Dans les coulisses de SPIDER-MAN : NO WAY HOME – 2ème Partie
Article Cinéma du Samedi 18 Decembre 2021
Depuis la toute première adaptation cinématographique de SPIDER-MAN en 2002, la liste de super-vilains ayant découvert son identité secrète est longue : Bouffon vert, Docteur Octopus, l’Homme- Sable, Lézard, Electro. Ils s’en sont tous pris à diverses déclinaisons de Peter Parker à travers les époques. Quand le sort de Strange affranchit toutes les frontières entre ces univers, ils sont désormais tous réunis face à notre Peter Parker. Pour chacun d’entre eux, il s’agissait d’engager les comédiens ayant déjà interprété ces célèbres méchants – non pas pour une simple apparition, mais pour un rôle forgé par l’ADN même du film. C’est ainsi que Willem Dafoe, Alfred Molina, et Jamie Foxx campent, respectivement, Bouffon vert, Docteur Octopus et Electro.
Comment les convaincre de reprendre du service ? Le mieux, selon Kevin Feige, est de communiquer son propre enthousiasme aux acteurs. « On ne part jamais du principe que c’est acquis d’avance », avertit le producteur. « On ne se dit jamais que les comédiens vont nous donner leur accord sans avoir lu le scénario. On tient toujours à se voir, à se rencontrer et à évoquer nos espoirs et nos ambitions pour le projet – avant d’avoir un scénario parfaitement écrit, il s’agit au départ d’une idée, d’un espoir, d’un rêve. On souhaite plonger les gens dans ce rêve et on est convaincus qu’ensemble, avec leur concours, on pourra réaliser ce rêve. Mais on ne part jamais du principe que c’est gagné d’avance ». D’un autre côté, personne n’a jamais songé à réorganiser un casting. « Tant qu’à faire revenir Docteur Octopus, autant solliciter Alfred Molina », signale Feige. « C’est ce qui nous semblait le plus exaltant ».
« En tant qu’acteur et fan de Spider-Man, c’était génial de les voir endosser de nouveau leur costume et se réapproprier leur personnage », explique Holland. « C’était aussi formidable de voir à quel point Alfred était époustouflé par les progrès technologiques et les évolutions du genre. Quand il a tourné SPIDER-MAN 2, ses bras étaient des marionnettes et il avait quatre ou cinq types autour de lui qui l’accompagnaient dans ses mouvements. Cette fois, il se trouvait sur une plateforme posée sur une perche, lestée par un poids très lourd. Il peut donc se tenir debout, tandis que l’équipe lui permet de se déplacer. On aurait dit un gamin dans un magasin de bonbons ».
« Le jour où j’ai achevé SPIDER-MAN 2, je me suis souvenu que la production souhaitait refaire appel à moi pour un autre film et j’ai dit à Avi Arad ‘tu n’auras pas besoin de moi, puisque je suis mort’. Ce à quoi il m’a répondu ‘Dans cet univers, personne ne meurt vraiment’. Je me suis dit qu’il plaisantait », signale Molina. « Mais Avi avait parfaitement raison. Personne ne meurt dans cet univers ». Si Molina est surtout connu depuis 17 ans, son interprétation d’Otto Octavius, alias Docteur Octopus, reste un bon souvenir. « J’étais très fier de ce film et très heureux d’y avoir participé », reprend-il. « C’était la première fois que je tournais un blockbuster, reposant largement sur la technologie, et j’étais ravi d’y être associé. C’est formidable de reprendre du service et je ressens une responsabilité plus importante parce que je suis conscient que le personnage est très populaire. Il y a 17 ans, le personnage m’emballait. Cette fois, je ne veux surtout pas décevoir les fans ».
Molina explique qu’il a revu SPIDER-MAN 2 pour se remettre dans le bon état d’esprit. « C’était utile de le revoir pour vérifier la justesse de mon jeu », dit-il.
Dafoe, au contraire, ne souhaitait pas revoir sa prestation dans SPIDER-MAN. « Je me souviens très bien du personnage et j’en garde un bon souvenir », note Dafoe. « C’est toujours un double personnage – Norman et le Bouffon vert continuent à se disputer son âme. C’est toujours l’ADN du personnage à mes yeux ». « J’ai fait la connaissance de Willem juste avant la répétition d’une cascade », souligne Holland. « C’est l’un de mes souvenirs les plus surréalistes, parce que lorsqu’il se transforme en Bouffon, il est terrifiant. Pendant la répétition, il s’est mis à avoir ce rire glaçant et à vomir sa haine de Peter Parker. Je suis redevenu un enfant de 5 ans quand je l’ai vu sur grand écran ».
Dafoe, qui a obtenu trois nouvelles nominations à l’Oscar depuis sa première interprétation du Bouffon vert (outre celle qu’il avait décrochée pour PLATOON), explique qu’interpréter un super-méchant issu d’une BD est incomparable. « C’est amusant de se servir des tendances maléfiques du personnage et de leur trouver une justification », dit- il. « Osborn, alias le Bouffon vert, croit que le monde se divise entre perdants et gagnants, et que le pouvoir est la seule chose qui compte. Il n’a que faire de la patience, de la compassion ou de l’empathie – il estime que ce sont les forts qui accomplissent des choses, et ne se soucie guère des plus faibles ».
