VENOM : LET THERE BE CARNAGE : Dans les coulisses du combat des symbiotes – 4ème partie
Article Cinéma du Samedi 04 Decembre 2021
UN COMBAT À LA BUSTER KEATON DANS UN APPARTEMENT DE SAN FRANCISCO
Le chef-cascadeur Jim Churchman et le coordinateur combat George Kirby ont chorégraphié les scènes de combat, dont l’affrontement entre Venom et Eddie dans leur appartement. « C’est une dispute d’amoureux », signale Churchman. « Tom a commencé par dire qu’il voulait détruire tout l’appartement. On a débuté par quelques coups de tête, et puis la situation dégénère peu à peu jusqu’à ce que la bibliothèque lui tombe dessus. Eddie ne peut pas vraiment faire de mal à Venom, si bien que lorsque cela se produit, il est puni parce qu’il a seulement osé lever la main sur lui ». « Le combat était censé être à la fois drôle et violent », ajoute Kirby. « On se référait constamment à Buster Keaton et à ses cascades traditionnelles qui étaient filmées en noir et blanc. Pour Eddie, ce qui compte, c’est de savoir comment se venger de Venom. À quoi tient-il le plus ? Ce sont Sonny et Cher, deux poulets domestiques qui vivent avec Venom dans l’appartement. S’il y a bien quelque chose auquel il tient, ce sont ses précieux poulets ».
D’après Hardy, le mélange entre des personnages terrifiants et de pures scènes de comédie est la marque de fabrique de la saga. « C’est l’ADN de VENOM », dit-il. « Les films sont parfois sombres – avec un super-méchant effrayant comme Carnage – mais ils peuvent aussi être drôles. Il y a vraiment des scènes irrésistibles ».
Les scènes de bagarres comiques n’ont pas nécessairement influé de manière déterminante sur Churchman (qui a été plutôt marqué par des films d’action sans concession comme ROADHOUSE), Kirby (dont la culture d’arts martiaux s’inspire davantage de Jackie Chan et de Jet Li) ou même Hardy qui pratique le jujitsu. Churchman et Kirby ont d’ailleurs dû résister à la tentation de montrer ce dont Hardy était capable. « Tom est très féru de jujitsu, mais pas Eddie », note Churchman. « Ça ne conviendrait pas à Eddie. Il s’agit d’un combat vachard ». Pour les scènes d’affrontements plus violentes, Hardy a collaboré avec Jacob Tomuri, sa doublure cascade. « Pour les cascades les plus brutales, on faisait appel à Jake, et Tom prenait le relais grâce à son jeu d’une classe folle », relève Churchman. « Jake connaît Tom par cœur et sait instinctivement ce qui lui ressemble, si bien qu’il nous a été très précieux. Quand il nous disait que telle cascade était du goût de Tom, on savait qu’on allait dans la bonne direction ».
LA CRÉATION DES DÉCORS ET DES COSTUMES
Le chef-décorateur Oliver Scholl et la chef-costumière Joanna Eatwell ont offert un cadre esthétique stylisé et réaliste à la fois pour les bagarres de Venom et Carnage qui aboutissent à un combat homérique vers la fin du film.
« Quand on a affaire à un personnage délirant et radical, on a envie de l’inscrire dans un univers réaliste », déclare Oliver Scholl. « Plus l’environnement est crédible, plus le personnage l’est aussi. On peut muscler les enjeux et aller plus loin dans le délire ». De fait, Scholl offre à Venom et Carnage un décor sophistiqué pour leur affrontement explosif : une cathédrale gothique couverte d’échafaudages, en pleins travaux de rénovation. « Une cathédrale gothique est l’un des environnements les plus complexes du point de vue architectural dans lesquels on puisse filmer une séquence », reconnaît Scholl. « C’est à la fois sophistiqué, raffiné et imposant. Et c’est un défi jubilatoire ! » Pour exploiter au mieux ce décor gigantesque, la coopération entre les départements Décors, Cascades et Effets visuels a dû être totale. Il s’agissait d’utiliser au mieux l’espace pour les personnages – et c’est à ce niveau-là qu’interviennent les échafaudages, comme l’explique Scholl.
