BLACK WIDOW : Entretien avec Scarlett Johansson – 1ère partie
Article Cinéma du Vendredi 23 Juillet 2021

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Quels aspects de la personnalité de Natasha avez-vous eu la possibilité de dévoiler dans BLACK WIDOW, alors que vous n’en aviez pas eu l’occasion dans les productions précédentes du MCU ?

Vous savez, lors de nos premières conversations, notre réalisatrice Cate Shortland a insisté sur le fait qu’au début de cette aventure, Natasha est totalement seule pour la première fois. Auparavant elle a toujours fait partie d’une organisation, d’une unité spéciale, en raison de circonstances qu’elle ne maîtrisait pas, à commencer par son intégration à la Chambre Rouge, dont elle a été l’une des victimes dès le plus jeune âge. Par la suite, elle a quitté les services secrets russes, est passée à l’Ouest et a rejoint le S.H.I.E.L.D., puis l’équipe des Avengers. Bref, elle a travaillé pendant toute sa vie comme l’une des parties d’un ensemble plus vaste, en se coordonnant avec d’autres et en sachant qu’elle pouvait bénéficier de leur aide en cas de besoin. Soudain, dans le contexte qui suit les événements d’AVENGERS : CIVIL WAR, l’époque à laquelle nous la retrouvons dans ce film, elle se retrouve à flotter dans cet étrange espace dépourvu de repère, sans soutien, et c’est extrêmement déstabilisant, suffocant à vivre. D’autant plus qu’elle est traquée par le Général Ross, comme les autres justiciers qui se sont rebellés contre les lois gouvernementales des accords de Sokovia. Natasha réalise dans un second temps qu’elle peut jouer une autre carte en revenant dans les pays de l’Est pour échapper à Ross. Et puis tout se complique quand elle retrouve cette personne de son passé, Yelena, qui est tout feu tout flamme, et qui peut la mettre en danger. Yelena possède une énergie folle, et en dépit de son comportement farouchement indépendant, a besoin de renouer avec Natasha, même si elle s’en défend. Privée de repères, Natasha doit improviser constamment, et décider à qui elle peut accorder sa confiance ou pas. C’est intéressant de la voir ainsi, car cela ne lui était jamais arrivé avant. C’est aussi un bon point de départ pour ce récit. Natasha doit douter de tout et de tous, et cela fait forcément remonter à la surface de nombreux souvenirs douloureux, mais aussi des moments plus agréables et même amusants.

La personnalité de Natasha apparaît de manière plus développée et plus complexe dans ce film, et elle n’est pas aussi sexualisée qu’avant. Est-ce que les moqueries de Yelena sur les poses adoptées par Natasha pendant ses combats sont un clin d’œil à cette présentation sexy du personnage dans le passé ?

J’ai passé dix ans à peaufiner cette fameuse pose, et à la maîtriser au cours des combats, et en une seule scène, en une seule plaisanterie, Florence Pugh l’a si bien ridiculisée que c’est comme si cette gestuelle avait été passée à la broyeuse et piétinée ! (rires) Mais c’est très amusant dans le film, et cela contribue à donner du punch à la rivalité entre « sœurs » qui existe entre Yelena et Natasha.

Une rivalité qui est exploitée dès votre première scène commune, celle de la bagarre dans l’appartement-refuge, à Budapest.. Et qui est très spectaculaire…

Dans ce genre de situations, autant y aller franchement, non ? (rires) Cela a certainement été une bonne manière de briser la glace entre Florence et moi, car c’était aussi notre première journée de tournage ensemble ! J’ai eu beaucoup de chance d’avoir une telle partenaire, car Florence est une personne très athlétique, avec une formation de danseuse. Elle a maîtrisé et parfaitement mémorisé toute cette chorégraphie complexe. Elle s’est impliquée à 200% et était prête à tout faire elle-même, sans se reposer sur sa doublure cascade. C’est génial que l’on puisse voir constamment son visage dans la scène, car cette bagarre repose sur des émotions profondes, des regrets, des reproches, des questions restées sans réponse…Tout est porté par les sentiments, les colères refoulées depuis des années. Il n’y a pas de but final dans cette situation : il s’agit juste de deux personnes qui expriment leurs frustrations, leur lutte pour affirmer leur pouvoir, leur surprise de se retrouver et aussi, paradoxalement, leur affection mutuelle. Cela m’a rappelé ces images de lionceaux qui se battent avec toute leur énergie, mais sans se faire vraiment mal. Et comme je le disais, c’était un moyen unique de se lier avec une autre actrice, tout en ayant le sentiment d’agir en parfaite sécurité, grâce à l’encadrement de notre superviseur des cascades Rob Inch. Il n’y a pas eu d’hésitations, nous nous sommes données à fond et ça a très bien fonctionné. C’était une excellente idée de planifier ainsi notre première journée de tournage ensemble !

La prochaine partie de notre entretien avec Scarlett Jonahsson arrivera bientôt sur ESI ! Bookmark and Share


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