Avant-première BLACK WIDOW: Entretien exclusif avec Florence Pugh (Yelena Belova)
Article Cinéma du Vendredi 02 Juillet 2021
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Florence Pugh, que l’on a vue dans le terrifiant Midsommar, incarne Yelena, la « sœur d’espionnage » de Natasha Romanoff dans BLACK WIDOW, à découvrir en salles à partir du 7 juillet. Cette préquelle qui se déroule entre les événements de CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR et ceux d’AVENGERS INFINITY WAR décrit ce que la Veuve Noire a fait lorsqu’elle était une fugitive traquée par le Général Ross et ses troupes. Quand l’action du film débute, elle ne dispose plus de l’aide logistique des Avengers - puisqu’il y a eu une scission entre ses membres - ni des armes & gadgets de Stark Industries. Natasha part se cacher à l’Est pour brouiller les pistes, renouer avec son passé et découvrir ce que ses anciennes connaissances sont devenues. Elle va retrouver ainsi les agents secrets qui avaient joué à ses côtés les rôles des membres d’une famille modèle lors d’une mission d’infiltration à l’étranger dans les années 90, quand Natasha était encore adolescente : Yelena Belova (Florence Pugh) sa fausse sœur, Melina Vostokoff / La Veuve de Fer (Rachel Weisz) et Alexei Shostakov / le Gardien Rouge (David Harbour, le Jim Hopper de Stranger Things), ses faux parents. En découvrant une situation dont l’ampleur la dépasse, Natasha va décider de se battre pour mettre fin aux agissements de la Chambre Rouge, l’organisation qui forme les Veuves Noires en utilisant de terribles méthodes…Sur son chemin, elle croisera de nombreux ennemis, dont le redoutable Taskmaster, capable de reproduire toutes les méthodes de combats de ses adversaires grâce à sa mémoire photographique, ainsi que le Général Dreykov, le grand patron de la Chambre Rouge, qui fut l’un de ses mentors. C’est pendant le tournage de BLACK WIDOW dans les Studios Pinewood, près de Londres, que ESI a pu rencontrer l’équipe du film, et parler avec Florence Pugh.
Entretien avec Florence Pugh
Dans BLACK WIDOW, vous incarnez Yelena, avec laquelle Natasha avait noué jadis des liens forts, parfois chaleureux, parfois conflictuels, proches de ceux de deux sœurs. Ce thème de la sororité est une constante dans votre filmographie…
C’est exact, et je ne crois pas que ce soit une coïncidence. Ce qui m’attire et me plaît particulièrement dans ce type de rôles, c’est l’opportunité de jouer des femmes que l’on a du mal à cerner, qui sont complexes, paradoxales, surprenantes, bref…normales ! Des femmes indépendantes qui ont leurs propres envies, leurs propres règles de comportement et d’interactions avec les autres, leurs impertinences. Bref, les multiples facettes que l’on aimerait trouver dans n’importe quel rôle développé dans un scénario, qu’il s’agisse de personnages féminins ou masculins. Je crois que ce sont ces traits de caractères-là qui permettent de bien décrire les rapports entre les gens, et de créer ainsi une narration dramatique crédible, émouvante, et une empathie capable de passionner les spectateurs.
Qu’est-ce qui vous a attiré particulièrement dans ce projet, en tant qu’actrice ? Quelles opportunités y avez-vous trouvées ?
Le script m’a beaucoup plu. Il est très bien écrit, dynamique, émouvant et divertissant. La caractéristique de BLACK WIDOW est de faire d’une pierre deux coups, en étant à la fois une superproduction d’espionnage, un thriller à grand spectacle signé Marvel et aussi un film qui explore de manière sincère les blessures passées, les sentiments, les regrets et les liens qui unissent tous ces personnages. C’est l’une des caractéristiques de la vision de notre réalisatrice, Cate Shortland. Elle aime analyser en détail et décrire de manière réaliste les relations entre les protagonistes d’une histoire. Je crois que c’est ce qui va plaire au public quand il découvrira ce film.
Cette fois-ci, l’essentiel de l’action semble se passer dans les pays de l’Est…
Effectivement. C’est l’une des autres originalités du film, par rapport aux précédentes productions de Marvel : on quitte l’ambiance du monde occidental, et cela crée une atmosphère différente.
Comment avez-vous travaillé avec Scarlett Johansson sur les rapports entre Natasha et Yelena, sur les motifs de leurs désaccords, et sur leurs petites chamailleries ?
