Artemis Fowl: Bienvenue à Haven-ville
Article Cinéma du Samedi 30 Mai 2020

Pour donner vie aux deux univers du film, le gigantesque manoir familial et le monde souterrain des fées de Haven-ville, l’équipe a fait appel à Jim Clay, qui a récemment collaboré avec Kenneth Branagh sur LE CRIME DE L’ORIENT-EXPRESS. En réfléchissant à la vieille demeure de la famille Fowl, le chef décorateur s’est rendu compte que pour suivre le calendrier de tournage serré envisagé par Kenneth Branagh, il fallait construire de vrais décors. Jim Clay confie : « Même si Eoin avait imaginé un manoir de style gothique en Irlande, nous voulions donner aux lieux une apparence un petit peu moins marquée, plus hétéroclite, avec suffisamment d’espaces intéressants notamment pour accueillir des scènes d’action ». Kenneth Branagh justifie : « Etant donné que nous souhaitions instaurer un rythme soutenu, il nous fallait des décors sur lesquels nous aurions la main, un endroit concret qui nous permette de tourner en intérieur et en extérieur, mais aussi de passer d’un espace à l’autre dans le même plan ». En s’appuyant sur plus de 400 plans, Jim Clay et son équipe sont parvenus à construire le manoir en l’espace de cinq mois. Jusqu’à 300 ouvriers du bâtiment sont intervenus en même temps pour mener à bien le projet. La demeure était habitable et disposait du wifi, du chauffage central et d’une cuisine en parfait état de marche. Ce manoir extraordinaire se veut bâti sur une colline qui surplombe la plage bordant la Mer d’Irlande.

« C’était une vraie maison, avec une structure en acier recouverte de bois et de plâtre et un plafond dans lequel nous avons installé un système sonore dernier cri. Le directeur de la photographie Haris Zambarloukos a pu y installer son système d’éclairage et l’équipe des effets spéciaux y a stocké tous les palans, poulies et autres accessoires destinés à faire voler les acteurs » décrit Jim Clay. Le chef décorateur poursuit : « Pour tourner les scènes d’action, et notamment une séquence avec un troll en furie, il fallait que les décors puissent se démonter aux bons endroits et de manière adéquate. On a notamment travaillé sur une chorégraphie qui prenait en compte l’effondrement d’une colonne spécifique, l’écroulement d’un escalier et la craquelure d’une partie du sol de la bibliothèque au moment où le troll y enfoncerait la tête. » Aux yeux du chef décorateur, il était primordial que la conception du manoir puisse assurer une transition harmonieuse entre toutes les pièces et tous les espaces - intérieurs comme extérieurs - afin que les caméras aillent aussi vite que l’esprit d’Artemis. L’intérieur de la demeure devait, par ailleurs, refléter les influences glanées par la famille au gré de ses voyages en Europe depuis le XVIIIe siècle. « Le manoir des Fowl donne à voir tous les centres d’intérêt familiaux : l’architecture, les sciences, la biologie, les arts, la musique… C’est un endroit qui porte en lui l’idée selon laquelle tout est possible », souligne Kenneth Branagh.

À des lieux du manoir des Fowl, l’équipe s’est plongée dans l’univers technophile de Haven-Ville, l’incroyable monde souterrain où évoluent fées, elfes et créatures mythologiques. « Haven-Ville est l’endroit où la dernière famille de fées (exception faite des démons) s’est réfugiée suite aux derniers affrontements avec les humains. Des événements qui se seraient produits en Irlande voici une dizaine de siècles » explique l’auteur Eoin Colfer. « C’est un endroit très respectueux de l’environnement : les créatures qui l’habitent ont recours à la technologie mais sans abandonner Mère Nature. Il ne s’agit pas de science-fiction mais d’une science qui a progressé en parallèle de la nôtre, sous la nôtre. Je trouve que les décorateurs ont fait un travail remarquable. » Là encore, Kenneth Branagh et son équipe ont décidé de construire cet univers en dur. « Personne ne sait exactement à quoi ressemble un monde de fées. Nous avions donc le champ libre », confie le directeur artistique Dominic Masters. « Nous avons pu laisser libre cours à notre imagination pour inventer ce qui nous plaisait, sans trop nous éloigner du livre mais en y ajoutant une touche personnelle. » Jim Clay ajoute : « Cela nous évoquait le fond des océans, mais sans eau. Nous avons imaginé des structures enracinées dans une matière organique, avec des formes naturelles. Tout ceci constituait autant d’éléments progressivement modifiés par les fées pour s’approprier leur environnement ».

