FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER : Entretien avec Kevin Feige, Président des Studios Marvel, Kari Skogland, réalisatrice, et Malcolm Spellman, chef scénariste – 1ère Partie
Article TV du Jeudi 18 Mars 2021



Par Victor Von Doom

FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER est la deuxième série des Studios Marvel que l’on découvre sur Disney +. Comment vos productions destinées à la chaîne à péage / plateforme de streaming vont-elles venir enrichir la trame narrative du MCU, et comment vous servez-vous de ce projet pour explorer les rapports atypiques entre ces deux héros ?

Kevin Feige :
FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER est effectivement la deuxième série Marvel qui arrive sur Disney +, mais en fait, il s’agit de la première que nous avions initiée. Malcolm Spellman, notre chef scénariste, a rencontré plusieurs cinéastes expérimentés qui n’avaient jamais travaillé pour la télévision auparavant, afin de discuter avec eux et de déterminer qui pourrait être intéressé par notre projet et nous proposer une approche originale. C’est ainsi que nous avons trouvé Kari Skogland, notre réalisatrice. Nous avions envie de nous prouver à nous-mêmes et aussi à Anthony Mackie et Sebastian Stan que ce n’est pas parce qu’une production est destinée à la télévision qu’elle ne peut pas être aussi spectaculaire et ambitieuse qu’un de nos films. Tout s’est bien passé parce que toute notre équipe a sué sang et eau, et travaillé aussi dur que sur nos longs-métrages. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le premier épisode commence par une séquence très spectaculaire. Nous nous étions dits qu’une série consacrée à Falcon et au Soldat de l’Hiver nous pouvait pas débuter autrement que par une des meilleures scènes d’action que nous ayons vues dans le MCU, même si nous en avons découvert déjà beaucoup impliquant ces deux personnages au cinéma. Mais au-delà de cela, l’aspect le plus important dès ce premier épisode et que nous développons pendant toute la série, c’est que nous apprenons enfin à bien les connaître. Nous savons quelles épreuves le pauvre Bucky Barnes a vécues, ce qu’il a enduré, et Sam Wilson, par ses actions, a prouvé qu’il est loyal, qu’il aime son travail de militaire, qu’il a dû faire face à un syndrome post-traumatique après ses expériences sur les terrains de guerre. Mais en dehors de cela, nous ne savons pas grand’chose d’autre sur ces deux hommes. Cette série nous a permis d’explorer plus profondément leurs émotions et leurs personnalités, et de découvrir de nouvelles facettes passionnantes de leurs caractères.

Vous décrivez la série comme une expérience très proche des films du MCU, et c’est effectivement ce qui ressort du visionnage du premier épisode. Mais comment avez-vous géré cela sur l’ensemble des six épisodes qui composent cette histoire ?

Kari Skogland :
Tout simplement en abordant la série comme un film de six heures ! Cela a été notre approche depuis le début du projet, comme le disait Kevin. Il a juste fallu déterminer à quels moments on pouvait interrompre la narration pour marquer la fin d’un épisode, en respectant une durée approximative d’une heure. Malcolm Spellman et moi avons visionné beaucoup de films avec des tandems de policiers pour nous en inspirer, mais aussi plusieurs oeuvres de David Lean, des classiques des années 70 comme MIDNIGHT COWBOY, des films d’action comme la saga de L’ARME FATALE, etc. Ensuite, nous avons laissé ces références bouillir dans notre marmite, nous avons remué le tout, ajouté nos idées, ce qui provenait des trajectoires passées de nos personnages, et je crois que nous sommes parvenus à créer une recette qui donne un goût unique à la série. C’était important de respecter les points de vues de nos protagonistes, d’explorer leurs sensibilités en profondeur, et de continuer à le faire de manière intéressante au fil des épisodes. Par exemple, nous voyons Bucky alors qu’il est en thérapie, et nous explorons aussi de manière inédite l’intimité des autres personnages, ce qui nous permet d’apprendre à mieux les connaître. L’autre partie de ce travail préliminaire a consisté à établir ce qui allait être la signature visuelle du projet, le travail cinématographique, la direction de la photographie, et l’approche de la composition des éléments d’un plan.

