En attendant TERMINATOR: DARK FATE, retour sur le précédent opus, TERMINATOR GENISYS - 2ème partie
Article Cinéma du Lundi 12 Aout 2019

Par Pascal Pinteau



Le tournage de TERMINATOR GENISYS : Le retour de la « famille dysfonctionnelle » et de l’histoire d’amour imaginées par James Cameron.

Le duo improbable formé par une femme et un robot, et les liens émotionnels qu’elle tisse avec un homme venu du futur pour la sauver se trouvent encore au centre de l’aventure filmée par Alan Taylor, tout comme la menace lancinante de l’oblitération totale de l’humanité. Le producteur David Ellison déclare à ce sujet : « Pour lancer le tournage, nous devions trouver un réalisateur qui se préoccupe beaucoup des personnages et de l’histoire d’amour qui permet à la famille Connor d’exister. Il y a certes beaucoup d’action dans les films de la saga TERMINATOR, et nous nous devions de respecter cette promesse tacite faite aux spectateurs en leur présentant un nouvel épisode. Mais si beaucoup de réalisateurs savent filmer des scènes d’action, seulement quelques-uns d’entre eux s’avèrent capables de diriger les acteurs avec toute la sensibilité requise pour obtenir des performances émouvantes et justes qui rendront les personnages crédibles. Nous nous inclinons tous avec dévotion devant GAME OF THRONES, dont Alan Taylor a réalisé de nombreux épisodes, et nous avons trouvé que ce qu’il avait fait dans THOR : LE MONDE DES TENEBRES était formidable. Quand Alan a accepté de venir parler de notre projet, il nous a dit que nous pouvions discuter de l’aspect des différents terminators, de leur nombre, et des combats qui auraient lieu au cours du troisième acte, mais que ce qui importait vraiment, c’était de bien développer les relations entre les personnages et l’histoire d’amour afin qu’elles fonctionnent bien. Il a insisté sur ce point dès notre premier rendez-vous , et là nous nous sommes dits qu’il était vraiment le bon réalisateur pour ce projet ».

Préparation physique au jour du jugement dernier

Après que Arnold Schwarzenegger ait donné son accord pour reprendre son rôle-culte, Emilia Clarke a accepté le défi de devenir Sarah Connor, aux côtés de Jay Baruchel devenu le nouveau Kyle Reese et de Jason Clarke, le très surprenant « John Connor » de cet épisode. Tous les acteurs ont subi un entraînement intensif pendant les semaines précédant le tournage de TERMINATOR GENISYS . Au programme: sessions de gymnastique, exercices de lever d’haltères, répétitions de cascades, mémorisation des chorégraphies de combats, préparation au travail avec harnais et câbles, et formation à l’utilisation des armes à feu ! Emilia Clarke s’en amuse : « Nous nous sommes entraînés tous les jours avec une dizaine d’armes, puis avec un peu plus d’armes, puis avec beaucoup plus d’armes, et pour finir encore quelques unes de plus ! J’avoue que je ne connaissais rien aux pistolets ni aux fusils avant ce tournage, tandis qu’à présent, je pourrais faire illusion si je travaillais dans une armurerie ! (rires) J’avais déjà suivi des entraînements pour des scènes de cascade auparavant, mais comme cette version de Sarah a été élevée par un terminator pour être une guerrière accomplie, il fallait que je sois capable de me comporter physiquement comme une personne qui sait beaucoup de choses dans le domaine des combats et des méthodes de survie. J’ai travaillé avec un formidable superviseur qui est aussi un conseiller militaire, avec un spécialiste des armes, avec l’équipe de conception des cascades et des combats, et le reste a essentiellement reposé sur l’entraînement physique pur ».

