LES NOUVEAUX MUTANTS : Entretien exclusif avec Maisie Williams (Rahne Sinclair / Wolfsbane) – 8ème partie
Article Cinéma du Mardi 22 Septembre 2020

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Suite de notre conversation avec la formidable interprète d’Arya Stark de GAME OF THRONES, qui incarne à présent Wolfsbane, une héroïne Marvel qui sort ses griffes dans ce thriller horrifique...

Vous êtes une passionnée de danse. Avez-vous utilisé vos talents dans ce domaine pour bouger à la manière d’une louve juste avant les transformations ? Avez-vous participé à des sessions de captures de mouvements afin que l’on puisse reporter votre gestuelle sur la version 3D de Wolfsbane ?

Je n’en ai pas vraiment eu l’opportunité, car il n’y a pas de scènes où on la voit courir, puis se transformer. En revanche, mon entraînement de danse m’a effectivement été utile quand j’ai tourné des scènes d’action en portant un harnais et en étant suspendue à des câbles pour bondir. En effet, Wolfsbane peut sauter beaucoup plus haut et plus loin qu’un humain. Je ne veux pas gâcher les surprises que nous avons préparées, mais je me suis beaucoup servie de mon corps et de mon expérience de danse pendant le tournage des scènes de combats.

Quel a été le processus utilisé pour filmer les scènes de métamorphoses ? Vous avait-on peint des points de repères sur le visage pour greffer les éléments en 3D ? Y a-t-il eu aussi certains effets de maquillage ?

Nous avons utilisé des points de repères dessinés sur mon visage avec de l’eyeliner, ou avec un « crayon de tatouage » dont l’encre tenait mieux sur la peau. On en dessinait aussi sur mes mains, mon cou et mes épaules. Et pour certains plans où je suis nue pendant que je reprends forme humaine, on en a mis aussi sur mes jambes et sur le reste de mon corps. Très franchement, c’était déconcertant et plutôt gênant d’avoir à se promener avec tous ces points tracés partout, alors que j’essayais de passer une journée normale sur le tournage ! Mais j’imagine que se balader avec des touffes de fourrure collés sur le visage et le cou aurait été bien plus inconfortable. Je suis donc reconnaissante à l’équipe technique de m’avoir évité cela. Comparé aux autres acteurs, la préparation de la manifestation de mon pouvoir prenait plus de temps en maquillage, car dessiner correctement tous ces points précisément aux mêmes endroits à chaque fois prend beaucoup de temps.

Il n’y avait donc aucun élément de maquillage concret ? Tout était prévu pour la 3D ?

Non, je portais quand même des fausses dents avec des crocs, une perruque et des griffes au bout des doigts. Les seules prothèses qui étaient posées représentaient des cicatrices. Ces parties-là du processus étaient plutôt amusantes à utiliser quand je jouais ces scènes de transformation.

Avez-vous du vous entraîner avant de tourner les cascades des scènes d’action ?

Oui, et pas qu’un peu ! (rires) Nous avons participé à de longues séances de gymnastique et de musculation tous les weekends, et aussi à des « camps d’entraînement intensifs» avant le tournage. C’était épuisant, à vrai dire ! Pour ne rien arranger, cela se passait en plein été au Massachussetts, et il faisait très chaud… Se retrouver dans un gymnase au milieu d’acteurs que l’on rencontre pour la première fois, et de s’entraîner à fond avec eux alors que l’on ne les connaît pas est une expérience assez étrange ! (rires) Mais ces circonstances insolites ont eu le mérite de nous rapprocher et nous sommes rapidement devenus amis.

L’entraînement pour les acrobaties à faire suspendue à des câbles, a donc eu lieu à ce moment-là…

Oui, et je peux vous dire que j’en ai gardé longtemps des bleus autour des côtes !

Quelles ont été les scènes les plus difficiles à jouer et pourquoi ?

En ce qui me concerne, je dirais qu’il s’agit de celles dans lesquelles on utilise des effets visuels, car pendant le tournage, on doit regarder des choses qui n’existent pas encore, devant un fond bleu ou vert. Je pense par exemple à une scène pendant laquelle nous sommes tous sensés voir le personnage de Cannonball, que joue Charlie Heaton, décoller puis s’envoler en laissant derrière lui des traînées de feu. Ce n’est évidemment pas le genre de trucages que l’on peut réaliser en direct devant les caméras car Cannonball se déplace à une vitesse hallucinante. Pour nous, c’était assez difficile de visualiser dans nos esprits ce que le résultat final allait être. Dans ces conditions, faire semblant de voir ce genre de choses devient un défi, car nous sommes plusieurs dans le groupe et chacun peut se représenter différemment les actions de Cannonball. Heureusement, Josh nous a donné suffisamment d’indications pour que nous soyons tous en phase.

Pouviez-vous vous référer à des storyboards, ou visionner des prévisualisations de ces scènes en animation 3D schématique ?