Malcolm, Kari vient de parler des références aux « Buddy Movies » avec des duos de flics aux caractères opposés. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez employé cette approche sur les personnages de Falcon et de Bucky, tout en y ajoutant le style des productions Marvel, et pourquoi cette idée correspondait bien à la série ?

Malcolm Spellman :
Il y a dans CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR une scène savoureuse d’une douzaine de secondes entre Sam et Bucky dans une voiture dont tous les fans se souviennent, et qui n’est certainement pas passée inaperçue auprès de Kevin Feige et de tous ses partenaires des Studios Marvel. Ce petit moment prouvait de manière irréfutable que l’on pourrait construire un film et même une franchise entière autour de ces deux personnages. Et à présent que nous participons à ces interviews, je ne crois pas pouvoir revendiquer la création du ton que nous avons donné à la série, parce que l’essentiel était déjà présent dans ces douze secondes ! Elles transcendaient ce que nous connaissions déjà de ces personnages, et permettaient d’entrevoir tout ce qu’il serait possible de faire en les réunissant comme dans un « Buddy Movie » avec deux flics, ou avec deux hommes aux caractères totalement opposés. Avec Sam et Bucky, nous savions que nous pouvions imaginer des scènes aussi âpres et réalistes que dans 48 HEURES, et aller jusqu’à des situations de comédie à la RUSH HOUR, en nous situant plus souvent dans des ambiances rappelant celles de L’ARME FATALE et du premier BAD BOYS dans la ligne médiane du récit. Ce qui nous a immédiatement plu dans ce contexte, c’est qu’il allait permettre à Sebastian et Anthony de créer des moments magiques de comédie et d’émotion, tout en nous offrant la possibilité de traiter des problèmes bien réels de notre époque, et de présenter aussi des situations typiques des films Marvel. Tous les ingrédients « solide et durables » étaient réunis pour que nous puissions raconter une histoire de six heures riche et intéressante.

Kevin, avez-vous envisagé qu’il y ait d’autres saisons de FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER, qui continueraient à explorer tout ce que l’on pourrait imaginer de faire avec ces personnages, en s’inspirant des « Buddy Movies » que vous avez cités les uns et les autres ?

Kevin Feige :
C’est une question amusante, que l’on nous a souvent posée depuis que nous avons annoncé ce projet, parce que les gens s’attendaient à ce que nos productions pour la télévision ressemblent à ce que l’on y voit d’habitude. C’est la raison pour laquelle, on a commencé à nous parler d’une deuxième saison avant même d’avoir découvert la première. Mais en réalité, notre approche de la série a été exactement la même que celle que nous appliquons au développement de nos films, qui consiste à nous dire « Il vaudrait mieux que ce soit excellent, ou sinon, nous ne pourrons pas en faire un autre. » La seule différence, comme nous l’avons expliqué au moment de la diffusion de WANDAVISION, tient au fait que nos séries produites pour Disney + vont être directement liées entre elles et avec les films des Studios Marvel. C’est ce qui va dicter la manière dont les personnages vont surgir dans ces histoires et dans quelles circonstances il y aura ou pas une deuxième saison qui sera une suite directe. Parfois l’histoire se prolongera dans un film, parfois dans une autre saison, mais nous n’allons pas vous le révéler dès à présent !

Qu’avez-vous pu accomplir dans les six heures de la série que vous n’auriez pas pu faire dans un film ?

Kari Skogland :
D’abord, cela représente beaucoup plus de travail, mais aussi beaucoup plus d’opportunités narratives. Dans ce registre-là, les films sont plus proches d’un petit en-cas, alors qu’une série ressemble à un vrai repas gastronomique. Vous pouvez vous impliquer beaucoup plus dans le destin des personnages que vous n’en avez le temps dans un film d’action à grand spectacle. D’autant que leur intrigue consiste souvent à trouver comment sauver le monde, et que beaucoup d’autres protagonistes participent à ces événements. Quand on a un tel agenda à respecter, il est assez difficile de décrire l’intimité des personnages, car il faut sans cesse avancer, maintenir le rythme rapide de la narration d’un blockbuster. Dans une série comme celle-ci, on peut aller plus dans les détails, s’offrir le luxe de découvrir la vie privée de nos héros, et d’ajouter des éléments à l’univers Marvel, pour en construire de nouveaux prolongements.

La dream team de FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER sera bientôt de retour sur ESI ! Bookmark and Share


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