Tout comme Molina et Dafoe, Foxx remarque que son interprétation d’Electro n’a pas changé, mais que son allure, elle, a un peu évolué. « Comme Electro se retrouve propulsé dans le MCU à partir d’une énergie pure dans THE AMAZING SPIDER-MAN : LE DESTIN D’UN HÉROS, on s’est dit qu’il pouvait sans doute avoir un style différent quand il se manifeste dans le MCU », relève O’Connor. « C’est l’ADN du personnage, mais pas sous la même forme », note Foxx « On a délibérément décidé qu’il ne serait pas bleu. Pour ce film, c’était un peu plus fantaisiste, comme s’il était à part. Il fallait qu’il soit un peu plus réaliste, si bien qu’on voulait que son allure fonctionne vraiment pour le personnage. On reprend l’ADN du personnage, mais en lui donnant une forme qui lui est propre ».
Holland explique que la relecture du personnage est aussi née en coulisses, car les auteurs ont encouragé Jamie Foxx à rester lui-même. « Jamie Foxx est l’un des artistes les plus doués que j’aie jamais rencontré », relate Holland. « À partir du moment où on faisait appel à lui, autant le laisser être lui-même. Jon lui a accordé la liberté artistique d’être drôle et terrifiant à la fois. Et le plus amusant, c’est que Jamie n’est pas spontanément terrifiant. C’est le type le plus charmant, adorable et irrésistible qui soit. Mais quand il s’y met, il peut être effrayant ! Seul Jamie Foxx pouvait orienter le personnage dans ce sens. En toute honnêteté, je serais prêt à retravailler avec lui sur n’importe quel projet. J’adore ce type ».
Le retour sur un plateau d’un film de Spider-Man – surtout au milieu de tant de personnalités talentueuses – aurait pu être source de tension, mais Foxx a réussi à détendre l’atmosphère grâce à des fêtes improvisées dont il a le secret. « J’ai toujours mon sac à dos rempli de mes disques, et comme je sais à qui je m’adresse, je choisis les morceaux en fonction », dit-il. « Quand je vois les cadreurs, je me dis qu’ils ont sans doute besoin d’écouter du Ted Nugent. On ne peut pas leur faire écouter du Cardi B – je leur balance du KISS et du Rush. Il faut aussi tenir compte du réalisateur : la musique ne doit pas perturber la lisibilité du film, mais mettre en valeur la narration, d’autant qu’avec la pandémie, les gens n’avaient pas la possibilité de sortir. C’était donc l’occasion de danser. Quand on a une pause de 15 ou 20 minutes, on passe du Beyonce et Amy Pascal se met à danser comme une folle ! »
Les super-méchants intègrent le casting aux côtés de Tom Holland (Peter Parker), Jacob Batalon (Ned), et Zendaya (MJ). Depuis qu’ils tournent ensemble, les trois jeunes acteurs sont devenus extrêmement proches. Le réalisateur sait d’ailleurs à quel moment les pousser à lâcher prise et, à l’inverse, quand leur demander d’être dans la retenue. De leur côté, ils savent parfaitement qui est le patron sur le plateau ! « En tant qu’acteur, je mets un point d’honneur à faire savoir au réalisateur que je le considère comme seul décisionnaire », déclare Holland. « Au bout du compte, mon boulot consiste à faire ce qu’on me dit et la mission du metteur en scène, à me diriger. On peut avoir des points de désaccord – et je n’hésite pas à exprimer mon point de vue – mais au fond, c’est le réalisateur qui décide. Je l’appelle d’ailleurs ‘patron’ – ‘oui, patron’ ou ‘non, patron’. Je trouve que c’est une bonne chose qu’il en soit conscient : ‘mon acteur principal est conscient que je suis aux commandes, et du coup, quand il a quelque chose à dire, je respecte son avis’. Sur le plateau, on collabore, on débat, il me demande mon point de vue... C’est un bonheur de travailler avec Jon. C’est le seul réalisateur avec qui j’aie tourné que je laisse prononcer mon texte en y mettant l’intonation qu’il souhaite, parce qu’il y excelle. Je lui disais souvent ‘Tu peux prononcer mon texte en prenant ma voix ? Parce que je n’y arrive pas’. Il est formidable. Et il a beaucoup progressé, tout comme moi. Nous formons une belle équipe, et nous sommes liés par une solide amitié, et j’espère que nos liens continueront à s’épanouir. Quand on nous demande de reformer l’équipe, on a le sentiment de renouer exactement là où on s’était interrompu la fois précédente. Parfois, c’est un cauchemar pour Jon Watts parce qu’on se marre tellement sur le plateau qu’on devient incontrôlables ! Mais notre complicité se voit à l’écran et apporte un degré de connivence qu’on ne peut pas simuler. Le fait qu’on s’apprécie vraiment se voit à l’image. Et c’est pour cela que les spectateurs s’identifient autant à nous ».
Si comme J. Jonah Jameson, vous voulez tout savoir sur Spider-Man, lisez la suite de notre dossier, qui apparaîtra bientôt sur ESI !