MOURIR PEUT ATTENDRE : Les coulisses Top Secrètes du tournage – 8ème partie
Article Cinéma du Mardi 09 Novembre 2021

DÉCORS BONDIENS (suite)

L’antre de Safin


Cette stratégie en matière de design s’est avérée particulièrement efficace pour concevoir le repaire du méchant. Mark Tildesley explique: « Sur son île se trouve une usine de silos géants, et sous les silos, lorsque vous ouvrez les portes des missiles, il y a une usine géante. C’était notre meilleure opportunité de faire un énorme décor à la Ken Adam. » En hommage au décorateur, la production a construit ce que Tildesley appelle « une porte circulaire classique à la Ken Adam » pour l’entrée de l’usine souterraine. Le chef décorateur précise: « Nous voulions que la structure principale soit osée, mais simple et fonctionnelle. Le concept permettait d’édifier des piliers géants, et nous avons travaillé en étroite collaboration avec notre directeur de la photographie pour créer une sculpture qui joue avec la lumière et les ombres. »

« Ainsi, pour accompagner ce silo souterrain géant, il y a d’immenses couloirs où Bond pouvait disparaître dans l’obscurité. Ce sont des structures gigantesques, dans lesquelles une toute petite quantité de lumière permet de créer un langage graphique où se découpent des formes très nettes et épurées. »

Le refuge jamaïcain de Bond

Lorsque Bond se retire du service actif, il ne rêve que de retrouver sa maison en Jamaïque, que la production a conçue et construite dans une très belle zone naturelle près de la ville de Port Antonio, au nord du pays. Mark Tildesley explique: «La maison est nichée dans une crique spectaculaire. Bond vit dans un trésor de nature avec des eaux cristallines, des plantes tropicales, de merveilleux cris d’oiseaux et un ciel magnifique. » En réfléchissant à la conception de la maison elle-même, les cinéastes se sont laissés guider par le fait que Bond se retrouve assez déstabilisé. Le chef décorateur observe: « Il est comme un poisson hors de l’eau: Bond est vraiment fait pour être un agent en action. »

« En Jamaïque, le lieu où il habite est surtout celui où il monte dans son bateau et prend le large. Il pêche un peu, navigue à l’aventure; on a presque l’impression qu’il prépare une évasion. Il y a des cartes et des livres qui traînent et qui concernent les endroits qu’il pourrait explorer. » Les cinéastes ont décidé que la maison elle-même devait être de style jamaïcain, bien qu’elle ait un toit en croupe japonais. Le chef décorateur commente : « La maison est amusante en soi. En Jamaïque, pour construire une maison, ils vont souvent dans les bois, coupent des arbres et en ramènent le bois. Donc le bois de construction est très frais, très neuf et assez tordu... Par conséquent, nous avons abandonné l’idée de faire une maison d’apparence nette avec des lignes droites et elle est devenue rapidement très jamaïcaine. On sent qu’elle a été faite main. »

La soirée SPECTRE à Cuba

Lorsque Bond est appelé à repasser à l’action, il parcourt quelques centaines de kilomètres pour se rendre à Cuba, où il s’infiltre dans un bal somptueux organisé par le SPECTRE. Cary Fukunaga voulait créer une soirée fantastique, remplie d’invités extraordinaires, et Mark Tildesley a supervisé la construction d’un ancien théâtre cubain, à l’ambiance Art déco, agrémenté de grands escaliers. Le chef décorateur explique : « Nous avons condensé le design pour en tirer un environnement ayant une saveur intense. Nous avons pris toutes les meilleures idées que nous avons pu trouver et les avons affinées au maximum. Je me suis rendu à Cuba pour y chercher des références et des sources d’inspiration. C’est un pays exotique et extraordinaire, mais malheureusement, les plus beaux lieux sont assez dispersés, alors nous nous sommes efforcés de les réunir. » L’espace théâtral qu’il a conçu comprend des arches classiques qui sont récurrentes dans le décor, comme il l’explique: « Nous avons répété les colonnes, les pierres et les escaliers en colimaçon. Il y a aussi quelques motifs Art déco. » Mark Tildesley voulait également donner l’impression d’une splendeur passée, d’une grandeur fanée. « Cuba a été à une époque le terrain de jeu des Américains. Le pays était alors en plein essor, riche, exotique et merveilleux, mais tout cela, c’est du passé. Tout s’écroule lentement, mais il reste une grande beauté dans ces vestiges. »

Le MI6

Le bureau de M revient dans les différents films; les cinéastes ont donc souhaité conserver tous les éléments classiques qui le composent, avec toutefois quelques actualisations. Mark Tildesley remarque: «C’est très amusant de faire les décors classiques de Bond comme les bureaux de M et de Moneypenny. Entre autres choses, la porte recouverte de cuir du bureau de M est une icône de l’univers de Bond. Le décor a évolué au fil du temps et des films, mais le bureau, le tableau sur le mur derrière, et la pièce en général sont restés les mêmes depuis longtemps. » Pour apporter certains changements, l’équipe décoration a opté pour de subtiles modifications, dont la couleur de la porte de M, par exemple. Le chef décorateur précise: « Nous n’avons pas voulu trop redessiner le bureau de Moneypenny car nous voulions conserver le même langage. » Comme pour le bureau de M, les cinéastes ont voulu observer une continuité pour le laboratoire de Q. Le chef décorateur note : « Nous avons dû ajouter une aile, une extension abritant une soufflerie où Q teste l’aérodynamisme de divers véhicules. »