C’est bien évidemment ce que Scarlett et moi trouvions passionnant dans l’exploration des liens qui s’étaient noués entre Natasha et Yelena, et de ce qu’il en reste à l’époque où se déroule notre histoire. Dans le film, nous apprenons qu’elles ont fait connaissance alors qu’elles étaient très jeunes, en participant à une mission d’infiltration aux États-Unis. Mais elles ont été séparées ensuite à leur retour en Russie et ne se sont plus vues pendant très longtemps. Après avoir agi pour les services secrets russes, et mené de nombreuses missions, Natasha s’est rebellée et est passée à l’Ouest. Yelena le sait, et c’est en partie la raison pour laquelle leurs retrouvailles prennent d’abord la forme d’un combat sans merci. Leur passé d’espionnes, de Veuves Noires, les pousse à ne faire confiance à personne. Mais elles vont apprendre à se fier l’une à l’autre, et même mener ensemble une mission qui va à l’encontre de tout ce pour quoi elles ont été formatées mentalement et physiquement, endoctrinées, dès le plus jeune âge…Avant le début du tournage, Scarlett et moi avons répété pendant deux à trois jours ensemble pour mettre au point la manière dont nous allions jouer. Nous nous sommes posé de nombreuses questions de toutes sortes : Natasha et Yelena ont-elles la même gestuelle, la même manière de marcher, de parler, de se battre, puisqu’elles ont eu la même formation pendant leur jeunesse ? Puisque Natasha a mené sa propre trajectoire par la suite, en quoi cela lui a-t-elle permis de se différencier, d’évoluer, de changer ? Qu’est-ce qui reste de leur connivence passée aujourd’hui ? Quels sont les vrais bons souvenirs de leur adolescence, en dehors de leurs missions ? Après avoir réfléchi à tout cela toutes les deux, les choses se sont mises en place par elles-mêmes quand nous nous sommes retrouvées sur le plateau, et que nous avons commencé à interpréter nos personnages. Comme Scarlett est très vive, très intelligente et a beaucoup d’humour, nous nous lançons souvent des plaisanteries entre les prises de vues, et nous nous sommes servi aussi de cela pour travailler les moments de chamailleries entre Natasha et Yelena dont vous parliez, et qui apportent une touche humoristique à cette aventure.
Alexei Shostakov, qui est incarné par David Harbour, semble être un personnage haut en couleurs…
Oui, dans le film on apprend qu’Alexei était jadis le Gardien Rouge, l’équivalent russe de Captain America, à la fois un soldat et un symbole utilisé par la propagande. Malheureusement pour lui, cette période glorieuse appartient au passé, et quand nous le retrouvons, dans le présent du film, c’est-à-dire en 2016, il est emprisonné dans un camp de travail, un goulag. Natasha et Yelena vont l’aider à s’en évader car elles vont avoir besoin de lui pour mener à bien leur mission.
Cate Shortland vous a-t-elle encouragée à ajouter des répliques pendant les scènes, à improviser un peu ?
Oui, et j’en étais agréablement surprise, car généralement, plus une production est importante, moins on dispose de ce genre de possibilités. Chaque minute compte quand un tournage mobilise 200 à 300 personnes ! Eric Pierson, le scénariste du film, est présent sur le plateau tout au long des prises de vues, et reste prêt à intervenir. Si nous souhaitons modifier des répliques du script ou en ajouter, nous en discutons avec Cate, et Eric nous aide à les peaufiner. C’est un processus très satisfaisant.
Connaissiez-vous déjà les comics de Marvel avant d’accepter ce rôle ?
Je dois avouer que je ne suis pas du tout une experte en bandes dessinées, car j’en ai peu lues pendant mon enfance. Mais j’avais vu plusieurs des films produits par les studios Marvel et je les avais beaucoup aimés. Je me rendais bien compte que j’avais raté des choses entre certains épisodes, alors je me suis empressée de voir tous les films que je ne connaissais pas encore avant de venir travailler sur BLACK WIDOW. L’équipe de Marvel m’a fourni aussi des éléments de référence sur l’histoire de Yelena dans les comics. Et comme Scarlett joue Natasha depuis dix ans et connaît parfaitement l’univers cinématographique de Marvel, je savais que je pouvais lui demander des conseils au cas où. Et elle m’a guidé très gentiment.
La suite de notre dossier BLACK WIDOW s’infiltrera bientôt sous une fausse identité dans les pages d’ESI.