En attendant TERMINATOR : DARK FATE, retour sur le précédent opus, TERMINATOR GENISYS - 4ème partie
Article Cinéma du Vendredi 04 Octobre 2019

Par Pascal Pinteau

Entretien avec Arnold Schwarzenegger

Propos recueillis par Christian Drauïde

Qu’est-ce qui vous a intéressé et plu dans ce nouvel épisode de la saga TERMINATOR, et qui a finalement emporté votre décision de reprendre votre rôle le plus célèbre ?

Le script. Il m’a enthousiasmé dès que j’en ai lu la première version, bien avant que quiconque dans l’équipe n’ait été engagé. Je dois dire que j’ai été heureux de constater que les scénaristes avaient bien réfléchi à la manière de traiter les personnages et de concevoir la structure de l’histoire . C’était de toute évidence un travail réalisé soigneusement, avec des nouvelles idées qui renouvelaient astucieusement celles des deux premiers épisodes. Pour moi, la qualité de l’histoire était le point le plus important, et c’est ce qui m’a donné envie de m’impliquer dans TERMINATOR GENISYS. L’autre aspect capital, c’était le choix des acteurs qui allaient interpréter les autres personnages : les producteurs et le réalisateur ont engagé des comédiens vraiment excellents, capables de se livrer à des performances dramatiques de premier plan devant la caméra.

Votre personnage et celui d’Emilia Clarke semblent collaborer très efficacement au cours de cette aventure…

Oui. Je me souviens de notre première rencontre, quand nous nous sommes tous retrouvés autour d’une grande table pour une lecture du scénario. Emilia était assise à côté de moi et pendant les cinq premières minutes, nous n’avons pas du tout parlé du script, mais de nos préférences en matière d’habillement et des boutiques que nous préférions ! C’était assez drôle. Ensuite, quand nous avons commencé à jouer nos rôles respectifs et à entrer dans l’atmosphère du film, les choses se sont déroulées parfaitement, encore mieux que je ne l’aurais imaginé. Pendant les deux heures et demie à trois heures de cette séance de travail, les gens autour de la table réagissaient parfaitement : ils riaient aux bons moments en entendant les répliques faites pour amuser, ils devenaient plus graves et très attentifs pendant les moments dramatiques et les scènes de tension. Pour une première lecture du scénario complet, l’impact était déjà formidable, très prometteur.

Vous qui êtes un spécialiste de ce registre, comment trouvez-vous que vos partenaires masculins se sont débrouillés pendant le tournage des scènes d’action ?

Ils ont été époustouflants, parce qu’ils se sont consacrés très sérieusement à la préparation de ces séquences. Nous avons eu la chance de travailler avec d’excellents superviseurs des cascades qui avaient minutieusement planifié les moindres événements intervenants au cours de chaque scène. Comme tout avait été soigneusement anticipé et bien mis en place, nous partions sur de bonnes bases. Ensuite la clé de la réussite de ces scènes est de se plonger dans l’action et d’y croire, d’agir comme si on se retrouvait vraiment au cœur de ces combats. L’un des plaisirs que j’ai eu à travailler sur ce film vient du dévouement de toute l’équipe des acteurs : ils se sont tous impliqué totalement pour que le résultat soit le meilleur possible. Je me souviens en avoir parlé à notre réalisateur, Alain Taylor. Un jour, je suis venu le voir pour lui dire : « Est-ce que tu t’es rendu compte que cela fait maintenant presque trois mois que nous tournons, et que pas un seul des acteurs ne s’est plaint ne serait-ce qu’une seule fois d’avoir des courbatures, de s’être fait mal ou de se sentir épuisé ? » Je crois que cela en dit long sur l’implication et la grande classe de mes camarades acteurs.

Quel sentiment avez-vous eu en retrouvant ce rôle ? Est-ce que cela vous a paru un peu étrange ?

Non, pas du tout. Pour moi, jouer le terminator, c’est un peu comme reprendre la pratique du vélo après quelques années : quand vous avez appris à en faire, les réflexes reviennent immédiatement ! Je me rappelle que quand j’ai lu le script et que j’ai commencé à dire mes répliques à voix haute, j’ai tout de suite recommencé à parler comme une machine. Je me suis glissé naturellement dans la peau du personnage. La seule chose un peu délicate à laquelle il fallait que je prenne garde c’était la fonction du personnage selon les scènes : est-ce que je jouais le terminator, ou est-ce que je jouais le protecteur ? Ou est-ce que je jouais le protecteur qui redevient aussi un terminator en accomplissant sa mission de protection ? Dans ce cas précis, je protège Sarah Connor, mais j’élimine tout type de menace qui s’approche d’elle, quel que soit le niveau de danger qu’elle représente. Donc comme je suis le terminator dans certaines circonstances, et dans d’autres le protecteur, il fallait que je sois attentif aux changements dans ma manière de jouer chacun de ces moments. C’est la raison pour laquelle il était très important pour moi d’établir une excellente communication avec le réalisateur, afin qu’il soit conscient de cela. Il fallait que je fasse attention de ne pas trop souligner ces intentions dans mon jeu, mais juste assez pour faire comprendre aux spectateurs l’attitude de protection presque paternelle que mon personnage a vis à vis d’Emilia Clarke.

