LES NOUVEAUX MUTANTS : première incursion dans l’univers horrifique de Marvel. Interview exclusive avec le réalisateur, le scénariste et les acteurs du film – 6ème partie
Article Cinéma du Lundi 07 Septembre 2020

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Nos interlocuteurs : Josh Boone (réalisateur & coscénariste) et Knate Lee (coscénariste).

Concrètement, comment la situation s’est-elle débloquée pour vous après la période de réorganisation qui a suivi le rachat de la Fox par Disney ? ?


Knate Lee : Un beau jour, nos agents nous appelés pour nous prévenir que Disney les avait contactés et que la production des NOUVEAUX MUTANTS redémarrait. A ce moment-là, nous avons pu reprendre le montage, et la création des effets visuels a débuté.

Josh Boone : Comme vous l’imaginez, nous avons été surpris, soulagés et très heureux de pouvoir reprendre notre travail et achever le film comme nous avions prévu de le faire. Le temps qui s’était écoulé nous a permis de revoir le montage avec des yeux neufs. Et ensuite, de découvrir les premiers effets numériques comme les animations du démon ours. Nous avons pu peaufiner le montage pendant plusieurs mois et nous sommes pleinement satisfaits du résultat. C’est vraiment le film que nous voulions faire depuis le départ que l’on verra en salles.

Knate Lee : Ni Josh, ni les acteurs ni moi n’aurions accepté de participer à sa promotion si ce n’était pas le cas.

Revenons au début du projet : quelles ont été vos premières idées d’évolution et de développement des personnages principaux au cours de l’histoire ?

Josh Boone : Comme Knate et moi sommes des superfans de BDs, et que nous avons grandi en dévorant les Marvel, quand nous avons eu l’opportunité de présenter un projet à la Fox, notre choix s’est immédiatement porté sur nos aventures préférées des Nouveaux Mutants, qui avaient été écrites et dessinées par Chris Claremont et Bill Sienkiewicz dans les années 80. Nous nous sommes référés aussi aux tout premiers comics de cette saga, et aux origines des principaux personnages, qui étaient racontées dans un roman graphique assez épais. Nous avons créé une BD digitale pour présenter notre idée de ce que pourrait être une trilogie de films consacrés aux Nouveaux Mutants, dont le premier volet était l’adaptation de la saga du démon ours.

Knate Lee : Le décor isolé et claustrophobique de cette histoire nous offrait un contexte idéal pour présenter ces jeunes mutants qui ont de nombreux problèmes personnels à affronter. Ces cinq garçons et filles possèdent des pouvoirs qu’ils sont encore incapables de contrôler correctement, et on les réunit sous le même toit, dans un hôpital clos qu’ils n’ont pas l’autorisation de quitter. Cet environnement confiné et cette situation vont évidemment créer des tensions et l’atmosphère va devenir de plus en plus explosive.

Josh Boone : L’établissement dans lequel ils se retrouvent est un endroit mystérieux, une sorte de version sombre et inquiétante de l’Institut Xavier pour les jeunes surdoués. Ces mutants-là ne peuvent pas s’y rendre car ils sont bien trop dangereux pour pouvoir cohabiter avec d’autres élèves.

Knate, pourquoi dessinez-vous Magneto sur une feuille de papier pendant que nous parlons ? Dois-je comprendre que c’est un indice qui concerne le film ? Essayez-vous de nous dire quelque chose ?

Knate Lee : (Rires) Non, non, c’est juste un gribouillis ! (rires) Absolument rien d’autre ! (Rires)

La « nouvelle vague » actuelle des films d’horreur comme GET OUT ou L’HOMME INVISIBLE évoque souvent les problèmes de notre société. En tant que scénaristes, avez-vous été inspirés aussi par des événements récents de la vie réelle ?

Josh Boone : Non, pas vraiment. La BD originale contenait déjà tout ce dont nous avions besoin pour faire vivre ces personnages. Mais il y a une histoire d’amour comme on n’en a pas vue avant dans des films de super-héros, et qu’il a fallu faire valider par le studio.

Knate Lee : De plus, ces personnages sont isolés du reste du monde, ce qui ne nous permettait pas de décrire directement des problèmes qui touchent l’ensemble de la société. Ces gamins sont potentiellement dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. En étant regroupés sous le même toit, le risque est qu’ils se mettent en danger mutuellement, mais c’est aussi à partir de ce moment-là que les choses se corsent et deviennent passionnantes. Dans la BD originale, la saga du démon ours, Bill Sienkiewicz a développé une esthétique très particulière, à la fois belle et cauchemardesque. C’est l’un des plus grands artistes des comics. Quand on lit cette bande dessinée aujourd’hui, elle est toujours aussi originale et sensationnelle que lors de sa parution dans les années 80. Cette histoire a vraiment abordé de manière innovante les aspects sombres et même parfois sinistres de ce que peut être la vie d’un mutant.

