Watchmen – Les gardiens d'une Amérique alternative
Article Cinéma du Mercredi 04 Mars 2009

Par Pierre-Eric Salard

Édité à partir de 1986 par DC Comics, le roman graphique Watchmen écrit par Alan Moore et dessiné par Dave Gibbons a marqué l'histoire des comics américains au point de devenir une œuvre culte. Après que de nombreux projets d’adaptations cinématographiques aient été annoncés, puis abandonnés, Watchmen sera enfin transposé sur le grand écran en 2009 par Zack Snyder, le réalisateur de 300. Mais l’aventure de la production du film n'est pas tout à fait terminée…



Un sombre futur pour les superhéros…

Watchmen est un récit complexe qui se déroule en 1985 dans une réalité alternative. Les superhéros sont devenus des parias : une loi leur interdit d’agir. L'intervention en 1959 du Dr Manhattan, un génie doté de super-pouvoirs, a bouleversé l'histoire du vingtième siècle. La guerre du Viêt Nam a été gagnée par les Etats-Unis et Richard Nixon est toujours Président, au bout de cinq mandats consécutifs ! Alors que la troisième Guerre mondiale menace d'éclater entre le bloc de l'Ouest et l'Union Soviétique, "l'horloge de la fin du monde" indique continuellement cinq minutes avant l'apocalypse. Rappelons que le concept de cette horloge, sur laquelle minuit représente la fin du monde, est apparu peu de temps après le bombardement atomique d'Hiroshima. Intrigué par la disparition du « Comédien », l'un de ses anciens collègues, le justicier Rorschach décide d'enquêter sur un complot qui vise à discréditer et à éliminer les super-héros du passé et du présent. Il contacte alors les autres membres des Watchmen, son équipe de superhéros, aujourd’hui tous à la retraite. Dans le groupe, seul le Dr Manhattan possède des superpouvoirs. Rorschach découvre alors l'étendue d'une conspiration liée à leur passé. Alors que les conséquences de ce complot risquent de modifier l'avenir de l'espèce humaine, la mission des Watchmen est plus que jamais de veiller sur l'humanité... Mais qui les surveille ?

Un culte dessiné ?

Initialement intitulé Les Gardiens en France, Watchmen est un roman graphique complexe, au graphisme soigné et aux personnages particulièrement fouillés. Auteur légendaire, Alan Moore a notamment écrit les comics V pour Vendetta, From Hell et la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, tous adaptés au cinéma sans qu’il contribue à ces projets, qu’il a d’ailleurs tous reniés dans des déclarations sans appel ! Dave Gibbons, lui, a illustré de nombreuses aventures du super-héros Green Lantern. Son style graphique classique et sa grande maîtrise de la composition des images conviennent à merveille au récit de superhéros crépusculaire imaginé par Alan Moore. Publiés de 1986 à 1987 par la célèbre maison d'édition DC Comics (Superman, Batman), les douze numéros de Watchmen ont remporté un énorme succès critique et commercial. DC Comics a même pris temporairement la tête des ventes de comics face à Marvel (Spider-man, X-Men), son éternel concurrent !



La genèse d’un univers culte?