Vous avez vous-même des filles, n’est-ce pas ?

Oui, et le fait d’avoir élevé des filles m’a aidé à jouer ce rôle. La naissance de ma fille aînée a eu lieu pendant que je tournais TOTAL RECALL à Mexico, et à présent, elle a 25 ans. Quand vous prenez de l’âge et que vous êtes le père de deux filles, je crois que l’on peut dire sans se tromper que cela vous a permis d’apprendre beaucoup de choses sur la manière de les protéger.

Le premier volet de TERMINATOR est-il le dernier « petit » film que vous ayez tourné au cours de votre carrière ?

C’était le cas jusqu’à présent, en effet. Mais j’ai participé récemment au tournage du film indépendant MAGGIE, consacré à un père qui essaie de protéger sa fille, infectée au cours d’une épidémie qui transforme les gens en zombies. MAGGIE a coûté huit millions de dollars, alors que le budget du premier TERMINATOR se situait autour des six millions et demi à l’époque. Je trouve que c’est amusant de tourner rapidement des films à petit budget de temps en temps : cela ne prend que six semaines, et tout est focalisé sur les personnages. Et après, j’aime alterner avec une superproduction comme celle-ci, où l’on doit planifier et storyboarder les cascades et les effets visuels, et chorégraphier les combats. J’aime passer de l’un à l’autre, mais à condition qu’il s’agisse de bonnes histoires, aussi bien conçues que celle de TERMINATOR GENISYS.

Avez-vous revu les précédents films de la saga avant de commencer à travailler sur celui-ci ?

Oui, je l’ai fait. Je pense que ce n’était pas indispensable pour les autres acteurs, parce qu’ils disposaient d’un peu plus de liberté d’interprétation de leurs personnages. La raison pour laquelle ils n’étaient pas contraints de se conformer aux performances des comédiens précédents, c’est parce que la continuité temporelle a été modifiée et que leurs personnages sont donc différents dans ce volet. Ce n’était pas mon cas. J’ai donc ressenti un peu plus de pression en reprenant mon rôle, car le terminator, lui, n’a pas vraiment changé : sa technologie est la même, sa programmation et sa structure aussi. Je ne joue pas un modèle différent, ni plus perfectionné. J’ai donc revu les épisodes un, deux et trois de la saga pour revoir mes performances et me remettre tout cela en tête, et je crois que c’est ce qui m’a aidé à me remettre si vite dans la peau du personnage et à retrouver mes marques. Je pense être arrivé à le jouer exactement comme avant, dans ses deux aspects, celui du protecteur et celui du tueur qui élimine tout obstacle.

Selon vous, pourquoi votre personnage de Terminator est-il si populaire ? Pourquoi a-t-il eu un tel impact ?

Je ne peux que vous répéter ce que certaines personnes m’ont dit : ce qui leur plaît, c’est le fait qu’il soit une machine. Il a l’apparence d’un être humain, mais sous sa peau organique, il a des mécanismes qui le rendent indestructible. Et cela fascine les gens parce que tout le monde aimerait être aussi puissant et aussi résistant. Les spectateurs se disent que son pouvoir est quasiment sans limites, qu’il peut détruire tout ce qui se trouve sur son chemin, et tuer quiconque tente de s’opposer à lui. L’autre aspect du personnage qui fascine, c’est qu’il n’éprouve aucun remord puisqu’il est une machine qui accomplit sa mission. Il n’est donc pas responsable de ses actes. Par exemple, dans le premier TERMINATOR, je détruis intégralement un commissariat de police, ce qui est un moment assez choquant. Normalement, les gens auraient du réagir en disant que cette séquence donnait un mauvais exemple, et pouvait même avoir une influence néfaste en raison de sa violence. Mais même quand nous avons organisé une projection spéciale pour les officiers de police de Los Angeles, ils sifflaient de manière enthousiaste pour montrer qu’ils adoraient cette séquence où j’élimine tous les flics ! Pourquoi ? Parce que ce n’était pas un être humain que l’on voyait en train d’agir, mais un robot, une machine. La manière dont James Cameron a écrit puis filmé cette scène transforme ce personnage qui est le méchant du film en un être qui accomplit une sorte d’exploit impossible, à la manière d’un héros seul contre tous, même si cette action est néfaste. Je crois que c’est ce que les spectateurs aiment dans le terminator, cette capacité à être à la fois d’une férocité impitoyable et aussi une « bonne personne », une machine programmée pour accomplir une bonne action.

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