Dans les coulisses de SPIDER-MAN : NO WAY HOME – 4ème Partie
Article Cinéma du Vendredi 14 Janvier 2022
Docteur Strange emmène Peter et le spectateur dans le Sanctum Sanctorum, le saint des saints – le surnom de cette demeure –, et lui montre aussi le chemin pour y accéder. Cette séquence a nécessité la création d'un nouveau décor : pour le concevoir, Gilford a travaillé en étroite collaboration avec Charlie Wood. « On a très rapidement organisé des rendez-vous de travail avec Charlie. Comment aborder le Sanctum ? On voulait être respectueux de son travail et le faire participer à notre processus de réflexion, puisqu'on devait construire un nouveau décor », explique Gilford. « Charlie compare le Sanctum au Tardis de Doctor Who, car il peut se transformer en permanence. On ouvre une porte, et si on l'ouvre à un autre moment, elle peut déboucher sur autre chose ; ça nous a donné beaucoup de liberté. On avait deux décors – un atelier et une salle à l'allure ancienne –, et on tenait à conserver un grand contraste entre les deux. Quand ils descendent au sous-sol, on tombe sur la cave la plus rébarbative qu'on puisse imaginer qui était d’autant plus amusante à habiller. Ma décoratrice de plateau, Rosemary Brandenburg, a mis le paquet pour le faire. Mais ils traversent l'atelier, trouvent une ouverture et tombent sur cette très vieille pièce en ruines. L'idée est qu'elle ait l'air d'être là depuis très longtemps et que ce soient des moines qui aient construit le Sanctum il y a des siècles. Il y a un très beau seuil, couvert de hiéroglyphes, qui mène à la salle ancienne : on voulait arriver du haut du Sanctum, descendre par un escalier dans l'atelier et s’enfoncer encore plus pour accéder à l’ancienne salle. C'était un décor fantastique à construire ».
Autre décor exigeant une décoration spécifique : l'appartement de Happy. « Happy est un personnage vraiment amusant et c'était intéressant de se demander à quoi son univers pouvait ressembler maintenant que Tony Stark n’est plus là », raconte Gilford. « On devait avoir le sentiment d’avoir affaire à quelqu'un de la classe moyenne, car même si l'argent n'est plus un problème, il n'a pas non plus hérité de Tony une fortune illimitée. Il ne pourrait pas s'offrir un appartement de luxe dans un gratte-ciel de Manhattan. On tenait à ce qu'il soit un petit peu en dehors de la ville, et à s'éloigner un peu de ce à quoi on pouvait s'attendre ».
Plus encore, l'appartement devait se faire l’écho de sa relation avec May et de son évolution. « C'était tellement amusant de jouer avec ce décor, car ils vont emménager dans son appartement, et on devait donc rendre le décor très masculin. On s'est dit ‘Et si tout ce qu'il avait acheté pour cet appartement sortait du catalogue d'une compagnie aérienne ? Le canapé, la machine à café, tout ?’ Quand elle emménage, elle y apporte sa touche personnelle », détaille Gilford. Bien évidemment, l'appartement de Happy évoque le passage de Tony Stark. « Dans une pièce inachevée, on a mis le ‘fabricator’, qui sert à générer son équipement robotique, et qui a été, en matière de design, le défi du film que j'ai préféré relever », confie le chef décorateur Darren Gilford. « On a dû concevoir son gabarit et la façon dont il s'ouvre et se déploie ». Pour y parvenir, Gilford et son équipe l'ont imaginé tout comme Tony Stark aurait pu le faire. « Je l'ai conçu avec un nouveau logiciel de réalité virtuelle, en 3D. Je me sentais dans la peau de Tony Stark, avec le casque sur la tête et les manettes de contrôle en main. On l'a imaginé, exporté du logiciel, fait dessiner plus en détails par un décorateur et fabriquer. L'idée, c'est que le ‘fabricator’ fabrique de l'équipement. Si Tony était en mission et avait besoin d'une nouvelle pièce pour son costume, la machine pouvait le faire. Comme il l'a utilisée, elle est usée et un peu abîmée ».
Mais le «fabricator» n'est pas le seul objet à porter l’empreinte de Tony dans l'appartement. « On a donné à Happy une énorme fresque du ‘Hotrod’ de Tony, une Ford Coupe 1934 », explique Gilford. « On a engagé un artiste automobile très réputé pour réaliser une peinture de la voiture d’origine de Tony dans les marais salants de Bonneville [dans l’Utah, NdT.], exactement telle qu'elle était avant que Tony ne la possède. On peut donc se demander si c'est quelque chose que Happy a conservé en souvenir de Tony.
On voulait que ce soit subtil : il ne s’agit pas d’un hommage délirant à Tony mais on voulait réunir quelques objets qui rappellent leur passé commun et qui lui rendent hommage ». Pour les autres lieux de tournage, les auteurs du film ont dû se montrer créatifs. Comme il était impossible de tourner à New York en raison des restrictions mises en place pendant la pandémie, il a fallu reconstituer certains sites new-yorkais en studio. Les marches du Manhattan Science, d'habitude filmées sur un campus à Brooklyn, ont été réalisées entre deux plateaux à Atlanta. La devanture d’un magasin d'Atlanta a été réaménagée pour figurer le magasin de donuts préféré de Jon Watts. Même l’extérieur du Sanctum Sanctorum du Docteur Strange, tourné habituellement à Bleecker Street dans le Greenwich village, a été reconstitué grâce aux décorateurs.
LES CASCADES
Pour le chef-cascadeur George Cottle, l’esprit des cascades a été défini par Tom Holland. « Tom a donné le ton au film et c'était pareil quand il arrivait sur le plateau », déclare Cottle. « Il débarquait tous les matins en pleine forme, saluant tout le monde et ça donnait le rythme. Avec Jon Watts, ils sont tous deux à 110 % tous les jours ! Quand on voit cette énergie et cette passion, ça donne envie de se démener pour Tom ». Une atmosphère dynamique qui a galvanisé les acteurs reprenant du service sur ce projet, comme Willem Dafoe et Alfred Molina, même si tous deux ont dorénavant la soixantaine. « Willem Dafoe m'a contacté avant le début du tournage et m’a dit ‘Je veux juste vous dire, que je veux en faire le plus possible. Comptez sur moi.’ Rien ne l'arrête : il a une forme physique incroyable et il a travaillé vraiment dur. Il a abattu un travail d'une qualité irréprochable. Et Alfred Molina a passé 90 % du temps à tourner dans un harnais, parce que Docteur Octopus se déplace avec ses tentacules. Ce qui n'est pas la chose la plus confortable au monde mais il a été époustouflant », détaille-t-il encore. Le Bouffon vert a des propulseurs sur lesquels il glisse, ce qui permettait à Dafoe de jouer son rôle de bouffon en planant au-dessus de tout. Le superviseur des effets spéciaux Dan Sudick a aussi construit une plateforme sur laquelle l'équipe des cascades pouvait se battre en donnant l'effet de se propulser dans les airs à toute vitesse.