Les Aventures du Jeune Indiana Jones : un héros au service de l'Histoire
Article TV du Lundi 09 Septembre 2019

Par Pierre-Eric Salard

A la surprise générale, quand Indiana Jones débarque à la télévision en 1992, le traitement de ses aventures est fort différent de celui des films de la célèbre trilogie. La série a pour but d’instruire tout en divertissant et le jeune Indy est le témoin des grands évènements de l'Histoire contemporaine. ?

En Californie, le Skywalker Ranch – le domaine privé de George Lucas – recèle de multiples trésors à faire pâmer tout cinéphile aguerri. Les aventuriers du grand écran pourraient y découvrir les miniatures de la saga Star Wars, la marionnette du Yoda de l'Empire Contre-Attaque, voire même le célèbre fouet d'Henry Jones Junior ! De quoi enthousiasmer l'enfant qui se cache en chacun de nous !Toutefois, il existe un Graal oublié au milieu de ces souvenirs cinématographiques chers à George Lucas. Cet artefact, une série télévisée, représente pourtant l'un de ses plus grands échecs. Mais quel bel échec ! « Les Aventures du Jeune Indiana Jones est le projet le plus amusant auquel j'ai participé », avoue le célèbre réalisateur, sans la moindre ironie. Certains d'entre vous se souviennent peut-être de cette série diffusée maladroitement le samedi après-midi sur TF1 au début des années 1990, et qui réapparut ensuite sur Canal Jimmy. Le spectateur voyageait alors avec le héros, pendant ses jeunes années, assistant aux évènements fondateurs du vingtième siècle et rencontrant aussi les personnalités les plus illustres de notre temps. Comble de l'audace, l'âge du héros variait selon les épisodes, ce qui dérouta quelque peu les téléspectateurs « Nous voulions dévoiler les aventures d'Indy à 9 ans, puis de 16 à 19, avec deux acteurs différents. Selon les règles établies de la télévision, c'était une idée que nous n'aurions pas dû pouvoir concrétiser. Pourtant, nous l'avons fait ! » explique George Lucas avec une certaine fierté. Or, malgré les onze Emmy Awards (Oscars de la télévision) par les Aventures du Jeune Indiana Jones, la série n'a pas rencontré son public. Cette occasion manquée sera bientôt oubliée, car la série sortira en DVD l'année prochaine, à point nommé pour fêter le retour d'Indy au cinéma. Mêlant aventures, romances et pédagogie, ce véritable Objet Filmique Non Identifié était également un laboratoire cinématographique. Ses effets spéciaux numériques expérimentaux et novateurs ont permis à Lucas de valider les bases techniques de la prélogie Star Wars. Ce cinéaste qui a changé à jamais l'histoire du cinéma considère que cette série est l'un de ses grands accomplissements.



L'origine du mythe

En 1989, le prologue de « Indiana Jones et La Dernière Croisade » narrait la première grande aventure d'Indy, alors qu'il n'était qu'un scout adolescent. Interprété par le regretté River Phoenix – qui incarnait déjà le fils de d'Harrison Ford dans Mosquito Coast - Indy se construit littéralement devant nous en l'espace de quelques minutes. Des détails vestimentaires (fouet, chapeau) à sa volonté farouche de préserver les reliques du passé, nous assistons à la naissance du personnage. Cette formidable introduction représente le point de départ d'une autre aventure, bien réelle cette fois-ci. En effet, George Lucas a toujours été passionné par l'Histoire -avec un grand H- et la pédagogie. A travers la Fondation Lucas pour l'Education, il concrétise depuis vingt ans son désir d'apporter un caractère ludique à la formation intellectuelle de la jeunesse, les personnages de ses histoires servant de « professeurs divertissants ». Si l'un des héros du grand écran pouvait tenir ce rôle de mentor fictif, c'était bien le professeur Indiana Jones. L'idée est évoquée, et Lucasfilm décide de développer le projet. En étant le témoin des évènements marquants du vingtième siècle, Indiana Jones pourrait amuser tout en instruisant. Comme Walt Disney plusieurs décennies auparavant dans ses célèbres émissions télévisées (tel The Wonderful world of color), George Lucas espère captiver les jeunes américains en leur proposant un récit éducatif et ludique. « Ce que j'aime faire », explique le cinéaste, « c'est développer une bonne idée...et la concrétiser ! En terme de risques commerciaux, je savais que je violais toutes les règles. Je voulais faire des Aventures du Jeune Indiana Jones une émission télévisée comme on n'en faisait plus, tout simplement. » On devine les discussions compliquées avec le réseau américain ABC, diffuseur de la série, lors de l'élaboration du concept... Créer une grande leçon d'Histoire à travers une série d'aventure était l'obsession des créateurs de la série. « Arriver à concrétiser l'idée a demandé quelques années de plus que prévu » ajoute Lucas avec malice. « Le concept du projet allait nous obliger à tourner de longues scènes un peu partout dans le monde, ce qui était difficile à mettre en place et extrêmement coûteux. Et bien sûr, l'industrie de la télévision n'a que peu d'intérêt pour les projets aussi atypiques. » Mais qui peut refuser une idée du créateur de Star Wars et d'Indiana Jones ? La notoriété de l'archéologue au Fedora et au fouet allait forcément exciter la convoitise des chaînes de télévision du monde entier. Lucas réussit à persuader les Studios Paramount et le réseau américain ABC de lui laisser carte blanche pour produire les Aventures du Jeune Indiana Jones, et s'engage alors dans ce projet sans précédent.