Pour Kenneth Branagh et le directeur de la photographie Haris Zambarloukos, il était essentiel de travailler sur la lumière de ce nouveau monde afin de lui conférer un aspect singulier. « Nous avons beaucoup parlé des mondes sous-marins, des coraux, et de la qualité de couleurs et de textures qu’offrent les océans tropicaux. Il y règne un crépuscule permanent, ce qui a constitué un défi de taille », indique le réalisateur. Et d’ajouter « Haris a tenté d’y faire entrer le monde naturel grâce à un travail sur l’éclairage, en intégrant des petites flaques d’eau dans le décor afin de refléter la lumière ». En parallèle du plateau de Haven-Ville, Kenneth Branagh s’est adressé au superviseur des effets spéciaux Charlie Hanley, avec qui il avait travaillé sur CENDRILLON. Il confie : « Notre précédente collaboration m’a été très utile, dans la mesure où cela m’a aidé à comprendre ce qu’il fallait construire, tourner et la manière dont les images de synthèse se fondraient dans le décor. Il fallait réfléchir à la meilleure manière de présenter les recoins sombres de la prison de Howlers Peak, les quartiers généraux des FARfadet, la tour de contrôle et la salle des machines ». Le plus beau compliment est venu de l’auteur Eoin Colfer lui-même : « Ce qu’ils ont fait est absolument fantastique. Cela va bien au-delà de ce que j’avais imaginé. Je suis ravi du résultat ».

Un travail d'orfèvre.

Évidemment, sur un film peuplé de gobelins, de fées, de trolls et autres créatures, la mission confiée aux équipes des costumes, du maquillage et de la coiffure est titanesque. La grande variété des styles, coiffures et prothèses a sidéré Kenneth Branagh qui reconnait : « Ils ont accompli un travail d’orfèvre, où chaque tenue a une histoire. À Haven-Ville, les costumes en disent long sur le caractère des personnages. Loin d’être intimidé par l’ampleur de la tâche, Sammy Differ, notre chef costumier, s’est attelé à créer des bataillons de fées et neuf espèces différentes. Quant à Carol Hemming, qui s’occupait des coiffures et du maquillage, elle a inventé une nouvelle race de gobelins, avec une couleur de peau inédite, des oreilles variées et des yeux diaboliques ». Le symbolisme qui se dégage de ces personnages d’un autre monde est ancré dans le folklore et les reliefs vallonnés irlandais. Le réalisateur ajoute : « Il y a un lien évident avec les signes que l’on voit sur les menhirs, les façades de monuments, les tertres funéraires et les monts irlandais. Tous se reflètent dans les dessins et peintures corporelles des personnages de l’histoire ». Bien que l’on puisse penser que toutes les fées portent le même costume vert, Sammy Differ a incorporé des marques subtiles de hiérarchie au costume de Julius Root, dont la coupe lui donne un look androgyne à mi-chemin entre David Lynch, David Bowie et les bouleaux argentés qui entourent les studios Longcross. Judi Dench approuve entièrement ce choix artistique, même si le personnage est un homme dans le livre. « Il doit être androgyne, c’est évident. En tant que chef des FARfadets, il ne peut se contenter d’être juste une femme ou un homme. »

Les oreilles sont un des éléments les plus caractéristiques de l’aspect physique de Holly Short et Julius Root, et de toute l’équipe FARfadets. Pour les besoins du tournage, les prothésistes ont sculpté plus d’une centaine de paires d’oreilles, petites ou grandes, jeunes ou vieillies, pointues ou tombantes. Comme ces prothèses ne peuvent être portées qu’une seule fois, il a fallu fabriquer des milliers de paires. Les acteurs les ont découvertes dès le casting, où on leur a demandé de les porter, et ils ont dû s’habituer à les mettre eux-mêmes chaque jour.

Josh Gad s’est impliqué dans la création de l’apparence de Mulch Digumms. « Lorsque je suis intervenu, Sammy Differ avait déjà fait le gros du travail, mais on hésitait encore sur les textiles. Et puis nous sommes tombés sur la photo d’un aviateur qui portait une combinaison de cuir. On s’est regardés et on s’est dit qu’il y avait quelque chose à creuser. Vu que les fées détestent le cuir, il tombait sous le sens que Mulch devait en porter. Je trouvais que l’idée était intéressante. » La question de l’aspect de Foaly a été particulièrement complexe. Pour créer ce personnage à part, une collaboration des équipes costumes, coiffure, maquillage, animation en images de synthèse, effets spéciaux et prothèses a été nécessaire. Pour que l’équipe des effets visuels positionne correctement les attributs du centaure, Nikesh Patel a dû enfiler un drôle d’attirail. « Il portait des bottines à lacets qui le grandissaient un peu et lui donnaient une démarche sautillante », explique Eric Guaglione, le directeur de l’animation. « Il avait aussi un bâton dans le dos qui indiquait la taille réelle de son personnage. Nikesh Patel a vraiment bien saisi le personnage. En plus, il a le physique idéal, ce qui nous a guidés dans notre travail. » Pour finir, l’équipe coiffure et maquillage lui a confectionné une perruque « longue et fluide qui lui va très bien, car elle souligne le côté narcissique de Foaly », commente Nikesh Patel. Bookmark and Share


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