Dans les placards d’Hollywood : les adaptations de mangas annulées
Article Animation du Lundi 01 Avril 2019

L’industrie du cinéma s’est toujours montrée prête à s’emparer du moindre succès pour proposer sa propre déclinaison, et les œuvres japonaises n’y ont jamais échappé. Souvenons-nous par exemple du cultissime Godzilla, phagocyté par Roland Emmerich, et de la version plus récente de Gareth Edwards. Plus récemment, Ghost in the Shell eut les honneurs d’attirer l’attention de Scarlett Johansson. L’arbre cache cependant la forêt, et on ne compte plus les projets qui furent abandonnés en cours de route ou isolés dans cette quatrième dimension que l’on nomme le «Development’s Hell» — ou l’enfer du développement. Nous vous proposons de découvrir succinctement ces productions maudites.

GUNDAM

Pour concurrencer Star Wars, pourquoi inventer un univers de toutes pièces quand il est possible de puiser dans la dense mythologie de Gundam ? Avec ses robots géants et son conflit spatial qui oppose la Terre à ses colonies durant plusieurs décennies (et chronologies alternatives), cette inépuisable franchise dispose de tous les éléments nécessaires pour initier une véritable saga cinématographique. Or excepté le piètre téléfilm G-Saviour (2000), Gundam n’a jamais vraiment réussi à prendre pied en prises de vues réelles. Legendary Pictures, qui a précédemment produit Godzilla, Pacific Rim, WarCraft, Jurassic World ou encore Interstellar, cherche actuellement à adapter cette franchise en collaboration avec le studio japonais Sunrise, qui détient les droits. Mais ce n’est guère la première fois que Gundam intéresse Hollywood. Dès 1983, Lion’s Gate Film (à ne pas confondre avec Lionsgate Films), une société de production fondée par Robert Altman, demanda à Chip Proser (Top Gun, L’Aventure intérieure) d’écrire un premier script. Ce dernier accepta à la condition de pouvoir réaliser, le cas échéant, le long-métrage. À cette époque, Gundam était inconnu aux États-Unis. Après avoir passé quelques jours au Japon pour découvrir la série animée, Proser insista auprès du légendaire illustrateur Syd Mead (Blade Runner) pour qu’il dessine deux scènes cruciales. L’idée était de réaliser les effets visuels en images de synthèse – ce qui était extrêmement novateur à l’époque. Le studio Digital Productions, qui travaillait alors sur The Last Starfighter, fut approché. Si une première version du scénario et quelques story-boards virent le jour, le projet fut abandonné pour des problèmes de droits. Ces prochaines années, Legendary aura un défi bien plus important à relever : rendre honneur à la franchise Gundam, fleuron de l’animation japonaise. En mars 2019, Brian K. Vaughan (Y: The Last Man, Runaways) s’est ainsi vu confier l’écriture et la production d’un nouveau film…



AKIRA

Depuis 2002, l’adaptation Akira est perpétuellement en projet au sein des studios Warner Bros. On ne compte plus le nombre de réalisateurs et scénaristes qui s’y sont attaqués : Stephen Norrington (Blade), Ruairi Robinson (The Last Days on Mars), Gary Whitta (Rogue One), Leonardo DiCaprio, Mark Fergus & Hawk Ostby (Iron Man, Les fils de l’homme), Albert & Allen Hugues (Menace II Society), Justin Lin (Star Trek Sans limites)… Au moins cinq versions se sont succédé en seize années. Or il est difficile de s’attaquer au monument qu’est Akira. Si le long-métrage d’animation de 1988 reste dans les mémoires, c’est qu’il fut réalisé par Katsuhiro Otomo, le créateur du manga. Les fans réclament, à juste titre, qu’une adaptation hollywoodienne respecte l’œuvre originale. Pourtant, les rares informations qui ont transpiré des précédentes tentatives montrent (notamment) une volonté de modifier les lieux de l’action, Neo-Tokyo se transformant en New Manhattan. À la grande satisfaction des puristes, Akira ne semble donc pas près de voir le jour.



ROBOTECH

L’adaptation cinématographique de la version américaine de Macross est en projet depuis que Sony Pictures s’est procuré les droits en 2015. James Wan (Insidious, Aquaman) fut un temps pressenti à la réalisation, avant de passer le relais à l’été 2017 à Andy Muschietti (Mama, ça). Ce dernier s’est depuis lancé dans la production du second chapitre de l’adaptation du roman de Stephen King. En septembre 2017, Jason Fuchs (Wonder Woman) fut recruté pour écrire le script. Ce film verra-t-il le jour ? Rien n’est moins sûr, car dès 2007, Warner Bros tenta de produire une première adaptation en collaboration avec la société de l’acteur Tobey Maguire (Spider-Man). Plusieurs scénaristes se succédèrent, dont Lawrence Kasdan (L’Empire contre-attaque, Solo : A Star Wars Story), Alfred Gough & Miles Millar (la série «Smallville»), le romancier Tom Rob Smith (Enfant 44) ou encore Michael B. Gordon. En 2013, le nom de Nic Mathieu (Spectral) fut avancé pour la mise en scène, avant que droits soient accordés à Sony deux ans plus tard. D’ici à imaginer qu’il s’avère particulièrement ardu d’adapter l’univers foisonnant de Robotech/Macross, il n’y a qu’un pas… de robot géant.



NEON GENESIS EVANGELION

À l’occasion du Festival de Cannes, en 2003, Weta (le studio d’effets spéciaux de Peter Jackson qui terminait alors son travail sur Le Retour du roi) annonce la production d’une adaptation d’Evangelion, autre fleuron de l’animation japonaise, en collaboration avec le studio Gainax, créateur de la série animée, et ADV Films. Mais encore fallait-il trouver le financement pour ce qui est envisagé comme une série de films ! Les années passent, et si des artistes de Weta signent des concepts arts de toute beauté, la production du film tarde à être lancée. En 2009, la liquidation d’ADV Films aboutira sur un procès avec Gainax, et l’abandon du projet. Depuis, Gainax a produit une nouvelle adaptation sous forme de longs-métrages d’animation, dont le quatrième et ultime opus est attendu pour 2020. Nous ne sommes donc pas près de découvrir la pulvérisation de Tokyo-3 en prises de vues réelles.

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