Dans les coulisses de LOKI, la nouvelle série des Studios Marvel – 2ème partie
Article TV du Lundi 19 Juillet 2021

Par John Preskit

« Michael a dix idées par seconde », s’exclame Kevin Wright. « On s’est très vite aperçu qu’il est très attaché à l’accélération du récit. Je crois que beaucoup de gens se disaient qu’ils savaient ce dont la série allait parler avant même de l’avoir vue, et Michael a choisi, de manière quasiment instinctive, d’aller à l’encontre de leurs attentes. Si les spectateurs pensent qu’il faut six épisodes pour raconter quelque chose, on boucle le truc dans les dix premières minutes ! On était ravis d’avoir l’occasion de faire ça sur LOKI. D’un point de vue psychologique, il était aussi très utile que les spectateurs s’investissent dans ce personnage depuis dix ans, à travers les films. Le Loki dont on parle, évidemment, c’est celui du premier AVENGERS, qui n’a pas encore vécu tous les événements des autres films. Il fallait donc que le public retrouve le personnage qu’il apprécie. Pour cela, Michael était le scénariste idéal. »

Kate Herron a été immédiatement séduite par le scénario. « Ce que j’ai vraiment aimé dans cette histoire, dès le départ, c’est qu’il s’agissait d’un récit de science-fiction vraiment très ambitieux, avec une thématique sous-jacente. Et puis, quel personnage, ce Loki ! Je trouve que son évolution est l’une des plus remarquables dans l’Univers Cinématographique Marvel. En dix ans, il a énormément changé. Ce qui est très excitant, c’est qu’on retrouve le Loki d’AVENGERS, qui est complètement différent de celui des derniers films. Ce qui m’intéressait le plus, c’était de montrer tout le chemin qu’il lui reste à parcourir. »

Pour Tom Hiddleston, qui est également producteur délégué de la série, il était clair que Loki devait évoluer : « Loki est d’abord quelqu’un à qui on peut faire confiance, puis il trahit cette confiance, devient méchant, réapprend à faire confiance, est lui-même trahi, refait confiance, est à nouveau trahi ou trahit la confiance qu’on avait en lui, etc. C’est un cycle infernal, et le personnage fonctionne un peu comme un disque rayé. Il est coincé dans ce cercle vicieux, qui le pousse à reproduire continuellement les mêmes comportements destructeurs. Mais la série montre qu’il est capable de mûrir. Et peut-être que cette expérience, va changer quelqu’un chose et lui ouvrir la possibilité de devenir quelqu’un d’autre. En prenant conscience de qui il est, il peut décider de changer. »

« Loki est un manipulateur qui tente toujours d’avoir le dessus », reprend Kevin Wright. « Ici, on voulait le déstabiliser. La série montre le moment où il est pris au piège de ses propres manigances. Confronté à une situation qu’il ne sait pas résoudre, il essaie de comprendre les règles afin de se venger de ceux qui l’ont mis dans cette position. » Grâce à Tom Hiddleston, Loki est devenu l’un des personnages préférés des fans, bien qu’on l’ait vu moins de deux heures en dix ans. « Loki a vraiment fait forte impression », estime Kevin Wright. « Or, ici, on a six heures pour raconter ses aventures, et il est dans chaque plan ! L’évolution du personnage est donc sans commune mesure avec ce que l’on peut faire dans un film. Dans les longs-métrages, son évolution était déjà fascinante. Ici, on peut aller encore plus loin et examiner de près sa quête d’identité. » La réalisatrice n’avait encore jamais creusé un personnage avec Tom Hiddleston. « Quand on travaille avec un acteur, on reprend le personnage à zéro », explique-t-elle. « Sur cette série, j’ai eu la chance extraordinaire de diriger quelqu’un qui a passé dix ans à construire ce magnifique personnage au sein de l’Univers Cinématographique Marvel. C’était vraiment fascinant, parce que je savais déjà ce que Loki avait traversé. J’ai été ravie de travailler avec Tom. Il a plein de cordes à son arc ! On a surtout parlé de la genèse du personnage, parce que la série traite des questions d’identité et qu’il fallait qu’elle repose sur quelque chose de solide. »

Étant donné que Tom Hiddleston connaît parfaitement Loki, la place qu’il occupe dans l’Univers cinématographique Marvel, et ses relations avec les autres personnages, Kate Herron a décidé de faire profiter toute l’équipe de ses connaissances. « Comme Tom est très pédagogue, je les prévenais qu’il allait donner une conférence sur Loki ! Ça nous a permis de nous assurer que tout le monde était sur la même longueur d’ondes. »

Le style de la série risque de surprendre les spectateurs, reprend Tom Hiddleston. « On voulait vraiment qu’elle traduise toute la complexité du personnage. Il peut être drôle, léger et plein d’esprit (après tout, c’est le dieu de la Malice !) La série devait donc être empreinte d’espièglerie, d’humour et de dynamisme. Mais Loki est aussi un hypersensible, un type abîmé, désespéré et capable de ressentir des émotions extrêmement fortes – comme la solitude, la tristesse, la colère, la douleur ou le deuil – qui font partie de la vie. La série devait se faire le reflet de tout cela, être complexe et pleine d’action, et démarrer sur choses que le public connaît bien. »