Souhaitant démontrer que les comics ne sont pas uniquement dédiés aux récits enfantins, Alan Moore imagine au début des années 80 une "version super-héros de Moby Dick, une oeuvre qui aurait une densité équivalente". Il s'inspire aussi des travaux de William S. Burroughs (Le Festin nu), dont il admire l’utilisation répétitive des symboles. A l'origine, Moore et Dave Gibbons désirent mettre en scène les aventures de "super-héros à l'ancienne, évoluant dans un monde complètement nouveau". Moore cherche l'inspiration dans les comics de la maison d'édition Archie Comics (ex-MLJ Comics). "J'ai pensé que je pourrais utiliser les super-héros Archie car ils n'étaient plus publiés", explique Alan Moore. "Le concept initial débutait avec la mort d'une version 1970 de The Shield, un super-héros MLJ des années 1940. Je me suis dit que la mort d'un célèbre super-héros serait une manière originale de lancer une bande-dessinée ! Nous aurions ensuite découvert la face cachée de ce personnage, montrant que la réalité était très différente de l'image habituelle des super-héros..." Or, au début des années 1980, DC Comics avait racheté les droits d'anciens personnages de Charlton Comics. Elle propose donc à Moore et Gibbons de les utiliser, mais ils préfèrent créer leurs propres super-héros en s’inspirant un peu de ces personnages. Le Dr Manhattan est ainsi le descendant spirituel du Captain Atom : ils possèdent des super-pouvoirs similaires, qu'ils ont acquis lors de semblables accidents scientifiques. Mais si les protagonistes de Watchmen ressemblent un peu à certains héros de Charlton Comics, ils ont des personnalités radicalement différentes. A l'origine, le récit ne s'étalait que sur six numéros. Il est donc entrecoupé de documents issus de l'univers Watchmen, comme des coupures de journaux et des extraits de journal intime qui créent le portrait autobiographique d'un des personnages. La cohérence de l'univers imaginé par Alan Moore est sans faille. Il présente ainsi le groupe des Minutemen, une équipe de superhéros « purs et durs » des années 40, ancêtres des Watchmen ! En compagnie d'un personnage secondaire, le lecteur découvre également une histoire de pirates, Tales of the Black Freighter, bande-dessinée à lire dans le récit ! Cette narration très riche, dotée de plusieurs niveaux de lecture, apporte une profondeur rare au roman graphique. Pendant le processus de création de Watchmen, Dave Gibbons développe très librement l'univers visuel : il insère même des détails que Alan Moore ne remarquera pas tout de suite ! Le récit est conçu pour n’être pleinement compris qu’après plusieurs lectures... Le titre est d'ailleurs un jeu de mots sur "Watch", qui signifie à la fois "surveiller" et "une montre", en anglais. Chacun des douze chapitres s'ouvre donc sur l’image d’une horloge qui égrène le temps inexorablement, jusqu’à minuit. L'apparition récurrente du smiley symbolise le sens de la vie dans la folie de ce monde. Watchmen déconstruit les archétypes des super-héros et les montre comme des gens normaux, confrontés à des problèmes éthiques et personnels. Les personnages vieillissent, sont corrompus, dépriment ou deviennent fous. Leurs histoires entremêlées forment un scénario dense, où les événements du passé forment la trame complexe du présent. ?



Un triomphe mémorable

A sa sortie, Watchmen récolte les commentaires admiratifs de tous les professionnels des comics, impressionnés par cette approche révolutionnaire du récit de super-héros. Watchmen contribue à faire reconnaître la bande-dessinée comme un art majeur, entré dans l’âge adulte. Le roman graphique de Moore et Gibbons reçoit notamment le prix du meilleur album étranger au Festival d'Angoulême en 1989, et devient l'unique bande dessinée lauréate du prix Hugo, décerné chaque année aux meilleurs récits de science-fiction ou de fantasy anglophones. Enfin, Time Magazine le classe en 2005 parmi les cent meilleurs romans en langue anglaise ! (Notons perfidement que Time Magzine appartient au groupe Time-Warner, également propriétaire de D.C. Comics ! On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même !). Le plus bel hommage est peut-être celui du créateur de Spider-Man et des X-Men, le légendaire Stan Lee, qui n’hésite pas à déclarer "hormis les productions Marvel, Watchmen est mon comic préféré" ! Cette admiration unanime de la profession, on en retrouvera des traces dans de nombreuses œuvres ultérieures. On verra ainsi régulièrement réapparaître l'utilisation de techniques cinématographiques et de symboles graphiques répétés. Pourtant, vingt ans après le choc de sa première parution, la BD culte qu’est Watchmen n'était pas encore devenu un film... ?