Oui, il y avait des illustrations préparatoires, des storyboards, des prévis, et cela nous a bien aidé, mais quand on se retrouve au beau milieu d’une scène on ne les a plus forcément en tête, et s’il n’y a rien de concret à voir pendant que vous jouez, cela reste une situation étrange.

Quelle est la dynamique des relations entre Rayne et le reste des jeunes mutants, et comment avez-vous travaillé sur cela avec Josh Boone et avec les autres acteurs ?

Je dirais qu’elle est certainement l’une des mutantes qui pose le moins de problèmes au sein du groupe. Rayne est très heureuse de participer au programme et le fait de son mieux. S’il lui arrive de rencontrer des difficultés, la plupart du temps, cela n’affecte personne d’autre. Cela se produit quand elle est seule, notamment à cause de ses transformations en louve. Même si elle tente de se déplacer silencieusement, sans être vue, il arrive que des gens l’aperçoivent et soient effrayés. En ce qui concerne ses relations avec le groupe, comme Rayne évite les confrontations, elle à tendance à s’effacer et à rester à l’arrive-plan. Elle ne se lève pas pour prendre la parole quand elle a un avis intéressant : il faut vraiment qu’on l’encourage à exprimer son opinion. Je dois dire que jouer cette fille discrète à côté des autres acteurs dont les personnages sont beaucoup plus extravertis me changeait beaucoup du rôle d’Arya dans GAME OF THRONES, car je devais souvent parler fort ou crier en l’interprétant ! Arya a énormément d’assurance, et réussit à s’imposer parce qu’elle sait parfaitement ce qu’elle doit faire pour mener sa vie et atteindre ses objectifs. A l’inverse, Rayne intériorise tout. Elle réfléchit beaucoup et garde ses pensées pour elle. Pour elle, c’est beaucoup plus rassurant de se créer une zone de confort en restant au second plan du groupe des jeunes mutants.

Faut-il considérer que jouer une super-héroïne est désormais l’une des étapes incontournables de la carrière d’une actrice ?

Non, pas nécessairement. C’est quelque chose que beaucoup de comédiens et de comédiennes font parce que de nombreux films de super-héros deviennent des grands succès du boxoffice. Ils attirent les foules, génèrent énormément d’argent, et montrent aussi à quel point l’industrie du cinéma a changé. Les opportunités de tourner dans un film de ce registre sont plus nombreuses aujourd’hui, parce que l’on en produit beaucoup. J’ai longuement discuté avec Sophie Turner en lui demandant si je devrais jouer dans ce film ou pas, à son avis. Son point de vue était intéressant, puisqu’elle avait déjà tourné dans un premier film des X-MEN à ce moment-là et avait donné son accord pour un second. Elle m’a dit que faire partie d’un nouvel univers après la fin de GAME OF THRONES serait une excellente promotion pour moi, et que cela accentuerait ma notoriété auprès des fans. J’ai suivi ses conseils et donné mon accord. Mais même si je n’avais pas joué dans LES NOUVEAUX MUTANTS, cela n’aurait rien changé à mon envie de participer aussi à des films comme ceux que je préfère voir, et pas forcément des blockbusters avec des super-héros. Cela dit, je comprends très bien que beaucoup de gens aiment se divertir en allant les voir.

Quelles sont vos occupations favorites ? Comment aimez-vous vous détendre quand vous ne travaillez pas ?

Je dois dire que je joue beaucoup à des jeux vidéo comme MINECRAFT. J’emporte toujours ma Nintendo Switch avec moi, où que j’aille. Et comme mon métier m’oblige à prendre souvent l’avion, je m’en sers pour passer le temps pendant les longs vols transatlantiques. Je lis aussi beaucoup. Je ne sors pas souvent. Je passe beaucoup de temps seule quand je me repose. Et c’est très agréable parce que sur les tournages, je suis constamment entouré par des centaines de gens, ce qui m’oblige à rester « en représentation » d’une certaine manière. J’apprécie donc tout particulièrement le calme de la solitude quand je peux faire une pause.

Vous avez produit deux courts-métrages dans lesquels vous jouez. Aimeriez-vous produire des longs métrages ou des séries dans le futur ?

Je produis actuellement un projet de court-métrage intitulé BRITAIN’S GOT CHLOE. C’est la chronique des aventures d’une famille nombreuse qui vit dans une caravane. Elle prend la route pour accompagner l’un de ses membres à une audition qui pourrait changer le cours de sa vie. J’ai beaucoup aimé le scénario de ce film, et ce personnage. Si BRITAIN’S GOT CHLOE est bien accueilli, nous espérons l’adapter sous la forme d’un long métrage. J’ai l’intention de continuer à produire tout au long de ma carrière.

Aimeriez-vous vous lancer dans l’écriture d’un script ou peut-être même passer à la réalisation d’un de vos projets ?

Oui, pourquoi pas, si j’arrive à développer certaines des idées qui me trottent dans la tête depuis longtemps. Bookmark and Share


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