SHAZAM ! Entretien exclusif ESI avec Zachary Levi (Shazam)
Article Cinéma du Mercredi 03 Avril 2019

A l’instar de Tom Hanks dans BIG, Zachary Levi apporte un enthousiasme juvénile irrésistible au personnage principal de SHAZAM !. Il est sans conteste la révélation de cette première comédie assumée et fort réussie de l’univers de DC Comics, qui devrait plaire à la fois aux amateurs de comics et à un large public familial, même s’il n’a jamais entendu parler de ce personnage. ESI a rencontré l’acteur à Los Angeles afin d’évoquer avec lui ce tournant décisif dans sa carrière, et il nous a répondu avec une franchise rafraichissante.

Entretien avec Zachary Levi


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Quels sont les défis et les nouvelles perspectives de carrière qui vous ont incités à collaborer avec DC Comics ?

Au tout début, le défi, c’était de me demander si la production allait tenter d’engager un acteur très célèbre pour jouer Shazam, et si j’allais avoir ou pas une chance de passer un casting pour ce rôle. Dans ce genre de situations, on se demande si on correspond au personnage…Beaucoup d’obstacles peuvent se dresser devant vous lorsque vous auditionnez pour un rôle… Pour ma part, je suis très reconnaissant à la production du film que tout ait bien marché, et qu’ils m’aient choisi. A vrai dire, je ne me trouvais pas dans une phase de ma carrière où je pouvais me permettre d’être très sélectif quand on me proposait des auditions, parce que je voulais continuer à travailler. Mais étant fan de comics depuis mon enfance, j’étais très enthousiasmé par la perspective de collaborer avec DC, surtout compte tenu que j’avais travaillé auparavant avec Marvel, et que mon personnage était mort dans cet univers-là ! (rires) (Zachary Levi a incarné Fandral dans THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES et dans THOR : RAGNAROK, NDLR.) Donc je me disais, « OK, Marvel, c’est fait ! La case est cochée, passons à autre chose ! » Je suis très touché que la production de SHAZAM ! ait vu en moi quelque chose qui correspondait à ce qu’ils recherchaient. Ils m’ont donné l’opportunité de devenir ce personnage très drôle et réellement unique dans l’histoire de la bande dessinée.

Quand vous avez été contacté à propos de ce projet, qu’avez-vous aimé le plus dans le personnage de Shazam /Billy Batson ? En tant qu’acteur, quelles opportunités avez-vous trouvées dans ce rôle ?

J’ai été séduit par le côté à la fois émouvant et humoristique du personnage. En tant qu’adulte, c’était la première fois que j’auditionnais pour un rôle d’enfant. Interpréter un gamin tout en gardant son aspect de grande personne n’arrive quasiment jamais, car les histoires de ce type sont rares. Mais c’était une perspective très amusante. D’une certaine manière, je suis un peu triste pour les acteurs qui ont été choisis pour jouer toujours sérieusement des super-héros, et qui sont obligés de dire ‘Il va falloir que j’aille sauver le monde’ avec une expression crispée. Chacun d’entre nous a rêvé un jour de devenir un super-héros et de posséder des pouvoirs extraordinaires, et je considère qu’en jouant ce type de personnage, on a envie de partager cet enthousiasme ! À titre personnel, je voulais montrer aussi que je suis un vrai fan de comics, fou de joie d’avoir été choisi pour incarner Shazam ! Et de me servir de cela pour interpréter ce gosse épaté d’avoir hérité de ces pouvoirs et qui s’en sert de manière maladroite au début : ‘Oh mon dieu, je peux voler ?! C’est trop cool !!’ (rires) C’était extrêmement plaisant à jouer. Aujourd’hui, alors que j’en parle avec vous, cela ne me rappelle que de bons souvenirs ! Et j’ai même encore un peu de mal à croire que cela m’est arrivé.

