MINUIT DANS L’UNIVERS sur Netflix : Double compte à rebours pour la survie de l’humanité – 1ère partie
Article Cinéma du Mardi 09 Fevrier 2021

Alors qu’une épidémie aux origines mystérieuses ravage la planète, un savant basé dans l’Arctique doit trouver le moyen d’avertir des astronautes en mission dans l’espace des dangers qu’ils courent en revenant sur Terre.

Par Pascal Pinteau

C’est en 2016 que le roman GOOD MORNING, MIDNIGHT de Lily Brooks-Dalton, est devenu un best-seller aux USA, comme deux autres œuvres post-apocalyptiques fameuses, LES FILS DE L’HOMME de P.D. James et LA ROUTE de Cormac McCarthy, respectivement adaptées au cinéma par Alfonso Cuaron en 2006 et John Hillcoat en 2009. Dans son livre (édité en France par les Presses de la cité) l’écrivaine américaine dépeint la fin imminente de l’humanité avec une sensibilité et un sentiment de résilience touchants, offrant une vision poétique de notre déclin. « Que reste-t-il lorsque tout est sur le point de disparaître ? » s’interroge-t-elle en nous livrant ce récit qui explore nos sentiments essentiels et rend hommage à l’instinct de survie dans ce qu’il a de plus noble. De tels atouts ne pouvaient que séduire un acteur et cinéaste engagé tel que George Clooney, impliqué de longue date dans la défense de l’écologie, des populations les plus pauvres et des libertés fondamentales, tel le droit des générations futures de vivre dans un monde correctement préservé. Au moment où Clooney et le producteur Grant Heslov ont acquis les droits d’adaptation du roman pour le compte de leur société commune, Smokehouse Pictures (Argo), ils ne pouvaient pas imaginer que la réalité se rapprocherait de la fiction à un tel point, et qu’une fois achevé, leur film serait diffusé pendant une période de pandémie comme le monde moderne n’en avait encore jamais connue. Une fois encore, un roman puis un film de science fiction ont anticipé des événements qui semblaient si peu probables que nous les avions crus impossibles.



De la page à l’écran

« L’histoire se concentre sur un désir profondément ancré en nous », explique George Clooney, « Le besoin de garder le lien. Le film parle aussi de ce que l’homme est capable d’infliger à l’humanité et des conséquences qu’il doit subir ». Récit post-apocalyptique rapporté tantoôt depuis une perspective intime, tantôt dans le contexte cosmique d’un astronef de haute technologie, MINUIT DANS L’UNIVERS suit deux fils conducteurs. Dans l’un, Augustine, un scientifique solitaire basé dans l’Arctique, assiste aux derniers jours de l’espèce humaine alors que sa santé décline. Dans l’autre, une équipe d’explorateurs interplanétaires se languit de rentrer sur Terre après des années passées en mission. Isolés dans leur vaisseau, ces astronautes ignorent ce qui est arrivé à leur planète car les communications avec leurs collègues se sont interrompues. « Les histoires de ce genre ont toujours plu, me?me lorsque les temps n’étaient pas aussi apocalyptiques qu’ils le sont aujourd’hui », poursuit Clooney en évoquant une tradition qui englobe le classique de Stanley Kramer LE DERNIER RIVAGE (1959), POINT LIMITE de Stanley Lumet (1964) et son remake télévisuel de 2000 (dans lequel jouait Clooney), aussi bien que THE WALKING DEAD, dont la popularité ne se dément pas. « Ces dernières années, notre vision de la société s’est assombrie et s’est en quelque sorte polarisée, mais c’est un phénomène cyclique. Les histoires sur la fin du monde sont toujours aussi appréciées. » Transposer fidèlement le livre de Lily Brooks-Dalton en scénario tout en mêlant harmonieusement des épreuves de survie dans un environnement glacial et la magnificence de l’espace allait être un défi particulièrement ardu. Le scénariste Mark L. Smith (THE REVENANT) a su le relever après en avoir longuement parlé avec George Clooney et Grant Heslov : « J’ai retrouvé dans cette histoire certains des thèmes qui m’avaient attiré en travaillant sur THE REVENANT » confie-t-il «Il est question d’un voyage, de la lutte de l’homme contre la nature, des épreuves qu’une personne déterminée est capable de surmonter. Le plus important, c’est que ce récit est ancré dans la réalité. Ce n’est pas du space opera ni de la fantasy. Il présente des personnages réalistes, des évènements crédibles, de vraies émotions, et traite de problématiques existant déjà sur Terre. De ce fait, nous n’avons jamais voulu mettre la technologie trop en avant. » Mark L. Smith est d’autant mieux placé pour parler de science-fiction qu’il a travaillé également sur le projet STAR TREK de Quentin Tarantino. Mais le scénariste considère MINUIT DANS L’UNIVERS comme son premier véritable film sur le cosmos, ou? il doit composer avec les circonstances qui peuvent se produire dans l’environnement spatial. «Explorer des situations comme une sortie extravéhiculaire ou une pluie de météores était un exercice nouveau pour moi », explique-t-il. « C’était amusant. En général, je me tiens à l’écart de la technologie, car je considère que tout doit venir des personnages. Plus je peux tirer d’éléments des protagonistes d’une histoire, plus je parviens à me concentrer sur eux. » Grant Heslov ajoute : « Mark a écrit plusieurs scénarios qui nous ont impressionnés. Et il a rédigé celui-ci avec brio. » George Clooney reconnait d’ailleurs que son intéret pour MINUIT DANS L’UNIVERS ne lui est venu qu’après avoir lu le script. « Quand on entreprend un projet, on sait qu’il faudra lui consacrer l’essentiel des deux prochaines années de notre vie. Il faut donc que ce soit quelque chose qui vous passionne. Et ce scénario est magnifiquement écrit. Il s’inspire un peu de GRAVITY, un film dans lequel j’ai eu le plaisir de jouer, et de THE REVENANT, et les lie de manière naturelle ». Pour Grant Heslov, l’un des talents majeurs de Mark L. Smith est de savoir ce qu’il est préférable d’exclure dans un script : « Mark écrit de façon minimaliste, et George et moi adorons tous deux ce style » explique-t-il. « Il laisse ainsi beaucoup de place à l’imagination du cinéaste. Tout n’est pas écrit, tout n’est pas dicté à l’avance. Et il sait structurer une histoire. »

De nouvelles péripéties

Pour transposer visuellement le roman de Lily Brooks-Dalton, il fallait effectuer une nouvelle mise en forme, travail que seul un scénariste sensible au langage ainsi qu’aux exigences d’un scénario hollywoodien pouvait réussir. « Pendant l’écriture de THE REVENANT, je savais que nous avions besoin d’ajouter quelques scènes d’action nouvelles », confie le scénariste. « Nous en avons intégré quelques-unes, juste pour maintenir la tension. Dans le cas de MINUIT DANS L’UNIVERS, j’ai dû me concentrer sur des choses plus visuelles ou qui nous permettraient d’arriver plus vite à un certain point. L’histoire était si belle dans sa forme originale qu’il ne fallait pas la gâcher. Nous avons évité d’en faire trop. » Deux thèmes ont été modulés différemment par le scénariste, comme le précise Clooney : « La rédemption est plus présente, tandis que les regrets le sont moins. La rédemption, tout le monde la ressent un peu au fond de son cœur. »

La suite de notre dossier MINUIT DANS L’UNIVERS apparaîtra bientôt sur ESI. Bookmark and Share


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