Josh Boone : Chris et Bill ont également apporté un aspect métaphysique sérieux et profond à cet univers.

Comment avez-vous imaginé une approche différente des scènes d’action avec les mutants, puisqu’il ne s’agit pas d’une aventure de super-héros classique, mais d’un film d’horreur ?

Knate Lee : Je dirais que cela s’est fait naturellement, parce que ces jeunes gens ne souhaitent pas devenir des super-héros.

Josh Boone : Et ils ne se sont jamais entraînés pour apprendre à se battre contre des gens. Ni à lutter en équipe.

Knate Lee : Agir comme des super-héros est même la dernière chose qu’ils voudraient faire. Leur seule envie est de quitter cet établissement dans lequel ils sont retenus. Ce sont encore des novices, des ados inexpérimentés dans tout ce qui a trait à l’utilisation de leurs pouvoirs.

Josh Boone : Pour répondre plus précisément à votre question, je peux vous dire que nous avons décidé de ne pas recourir de manière intensive à des trucages numériques avec des clones 3D des acteurs faisant des acrobaties délirantes. Nous avons tourné toutes les scènes d’action en filmant les vrais acteurs. A l’exception du démon ours qui est digital, tout le reste est en prises de vues réelles : nous avons filmé Blu Hunt, qui joue Danielle Moonstar, suspendue à des câbles afin de la faire évoluer dans les airs puis se poser sur le sol. Nous avons toujours réalisé le maximum de choses « en vrai », devant les caméras, pour faire sentir aux spectateurs que l’on se trouve dans un environnement réel, avec des acteurs de chair et d’os et non pas dans un univers 3D.

Knate Lee : Les personnages avec lesquels on fait connaissance dans le film ne se transforment pas brutalement en super-héros à la fin du film. Ils restent des gamins effrayés par ce qui leur arrive.

Josh Boone : Par contre, ils agissent ensemble et de manière héroïque pour lutter contre un ennemi commun.

En ce qui concerne Wolfsbane, on imagine qu’il y aurait eu des moyens de la représenter transformée en utilisant des effets spéciaux « traditionnels » de maquillage. Qu’est-ce qui vous a poussé à employer plutôt des trucages numériques ?

Josh Boone : Pour l’essentiel, nous avons utilisé un véritable chien loup qui est la « doublure » de Maisie Williams sous sa forme de louve. Nous n’avons pas eu recours à un loup 3D. En revanche les effets numériques nous ont servi à la représenter sous sa forme hybride, mi-femme mi-louve, mais c’est toujours la performance de Maisie qui est utilisée dans ces plans-là. La raison pour laquelle nous ne sous sommes pas lancés dans des effets de maquillage sophistiqués tient au fait que nous avons voulu nous éloigner de la manière dont les scènes d’action sont conçues dans les adaptations de comics à gros budget. Maisie ne se transforme pas en « louve-garou » de manière ostentatoire comme dans HURLEMENTS ou PEUR BLEUE. J’ai storyboardé moi-même toutes ces scènes à ma façon, en pensant à ce que Knate vient de rappeler, c’est à dire qu’il s’agit d’abord et avant tout de jeunes gens qui sont terrifiés par ce qui leur arrive.

Quels sont les meilleurs souvenirs que vous garderez des NOUVEAUX MUTANTS ?

Knate Lee : Je dirais que c’est l’ensemble de cette expérience, liée à cette période de notre enfance pendant laquelle nous réalisions des bandes dessinées inspirées par tous les comics de Marvel que nous dévorions. Partir de cela et réussir à le concrétiser de cette manière folle et exponentielle est sans aucun doute l’expérience la plus étonnante que j’ai vécue de toute ma vie ! Je me rappelle encore très bien de ce moment où Josh et moi dessinions la version primitive de ce travail quand nous avions sept ans ! (rires) A chaque fois que j’y pense, cela m’étonne encore.

Josh Boone : Je pense la même chose, et j’ajouterais que nous avons eu la chance de tourner ce film avec le meilleur casting que l’on pouvait souhaiter. Tous les acteurs ont été géniaux, l’ambiance a été excellente, et comme vous avez pu le voir, ils sont restés amis depuis. Ça a été une expérience fantastique.

Vous est-il arrivé de vous regarder l’un l’autre pendant le tournage, en vous rappelant ce à quoi vous rêviez quand vous aviez 7 ans et que vous dévoriez les comics des Nouveaux Mutants ?

Josh Boone : Oh oui, tout le temps ! On aurait presque pu croire que c’était trop beau et que tout cela n’était qu’une simulation, une illusion implantée dans nos cerveaux ! (rires)

Knate Lee : Nous sommes bien conscients de la chance que nous avons eu. Ce film, c’est vraiment un rêve de fan devenu vrai.

La suite de notre dossier sur LES NOUVEAUX MUTANTS déboulera sur ESI à la vitesse de Cannonball ! Bookmark and Share


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