le scénario entre chaque session de réécriture, les failles de certaines scènes ou les moments qui ne fonctionnent pas aussi bien qu’ils le devraient vous sautent aux yeux et vous les réécrivez. Et vous essayez aussi d’améliorer et de pousser plus loin ce qui fonctionne bien. Comme tous les auteurs, j’aimerais pouvoir écrire du premier coup une histoire tellement parfaite qu’elle ferait l’unanimité et qu’aucune modification ne serait nécessaire, mais hélas ce n’est pas le cas ! Cependant j’aime le processus de réécriture car même s’il peut être fastidieux, il vous apporte la satisfaction d’améliorer à chaque fois les choses. Parfois les réécritures n’ont rien à voir avec l’efficacité d’une scène : il peut s’agir tout simplement d’un environnement extérieur précis qui est décrit dans le script et que nous n’arrivons pas à trouver pour y tourner cette séquence. Paul va alors réfléchir à un autre décor, et penser à des situations nouvelles que nous allons incorporer dans la réécriture de la scène. Il arrive aussi que les acteurs nous amènent des idées tellement irrésistibles que nous chamboulons tout ce qui avait été écrit pour les incorporer au scénario. Le meilleur exemple de ce type dans le film est la manière dont Chris Hemsworth nous a proposé de jouer Kevin, l’assistant des Ghostbusters. Dans la première version du script, Kevin était simplement apathique et inefficace, mais Chris en a fait un personnage complètement décalé et bien plus drôle. Nous l’avons suivi dans cette direction parce que nous savons à quel point une comédie peut bénéficier des meilleures idées de chacun, comme dans ce cas précis.
En tant que scénariste, qu’est-ce qui vous donne envie de vous impliquer dans un nouveau projet ?
C’est un déclic personnel : je sens tout de suite si le projet va me passionner assez pour que j’aie envie de travailler dessus pendant deux ou trois ans. J’aime tellement les situations effrayantes que je ne pouvais pas refuser de travailler sur ce reboot de SOS FANTÔMES : je serais même prête à vivre dans une maison hantée ! Imaginer comment une vraie personne réagirait en étant confrontée à ces phénomènes paranormaux me semblait être un projet de travail irrésistible. Le film original est sorti il y a plus de trente ans et il n’a pas été surpassé depuis. J’avais vraiment envie d’imaginer ce que l’on n’avait pas encore vu de cet univers.
Depuis quelques années les émissions de téléréalité consacrées à de « véritables » chasseurs de fantômes se sont multipliées. Saison après saison, on voit les mêmes équipes se rendre dans des lieux supposés hantés avec de nombreux appareils de détection pour y trouver des preuves de présences paranormales, et à chaque fois, les indices relevés sont insignifiants mais mis en scène de manière à laisser croire qu’il s’agit de la trace d’un phénomène étrange et inexplicable. Est-ce que ces émissions et leurs côtés ridicules vous ont inspirée ?
Oui, absolument : nous y avons fait directement référence dans le film, car toutes ces émissions récentes fonctionnent sur les clichés que vous venez de citer…Je suis athée mais j’avoue que je crois aux fantômes, ce qui n’a aucun sens ! (rires) Je vais vous raconter quelque chose qui m’est arrivé quand j’étais étudiante. Mon petit ami de l’époque était venu me rejoindre dans ma chambre à l’université. Au milieu de la nuit, je me suis réveillée et quand je me suis tournée vers lui, j’ai vu la silhouette d’un vieux professeur qui flottait au-dessus de lui et qui le dévisageait en se tenant à quelques centimètres de son visage. J’ai cru que je rêvais encore, et je me suis frotté les yeux, mais cette apparition était toujours là après ! Ce n’est qu’au moment où le spectre a tourné les yeux vers moi et a semblé surpris de me voir éveillée qu’il a disparu. J’ai réveillé mon ami pour lui raconter ce qui s’était passé, puis je me suis rendormie, mais il n’est plus arrivé à fermer l’œil de toute la nuit ! (rires)
Avez-vous regardé à nouveau les deux films des années 80 avant d’écrire les scènes d’action de ce reboot, afin d’éviter de reproduire des choses déjà vues auparavant ?
Paul et moi les connaissons si bien que nous n’avons même pas eu besoin de les visionner à nouveau plusieurs fois. Pour ma part, je savais très bien comment éviter des répétitions. Ce qui nous a donné nettement plus de mal, c’était de situer certaines scènes dans des endroits célèbres de New York sans que ce soient les mêmes que dans les deux premiers films.
Que pouvez-vous nous dire sur Rowan, le méchant principal du film ?
L’acteur qui l’incarne s’appelle Neil Casey. Neil est l’un de mes comédiens de stand up favoris, un auteur génial et un champion de l’improvisation. Je crois que les spectateurs qui ne le connaissent pas encore vont l’adorer dans ce rôle et que cela va lui permettre de devenir une grande vedette.
Allez-vous montrer des personnages possédés par lui, à l’instar du démoniaque Zuul du premier film ?
Non, car nous avons essayé d’aller dans une direction un peu différente pour mieux vous surprendre !
La suite de ce dossier se matérialisera bientôt sur ESI !