L'enfer du développement

L’adaptation cinématographique de Watchmen est elle aussi une saga complexe, qui se déroule dans ce que l’on appelle « the Development hell ». Ce terme du jargon Hollywoodien décrit cette phase de préparation dans laquelle certains projets très complexes à mettre en œuvre entrent un jour, sans réussir à en sortir… Pour le projet Watchmen, le cauchemar débute en 1986, quand le producteur Lawrence Gordon achète les droits d'adaptation de la BD pour le compte de la 20th Century Fox. Alan Moore est contacté afin d'écrire le scénario, mais il décline la proposition, n’ayant aucune confiance dans les pratiques Hollywoodiennes. Le studio engage alors Sam Hamm (Batman), qui rédige difficilement un script de 128 feuillets à partir des 338 pages du roman graphique. Dans ce scénario de septembre 1988, Hamm n’hésite pas à réécrire la fin nébuleuse de Watchmen, ajoutant un assassinat et un paradoxe temporel ! (Alan Moore ne s’était pas trompé en pressentant que son œuvre pourrait être dénaturée…). C’est en 1991 qu’a lieu un premier renversement de situation : la Fox abandonne le projet ! Cet événement aura d’ailleurs des répercussions bien des années plus tard... Lawrence Gordon récupère alors les droits – enfin le croit-il - et se tourne vers le studio Warner Bros. En compagnie du producteur Joel Silver (Matrix), il relance la production et contacte le réalisateur Terry Gilliam (Brazil)...



?Terry Guilliam entre en scène

Mécontent du script de Sam Hamm, Gilliam engage le scénariste Charles McKeown - collaborateur de longue date - pour le réécrire. Cette seconde version contient des scènes de la BD que Hamm avait préféré supprimé, et transforme le journal intime de Rorschach en voix-off. Selon Dave Gibbons, Joel Silver voulait engager un certain Arnold Schwarzenegger, alors au sommet de sa gloire, pour incarner le Dr Manhattan ! Hélas, à quelques semaines du début du tournage prévu dans les studios anglais de Pinewood, la production se heurte à un important obstacle financier. Les précédents films de Terry Gilliam et Joel Silver, respectivement Les Aventures du Baron Munchausen et 58 minutes pour vivre, ont largement dépassé leurs budgets d'origine. Méfiante, la Warner Bros décide donc de leur confier seulement 25 millions de dollars, soit un quart du budget nécessaire ! Atterré par ce coup de poignard dans le dos, Terry Gilliam jette l'éponge, ajoutant avec dépit que Watchmen est un récit trop complexe et impossible à filmer ! "En réduisant l'histoire en un film de deux heures et demi, nous ne pouvions pas retranscrire l'essence de Watchmen", se lamente le réalisateur. Warner Bros annule donc purement et simplement le projet ! Mais Lawrence Gordon ne se démonte pas : il contacte à nouveau Terry Gilliam, et lui propose de tourner le film sans l'aide des grands studios. Le réalisateur décline, indiquant qu'une mini-série de télévision de cinq heures conviendrait mieux à l'adaptation... ?

