TARZAN est de retour dans une adaptation aux images d’une beauté à couper le souffle, à redécouvrir dès le 9 Novembre en Blu Ray ! Entretien exclusif avec le réalisateur David Yates
Article Cinéma du Lundi 19 Septembre 2016

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

C’est au terme d’un processus de plus de 13 ans que la transposition des aventures de Tarzan réalisée par David Yates s’est matérialisée sur le grand écran. La Warner était déjà en négociation dès 2003 avec le réalisateur Jon August pour relancer une franchise cinématographique dédiée au fameux héros d’Edgar Rice Burroughs. Guillermo Del Toro avait hérité du projet en 2006, mais s’était désisté deux ans plus tard pour se consacrer à la mise en scène du HOBBIT qui lui avait finalement échappé à la suite d’un long conflit juridique entre plusieurs studios. Stephen Sommers était entré en pourparlers avec la Warner en 2008 pour diriger le film, jusqu’en 2011 où Craig Brewer avait pris momentanément le relais. En proposant finalement ce projet à David Yates, la Warner avait l’assurance que le réalisateur inspiré de quatre épisodes de la saga Harry Potter saurait maîtriser les trucages indispensables pour décrire l’univers sauvage du Seigneur de la jungle…Tout en travaillant parallèlement sur la post-production du nouveau chapitre de l’univers de J.K. Rowlings, LES ANIMAUX FANTASTIQUES, David Yates nous a accordé un long entretien pour nous expliquer sa conception de la mise en scène de Tarzan et comment il a tenu à faire animer les singes, buffles, éléphants, crocodiles et autres bêtes de la Jungle représentées grâces à des simulations 3D hyperréalistes.

Entretien avec David Yates, réalisateur

Nous parlons rarement des bandes-annonces avec les réalisateurs, mais celle de TARZAN est l’une des plus belles que nous avions vues depuis longtemps…Elle nous avait aussitôt convaincus que votre vision artistique de l’univers de Tarzan était remarquablement aboutie, ce qui s’est confirmé à la vision du film.


Merci ! Je suis ravi qu’elle ait eu cet impact sur vous, car nous avons essayé de faire une bonne présentation des principaux éléments du film.

Revenons à la genèse du projet et à votre rapport avec ce personnage de fiction. Aimiez-vous les films, les bandes dessinées et les romans des aventures de Tarzan quand vous étiez enfant, et quelle vision avez-vous eu de ce nouveau film quand Warner vous a proposé de le réaliser ?

Je dois confesser n’avoir pas été spécialement fan de Tarzan pendant mon enfance. J’ai bien sûr grandi en voyant les vieux films avec Johnny Weissmuller à la télévision et en les trouvant charmants et très divertissants, mais ils ne m’ont pas marqués plus que cela. Quand la Warner m’a envoyé un script sur la couverture duquel figurait le titre TARZAN, je n’étais pas sûr du tout que cela corresponde à ce que j’avais envie de faire. A vrai dire, j’ai même annoncé à mes collaborateurs que je n’allais pas le lire, parce que j’imaginais que ce n’était pas un projet pour moi. Ils ont pris cependant l’initiative de le lire pendant le week-end, et dès je suis revenu le lundi matin, ils m’ont dit « David, tu devrais vraiment lire ce script : il est excellent ! » J’ai été tellement impressionné par leur enthousiasme que je me suis assis à mon bureau et que j’ai commencé aussitôt à lire le scénario. Et tout comme eux, j’ai été happé par ce récit au bout de trois pages ! J’ai lu ce script d’une seule traite ce matin-là et je l’ai adoré. Je crois que ce qui avait bêtement faussé mon jugement initial, c’était le vieux cliché de Tarzan portant un pagne, cet aspect visuel gentiment démodé du personnage…Heureusement le script était si bien écrit qu’il m’a permis de me rappeler à quel point ce personnage imaginé par Edgar Rice Burroughs est extraordinaire… La notion d’un être humain élevé par une femelle singe après la mort de ses parents, qui grandit et coexiste dans la jungle avec les animaux sauvages au 20ème siècle est toute à la fois fascinante, belle et sensationnelle. Le personnage de Tarzan crée un lien entre le monde animal et celui des humains civilisés qui ont oublié d’où ils viennent. Et en suivant ses aventures, on éprouve de l’empathie pour lui en voyant à quel point il est tiraillé entre les deux pôles de son être qui sont d’un côté son osmose avec les animaux et l’univers de la jungle et de l’autre ses racines familiales de Lord Anglais dans le monde sophistiqué et très formaté des hommes. Le scénariste Adam Cozad avait développé ce script original pour la Warner en s’imprégnant remarquablement bien de l’œuvre romanesque d’Edgar Rice Burroughs. Il a accompli un travail d’écriture sensationnel, étonnamment émouvant, et très spectaculaire. Ce TARZAN était de toutes évidences un magnifique projet de film, et cela a fait voler en éclats toutes les réticences mal fondées que j’avais à l’origine à propos de ce personnage. Il y avait tout ce que l’on pouvait souhaiter dans ce script : de l’action, de la romance, du dépaysement, de l’aventure…J’ai immédiatement téléphoné à mes contacts de la Warner en leur disant « Écoutez les gars, je suis persuadé que l’on peut faire un film merveilleux sur la base de ce script, et je serais très heureux de le réaliser ! » Le studio a été content que j’accepte, et nous avons avancé très vite ensuite. L’une des perspectives les plus sensationnelles que j’imaginais déjà pour ce projet était d’utiliser toutes les nouvelles technologies de simulations 3D mises au point depuis quelques années afin de transposer pour la première fois à l’écran les aventures de Tarzan comme elles méritaient de l’être. Je me souviens que quand je regardais les films avec Johnny Weissmuller à la télévision pendant mon enfance, je me rendais bien compte que la jungle était représentée par une série de décors souvent relativement petits construits en studio. Et à chaque fois que l’on montrait des animaux, les stock shots de prises de vues réelles tournées en Afrique étaient insérés de manière tellement visible que l’on pouvait les distinguer facilement des plans tournés à Hollywood dans les décors des studios de la Metro Goldwyn Mayer. En raison des limitations des techniques de cinéma des années 30, les capacités de Tarzan à se mouvoir dans la jungle et à interagir avec des animaux manquaient d’ampleur. Aujourd’hui nous disposons des progrès faramineux accomplis dans le domaine de l’animation 3D et des simulations hyperréalistes, et nous sommes désormais en mesure de représenter des animaux sauvages dans toute leur beauté, leur majesté et leur puissance. Ce n’est qu’aujourd’hui que l’on peut enfin donner vie de manière totalement convaincante à ce personnage et à son univers sauvage.

La suite de cet entretien bondira bientôt de liane en liane pour revenir sur ESI !

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