Le choix des armes

La responsable des accessoires Diana Burton et le superviseur des armes Harry Lu ont essayé d’être aussi efficaces que des machines dans leur travail : « Dans cette histoire, nous devons tenir compte du fait que les machines conçoivent elles-mêmes des armes » confie Diana Burton, « mais elles n’accordant aucune importance à l’esthétique du design : tout ce qui compte, c’est leur efficacité et leur fonction. Nous avons donc dû raisonner aussi froidement que des machines pour imaginer quels types d’armes purement utilitaires elles pourraient fabriquer, en nous retenant à chaque fois pour ne pas nous laisser emporter par l’envie d’ajouter un peu trop de design dans leur aspect ». L’arsenal créé par les machines comprend de grands fusils à plasma, mais aussi des versions des mêmes sortes d’armes modifiées par les résistants humains. « L’action du film se déroule dans trois époques différentes », précise Harry Lu «  et cela nous a contraint à trouver les armes correspondant à chaque période, afin que les historiens et les fans d’armes à feu soient satisfaits ». Burton ajoute :  «Nous avons décrit le passé, et aussi le futur. Evidemment Arnold a eu son mot à dire à propos des armes qu’il souhaitait utiliser ». Lu et Burton ont bien accueilli ces suggestions et ont assemblé un arsenal qui a fonctionné sans le moindre problème. En ce qui concerne Sarah Connor, le tandem devait trouver une arme principale capable à la fois de détruire un terminator de loin, à la manière d’un fusil de sniper, et de faire exploser presque à bout portant la porte arrière d’un camion blindé : le choix s’est porté pour un fusil américain Barrett M82 de calibre 50, qui convenait aussi aux scènes de 1984. Burton et Lu estiment à 500 le nombre total d’armes utilisées dans le film, ce qui inclut les armes fictionnelles, les moulages rigides, les copies en caoutchouc souple servant aux cascades, les armes réelles et les pièces de collection.

Quand un bus s’envole réellement

A une époque ou les effets numériques sont omniprésents, on pourrait croire que la 3D serait utilisée d’emblée pour réaliser un effet comme l’arrêt brutal et le retournement d’un bus atterrissant à l’envers, en équilibre instable sur le parapet du pont du Golden Gate de San Francisco. Il n‘en a rien été, car cette séquence a bel et bien été filmée « en direct », devant les caméras. Les cascadeurs-acteurs qui ont participé à la scène se sont entraînés en faisant des exercices suspendus à des câbles reliés aux harnais qu’ils portaient. Pendant ce temps, l’équipe de conception du film peaufinait toutes les phases de ce morceau de bravoure en réalisant un storyboard très précis, destiné à assurer la sécurité des comédiens et à présenter un moment d’action très intense au public. Au final, des solutions ont été trouvées pour tourner certains des plans les plus angoissants alors que le bus était placé dans le bon sens : en jouant à la fois avec les positions et les angles de vues des caméras, en cachant de manière imaginative les harnais maintenant les acteurs dans des positions anormales et en ajoutant une petite touche de magie en post-production, on a créé l’illusion que bus vacille au bord du vide tandis que les principaux protagonistes s’accrochent à ce qui les entourent pour sauver leurs vies. Pour le vétéran des films d’action Byung Hun Lee qui joue le T-1000, ce n’est pourtant pas ce travail de cascade qu’il a trouvé le plus complexe : « En termes de tournage des scènes d’action, ce qui a été très différent pour moi, c’est de jouer pour une fois une machine. Je ne pouvais pas cligner des yeux, ni respirer trop ostensiblement. J’ai aussi passé beaucoup de temps à concevoir la gestuelle la mieux adaptée aux actions de mon personnage, au cas par cas. Nous avons été amenés à chercher des idées nouvelles pour pratiquement toutes les scènes, en faisant beaucoup d’essais avant de trouver ce qui fonctionnait le mieux à l’image ». Pour Jason Clarke, l’opportunité de feindre les performances surhumaines de son personnage lors des combats était un vrai régal : « Nous avons tous travaillé très dur pour être dignes de l’héritage de la saga Terminator, mais aussi pour que ces combats soient surprenants, et remplis de trouvailles imaginatives. Cela m’a donné le plaisir de tourner les scènes d’action les plus plaisantes de toute ma carrière, en accomplissant des acrobaties dont je ne me serais pas cru capable. Cette expérience a été sensationnelle ».