« C’est une dimension supplémentaire avec laquelle on peut travailler », dit-il. « Du coup, on a accès au toit et aux plateformes et c’est d’autant plus intéressant visuellement. Grâce à un ascenseur de chantier et aux échafaudages, les personnages peuvent investir des lieux auxquels ils n’auraient pas accès autrement ».
Pour la cellule de Shriek au Ravencroft Institute, Scholl a créé une pièce qui a un passé. « Au départ, on s’est dit que ce n’était pas une pièce conçue sur mesure », souligne-t-il. « Elle est située dans le sous-sol de l’Institut et a été aménagée – c’est un vieux recoin à l’abandon, au sous-sol du bâtiment, si bien qu’il fallait qu’on sente que le lieu est chargé d’histoire. Quand Shriek avait 17 ans, il fallait l’enfermer dans un caisson en verre insonorisé. À partir de là, on a réfléchi à la manière dont cette pièce avait évolué : on a insonorisé les murs, on a installé des micros et des caméras en se disant que la technologie devait être modernisée ».
Joanna Eatwell a choisi des costumes qui évoquent discrètement la personnalité des personnages. « Quand on découvre Shriek, elle porte des vêtements fabriqués à la main », explique la chef-costumière. « Elle est enfermée depuis 25 ans. Lorsqu’elle rompt avec Cletus, le monde leur appartient. Ils ont dévalisé la première boutique qu’ils ont aimée et, à présent, ils arborent des vêtements totalement extravagants. Pour eux, avoir du style est une manière d’affirmer sa liberté ».
Par ailleurs, Joanna Eatwell a fait en sorte que ses costumes respectent les engagements des acteurs. « Woody est vegan depuis longtemps, si bien que dès qu’on avait la possibilité de recourir à des matières non animales, on le faisait », dit-elle. « Aucun de ses vêtements ne comporte de cuir, et la peau de serpent et la fourrure sont artificielles. Ses bottes sont fabriquées en Italie dans une matière non animale ».
Joanna Eatwell a également pu témoigner de sa créativité lors d’une scène de carnaval costumée où Venom trouve parfaitement sa place après s’être échappé de chez Eddie. « C’est totalement baroque et extravagant », dit-elle. « Les costumes devaient tous être délirants. Ce n’est que lorsqu’il se retrouve dans des lieux en marge de la société que Venom se sent à son aise. On ne voulait surtout pas évoquer une culture ou une fête en particulier – il fallait que cet événement soit une pure création. C’était un vrai bonheur pour nous et les 700 ou 800 figurants qui nous accompagnés. Grâce au département Foules, tout s’est déroulé à merveille : ils ont réussi à habiller et préparer ces centaines de gens pour le jour J ! » Si la palette chromatique est dominée par des teintes sépia, Oliver Scholl et Joanna Eatwell tenaient à ce que les noirs, les blancs et les rouges ressortent avec force dans cette séquence. « Elle faisait figure d’exception par rapport au monde réel beaucoup plus terne », indique le chef-décorateur. « Un personnage est possédé par un alien et pète les plombs, si bien qu’on a abordé la scène comme un trip psychédélique. On a vraiment pu se laisser aller ! On a même utilisé des projecteurs pour l’éclairer ».
« La scène de carnaval a été un moment jubilatoire et une débauche de costumes », conclut Joanna Eatwell. « Très en amont, on a convenu de limiter les couleurs aux noirs, blancs et rouges. Étant donné l’envergure de la foule, si on avait opté pour toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, le résultat aurait été chaotique et aurait perdu de sa force. Mais comme on a veillé à ce que chaque couleur soit associée à un thème, certains éléments sont bien ressortis à l’image. Ça a fonctionné, mais c’était un vrai délire ! »