?Une équipe chevronnée

Indiana Jones étant certainement son personnage préféré, George Lucas ne se borne pas à produire la série en apposant son nom au début de chaque épisode. Il porte véritablement les Aventures du Jeune Indiana Jones à bout de bras, afin d'explorer tout le potentiel du projet. Lucas engage en premier lieu son futur collaborateur au long terme, Rick McCallum (qui interviendra sur toute la prélogie Star Wars) et élabore lui-même les trames scénaristiques des épisodes. Il établit une chronologie très précise détaillant toute la vie d'Indiana Jones, de 1905 aux aventures décrites dans les longs-métrages, puis isole ensuite chaque événement majeur, en incluant le lieu, la date précise et les personnalités historiques qu'Indy rencontre. Il rassemble ensuite un groupe de scénaristes chevronnés, dont Jonathan Hensleigh (Die Hard 3), Frank Darabont (Les Evadés, La Ligne Verte), Jonathan Hales (Star Wars Episode 2) et Gavin Scott (Small Soldiers), et sollicite des réalisateurs de renom. Les épisodes vont ainsi bénéficier des talents de Bille August (Les Miserables), Mike Newell (Harry Potter et la Coupe de Feu), Terry Jones (Sacré Graal, la Vie de Brian), Joe Johnston (Rocketeer, Jurassic Park 3), Michael Schultz (la série TV Everwood), Nicholas Roeg (l'Homme qui venait d'ailleurs) et du français René Manzor (un Amour de Sorcière, Dédales et 36 15 code Père Noël.)

A la recherche des protagonistes

Selon la méthode déjà employée pendant le casting de Star Wars, Lucas décide d'engager des acteurs peu connus pour tenir les rôles principaux : l'intrigue doit prévaloir sur leur notoriété. Alors que la trilogie cinématographique développe des histoires épiques et fantastiques, la série s'inscrit dans la réalité historique et se construit donc autour de circonstances et de personnalités bien réelles. Les responsables du casting sélectionnent le jeune Corey Carrier (Nixon) pour interpréter le héros à 9 ans. Sean Patrick Flannery (The Dead Zone) est choisi pour jouer Indy adolescent. « J'ai eu énormément de chance : participer à ce projet fou, c'était vraiment le meilleur boulot du monde ! » confie l'acteur. « C'était aussi un processus éducatif, car je dois avouer que le n'avais jamais entendu parler de certains évènements décrits dans les scénarii. Je demandais parfois « C'est vraiment arrivé, ça ? » (rires) L' histoire contemporaine est parfois plus surprenante que la fiction ! » Pour Flannery, le tournage s'avère tout aussi surprenant. « C'était drôle, car j'ai dû apprendre phonétiquement certains dialogues en langues étrangères. J'avais notamment mémorisé un long monologue en allemand...dont je me rappelle encore aujourd'hui ! Je ne parle pas un mot d'allemand, mais je peux vous dire dans la langue de Goethe que j'ai rejoint l'armée belge et que j'étais à Londres pour mes 17 ans ! (rires) Ces cinq ans de tournage de la série ont été une véritable école de cinéma pour moi. J'ai énormément appris. J'étais inexpérimenté, mais j'interprétais le personnage principal alors que mes partenaires étaient dans le métier depuis une éternité ! Christopher Lee ou Max Von Sydow donnant la réplique à un inconnu dénommé Sean Flannery ? C'était surréaliste ! Ce fut pour moi une expérience inoubliable. » Tout au long des épisodes, certains seconds rôles sont interprétés par des talents reconnus, parmi lesquels on peut citer Vanessa Redgrave, Anne Heche, Lukas Haas, Catherine Zeta-Jones, Jeffrey Wright et Daniel Craig. Parmi ces étoiles du cinéma, le producteur Rick McCallum se souvient notamment de la performance de la jeune Elizabeth Hurley – alors inconnue du grand public – qui interprétait la fille d'une suffragette Londonienne : « Lorsque la caméra s'est mise à tourner, Liz brillait par sa présence. C'était stupéfiant de la voir jouer, tant son talent brûlait la pellicule. Nous avons engagé beaucoup d'acteurs à un moment clé de leur jeune carrière ; nous avions alors le sentiment de faire quelque chose de très différent et d'important. »