Votre enthousiasme vous a donc beaucoup servi au moment du casting…

Oh oui, à 100% !! Je suis resté un grand gosse, et j’étais sûr que la clé du personnage de Billy devenu Shazam, c’était d’être super enthousiaste, émerveillé par ce qui lui arrive. Tout comme moi, qui n’arrivait pas à croire que l’on pouvait envisager de me choisir pour jouer ce super-héros. Cette corrélation m’a semblée évidente. Je pourrais ajouter que les pouvoirs de Shazam m’ont aussi été d’une grande aide dans l’évolution de ma carrière, et m’ont permis de montrer la fantaisie que je pouvais amener à ce rôle. Faire rire les gens, improviser des situations de comédie, c’est formidable ! J’adore amuser, et jouer un adulte qui se retrouve dans un corps d’adulte, car c’est déjà en soi une situation très savoureuse.

…Et qui « parle » à tout le monde : aux adultes qui se souviennent qu’ils ont été des enfants, et aux enfants qui ont hâte d’être grands pour vivre de vraies aventures.

Exactement. C’est un thème universel, il n’y a aucun doute là-dessus. C’est même incroyable que dans le monde des comics, il n’y ait eu qu’une seule histoire basée sur le concept d’un enfant qui se transforme en un justicier adulte, car c’est le rêve de tous les jeunes lecteurs de BDs ! C’est tellement iconique que cela ressemble à un récit légendaire, à l’un des mythes de l’Antiquité ! C’est chouette que nous ayons pu faire ce film et que nous puissions enfin présenter les personnages de SHAZAM ! aux spectateurs du monde entier, aux enfants et aux grands enfants !

Shazam pourrait devenir le Spider-Man de DC Comics…

Je suis entièrement d’accord avec vous. Même si ces deux personnages se trouvent dans des univers cinématographiques très différents, Peter Parker est à mon sens celui qui se rapproche le plus de Billy Batson. Au début, ils doivent apprendre à utiliser leurs pouvoirs, et ils sont très enthousiastes.

BIG, avec Tom Hanks, a-t-il été une source d’inspiration ?

Absolument. C’est l’un de mes films préférés et Tom Hanks un de mes comédiens favoris. La mise en scène de la regrettée Penny Marshall était remarquable, le concept de l’histoire formidable et le scénario parfait. J’ai toujours pensé ‘Ah, j’adorerais tourner un film comme BIG, un jour’. Et j’ai eu non seulement la chance de jouer mon « BIG » à moi, mais en plus, je l’ai interprété avec des super pouvoirs ! (rires)

A quel point est-ce important pour un acteur d’être choisi pour jouer le rôle principal d’un film de super-héros, de nos jours ?

Je veux croire que n’importe quel acteur peut connaître un formidable succès dans sa carrière sans avoir forcément à jouer un super-héros. Mais cela étant dit, si vous avez la chance quasi miraculeuse de pouvoir jouer un super-héros, et que ce film est bien accueilli par le public, cela peut propulser votre carrière de manière aussi fulgurante que si vous étiez monté à bord d’une fusée à destination de la lune ! Rien n’est gagné d’avance, bien sûr, car certains films de ce registre qui avaient été réalisés dans les meilleures circonstances possibles n’ont pas marché. Comme ce métier est avant tout un business, et que c’est la rentabilité des projets qui compte, les studios ont besoin de se rassurer et d’avoir de bonnes raisons de penser que votre présence au générique d’un film incitera des gens à aller s’asseoir dans une salle pour le découvrir. Donc quand vous avez joué un super-héros et que tout a bien marché, vous pouvez vous servir de cet argument et de ces résultats pour faire valoir que votre « marque » en tant qu’acteur est un bon atout commercial. Ensuite, si vous parvenez à faire cela avec une franchise, cela devient une bonne manière de vous créer des fans. J’espère que nous parviendrons à égaler le score d’AQUAMAN au boxoffice, ce serait sensationnel, mais je souhaite surtout que les gens prendront énormément de plaisir à voir notre film. Quand un film récolte énormément d’argent, mais que les gens disent ‘OK, c’était sympa, mais pas extraordinaire’ après la projection, ce n’est pas la même chose que quand ils sortent de la salle tout excités et avec un grand sourire en disant ‘C’était génial !’ J’adore quitter une salle de cinéma en ressentant cela. Quand vous éprouvez un tel plaisir, vous vous dites que vous avez bien investi chaque centime du prix de votre billet !