Legacy Effects : les vrais créateurs des Terminators

Dans certaines scènes, les actions des personnages vont bien au-delà de ce que des êtres humains seraient en mesure de faire. Pour représenter ces circonstances spéciales, l’équipe du film à fait appel à Legacy Effects, le studio créé par les anciens proches collaborateurs du regretté Stan Winston, dont beaucoup avaient débuté en travaillant sur les effets spéciaux de maquillage de TERMINATOR 1 et 2. C’est Jason Matthews qui a supervisé les interventions de Legacy Effects sur TERMINATOR GENISYS, en commençant par la préparation d’une réplique en silicone ultra-réaliste d’Arnold Schwarzenegger, tel qu’il était en 1984. Ce clone a été équipé d’un squelette de métal avec des articulations fonctionnant de manière réaliste, à partir de moulages et de mesures précises qui avaient été faites pendant la préparation du film original. Cette réplique a été utilisée quand l’environnement était trop dangereux pour que des acteurs de chair et d’os restent là, et aussi pendant les scènes où le Schwarzenegger actuel rencontre son incarnation plus jeune en 1984. Une autre copie a été réalisée avec des matériaux plus légers, dont différents types de mousses, afin de pouvoir participer à des cascades…et d’y survivre ! Mike Manzel et d’autres artistes de Legacy ont travaillé sur de nouveaux modèles réactualisés du fameux T-800 (le Terminator original ). Grâce à l’expérience acquise sur les autres films de la saga, l’équipe a pu utiliser ses méthodes exclusives de peinture et d’emploi de matériaux composites comme l’uréthane et les mélanges de fibres de carbone et de résine époxy pour fabriquer des endosquelettes plus légers, dont les surfaces pouvaient avoir un aspect métallique chromé sans passer par le procédé classique de bain qui permet de donner cet aspect aux pièces métalliques. L’endosquelette principal a requis la participation d’une équipe de quinze artistes, qui ont passé un peu plus d’un mois à concevoir et à produire les 260 pièces sculptées à la main ou produites avec des imprimantes 3D qui le composent. Certains des éléments les plus complexes ont nécessité 48 heures d’impression 3D en continu. A partir de là, ces pièces ont été retouchées pour éliminer des petits défauts, poncées quand c’était nécessaire, puis moulées avec du silicone afin d’être dupliquées en résine. « En dépit de cet apport technologique non négligeable » explique Manzel, « il faut toujours agir avec autant de finesse, de précision dans le travail manuel et de discernement artistique qu’à l’époque des premiers films de la saga. Nous bénéficions juste d’un outil supplémentaire pour produire l’élément final ».