Tournage sur toute la planète

D'emblée, la production des Aventures du Jeune Indiana Jones est une entreprise unique, de par son caractère international, mais aussi en raison des nouvelles méthodes de travail qu'il faut inventer. Habituellement, l'organisation d'une série télé est simple : les tournages ont lieu en studio, et les scènes d'extérieurs filmées dans des lieux très proches. Les risques et aléas de production sont donc limités. La série de Lucas, elle, doit être tournée dans 35 pays à travers le monde ! Avant de se rendre sur place, il faut régler une multitude de problèmes de logistiques et obtenir de nombreuses autorisations. Rick McCallum s'envole avec son équipe et entame une série de repérages qui va durer plusieurs semaines. Il faut trouver les lieux idéaux, dénicher des techniciens locaux mais aussi trouver le moyen de loger et de nourrir les équipes de production. Deux années de travail sont investies dans cette préparation titanesque ! Lorsque le tournage commence, McCallum mène une équipe de 29 personnes à travers de nombreux lieux exotiques, dont certains s'avèrent assez dangereux. Ces aventuriers du cinéma rencontrent tour à tour des serpents, des tempêtes, des épidémies de dysenterie, des hordes de crocodiles et même...des bandits armés ! « En filmant au Kenya, le campement de l'équipe a été victime d'un raid, car des brigands avaient entendu des coups de feu. Ils avaient de vrais fusils, alors que les nôtres étaient en plastique ! », se remémore Rick McCallum en souriant. « Mais ils ne nous ont pas cru et nous les ont volés. Ils croyaient que nous possédions de nouveaux types de fusils américains, très légers ! Heureusement, personne n'a été blessé, et c'est le principal. » On ne s'étonnera pas que le producteur compare sa chaleureuse équipe à un régiment de « Légion Étrangère équipée de caméras » ! « Aucun membre de l'équipe n'oubliera cette grande aventure », ajoute-t-il. « C'est une épopée qui aura mis un terme à certains mariages...et créée d'autres rencontres amoureuses ». L'expérience acquise en organisation et logistique s'avéra précieuse quelques années plus tard, quand McCallum produisit la prélogie Star Wars. Pendant ce temps, tel un magnat de la presse contrôlant une guerre éloignée, George Lucas observait depuis la Californie les fruits du travail de son équipe de baroudeurs.

Innovations en série

Les choix techniques de la série sont eux aussi innovants. Le jeune directeur de la photographie David Tattersall propose d'utiliser le format 16mm, réservé auparavant aux courts-métrages. Habituellement, les séries et téléfilms sont tournés en 35 mm, le format du cinéma. L'emploi de caméras 16 mm Arriflex, petites et légères, couplé à un étalonnage numérique, donnent une plus grande liberté de réalisation, et permettent de réaliser des économies très importantes sur les coûts de production. Ces choix permettent d'utiliser au mieux le budget disponible. Estimé à 1,5 millions de dollars, chaque épisode est filmé en trois semaines (soit plus du double du temps de tournage d'un épisode d'une série habituelle). Le tournage alterne un épisode joué par Corey Carrier et un autre avec Sean Patrick Flannery. Lors de la diffusion originale, chacune de ces aventures étaient présentées et conclues par un Indy borgne de 93 ans, narrant ses aventures passées. Ces petits segments sont filmés dans le confort des Studios Carolco, en Caroline du Nord.

Un accueil chaleureux...

