SANS UN BRUIT 2 : Interview exclusive avec John Krasinski, co-scénariste et réalisateur – 2ème partie
Article Cinéma du Vendredi 16 Juillet 2021

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Dans le précédent volet, nous avons appris que les créatures extraterrestres sont rapides, mortelles, qu’elles utilisent les ondes sonores pour « voir » ce qui les entourent, et qu’elles peuvent être tuées lorsqu’on les soumet à une haute fréquence pour les forcer à ouvrir les volets de leur carapace blindée, et exposer les parties de leurs têtes vulnérables aux balles. Vous avez déclaré avoir imaginé que ces bêtes avaient échappé à la destruction de leur monde après son explosion, en s’agrippant à des météorites, et en arrivant par hasard sur terre après un long voyage spatial. Mais étant donné qu’elles ne mangent pas les humains qu’elles tuent, révélez-vous dans cette suite comment elles se nourrissent, quel est leur cycle de vie, comment elles se reproduisent, quel est leur degré d’intelligence, et s’il y à la fois des « soldats » et des « commandants » parmi elles ?

J’avais imaginé le passé de ces créatures, leurs origines et la manière dont elles avaient survécu à leur longue errance spatiale avant d’entamer la réécriture du scénario. Mais j’ai décidé de couper l’essentiel de ces explications parce que je me suis rendu compte que cela allait créer un décalage gênant entre les informations plus riches données au public, et ce que les membres de la famille Abbott savaient sur ces monstres. J’ai jugé préférable que les spectateurs n’en sachent pas plus que nos héros, afin qu’ils se sentent encore plus proches d’eux. On en apprend donc plus sur ces monstres, mais seulement au fil des situations vécues par les personnages principaux. Dans ce deuxième épisode, vous verrez d’où viennent ces créatures. Même si on ne les a pas vu manger des gens, il n’est pas établi pour autant qu’elles ne s’en nourrissent pas. Je dirais que leur but initial est d’abord de prendre le contrôle de l’écosystème dans lequel elles surgissent. Mais ce que j’aime dans les films de genre, c’est que l’on ne nous donne pas toutes les explications d’emblée, et que les choses se révèlent progressivement, grâce aux péripéties du récit.

L’un des aspects fascinants du premier épisode était la description des tactiques astucieuses et crédibles inventées par la famille Abbott pour éviter de faire du bruit, comme le chemin de sable blanc, ou la pièce insonorisée aménagée dans le sous-sol en prévision de l’accouchement d’Emily. Comment avez-vous utilisé la même approche réaliste pour imaginer la description du monde extérieur soumis à cette attaque extraterrestre, et les méthodes de survie utilisées par les nouveaux personnages que Evelyn et les enfants rencontrent ?

C’était l’une des choses que je préférais en abordant le premier film : décrire comment ces gens se débrouillent pour survivre en restant silencieux. Le spectacle de l’ingéniosité humaine est toujours intéressant. J’avais déjà indiqué que les survivants pouvaient signaler leur présence les uns aux autres en allumant des feux. Dans le premier volet, le seul personnage que l’on rencontre en dehors du cercle familial est celui du vieil homme qui vit dans les bois, mais on voit bien qu’il n’a pas réussi à survivre en aménageant un refuge aussi confortable que celui de nos héros, parce qu’il n’a pas pu bénéficier de l’aide de personnes aimantes et qu’il ne s’est pas préparé de longue date à vivre de manière autonome, à l’écart. Il ne disposait pas des mêmes atouts pour faire face à une situation aussi dramatique…Dans ce deuxième épisode, Evelyn et les enfants sont contraints de quitter la ferme qui a été leur foyer, parce qu’elle a brûlé pendant le combat contre les créatures. En quittant son refuge, la famille Abbott perd tous ses avantages et doit réapprendre à survivre en imaginant de nouveaux moyens de défense au cours du trajet. Improviser ainsi n’est pas facile, et en allant au-delà du chemin de sable blanc, Evelyn et les enfants doivent tout reprendre à zéro en affrontant l’inconnu.

Cette suite a été produite avec un budget plus important que le premier volet. Comment avez-vous utilisé ces moyens supplémentaires pour lui donner plus d’ampleur, et pour raconter visuellement cette nouvelle histoire ?

Nous avons effectivement disposé d’un budget plus important, mais je n’avais pas envie pour autant de l’utiliser en transformant cette suite en un spectacle d’action de grande ampleur, ce qui aurait dénaturé tout ce qui avait été établi dans le premier épisode. Le monde que nous décrivons est plus grand parce que Evelyn et ses enfants sont contraints de quitter la ferme, et découvrent donc de nouveaux lieux. Mais nous restons fidèles aux règles de cet univers, c’est-à-dire que pour survivre, il faut trouver les moyens de se nourrir, de s’abriter, et de se reposer sans faire le moindre bruit, tout en protégeant un bébé qui va se mettre à pleurer quand on s’y attend le moins. Je pourrais dire que le jeu et ses règles sont restées les mêmes, mais que le plateau est plus vaste et que ses pièces se déplacent plus loin.

Avez-vous pu décrire comment des gens vivent dans une ville entière, cette fois-ci, avec ces moyens plus importants ?

Pas dans une ville entière, mais on découvre comment d’autres personnes se sont organisées pour rester en vie. Dans le premier film, la famille Abbott s’était si bien organisée que l’on espérait ne plus voir les créatures les attaquer. Dans ce second volet, le budget plus important nous permet de décrire un monde plus vaste, mais qui recèle aussi beaucoup plus de dangers, de surprises et donc davantage d’occasions pour les créatures de repérer la présence des humains et de se manifester de manière effrayante.

La suite de notre dossier apparaîtra bientôt sans un bruit sur ESI. Bookmark and Share


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