La valse des réalisateurs

En octobre 2001, Lawrence Gordon s’associe avec les studios Universal, et engage David Hayter (X-Men 2) afin d'écrire et réaliser Watchmen. Le producteur Lloyd Levin annonce en juillet 2003 que le scénario se déroule à une époque contemporaine. "Cette adaptation sera à la hauteur du roman graphique", annonce Levin. "Watchmen était considéré trop sombre, trop complexe, trop intelligent", explique le scénariste David Hayter. "Mais le monde a changé après les attaques du 11 septembre. Je crois que la réalité a finalement rattrapé la vision qu'Alan Moore avait en 1986. C'est le moment idéal pour faire ce film !" Mais, suite à des "divergences artistiques" avec Universal, l'équipe de production quitte le studio. Gordon et Levin tentent ensuite de remonter le projet chez Revolution Studios, où ils ont déjà produit Hellboy. Mais c'est finalement un quatrième studio hollywoodien qui se propose en juillet 2004 : Paramount Pictures ! Darren Aronofsky (Requiem for a Dream) est contacté afin de filmer le scénario de David Hayter. Mais le réalisateur décide de se concentrer sur un projet qui lui tient à coeur, The Fountain. Les studios Paramount se tournent alors vers Paul Greengrass (Vol 93). Pris d'un élan d'optimisme, ils annoncent même la sortie du film pour l'été 2006 ! Un site teaser est rapidement mis en ligne sur internet, et le casting débute dans la foulée. Simon Pegg (Shawn of the Dead) est d'ailleurs approché afin d'incarner Rorschach, ainsi que Ron Perlman pour le rôle du Comédien. Mais le projet semble maudit : les dirigeants de Paramount demandent en mars 2005 une réduction urgente du budget prévisionnel de Watchmen. Alors que le tournage était prévu à nouveau à Pinewood, Lloyd Levin tente de réduire les coûts de production en cherchant un studio hors du Royaume-Uni. Mais cette tentative désespérée ne fonctionne pas : Paramount ne donne pas le feu vert et Watchmen retourne dans "l'enfer du développement" !



La fin de la malédiction ?

En décembre 2005, Lawrence Gordon et Lloyd Levin annoncent qu'ils produiront le projet pour... Warner Bros ! Notons que les dirigeants du studio ayant changé entre temps, de bonnes décisions étaient prises plus souvent qu’à l’accoutumée… C'est un nouveau départ pour Watchmen. Paul Greengrass n'étant plus lié au projet, l'équipe de production recherche un autre réalisateur talentueux. Fortement impressionnés par son adaptation du comic de Frank Miller 300, les dirigeants de la Warner proposent à Zack Snyder de rejoindre la production de Watchmen en juin 2006. A la grande déception de David Hayter, son scénario est partiellement abandonné. Une nouvelle version est commandée au scénariste Alex Tse (Sucker Free City), qui garde les "meilleurs éléments" des travaux de David Hayter. Les évènements ne se déroulent plus de nos jours, mais dans les années 1980 du récit original. Afin de ne pas dérouter les spectateurs, Zack Snyder prévoit donc d'ouvrir le film sur un générique résumant l'histoire alternative de ces Etats-Unis fictifs. A l'instar de 300, Snyder utilise le comic original comme un storyboard, annotant toutes les pages. Il cherche à contacter Alan Moore, mais l'auteur du roman graphique refuse de participer à toute adaptation de ses oeuvres depuis son expérience sur V pour Vendetta, qu'il a détesté. "S'ils essaient de modifier Watchmen comme l'a été V pour Vendetta, je suis parti pour descendre ce film jusqu'à ce qu'ils retirent mon nom du générique", annonce Moore sans préambule. Il ne manque pas de critiquer Snyder au passage, traitant son adaptation de 300 de film "raciste, stupide et homophobe" - en réalité, il ne l'a même pas vu ! Par interview interposée, Snyder répond simplement qu'il "respecte la décision de Moore de ne pas participer au film". Des négociations se concluent d'ailleurs par la suppression d'Alan Moore du générique : toutes ses royalties seront versées à Dave Gibbons, l'illustrateur du roman graphique. Lorsque ce dernier lui propose de le tenir au courant des avancées du film, l'auteur décline. "De toutes façons, je n'irai pas voir cette adaptation. Tant que mon nom n'est pas mentionné, je peux au moins rester neutre vis à vis du film". De son côté, Dave Gibbons ne cache pas son optimisme. "Zack est capable de tourner un excellent film et Watchmen a le potentiel d’être un très bon moment de cinéma", précise Gibbons. "Toutes les chances sont donc rassemblées !" Il offre donc quelques conseils narratifs au réalisateur, qui les accepte avec joie ! Zack Snyder demande 150 millions de dollars de budget, mais la Warner ne lui en attribue « que » 100. Peu avant le tournage, les scénaristes Roberto Orci et Alex Kurtzman (Transformers), décidément très demandés, révisent légèrement le scénario. Ils sont aidés par un scientifique consultant, James Kakalios, auteur d'un livre sur "la physique et les super-héros". ?