Chez Q

Si le laboratoire de Q est un incontournable de la série, la maison de Q est un élément inédit, et les cinéastes ont voulu que le domicile du magicien de la technologie reflète sa personnalité excentrique. Mark Tildesley explique: « Nous lui avons donné une maison non loin de la gare de Waterloo pour qu’il puisse se rendre au travail à vélo. C’est un cottage victorien traditionnel, assez cosy, un peu à l’image de Q lui- même. Il y vit seul avec son chat, qu’il adore. » Le chef décorateur poursuit: «Quand nous avons réfléchi à son personnage, nous avons essayé de le rendre très normal, attaché à sa maison et à son confort – Q n’est pas un scientifique fou. Donc nous le mettons en scène en train de cuisiner. Il est bien sûr très précis dans sa façon de faire, il mesure les ingrédients au milligramme près en préparant un repas pour deux. Mais on voit aussi qu’il travaille en arrière-plan : dans son imprimante 3D, il y a la maquette d’un planeur qui apparaîtra plus tard dans le film. »

Chez Madeleine

Un autre domicile personnel, qui joue un rôle encore plus central dans le film, est la maison familiale de Madeleine en Norvège. Mark Tildesley commente: « C’est un endroit triste qui donne un premier aperçu de ce à quoi ressemblait la vie de Madeleine quand elle était enfant. » Il poursuit: « Nous avons imaginé cette maison familiale comme un foyer où règne la tristesse. La mère de Madeleine est une âme perdue, elle ne communique pas réellement avec M. White, le père de Madeleine, qui est souvent absent. Elle s’est mise à boire et Madeleine doit s’occuper d’elle, même si elle est très jeune. C’est une image vraiment malheureuse. » Le chef décorateur ajoute : « Pour renforcer cette atmosphère, la maison est située dans un paysage extraordinaire, un endroit perdu et froid, assez effrayant. C’est une maison de style norvégien, une cabane très simple, avec une pièce mansardée pour la chambre d’enfant de Madeleine. » Lorsque l’on revient dans cette maison plus tard dans l’histoire, Madeleine l’a rénovée. Le chef décorateur commente: « Le style est donc bien plus moderne à ce moment-là. Nous avons un autre aperçu de la vie de Madeleine quand on découvre son bureau à Londres où elle exerce comme psychologue. » Mark Tildesley note: « Son immeuble est en partie géorgien, bien que les étages supérieurs soient édouardiens. »

« Nous voulions donner à l’endroit une impression de fraîcheur et de modernité, nous avons donc passé du temps à travailler sur le site, en enlevant tout le bois sombre et en rendant la pièce plus neutre en coloris et plus simple, pour refléter le style de Madeleine. »

Le ministère de la Défense

Les cinéastes ont travaillé en étroite collaboration avec le ministère de la Défense britannique tout au long de la création du film. La Royal Air Force et la Royal Navy ont permis à la production d’accéder à des ressources et à du personnel essentiels pour l’histoire. L’Armée de terre, quant à elle, a fourni des troupes de la Household Cavalry. Le régisseur général Charlie Hayes note: « Les forces armées ont déjà coopéré à des tournages par le passé. Bond a des liens personnels avec l’armée car il est officier dans la Royal Navy, et dans ce film, nous avons travaillé aux côtés des trois armées. Nous avons noué avec elles une relation très spéciale. » Cette collaboration a été précieuse pour la scène où Madeleine Swann traverse le Mall en direction de son bureau sur Carlton House Terrace. Le chef décorateur explique: « C’est un moment important. Il plante le décor et dit directement qui elle est et où elle travaille. » Les Royal Horse Guards appartiennent au régiment de cavalerie Blues and Royals, l’un des deux plus anciens régiments de l’armée britannique qui forment la Household Cavalry. Ils ont offert leur temps à un moment clé de leur emploi du temps, juste avant la relève de la garde au palais de Buckingham.

La Royal Air Force, quant à elle, a permis l’accès à sa plus grande base aérienne, la RAF Brize Norton, dans l’Oxfordshire. Cette base s’est avérée essentielle, car elle représente une base aérienne de l’OTAN en Norvège pour une scène importante. Bond et Nomi y rejoignent leurs alliés du MI6 pour embarquer à bord d’un C-17 Globemaster. Le C-17 Globemaster est un avion de transport stratégique à long rayon d’action, capable d’opérer à proximité d’une zone d’opérations pour des missions de combat, de maintien de la paix ou humanitaires. La scène à l’intérieur du C-17 est un moment classique : Q donne à Bond et Nomi des gadgets qui les aideront dans leur mission. Lorsque Bond et Nomi quittent l’avion, Q reste à bord afin d’examiner les spécifications de leur cible, de leur fournir des informations et de les guider lors de leur attaque. La Royal Navy a également fourni un atout essentiel en permettant à la deuxième équipe de tourner à bord du HMS Dragon, l’un de ses destroyers de défense antiaérienne de type 45. Le HMS Dragon est l’un des navires de guerre les plus avancés au monde et il joue un rôle crucial dans MOURIR PEUT ATTENDRE. La productrice Barbara Broccoli déclare: « La Royal Navy a été très généreuse. Ils nous ont permis d’envoyer notre deuxième équipe pour tourner sur le navire. » Elle ajoute: « Nous avons étroitement collaboré avec toutes les forces armées du Royaume-Uni. La RAF a été extrêmement précieuse en nous donnant accès à sa base aérienne et à l’avion, et nous avons été très reconnaissants de la coopération de la Royal Navy et de l’Armée de terre. Le ministère de la Défense a toujours apporté son soutien aux films de James Bond. »

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