C’est en mars 1992 que le réseau ABC diffuse les premiers épisodes des Aventures du Jeune Indiana Jones. Les critiques jugent la série audacieuse, intelligente et bien écrite, et saluent ses qualités cinématographiques et son souffle épique. Selon le Hollywood Reporter, célèbre quotidien de Los Angeles, « les épisodes sont amusants, charmants et brillamment conçus ». Le critique Bill Moyers n'hésite pas à écrire que « ces chroniques passionnantes captiveront l'imagination des plus jeunes - et de leurs grand-pères ! L'Histoire contemporaine n'a jamais été racontée de façon aussi spectaculaire et attractive. J'espère que le Jeune Indy sera le professeur de mon petit-fils à travers le 21e siècle. » Le New York Times considère qu'il s'agit « du feuilleton hebdomadaire le plus impressionnant et ambitieux de la télévision, et de loin ». Enfin, le Wall Street Journal estime que « cette série a l’envergure d'une production destinée au grand écran ». Les professionnels de l'industrie télévisuelle ont eux aussi apprécié les qualités des Aventures du Jeune Indiana Jones, puisqu’ils lui ont décerné pas moins de onze Emmy Awards !

... mais un public plutôt froid !

Malheureusement, le grand public est loin de partager l’enthousiasme des critiques. Les sondages de l’institut Nielsen (l’équivalent US de notre « audimat ») font état de résultats médiocres. Au lieu de susciter l’enthousiasme, la série intéresse…un peu. George Lucas, à l'écoute des désirs de son public, comprend rapidement le problème : il a imposé au monde SA vision des premières aventures d’Indiana Jones, et s’est trompé sur les attentes des téléspectateurs. « Peu importe le nombre de fois où j'ai expliqué qu'il s'agissait d'une série consacrée à l'exploration de l'histoire contemporaine par un jeune garçon », commente-t-il alors avec un certain désenchantement. « Quoi que je dise, les gens s'attendaient toujours à voir un énorme rocher foncer tout droit sur Indy ! ». Le public désirait recevoir sa petite dose des aventures mouvementées d'Indiana Jones chaque semaine, et non pas assister à une leçon d'histoire, où l’action n’occupe qu’un rôle secondaire. Au lieu de laisser la série fidéliser certains spectateurs, une fois ce malentendu initial dissipé, ABC a aggravé le problème, en modifiant plusieurs fois les horaires de programmation de la série. Ce qui est un véritable arrêt de mort quand une série peine à trouver son public. Après plusieurs sauts de puce au travers de la grille des programmes d’ABC, Les aventures du Jeune Indiana Jones sont diffusées au même moment que le fleuron de NBC, l’excellente sitcom Seinfeld, qui battait déjà des records d’audience à cette époque. L’issue fatale est inévitable... « ABC et Paramount télévision m'ont laissé produire cette série comme je l’entendais », a déclaré George Lucas. « La seule chose qui me préoccupait, c'était le nombre d'épisodes que je pouvais produire avant que les responsables de la chaîne ne se réveillent ! Nous avons réussi à créer 44 heures de programmes. Je suis reconnaissant qu’on m’ait permis de créer tout cela en me laissant carte blanche. » Au bout de deux saisons, ABC décide de retirer Les Aventures du Jeune Indiana Jones de sa grille et diffuse la troisième et dernière saison sur sa chaîne Family Channel, disponible sur le câble et le satellite. Les téléspectateurs qui découvrent ce dernier baroud d'honneur ignorent qu’il est constitué d'épisodes non diffusés ou encore en production, remontés pour l'occasion sous forme de téléfilms.

Mission enfin accomplie !

Lucas aura dû attendre 2006, et la préparation de l’édition DVD de la série, pour concrétiser son idée originale. En effet, les coffrets DVD que nous allons bientôt découvrir présenteront les épisodes par ordre chronologique. Lucasfilm a également produit 94 documentaires qui présentent en détail les circonstances historiques et les grandes personnalités évoquées par la série. Les 44 épisodes sont remontés sous forme de téléfilms, retraçant les aventures et les découvertes d'Indiana Jones de 1907 à 1920. L'annulation précoce de la série n'avait pas laissé à Lucas le temps de faire apparaître certains des personnages des Aventuriers de l'Arche Perdue, comme il l’avait prévu. Il souhaitait notamment faire intervenir Abner Ravenwood (le père de Marion et mentor d'Indy) et le jeune mais déjà fourbe René Belloq (l'archéologue français sans scrupules) au cours de cette troisième saison hélas écourtée. Malgré ces plans inaboutis, la série est composée de nombreux épisodes marquants, comme « Les Mystères du Blues ». Cette chronique des débuts du jazz, où l’on voit le jeune Indy rencontrer le saxophoniste Sydney Bechet, démarre sur les chapeaux de roues, puisque l’on voit Harrison Ford reprendre brièvement son rôle dans le prologue de l'épisode. Il s’agit d’un Indiana Jones Barbu, puisque l'acteur tournait alors le Fugitif, et devait conserver cette apparence.