En décembre 2006, les illustrateurs de comics Adam Hughes et John Cassaday débutent la recherche conceptuelle des costumes et les personnages. Les premiers essayages ont lieu trois mois plus tard. Si Snyder cherche à respecter leur aspect original, certains personnages nécessitent des ajustements. "Les spectateurs pourraient être rebutés par l'aspect kitsch des costumes de la BD originale", explique-t-il. "Nous avons donc essayé de les moderniser". Lorsque le casting débute, Zack Snyder annonce qu'il ne recherche pas de grandes vedettes. "Le récit requiert l’utilisation de plusieurs flashbacks, et je ne souhaite pas engager deux acteurs pour chaque rôle. Des acteurs plus jeunes peuvent être aisément rajeunis ou vieillis, selon les besoins". Patrick Wilson (Angels in America) est ainsi choisi pour incarner Le Hibou, un justicier à la retraite. Si l'acteur ne connaît pas le roman graphique, il apprécie sa lecture et va même jusqu'à grossir pour ne pas avoir à porter un costume rembourré ! Jackie Earle Haley (Little Children) interprète le célèbre Rorschach, un super-héros dont le masque est parsemé de motifs reflétant ses émotions. Afin de permettre aux animateurs de créer ces expressions en post-production, des marqueurs de capture de mouvement sont installés sur le contour du masque. L'important rôle du Dr Manhattan incombe à Billy Crudup (Big Fish). S'il joue l'alter-ego humain du super-héros dans les flashbacks, Crudup est le plus souvent remplacé par un modèle numérique auquel il prête ses mouvements. D'un bleu luisant, le Dr Manhattan aurait davantage ressemblé à un membre du Blue Man Group qu’à un superhéros, s’il avait été simplement évoqué par un maquillage ! De son côté, l'ambigu Ozymandias est interprété par Matthew Goode. "Lorsque j'ai annoncé à mes amis que j'allais tourner dans Watchmen, ils m'ont immédiatement montrés à quel point ils me détestaient ! (rires) Comme je ne connaissais pas le roman graphique, ils m'ont presque obligés à le lire. Lorsque j'ai tourné la dernière page, j'ai pensé « oh mon Dieu, mais c'est génial » ! Quelques mois plus tard, je me suis retrouvé sur les plateaux avec une coupe de cheveux ahurissante : je ressemblais à David Bowie ! (rires)". Le casting de super-héros est complété par Jeffrey Dean Morgan (Le Comédien), Carla Gugino (Le Spectre Soyeux) et Malin Akermen (Le Spectre Soyeux II). Parallèlement, la production engage des sosies de certaines personnalités apparaissant dans le film, dont Richard Nixon, John Lennon, Fidel Castro ou encore Mao Zedong ! ?





Moteur, action !

