THE MANDALORIAN - Entretien avec Carl Weathers, acteur et réalisateur
Article TV du Vendredi 12 Fevrier 2021
Carl Weathers s’est fait connaître dans le rôle d’Apollo Creed, adversaire puis ami intime de Rocky Balboa dans quatre films de la saga ROCKY (1976) et dans celui de Dillon, coéquipier d’Arnold Schwarzenegger dans PREDATOR (1987). Depuis 2020, il est devenu Greef Cargo dans la série-événement LE MANDALORIEN, et est passé derrière la caméra pour réaliser le 4ème épisode de la seconde saison, une aventure particulièrement spectaculaire intitulée LE SIÈGE.
Par Din Djarin
Comment en êtes-vous venu à réaliser l’épisode intitulé Le siège pour la deuxième saison du MANDALORIEN ?
Vous savez, j’ignore par quel processus Jon Favreau choisit d’attribuer la réalisation des épisodes, mais j’imagine que j’avais dû poser beaucoup de questions artistiques et techniques sur la mise en scène de la série, et que cela l’a incité à me proposer de passer derrière la caméra pendant cette deuxième saison. Je ne lui avais pas caché que ce serait quelque chose qui m’intéresserait, et je le lui avais d’ailleurs dit avant d’être engagé pour jouer Greef Cargo dans la série. Jon est un homme sympathique, très intelligent, et extrêmement talentueux. Il remarque tout, comprend vite le potentiel créatif et le caractère des gens, et je pense que c’est ce qui lui permet de choisir ceux dont l’énergie, la personnalité et la sensibilité conviendraient particulièrement bien à un épisode précis, et pourraient permettre de raconter cette histoire en lui apportant un « plus » significatif.
Il y a beaucoup d’action dans cet épisode, et comme vous jouez aussi dedans, cela a dû vous compliquer la tâche…
Il faut concevoir et fabriquer énormément d’éléments différents pour créer un épisode du MANDALORIEN. Ça représente une quantité de travail phénoménale, de la part des concepteurs des décors réels et virtuels, des infographistes qui ajoutent de manière indétectable des effets visuels aux prises de vues, du merveilleux directeur de la photographie Matthew Jensen, des acteurs devant la caméra, du monteur Jeff Seibenick , sans oublier les créateurs des effets sonores et la musique de Ludwig Goransson. Quand toutes ces personnes vous apportent leur talent, c’est une aide phénoménale dont elles vous font cadeau pour réaliser un épisode. C’est presque comme si vous commenciez avec une maison vide que vous avez construite et dont vous avez peint les murs, et qu’ils apportaient tous les meubles et se chargeaient de la décoration ! (rires) Jouer tout en réalisant m’apporte l’avantage d’avoir un double point de vue. Quand je suis derrière la caméra, je donne mes indications aux acteurs et je me débrouille pour que la mise en scène et le cadrage tienne compte de leurs différentes tailles et de leur position dans les décors pour que tout soit intéressant à regarder pendant la scène. A ce moment-là, une doublure prend ma place pendant le réglage des déplacements et du cadrage. Ensuite, je joue la scène avec les acteurs, et le playback me permet de visionner ce que nous venons de filmer comme si j’étais resté derrière la caméra, et de donner mes nouvelles indications à l’équipe technique et aux comédiens.
Avez-vous eu la possibilité de suggérer des idées sur l’évolution du personnage de Greef Cargo dans la série ?