Comment avez-vous travaillé avec le réalisateur David F Sandberg sur l’évolution émotionnelle du personnage ? Quelles sont les idées que vous avez apportées de votre côté ?

L’arche dramatique du personnage de Billy est directement liée à ce qu’il vit au cours de l’histoire. Au début, il se débrouille tout seul pour vivre et pour tenter de retrouver sa mère. Quand notre récit s’achève, Billy s’est trouvé une nouvelle famille et il est devenu un véritable super-héros. En abordant chaque scène, je veux la jouer aussi honnêtement que possible, et je commence par me demander quels sont les enjeux de ce moment-là, s’il faut contribuer à construire une certaine tension, une situation comique, un instant d’émotion ou de légèreté. Au moment où il a fallu créer mon interprétation du personnage, j’ai dû garder à l’esprit qu’il ne fallait pas trop analyser tous les aspects des choses, comme à mon habitude, parce que c’est une caractéristique d’adulte, alors que les enfants et les ados sont plus directs, plus réactifs et se laissent guider par leurs émotions. Bref, il fallait que je m’autorise à être un peu plus insouciant ! Et à vivre les émotions de la scène dans l’instant. Je voulais aussi agir en frimant parfois comme un ado qui a conscience d’être cool. Voilà les différentes « strates » d’interprétation que j’ai imaginées afin que le personnage existe par lui-même et ne soit pas moi. Agir comme je le fais dans la vraie vie aurait été trop facile…Même si je suis parfois un grand gosse et que j’ai pu me servir de cette facette de ma personnalité. Quand je jouais, je devenais un gamin de 15, et je laissais derrière moi l’homme de 35 ans que j’étais au début du tournage. J’en ai 38 à présent.

Avez-vous imité la gestuelle, les mimiques et les tics de langage d’Asher Angel quand vous jouez Shazam, afin d’évoquer le gamin qui est caché dans ce corps de super-héros adulte ?

Oui. Nous avons eu un peu de temps pour faire connaissance et répéter ensemble avant le tournage, mais comme Asher tournait encore sa série ANDI MACK dans l’Utah, il devait souvent partir pendant que je tournais mes scènes à Vancouver. Au-delà des quelques mimiques que je lui ai empruntées, je crois que le point commun de nos deux interprétations de Billy est que ce personnage a un grand cœur. C’est aussi le cas d’Asher dans la vie : c’est un gamin honnête, sensible et affectueux. Il adore ses parents, son frère et sa sœur. Ils forment une famille très unie qui voyage souvent ensemble, en emmenant aussi leur toutou ! Asher est très talentueux : non seulement il joue bien, mais il chante et danse aussi comme un pro !

Le costume de Shazam vous aide-t-il à jouer le personnage ? Vous sentez-vous différent quand vous le portez ?

Oh oui, absolument ! C’est ce qui se passe pratiquement pour tous les costumes que l’on porte pour jouer un rôle. Quand vous essayez de construire votre interprétation, chaque petit détail de votre tenue, chaque accessoire, vous apporte des idées pour donner vie au personnage. Cela s’applique aussi aux décors. Quand je suis entré pour la première fois dans l’immense décor du roc de l’éternité, j’ai été stupéfait par son ampleur, ses architectures impressionnantes, ses coins et ses recoins, et je me suis senti vraiment transporté dans un autre monde mystique… Mon costume de super-héros était génial. Quand je l’ai porté pour la première fois, je n’arrivais pas à croire que j’avais désormais mon propre super-costume ! Dès que je le portais, je ne bougeais plus de la même manière, et mes attitudes étaient différentes. Il m’a beaucoup aidé à devenir Shazam. Bookmark and Share


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