Un tournage en forme de boucle temporelle

Les collisions du passé et du présent ont été fréquentes pendant la production de TERMINATOR GENISYS, comme ce moment particulier qui a marqué la productrice Dana Goldberg : « Pour notre première soirée de tournage, nous nous trouvions à côté du célèbre observatoire du parc Griffith, à Los Angeles. C’est le moment où apparaît pour la première fois Arnold le protecteur de Sarah, et où il se retrouve face à Arnold le terminator de 1984. Je me souviens que quand j’ai regardé les membres de l’équipe, il n’y avait pas une seule personne qui n’arbore pas un grand sourire enthousiaste, quel que soit son âge, son sexe ou ses origines ethniques. Nous étions tous heureux de voir Arnold reprendre ce rôle, à sa manière inimitable. Cet homme a accompli un nombre impressionnant de choses dans sa vie, dans tous les domaines, mais on peut dire qu’il est né pour jouer le terminator. Il est absolument phénoménal quand il redevient ce personnage. Soudain, nous nous sommes tous retrouvés projetés dans le passé, quand nous étions assis dans une salle de cinéma pour découvrir TERMINATOR 1, puis TERMINATOR 2 quelques années plus tard. Mais à ce moment précis, nous nous trouvions à côté d’Arnold, en train de l’observer se comporter comme une machine, et tirer quatre fois de suite avec un fusil sans cligner des yeux en dépit de la violence des détonations. Nous avons été stupéfaits qu’il y parvienne, car il est pratiquement impossible de résister au réflexe de fermer les yeux quand on se trouve à côté d’une déflagration aussi intense. Peu après, Arnold nous a expliqué qu’il s’était entraîné à ne pas cligner des yeux en tirant, pendant la préparation du premier TERMINATOR. Il est vraiment étonnant ». Le producteur David Ellison ajoute : « Et pour faire honneur à la présence d’Arnold, cet épisode est aussi celui de la saga TERMINATOR qui a été réalisé avec la plus grande ampleur. Les scènes d’action sont les plus complexes qui aient été tournées, et c’est aussi la première fois que l’on montre la guerre du futur en utilisant autant de figurants, d’effets spéciaux et d’effets visuels. On va découvrir aussi de nouveaux terminators qui, nous l’espérons, auront le même impact sur le public que le T-1000 en a eu en 1991. Nous avons mis la barre extrêmement haut, et nous nous sommes donnés les moyens d’atteindre cet objectif ». Dana Goldberg poursuit « C’est un très gros film. Nous avons tourné à partir d’avril jusqu'à la mi-août 2014, en accumulant les semaines travaillées pendant 6 jours consécutifs. Notre équipe a été phénoménale et s’est donnée corps et âme pour que nous réussissions à créer le film que nous avions imaginé. Il est difficile de se rendre compte de la quantité de travail que représente tout ce que vous verrez en découvrant TERMINATOR GENISYS, mais je veux rendre hommage aux équipes de coiffure et de maquillage, aux cascadeurs, aux responsables des effets visuels, à ceux des effets spéciaux, aux machinistes, à l’équipe des lumières, à notre directeur de la photo et ses assistants, et à tous ceux qui y ont investi leurs efforts et leurs talents. C’est un projet gigantesque, et il faut que toutes les pièces de cet énorme puzzle travaillent à l’unisson pour que tout soit aussi réussi». Alan Taylor ajoute : « Ce qui est particulièrement intéressant, à mon sens, c’est que nous faisons comprendre au public que nous savons ce qu’il attend du film, et ensuite, nous faisons quelque chose de complètement différent pour le surprendre et aller dans une nouvelle direction. Cela fait partie de l’identité de la saga, telle que James Cameron l’a renouvelée entre les épisodes 1 et 2, avec la reprogrammation du personnage d’Arnold, qui après avoir été un tueur, devient le meilleur protecteur que Sarah et John Connor aient jamais eu. Personne ne s’attendait à un tel rebondissement. Vous pouvez aller explorer des parties encore vierges d’un tel univers, en y entraînant des personnages familiers auxquels vous êtes déjà attachés. Et ensuite, ils vous entraînent dans des directions que vous n’auriez jamais pu prévoir ». Emilia Clarke conclut : « Cette aventure a des proportions épiques. Pour obtenir trois minutes d’une de nos scènes d’action, il nous fallait tourner en moyenne pendant deux semaines. Chaque détail était soigné à la perfection. Les décors et les costumes étaient incroyables, et bien souvent quand je me retrouvais au beau milieu d’une séquence de combat absolument délirante pendant laquelle je me disais qu’elle n’aurait pas pu être plus spectaculaire, je me rappelais que les effets visuels prévus n’y avaient pas encore été ajoutés ! Je pense que les spectateurs se rendront compte que nous n’avons pas joué en face de balles de tennis accrochées à de bâtons, et seront ébahis par tout ce que nous avons réussi à faire en prises de vues réelles ! »

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