Furiosa : Une saga Mad Max  : Entretien avec Anya Taylor-Joy (Furiosa) – 2ème partie
Article Cinéma du Vendredi 24 Mai 2024

ANYA TAYLOR-JOY : « Au début du film, Furiosa s’est déguisée en garçon et contribue à construire le Porte-Guerre parce qu’elle veut s’y cacher pour s’y embarquer clandestinement. Son plan consiste à rassembler des vivres et à faire en sorte d’attirer l’attention le moins possible. Elle se dit ‘sois discrète, car si tu parles, ta voix trahira le fait que tu es une fille. Tâche de rester en vie suffisamment longtemps pour que tu aies une nouvelle chance une fois que tu seras sortie de là.’ Et je crois que la séquence ‘Un passager clandestin en route vers Nulle part', comme George l’a surnommée, est spectaculaire dans tous les sens du terme : on l’a tournée en neuf mois et ne serait-ce que cette durée hors normes est spectaculaire. On constate qu’elle a acquis des facultés et on la découvre sous un nouveau jour à travers cette séquence d’action. C’est d’ailleurs la première fois qu’elle peut enfin être elle-même. C’est la première fois qu’elle ne se cache pas en cherchant à s’en sortir. Dès lors, elle n’a plus le temps de se cacher. À partir du moment où elle rencontre Praetorian Jack – qui la décontenance car il est bienveillant avec elle et lui offre une opportunité, attitude qui va totalement à l’encontre des usages de la Désolation –, elle monte en grade. Elle devient elle-même Prétorienne et je crois qu’à ce moment-là de sa vie, elle ne s’est pas sentie aussi bien depuis longtemps. Elle est profondément aimée et respectée par quelqu’un en qui elle a confiance pour l’aider à atteindre son objectif. Je crois que Praetorian Jack est le seul en qui elle a autant confiance qu’elle a confiance en elle-même. Elle sait qu’il la soutient, qu’il veille sur elle et qu’ils forment une équipe plus efficace que si elle était toute seule. C’est un moment intéressant parce qu’il y a une part d’elle-même qui souhaiterait qu’elle reste avec lui dans la Citadelle. Mais comment oublier sa seule raison de vivre – autrement dit, revenir en Terre Verte et exaucer le vœu de sa mère –, comment oublier sa promesse, son serment ? Je trouve que c’est une période intéressante de son parcours de jeune femme, à un moment où elle a conscience de ses facultés, où elle se sent bien et protégée ».

« La perte de son bras et la construction d’un bras mécanique sont extrêmement importantes, mais moi, c’est toute la légende qu’il y a autour qui m’a intéressée. Dans cet univers, le fait d’être humain – et donc organique – est un inconvénient. Tout le monde vénère les machines et Furiosa se transforme elle-même en machine. C’est ce qui contribue à bâtir une mythologie autour d’elle. Les gens ne s’adressent plus à elle de la même façon et c’est le début d’une nouvelle période qui se poursuit dans FURY ROAD, dans le sens où elle est indomptable et ne travaille pour personne. Elle est sa propre création et n’obéit qu’à ses propres principes moraux et à ses propres lois ».

La collaboration avec George Miller

ANYA TAYLOR-JOY :
« Je n’ai qu’amour, respect et admiration absolus pour George Miller. Je l’aime de tout mon cœur, et c’est l’homme le plus doux, le plus bienveillant, le plus affectueux que je connaisse. Je crois qu’on se retrouve beaucoup l’un dans l’autre, car il a un certain goût pour la folie – et moi aussi. Du coup, quand je suggérais quelque chose de grotesque ou de gore, au lieu de me regarder comme si j’étais cinglée, il me répondait ‘Oui, c’est formidable’. C’était génial parce que je crois bien que les gens ne s’attendent pas à ça de ma part. Je suis très sensible à l’affection et à la compassion qu’il m’a témoignées. Et une fois encore, il y avait très peu d’écart entre le personnage et moi, et il en a vraiment tenu compte. Si, dans une scène, je n’étais pas censée pleurer, mais que je me mettais quand même à sangloter spontanément, il me laissait le temps de reprendre mes esprits et pleurer. Il était touché que je me sente aussi proche du personnage. Je crois que beaucoup de gens auraient sans doute trouvé cela étrange, mais il ne m’a jamais fait me sentir bizarre. Je lui en suis très reconnaissante ».

ANYA TAYLOR-JOY : « George est incroyable parce qu’il vous consacre un mois de… pas de répétitions… mais un mois de discussions. Dès que je l’ai rencontré, j’ai dit à mes parents ‘J’adore travailler avec cet homme parce que j’ai l’impression d’être étudiante à l’université.’ Il fallait que je me justifie, encore et encore et encore. Il fallait que je justifie chacune de mes suggestions. C’était indispensable pour espérer le faire changer d’avis. Il y avait une notion, qui est souvent évoquée de manière impropre – la rage féminine – et j’y tenais vraiment. J’ai lu bon nombre de scénarios où des personnages féminins sont traités de manière indigne et, en guise de réaction, se contentent de garder le silence et de verser une larme… Cela ne correspond pas à la réalité. Nous sommes des êtres humains. Nous avons des sentiments. Nous nous mettons en colère. Nous voulons parfois nous battre, surtout s’agissant de ce personnage, dont l’univers tout entier est physique. C’est vraiment un aspect pour lequel j’ai milité parce qu’il me tenait vraiment, vraiment à cœur. Et quand George s’en est rendu compte, il m’a dit ‘Très bien, je comprends. Je comprends parfaitement.’ Il faut voir que cet homme pilote trois énormes équipes. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi méticuleux pour tout, et pour toutes ses décisions. J’ai une immense admiration pour lui. Le moindre élément visible à l’écran a été soupesé, vérifié, approuvé, revérifié par George Miller. Je le trouve profondément galvanisant ».

Un opéra rock flamboyant

ANYA TAYLOR-JOY :
« Le style de mise en scène de George me fait penser à un opéra rock. Il y a un rythme, une cadence, que j’apprécie énormément car j’ai été moi-même danseuse, si bien que je joue souvent de manière rythmée. Très en amont, on a beaucoup parlé des scènes d’action, non pas pour que l’action soit gratuite, mais pour qu’elle contribue à faire découvrir les personnages. Je n’avais jamais envisagé une scène d’action sous cet angle jusque-là. J’ai trouvé ça épatant et cela s’est vérifié pendant le tournage. Je crois qu’on peut sentir le personnage se déployer au cours d’une scène d’action de 15 minutes. C’est très fort. Le film dépasse la notion de spectacle, si bien que je n’ai même pas de mot pour le qualifier. Spectaculaire dans son ampleur, dans son ambition, dans ses émotions, dans ses scènes d’action. C’est un film de très grande envergure et je crois qu’il y en a pour tous les goûts. Je crois que le spectateur va s’embarquer dans un périple déjanté qui va l’épuiser, mais aussi lui faire du bien car il a quelque chose de cathartique. J’espère que les jeunes femmes se diront, après avoir vu le film, qu’elles sont plus fortes qu’elles ne le pensent, qu’elles ont plus de force qu’elles ne le pensent, et qu’elles peuvent déplacer des montagnes. La pression est très forte, mais elles vont s’en sortir ».

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