TARZAN : Entretien exclusif avec le réalisateur David Yates – 4ème partie
Article Cinéma du Mercredi 16 Novembre 2016

TARZAN est de retour dans une adaptation aux images d’une beauté à couper le souffle, à redécouvrir en Blu-ray !

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous nous dire quels décors et quels effets vous souhaitiez tourner d’emblée devant la caméra, et comment vous avez employé les effets visuels pour compléter ensuite ces images ? D’autre part, pouvez-vous aussi nous dire comment vous avez conçu, préparé, et tourné les grandes séquences d’action ?

L’importance de l’aspect technique des effets visuels est toujours grande dans une production de ce genre, mais en dépit du fait que Tarzan soit essentiellement perçu comme un film d’aventure et non pas comme un pur film Fantastique, il contient beaucoup plus de plans truqués que n’importe lequel des épisodes de la saga Harry Potter que j’ai réalisés et qui sont considérés comme des films « à effets spéciaux »! (rires) Nous avons bien sûr conçu le tournage en nous appuyant en partie sur des éléments concrets, car nous avons reconstitué en partie l’Afrique dans les studios anglais. Stuart Craig, notre formidable chef décorateur avec lequel j’avais déjà collaboré puisqu’il a signé les décors de tous les HARRY POTTER, a conçu des décors de jungle comme de très beaux avant-plans dans lesquels nous pouvions disposer des points de repères techniques. Ces marqueurs nous permettaient ensuite de détecter et d’enregistrer tous les mouvements de la caméra dans l’espace tridimensionnel du plateau, afin de pouvoir répliquer ensuite ces mouvements sur les perspectives en images réelles incrustées à l’arrière-plan, derrière les décors en volume. Je crois qu’il y a cinq ans encore, nous n’aurions pas été en mesure de réaliser des effets si complexes en obtenant des résultats totalement crédibles. Ce principe de trucage nous a permis de créer l’univers de la jungle dans notre film, en mêlant les images des panoramas d’arrière-plan que nous avons filmées au Gabon avec les décors végétaux de premier plan merveilleusement stylisés par Stuart. C’est ce qui nous a permis de créer cette vision poétique et lyrique de la jungle adaptée aux besoins de notre script, tout en nous appuyant aussi sur les superbes paysages réels du Gabon. Et je suis très heureux de vous annoncer que dans la plupart des cas, ces trucages de juxtaposition des décors de plateaux et des véritables panoramas sont pratiquement impossibles à détecter. Je pense notamment à une séquence pendant laquelle Alexander Skarsgard et Samuel Jackson traversent à pied la savane africaine : on est ébloui par la beauté de ce paysage et totalement convaincu que cela a été tourné en Afrique, alors qu’en réalité nous avons tourné une partie de ce plan dans une commune anglaise du Herdfordshire nommée Northchurch ! Nous avons mêlé un paysage lointain du Gabon avec un bout de terrain anglais, pendant que ma caméra bouge de manière très dynamique autour des personnages. Et le mélange des deux paysages fonctionne impeccablement bien. Je reviens à votre question concernant ma manière de préparer les scènes d’action. Cela se déroule toujours à peu près ainsi : je commence par superviser la création des storyboards en donnant des indications très précises à Giles Asbury, Jim Cornish et aux autres dessinateurs de mon équipe avec lesquels je travaille depuis très longtemps. Ils développent ainsi les storyboards pendant des mois, et quand ceux-ci sont terminés, je sélectionne les séquences les plus complexes qui sont alors transposées en prévisualisations, c’est à dire en animations 3D schématiques qui décrivent sommairement les actions des personnages, les mouvements de caméra et les effets qui sont prévus. Cette étape est très importante pour éviter des erreurs d’appréciations, car elle nous permet de bien réfléchir aux différentes manières d’aborder cette scène, et de choisir les types d’objectifs, de focales, et de mouvements de caméra les mieux adaptés en les testant à peu de frais dans cet univers virtuel simplifié. Quand nous avons déterminé tout cela, cette prévisualisation devient un modèle auquel nous nous référons techniquement pour préparer le tournage et pour filmer.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez créé les personnages des singes et comment vous leur avez donné à chacun des traits de caractère différents ?

Les singes Manganis ont été créés entièrement en animation 3D sans passer par le processus de capture de mouvements pendant le tournage. Nous nous sommes donc appuyés sur le travail des animateurs qui ont travaillé à Londres et ailleurs dans le monde pour donner vie aux singes et aux autres animaux du film. Nous avons puisé toutes nos références dans les prises de vues réelles de documentaires animaliers tournés en Afrique, car j’ai jugé que ce serait préférable à l’option qui aurait consisté à faire jouer les singes par des humains. Il n’y a qu’un singe qui agisse parfaitement comme un singe dans toutes les circonstances, et je tenais à ce que les spectateurs aient une impression d’authenticité en découvrant les attitudes, les caractères et les différents types de comportements des Maganis. Nous avions une immense réserve de séquences de documentaires animaliers à notre disposition, et je me plongeais dedans pour y puiser tous les moments qui me semblaient correspondre parfaitement à certaines scènes du film. Je me souviens avoir trouvé une séquence très attendrissante où l’on voyait une femelle chimpanzé s’occuper de son bébé. Je l’ai montrée aux animateurs en leur demandant d’analyser attentivement et de reproduire toute la gestuelle et le comportement de la mère avec son petit. Nous avons utilisé systématiquement des exemples tirés de véritables scènes tournées dans la nature pour donner les meilleures références possibles aux animateurs. Cela leur a permis de s’imprégner au mieux de la réalité en créant les gestes et les mimiques des Maganis dont nous avions besoin dans le contexte dramatique de chaque scène de notre film.

Votre film a remporté un joli succès en salles et il devrait bien marcher aussi en DVD et Blu Ray. Si la Warner vous propose d’en réaliser une suite, aimeriez-vous décrire les aspects fantastiques des romans d’Edgar Rice Burroughs, et les aventures dans lesquelles Tarzan découvre la cité perdue d’Opar ou affronte des sorciers et des créatures préhistoriques ?

Absolument ! (rires) Cela ouvrirait des perspectives alléchantes que j’aimerais bien explorer, et pourquoi pas devenir l’un des aspects d’une suite.

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