Oui, car Jon Favreau et Dave Filoni sont ouverts aux propositions de l’équipe, mais il faut que cela reste dans des limites raisonnables, car ils ont la vision d’ensemble de l’arc narratif de toute une saison, et certainement de la prochaine aussi, donc il y a forcément des choses que je ne peux pas savoir à propos des événements dans lesquels Greef Cargo va intervenir. Vous savez, généralement, quand on travaille pour la télévision, le rythme de production est très rapide, et quand les producteurs vous envoient le script de l’épisode dans lequel vous allez jouer, il est achevé à 99%. Si tout se passe bien, vous pourrez peut-être intervenir sur quelques détails dans le scénario, ou suggérer des petites choses au moment de filmer, de manière à faire passer ainsi certaines informations aux spectateurs. Le mode de travail est nettement plus collaboratif sur LE MANDALORIEN, et je peux dire que les interventions des producteurs exécutifs vont toujours dans le sens de l’amélioration du récit, ce qui n’a pas toujours été le cas dans d’autres projets auxquels j’ai participé. Parfois, les producteurs veulent simplement imprimer leur marque et demandent des modifications ou des coupes au montage qui affaiblissent le résultat final. Nous, nous avons la chance de travailler avec Jon Favreau, et avec Dave Filoni, qui a travaillé pendant des années avec le créateur de STAR WARS, et qui connait absolument tout sur cet univers. Dave est comme une encyclopédie ambulante et ses conseils sont d’autant plus précieux qu’il est également un réalisateur accompli, puisqu’il a d’abord travaillé dans le domaine de l’animation et maintenant sur les épisodes du MANDALORIEN. Grâce à lui, on trouve de très nombreuses pépites dans les scripts de la série, des références très précises et très judicieuses à des éléments de l’univers de STAR WARS. Pour la plupart des spectateurs, certains de ces détails vont juste faire partie de la richesse visuelle de la série, tandis que pour les hyperfans, un emblème tagué sur un mur, par exemple, va les réjouir parce qu’ils vont comprendre sa signification exacte et son lien avec l’histoire que l’on raconte. Tout cela est conçu avec un grand soin et un immense respect pour l’œuvre de George Lucas.
Grogu fait des choses très amusantes dans LE SIÈGE : il se goinfre de macarons, se révèle être un piètre mécanicien, et comme il a trop mangé, il est malade. Comment avez-vous dirigé ces scènes qui ont beaucoup plu aux fans ?
Comme tout le monde, je suis tombé sous le charme de Grogu dès que je l’ai découvert, pendant le tournage de la première saison. Il est absolument irrésistible ! Et quand nous avons parlé de ce que nous pourrions faire pendant la deuxième saison, j’ai dit à Jon qu’il faudrait montrer Grogu plus souvent en action, faisant plus de choses, même s’il n’est pas le personnage principal de la série. Il apporte une douceur enfantine très réconfortante à ces histoires. Au milieu de ces histoires avec beaucoup de combats, de batailles de vaisseaux, de violence et de dangers, l’innocence de Grogu crée un équilibre merveilleux. J’ai tenu à jouer au moins une scène avec lui, pour mon plaisir de fan !
Techniquement, les moments où il vomit ont-ils été tournés avec des effets en direct, devant la caméra ?
Oui, nous avons filmé cela presque à la fin du tournage de l’épisode, avec la marionnette de Grogu et des trucages de plateau. La clé pour réussir cet effet a été de trouver la bonne couleur pour ce qu’il régurgitait ! (rires) Je crois qu’avec ces scènes-là, les décisions des personnages et les moments de pure action, ce chapitre de la série a beaucoup à offrir pour les spectateurs de tous les âges.
Les scènes d’action sont vraiment épatantes, et on peut pas dire que la production n’a pas lésiné sur les moyens : il y a des fusillades dans une base de l’Empire, avec des dizaines de Stormtroopers, des poursuites de speeder bikes, des attaques de chasseurs Tie…
C’était très amusant à concevoir, avec les artistes de la production et les magiciens d’ILM. Quand on est entouré par de tels professionnels, tout ce que l’on a imaginé se concrétise en dépassant vos espérances.
Et pour faire encore plus plaisir aux fans, à un moment, vous dites en parlant de la navette dans laquelle vous vous trouvez « Est-ce que ce machin ne peut pas aller plus vite ? » qui est vraiment une réplique de référence dans STAR WARS !
Oui, normalement, ce serait Harrison Ford qui devrait crier cela, vous avez raison ! (rires) Toute cette expérience a été fantastique et je me réjouis d’avoir eu la chance de réaliser cet épisode.
La suite de notre dossier consacré au MANDALORIEN arrivera bientôt sur ESI.