[Exclusif ESI] SEULS : l’adaptation ambitieuse d’une BD culte du Fantastique français – Entretien avec David Moreau, réalisateur et co-scénariste
Article Cinéma du Mercredi 29 Mars 2017

Propos recueillis par Pascal Pinteau

Entretien avec David Moreau, réalisateur et co-scénariste

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet et vous a donné envie de tourner un autre film fantastique en France, après le succès de votre comédie 20 ANS D’ECART et votre expérience de tournage aux USA sur THE EYE ?

Je cherchais à adapter une histoire fantastique et j’ai été séduit par la BD et son ambiance de fin du monde, avec ce groupe de gamins confrontés au mystère. Le fait que ce soit une BD franco-belge à succès m’a incité à croire que nous arriverions peut-être à monter ce projet en France, en dépit du fait que notre industrie cinématographique soit assez hermétique à ce genre.

Quelle a été votre approche de l’adaptation de la BD pendant l’écriture du scénario ? Avez-vous été contraint de la formater dès le départ en fonction du budget disponible ?

Oui, car nous avons disposé d’un peu moins de 6 millions d’euros, ce qui était un budget satisfaisant dans l’environnement du cinéma français, mais qui restait quand même insuffisant pour un film de ce type. Cela nous plaçait dans une position délicate, car on nous demandait de faire un film aussi spectaculaire et enthousiasmant que des films américains qui sont tournés avec 30 fois plus d’argent, ce qui est assez compliqué ! Heureusement le sujet était suffisamment fort pour que je puisse le penser en fonction des moyens disponibles. On nous a proposé de le tourner en anglais, mais j’ai refusé car je tenais absolument à utiliser le français. J’ai écrit une première version qui était beaucoup trop chère, puis j’ai retravaillé avec mon producteur pour arriver à une seconde mouture un peu plus économe, sans toucher aux grands enjeux thématiques de l’histoire. Par exemple il y a beaucoup d’animaux dans la BD, mais comme il aurait fallu les créer en images de synthèse, nous nous sommes contentés de suggérer leur présence dans le film.

Même si c’est un peu facile de l’affirmer, on dit souvent que de la contrainte peuvent naître des idées de scènes plus fortes que ce que l’on avait prévu à l’origine. Avez-vous vécu cela sur ce film, en inventant des stylisations ou des ellipses qui vous ont finalement beaucoup plu ?

J’ai eu la chance d’entamer ma carrière par un film à tout petit budget : ILS. Nous avions conçu et écrit le projet, Xavier Palud et moi, en fonction de cela. Le fait de ne pas montrer l’origine des phénomènes était le moteur du film et coûtait forcément beaucoup moins cher que l’inverse. J’ai toujours été intéressé par l’exercice qui consiste à être créatif pour surmonter des contraintes. Bien sûr, il y a des limites à cela, car certains sujets imposent de disposer de moyens techniques à la hauteur. Mais quoi qu’il arrive on a toujours l’impression que l’on manque de budget ! En se lançant dans l’aventure de SEULS, nous savions que nous allions devoir trouver des astuces. Par exemple, dans la BD, la ville s’effondre sur elle-même, par zones circulaires successives qui se rapprochent du centre. Comme nous ne pouvions pas représenter cela en 3D, j’ai remplacé cette menace par un brouillard brûlant qui entoure la ville et se rapproche de son centre, où se trouvent les personnages. Cela permet de conserver une ambiance de mystère et de destruction autour des cinq personnages principaux, sans rien retirer des éléments-clés de la BD.

Le film est-il l’adaptation du premier album de la série ?

Non : c’est une transposition du premier cycle, avec le même dénouement qu’à la fin du cinquième album. Il s’achève sur une révélation forte qui ouvre d’autres perspectives. J’ai pioché dans ces cinq albums ce qui permettait de traiter le parcours des personnages principaux, mais je n’ai pas tout intégré. Il faut savoir qu’il y a dix albums disponibles actuellement, mais que les auteurs veulent aller jusqu’à vingt pour clore leur saga.

La suite de notre dossier consacré à « SEULS » sera bientôt publiée sur ESI Bookmark and Share


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