MATRIX RESURRECTIONS : le retour des héros – 1ère partie : Entretien avec Keanu Reeves
Article Cinéma du Lundi 20 Decembre 2021

Entretien avec KEANU REEVES (Neo / Thomas Anderson)

Un appel téléphonique décisif

Comment le projet a-t-il débuté pour vous ?

Un jour, j’ai reçu un email de Lana qui me disait « Comment vas-tu ? Je réfléchis à … » J’ai été stupéfait ! On a ensuite échangé au téléphone : elle m’a parlé de sa vie personnelle et m’a expliqué pourquoi elle voulait raconter un nouveau chapitre de MATRIX. Elle m’a alors demandé ce que j’en pensais. Je lui ai répondu OUI ! Avec Lana, sur cette saga, c’est un grand OUI, franc et massif.

Comment avez-vous accueilli la suite de cette histoire ?

Dès le premier MATRIX, Lana et Lilly parlaient du deuxième volet. Elles évoquaient certaines scènes qu’elles avaient en tête, si bien que je savais qu’elles avaient l’intention de raconter cet épisode dès le premier film. En tant qu’acteur, j’avais trouvé que mon personnage avait connu une formidable résolution avec la trilogie – ce personnage assure la passerelle entre le monde réel et la Matrice, il incarne l’équilibre entre l’univers des êtres humains et celui des machines… et il n’aspire qu’à la paix. La trajectoire de Thomas Anderson semblait bouclée. Lana m’a dit qu’elle voulait raconter une autre histoire, axée sur la relation amoureuse entre Neo et Trinity, et cela m’a vraiment emballé. J’ai eu le sentiment qu’il y avait là une forme d’harmonie parfaite. En empruntant à l’univers du codage de Thomas Anderson, on pense à « binaire » et aux choix singuliers qu’on doit faire : s’engager dans telle ou telle voie. Trinity et Neo, à mes yeux, représentent cette union. Ils sont très complémentaires l’un de l’autre dans leur mentalité, dans leur énergie. Ils me touchent beaucoup. Quand j’interprète ce personnage et que je donne la réplique à Carrie-Anne dans le rôle de Trinity, il y a une force qui me dépasse. C’est quelque chose d’indéfinissable et, quel que soit son nom, on a le sentiment qu’ils sont réunis dans ce même mouvement.

Quelle a été votre réaction en découvrant le script du film ?

En lisant MATRIX RESURRECTIONS, je me suis aperçu que Morpheus n’était plus le même, que Thomas Anderson n’était plus le même et que Trinity était devenue Tiffany. S’agissant de Morpheus, son périple est très différent et ses rapports avec Neo sont également très différents. Lana a écrit des personnages d’une grande richesse et des acteurs comme Yayha [Abdul-Mateen II] et Jonathan [Groff] excellent à manier l’humour et la gravité. Ils ont créé des personnages dont la personnalité est à la fois sombre et légère – et c’est un bonheur de les voir jouer.

Selon vous, comment Lana a-t’elle évolué en tant que réalisatrice ?

Tout d’abord, la Lana avec qui j’ai tourné MATRIX RESURRECTIONS a travaillé avec le [directeur de la photo] John Toll qui l’a un peu initiée au tournage en lumière naturelle. Sur la trilogie, elle était derrière le combo, alors qu’à présent, elle est devant et, bien entendu, elle se sert du combo. Son évolution en tant que réalisatrice est extraordinaire. Désormais, il s’agit d’une artiste qui s’intéresse à la lumière naturelle, qui tient à être près de la caméra et qui, littéralement, s’identifie à la caméra et devient pour ainsi dire une autre entité. Je n’avais jamais vu ça ! Il y a une sorte d’immédiateté dans sa manière d’orchestrer le tournage qui est totalement à part. C’est toujours très organisé – il y a un plan de tournage, des répétitions et le tournage à proprement parler. Mais il s’agit d’être dans l’instant. Comme le dit Lana « On apprend en faisant » et elle en sait quelque chose.

Ce film marque vos retrouvailles avec Carrie-Anne Moss…

Carrie-Anne et moi sommes restés en contact. C’est une personne merveilleuse qui, depuis qu’on se connaît, a fait beaucoup de chemin. À l’époque, elle n’avait pas trois enfants et un mari. On se disait bonjour, on s’étirait, on s’échauffait et on répétait ensemble. Elle écoutait sa musique et elle était un vrai rayon de soleil. On se soutenait et on se racontait nos vies. J’ai adoré cette période et l’idée de la retrouver, alors qu’elle a tellement changé tout en étant restée la même, m’enthousiasmait. C’était génial de rencontrer son mari et ses enfants – ils forment une super famille ! Et c’était formidable de lui donner la réplique et d’incarner un couple avec elle. Dans une ou deux scènes, Tiffany et Thomas prennent un café – et pour nous, c’était profondément affectif. On devait prendre sur nous pour ne pas pleurer.

Les combats du film sont-ils différents de ceux de la trilogie initiale ?

C’était exaltant de réfléchir à l’évolution du style d’arts martiaux de Thomas Anderson/Neo, vingt ans plus tard. De toute évidence, il se distingue radicalement de celui de JOHN WICK, et Lana tenait à faire en sorte qu’il s’en démarque vraiment, si bien qu’on n’utilisait pas de figures de judo. On est parti très naturellement de la situation du personnage, telle qu’elle était à la fin du précédent film, ce qui était épatant. Pour ce film, j’ai eu l’occasion de retravailler avec Tiger Chen Hu – j’avais déjà collaboré avec lui pour la trilogie. C’était enthousiasmant pour lui d’explorer autant de styles différents (rires). J’ai aussi l’occasion de travailler avec Eric Brown qui m’a coaché sur JOHN WICK. C’était formidable d’avoir une approche occidentale et orientale et de bénéficier de leur expertise et de leur coaching pour me permettre d’effectuer les combats. C’était singulier et enthousiasmant et, si je devais le résumer, je dirais que c’est un style à la fois rugueux et doux.

Restez dans l’univers de la Matrice et sur ESI pour découvrir bientôt une interview avec Trinity ! Bookmark and Share


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