LOKI a été créée exclusivement pour Disney+, car les producteurs des studios Marvel estiment que la plateforme offre des possibilités très intéressantes de développement de l’univers cinématographique Marvel. « Ce qui est très intéressant avec Disney+ et cette incursion dans le monde du streaming, c’est qu’on peut raconter nos histoires d’une autre manière qu’au cinéma », explique Kevin Wright. « On peut créer une série autour d’un personnage fascinant, interprété par un acteur de la trempe de Tom. Tout cela nous permet d’aller encore plus loin dans l’exploration du personnage et de l’univers Marvel. »

« Ce n’est pas une intrigue qui tient en deux heures, mais en six. Ce qui me plaisait, c’est qu’elle est un peu plus complexe et sombre que d’habitude, et qu’elle ne répond pas forcément aux attentes des spectateurs. C’est génial de travailler avec un studio qui accepte de prendre des risques et nous soutient dans cette démarche. » « Au même titre que WANDAVISION ou FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER, LOKI fait partie des premiers longs formats Marvel sur Disney+ », conclut Stephen Broussard. « Ça me rappelle vraiment l’année 2006, quand on a eu l’idée un peu folle de fonder un studio de cinéma et de tourner IRON MAN et L’INCROYABLE HULK. On avait vraiment l’impression de tout reprendre à zéro. »

LES COULISSES DE LA SÉRIE

LOKI a pris forme en Géorgie, sur les plateaux des studios Pinewood et en extérieur. Pour des raisons de calendrier, la production a dû s’orienter vers des décors physiques, naturels ou reconstitués. « Dès le départ, on a compris qu’il faudrait tourner dans des décors et des lieux réels », raconte Kevin Wright. « Le plus gros travail a concerné le Tribunal des variances anachroniques, et la construction de plateaux renversables et modulables, sans oublier tous les couloirs et espaces qui en font un véritable monde habité. » Pour donner vie à cet univers, les créateurs ont fait appel au chef décorateur Kasra Farahani, qui a « dépassé nos rêves les plus fous », se réjouit Kevin Wright. « Ce tournage est très éprouvant : on change de décor presque chaque semaine. Chaque fois, les acteurs sont époustouflés. Ça se lit sur leur visage. Des espaces réels, habités, ça donne une tout autre dimension. Tous ces décors incroyables que Kasra a fabriqués sont vraiment un trait marquant de la série. »

Prenez les scènes qui se déroulent dans le bureau de Renslayer : il s’agit d’un vrai bureau, avec un vrai plafond et un éclairage intégré. Même chose pour le théâtre du temps, avec son architecture brutaliste, ses plafonds et ses lumières. Cette approche de la construction des décors permet de donner une idée de la magnificence des lieux et d’ancrer les scènes. C’est cette sensation tactile, très réaliste, que recherchait la réalisatrice Kate Herron, dont la vision s’est tout de suite accordée avec celle du chef décorateur. « Les idées de Kasra étaient géniales. J’y ai même retrouvé des choses que j’avais moi-même proposées. D’emblée, ça a été un vrai bonheur de savoir que nous étions sur la même longueur d’ondes. »

Et l’intéressé de renchérir : « Avec Kate, on a eu des discussions très utiles sur la position des personnages, et sur la manière de rendre chaque décor distinct des autres. En plus, elle est super drôle, ce qui me va très bien, parce que j’aime mettre de l’humour dans mon travail. »Autumn Durald Arkapaw, la directrice de la photographie, a pris beaucoup de plaisir à tourner dans de vrais décors. Même si les murs et les plafonds constituaient une contrainte, cette approche réaliste donne à la série toute son authenticité.

Outre les décors en studio, les créateurs ont cherché des lieux en extérieur pour compléter les environnements réalistes. Une carrière du nord de la Géorgie a ainsi fait office de ville minière, un hôtel du centre-ville d’Atlanta a accueilli les archives du TVA, et un ancien magasin de bonnes affaires s’est mué en Roxxcart, hypermarché futuriste aux prix ahurissants. « C’est un décor vraiment marrant », confie Kate Herron, « parce que, d’un côté, on est en 2050 dans une situation apocalyptique et, de l’autre, on a clairement une veine d’humour noir qui transparaît tout au long de la série. On voit ainsi les conséquences de l’inflation délirante, avec un grille-pain à 7 000 $ ! On s’est beaucoup amusés à imaginer non seulement les prix, mais aussi les slogans et les spots publicitaires de l’hypermarché. »

« Dans la bonne science-fiction, on retrouve ce réalisme qui permet d’établir des passerelles avec l’avenir, au moyen de petits détails, comme le robot de sécurité, qui vous rappellent que vous êtes dans le futur. »

La costumière, Christine Wada, a travaillé avec la réalisatrice et les producteurs pour créer des tenues que Kate Herron décrit comme « le reflet externe d’un récit interne ». Loki, en particulier, arbore des styles variés qui reflètent son évolution. Là encore, la réalisatrice souhaitait que les costumes participent de l’ancrage réaliste : « Dans la série, les vêtements ne soient pas flambant neuf. Ce qui comptait vraiment pour nous, c’était que les personnages, que ce soit Loki ou les autres, portent presque l’histoire sur eux. »

La troisième partie de notre dossier LOKI apparaîtra dans le proche futur sur ESI ! Bookmark and Share


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