Dans les coulisses de L’HOMME INVISIBLE, le nouveau grand succès du cinéma d’épouvante. Entretien avec le scénariste et réalisateur Leigh Whannell – 3ème partie
Article Cinéma du Lundi 30 Mars 2020

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau.

Comment avez-vous employé les trucages de plateau et les effets numériques pour représenter les agissements de l’homme invisible ? Et quelles sont les sources d’inspirations qui vous ont aidé à trouver des idées et à imaginer ces plans ?

Comme je vous le disais, la première idée du film consiste à suggérer sa présence en n’utilisant ni les trucages en direct ni les effets numériques, mais ces idées de mise en scène pour stimuler l’imagination du public. Je me suis donc souvent borné à filmer des espaces vides ! Quand vous demandez à des gens comment ils se représentent l’homme invisible, ils se réfèrent souvent à son aspect « camouflé », c’est-à-dire cette silhouette avec un imperméable, un chapeau mou, des bandages sur le visage et des lunettes noires. C’est son image iconique des années 30, dans le film de James Whale. Mais je voulais m’en éloigner parce que dès que l’on habille ce personnage, il n’est plus invisible et perd aussitôt son potentiel de mystère et de menace. Je voulais que mon homme invisible ne perde jamais la possibilité d’exploiter son pouvoir et reste indétectable. C’était mon but, et c’est donc la raison pour laquelle il ne porte jamais de lunettes ni le reste de l’attirail classique. Il se cache dans les espaces vides.

Certes, mais il y a néanmoins des plans du film dans lesquels il apparaît grâce à différentes circonstances…

C’est vrai. Et pour créer ces moments-là, nous avons utilisé des mélanges de trucages de plateaux et d’effets visuels. Nous déplacions des objets réels par différents moyens, et nous utilisions aussi une personne portant une cagoule et un justaucorps vert, pour pouvoir l’effacer facilement tout en disposant des informations visuelles qui nous permettraient de créer les contours d’une silhouette transparente en 3D. Pour tourner des séquences comme celles-là en étant certain d’obtenir le meilleur résultat final, mieux vaut travailler avec des spécialistes de différentes techniques qui collaborent chacun à leur manière sur ces effets. C’est beaucoup plus efficace que de décréter à l’avance ‘bon, on va tout créer en 3D’ ou ‘on va tout animer devant la caméra’. Utiliser des moyens variés donne toujours de meilleurs résultats.

Cela veut dire que les personnes revêtues de cagoules et de justaucorps verts manipulaient des objets grâce à des tiges vertes ?

Oui. Et nous avons aussi employé des caméras placées sur des grues pilotées par ordinateur, ce qui a rendu le tournage de certains plans très complexe techniquement.

Pourquoi avez-vous eu recours à cette technique de Motion Control (caméra et grue montées sur travelling, aux mouvements programmés par ordinateur) qui est de moins en moins souvent employée aujourd’hui ?

Pour plusieurs raisons. D’abord parce que je voulais donner un aspect très précis à certaines scènes du film, et que la caméra se déplace de manière quasi robotique. Ensuite, je souhaitais aussi créer ainsi des plans-séquences en captant toute l’action en continu, sans recourir à des coupes. Utiliser le système de motion control nous a permis aussi de tourner certaines de ces scènes en plusieurs passages successifs, afin d’y intégrer plus facilement certains effets liés à l’homme invisible. Mais la raison principale pour laquelle j’ai choisi cet équipement n’était pas liées aux effets spéciaux : c’était essentiellement une décision esthétique. C’est très intéressant de filmer un combat frénétique avec une caméra montée sur une grue asservie par ordinateur. Ce mélange entre les mouvements instinctifs et sauvages des êtres humains et les déplacements très fluides et précis du système robotisé crée un contraste que j’aime beaucoup ! Le directeur de la photographie de ce film, Stefan Duscio, avait déjà collaboré avec moi sur UPGRADE, et nous avions conçu ensemble des plans de combats pendant lesquels la caméra était calée sur le héros pendant ses mouvements. Nous avons voulu continuer à développer des idées visuelles de ce genre, en explorant les possibilités offertes par d’autres techniques.

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