Dans un autre épisode, Travels with Father, la rencontre avec le romancier russe Leo Tolstoï – interprété par Michael Gough (Alfred dans les Batman de Tim Burton) est mémorable. Dans Masks of Evil, le jeune héros débarque en Transylvanie, la patrie de Dracula , et assiste à des faits paranormaux, dans la tradition des aventures cinématographiques d’Indy : le fantastique y est omniprésent. L'épisode Love's Sweet Song, consacré aux suffragettes anglaises, montre une astucieuse attaque de zeppelin, ainsi qu'une chaste mais amusante romance entre Indiana et l'adorable Liz Hurley. Notre héros, alors fleur bleu, désire ardemment se marier avec cette courageuse jeune femme – avant d'être rattrapé par l'horreur des champs de bataille de la première guerre mondiale dans Trenches of Hell, un épisode réalisé par René Manzor. La production le confiait ainsi à un français, capable d'appréhender cet événement dramatique avec justesse. Le rythme et le ton des épisodes changent constamment ; certains sont drôles, d'autres effrayants. Évidemment, certains d’entre eux sont un peu décevants, encombrés de scénarii prévisibles et un tantinet grandiloquents. Mais la série propose également de vrais morceaux de bravoure servis par des effets spéciaux réussis. Dans chaque épisode, on le sait, le héros rencontre une figure historique. Ses voyages l’amènent à côtoyer, par le hasard le plus fortuit, Ernest Hemingway, Franz Kafka, Ho Chi Minh, George Gershwin, Mata Hari, Al Capone, Albert Schweitzer, Charles de Gaulle, Eliot Ness, Lawrence d'Arabie, George Clémenceau, John Ford, Louis Armstrong, Picasso, Pancho Villa, Freud, Thomas Edison, Winston Churchill et même Wyatt Earp ! Qui dit mieux ! La liste est longue car, du Traité de Versailles à la Bataille de la Somme en passant par l’époque de la prohibition, les évènements dont Indiana Jones est témoin sont nombreux. « Ce héros est une sorte de Forrest Gump...avec un fouet », avoue Lucas non sans humour !

Effets garantis

La série bénéficie d'un autre point commun avec le film de Robert Zemeckis : elle sert de laboratoire de recherche et de développement à Industrial Light & Magic, la société d'effets spéciaux de Lucas. Les pseudopodes constitués d’eau de mer vus dans Abyss de James Cameron, réalisés en 3D, viennent alors de faire une forte impression auprès du public. Les artistes d'ILM testent de nombreuses techniques numériques sur les Aventures d'Indiana Jones en bénéficiant du fait qu’il s’agit de trucage qu’ils peuvent réaliser plus rapidement, grâce à la définition réduite de la télévision. Cette approche qui réduit les coûts de la série, permet de réaliser des expériences inédites. C’est ainsi que naîtront les procédés de traitement numérique dont bénéficieront les films de James Cameron (Notamment Terminator 2, qui sera le premier film post-produit entièrement en numérique) et Steven Spielberg (Les dinosaures de Jurassic Park). L'équipe des effets visuels se retrouvera d'ailleurs quelques années plus tard pour se lancer dans l’aventure de Star Wars épisode un : La Menace Fantôme.

Témoin de l'Histoire

« Les Aventures du Jeune Indiana Jones est l'un des projets les plus ambitieux et les plus complexes qui ait vu le jour à la télévision. Le résultat est une série étonnante qui dévoile un aspect complètement inédit d'Indy », déclare Rick McCallum. « Au fil des ans, la popularité de la série a grandi. Ses qualités ludiques et pédagogiques lui donnent un cachet extraordinaire ! » La série évoque aussi des destins déconcertants, et des êtres qui ont hésité entre l’héroïsme et l'ignominie, ainsi que les rôles tenus par le hasard et la chance dans l’histoire des grandes nations. « J'ai toujours été fasciné par les personnalités et les événements majeurs de l'Histoire contemporaine », explique Lucas. « Cette série m'a donné la chance d'explorer des problématiques et des idées qui ont modelé la civilisation dans laquelle nous vivons ». Au delà de ses qualités cinématographiques évidentes, les Aventures du Jeune Indiana Jones est un spectacle permanent où la narration est mise au service de la réflexion. La série nous invite à méditer sur les actes du passé et leurs répercussions actuelles. Elle apporte un éclairage insolite sur les mécanismes du monde, sans jamais provoquer l'ennui. Pierre angulaire de la mythologie d’Indiana Jones, ce feuilleton méconnu mérite d'être redécouvert et jugé à sa juste valeur : celle du véritable Graal d’un passionné d’histoire nommé George Lucas !

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