Le tournage débute en septembre 2007 à Vancouver, où des décors de New York ont été reconstitués. A l'instar de 300, Zack Snyder souhaite reproduire les visuels du roman graphique. "Chacune des pages du comic regorge de clins d'oeils cachés ; j'essaie donc de m'en approcher". Seven et Taxi Driver font aussi partie de ses références artistiques. "Les plateaux étaient énormes", explique l'acteur Matthew Goode. "Nous avions l'impression d'être vraiment à New-York (rires) ! Contrairement à 300, Zack Snyder n'a que peu utilisé d'écrans bleus ou verts". Le réalisateur cherche à ne pas détourner l'attention des spectateurs par un excès d'images de synthèse. "Seul le Dr Manhattan sera en 3D", précise-t-il. "Ce que Warner Bros n'a pas encore vraiment compris, c'est que je suis en train de créer un film d'art de trois heures (rires) ! Je me compare à une sorte de gardien des références cachées dans Watchmen. Alors que la Warner me pousse à limiter la durée du film, je continue à filmer le moindre détail !" Le président du studio, Jeff Robinov, indique néanmoins que le film ne devrait pas dépasser les deux heures trente. Lorsque le tournage se termine en février 2008, les studios d'effets visuels Sony Pictures Imageworks (Spider-Man 3), Rainmaker (La Môme) et Intelligent Creatures (Silent Hill) prennent le relais. Parallèlement, Tyler Bates (300) s'inspire d'un premier montage du film pour en composer la musique. Avec l'accord de Snyder, il récupère les droits des chansons mentionnées dans le roman graphique, dont les célèbres « The Times They Are a-Changhin » de Bob Dylan, « Unforgettable » de Nat King Cole, « The Sound of Silence » de Simon & Garfunkel et une reprise de « All Along the Watchtower » par Jimi Hendrix... Watchmen promet donc d'être aussi un véritable plaisir musical ! ?



Dernière ligne droite ?

Alors que la post-production est calée sur la deadline de la sortie du film, fixée à mars 2009, la malédiction de Watchmen se manifeste à nouveau ! Le 8 février 2008, la Fox attaque la Warner en justice ! Selon la Fox, le producteur Lawrence Gordon n'aurait jamais payé les droits de Watchmen au studio lorsque la première tentative d'adaptation fut annulée, en 1991. Les médias s’étonnent : pourquoi avoir attendu la fin du tournage du film pour attaquer ? "Les avocats de la Fox ont plusieurs fois contacté Warner Bros avant le début de la production, mais ils n'ont reçu aucune réponse", explique un représentant de la Fox pour la justifier. La Warner tente de faire annuler le procès, sans y parvenir. En août 2008, les dirigeants de la Fox n'hésitent pas à déclarer qu'ils veulent bloquer la sortie du film tant que le procès n'est pas terminé ! Cet imbroglio financier pèse sur l'avenir du film : même terminé, on laisse entendre qu’il pourrait ne pas sortir ! Les fans de Watchmen menacent déjà de boycotter les productions de la Fox si le studio ne change pas son fusil d'épaule ! Mais l'argent est roi à Hollywood : rappelons que les héritiers de J.R.R. Tolkien et des créateurs de Superman ont récemment intenté des procès pour récupérer une part du gâteau... Dans le cas de Watchmen, une décision de justice est prévue pour début 2009. Avec un peu de chance, et si les studios réussissent à s'entendre sur les droits de distribution, le film ne serait repoussé qu'à l'été 2009... ou pas du tout. Mais il est encore trop tôt pour présager de l’issue de ces mésaventures. La Warner s’est contentée de déclarer que la date de sortie du film ne serait pas changée, peu importe l’issue du procès. Il semblerait que la Fox, quelle que soit la nature de ses arguments, ne puisse en effet rien faire pour bloquer la sortie du film. Si la sortie en salles de Watchmen est encore donnée sous réserves, ce n'est pas le cas de celles de ses éditions en DVD et Blu-Ray, prévues de longue date ! Elles proposeront Under the Hood, un documentaire consacré à tous les super-héros apparaissant dans le film. Elles présentera aussi une adaptation animée des aventures des pirates de Tales of the Black Freighter, la bande-dessinée entrecoupant le roman graphique ! L'acteur Gerard Butler (300) prêtera sa voix au capitaine des pirates dans ce dessin-animé aux réminiscences visuelles de 300. Suite aux ennuis judiciaires actuels de Watchmen, on murmure que Tales of the Black Freighter pourrait même être disponible en DVD avant la sortie du film ! Quoi qu’il en soit, 23 ans après la sortie du roman graphique original, l'adaptation cinématographique de Watchmen va enfin devenir une réalité, et la malédiction disparaître à jamais, pour le plus grand plaisir des amateurs de bandes dessinées et de superhéros !



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