LES NOUVEAUX MUTANTS : Entretien exclusif avec Maisie Williams (Rahne Sinclair / Wolfsbane) – 7ème partie
Article Cinéma du Mardi 15 Septembre 2020

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

La formidable Arya Stark de GAME OF THRONES devient une héroïne Marvel et sort ses griffes dans le rôle de Wolfsbane.

Avant de parler des NOUVEAUX MUTANTS, j’aimerais revenir sur votre fantastique interprétation d’Arya Stark dans GAME OF THRONES. Vous n’aviez que 13 ans quand le tournage de la série a débuté, et c’était votre toute première expérience professionnelle. Comment vous étiez-vous préparée à jouer ce rôle avec tant de vérité et d’assurance ?

Vous savez, il y a une idée reçue complètement erronée à propos de cela, parce que les adultes ont tendance à croire que les enfants ne comprennent pas les émotions complexes. En réalité, il n’en est rien. Beaucoup de très jeunes acteurs sont capables de jouer sincèrement des scènes concernant des situations traumatisantes, soit parce qu’ils en ont vues dans des films, qu’ils ont en entendu parler ou plus simplement parce qu’ils en ont vécu personnellement. Ils ont assimilé tout cela, même s’ils ne savent pas encore comment l’exprimer ou le gérer émotionnellement… Quand ils entament une carrière de comédiens, ils apprennent à se servir de ces émotions, et probablement à mieux les contrôler aussi dans leurs vies. Tous les enfants, partout dans le monde, ressentent fortement les choses. S’ils n’ont pas les mots pour en parler, ou ne comprennent pas forcément les implications les plus profondes de ces situations, ils peuvent malgré tout les capter et donc les interpréter. Et quand on joue à un très jeune âge, comme j’ai eu la chance de le faire, on dispose en plus d’un exutoire génial pour se défouler : on peut exploser de colère, hurler ou pleurer pendant que l’on travaille. C’est formidablement libérateur !

Vous étiez encore une enfant quand GAME OF THRONES a commencé, et vous jouiez avec des acteurs adultes très expérimentés. Comment préserviez-vous un bon équilibre entre votre vie privée d’adolescente et les responsabilités médiatiques qui vous incombaient, puisque vous teniez l’un des rôles principaux de la série ?

J’ai essayé de ne pas me laisser trop impressionner par tout cela. C’était plus simple de ne pas y penser et d’aborder naturellement les choses au jour le jour, en faisant abstraction du monde extérieur et du retentissement de la série. Cela m’a aidé, surtout pendant ces premières années d’apprentissage du métier. Par la suite, nous avons tous eu davantage de contacts avec la presse, et on nous a demandé de paraître plus souvent sous les projecteurs à l’occasion d’événements particuliers. Mais ce n’est qu’à partir de l’âge de 15 ou 16 ans que l’on nous a demandé de participer au lancement des nouvelles saisons, parce que nous avions appris entretemps à nous exprimer devant les médias. A ce moment-là, j’étais déjà devenue célèbre, sans être apparue souvent sur les tapis rouges. HBO a su nous protéger, nous laisser le temps de grandir et de nous familiariser avec le monde médiatique, afin que nous puissions mieux gérer cela en tant que jeunes adultes.

Certains de vos fans de GAME OF THRONES ont vu d’un mauvais œil que vous rejoigniez l’univers Marvel avec LES NOUVEAUX MUTANTS. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je pense que les personnes qui ont dit cela ne sont pas de vrais fans bienveillants. Et de toutes manières, j’aime prendre mes décisions moi-même, sans me laisser influencer ! (rires)

Vous voilà donc devenue une héroïne Marvel. Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans l’univers des NOUVEAUX MUTANTS ?

Je trouve qu’il s’agit d’histoires portées par des idées progressistes. Les personnages sont très diversifiés, et les thèmes beaucoup plus intéressants que dans la plupart des films de super-héros. Ici, il n’est pas question de sauver le monde, mais de montrer comment ces jeunes gens vont gérer l’apparition de leurs pouvoirs, ce que cela va bouleverser dans leurs vies, et aussi comment ils vont apprendre à maîtriser leurs émotions. Je crois que ce sont des sentiments que chacun éprouve pendant l’adolescence : l’impression d’être incompris, isolé, seul. C’est ce qui m’a touchée car je me suis immédiatement identifiée à tous ces personnages. Bien sûr, il y avait le plaisir et l’attrait supplémentaire de participer à des scènes d’action spectaculaires, mais ce qui compte le plus dans cette histoire, c’est de voir comment ces filles et ces garçons vont réussir à s’accepter tels qu’ils sont, et prendre le contrôle de leurs vies. Nous pouvons tous apprendre quelque chose de ce genre de récits.

Avez-vous reçu une énorme pile de comics à lire avant le tournage ? Les Studios Marvel sont connus pour fournir une énorme documentation aux acteurs avant qu’ils incarnent l’un de leurs personnages…

Non, mais nous avons reçu une compilation de magnifiques dessins des NOUVEAUX MUTANTS réalisés par Bill Sienkiewicz, et tirés en série très limitée. C’était un cadeau extraordinaire, que je conserve précieusement, avec beaucoup de gratitude. Bill est un grand artiste, et chacun des personnages est dessiné dans différentes postures, avec des expressions qui révèlent leurs personnalités.

Avez-vous utilisé certains souvenirs de votre adolescence pour interpréter votre personnage avec sincérité ?

Oui. Depuis que je suis médiatisée, photographiée, interviewée, j’ai pris conscience de la manière dont le public peut vous percevoir en raison de votre apparence, et de vos propos. Et des critiques que vous pouvez subir ensuite. C’est la raison pour laquelle j’ai été mal à l’aise pendant un certain temps. Rahne, mon personnage, éprouve la même chose, dans un contexte différent, mais ses émotions et ses doutes sont très proches de ce que j’ai ressenti. Elle ne se confie pas beaucoup, s’exprime peu, crée des murs et des barrières autour d’elle pour se protéger. Heureusement, aujourd’hui, j’ai dépassé tout cela et je me sens bien dans ma peau. Et j’espère que mon personnage vivra la même chose un jour.

Notre entretien avec Maisie Williams consacré aux NOUVEAUX MUTANTS apparaîtra à la prochaine pleine lune sur ESI. Bookmark and Share


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