La création de THE BATMAN : La préparation des cascades et des combats
Article Cinéma du Dimanche 20 Mars 2022

Matt Reeves a collaboré avec le chef-cascadeur et réalisateur 2ème équipe Robert Alonzo pour entraîner les comédiens aux innombrables scènes de combat et autres acrobaties exigées par les scènes d’action de THE BATMAN. L’une des séquences les plus complexes – qui résume à merveille le style de combat d’Alonzo – est l’affrontement entre Selina Kyle et Batman. Dans ce passage où celui-ci est censé immobiliser la jeune femme pour obtenir d’elle les informations nécessaires à la poursuite de son enquête, leurs gestes suggèrent qu’ils savent chacun qu’ils ont affaire à un redoutable adversaire. Par ailleurs, comme c’est la première fois qu’ils se retrouvent face-à-face, la tension est palpable.

« Le plus difficile dans cette chorégraphie, c’était de faire en sorte que les objectifs des deux personnages soient perceptibles », explique Alonzo. « C’était d’autant plus difficile que je ne disposais pas de mes doublures cascades féminines, et que je ne pouvais compter que sur les hommes et leur énergie. En général, quand je supervise une chorégraphie, je tiens compte des deux approches, mais comme les femmes avec qui je travaille n’étaient pas là, il me manquait le point de vue féminin. J’ai donc cherché à faire en sorte que chaque geste soit porteur de sens. Mais cela a bien fonctionné car non seulement je déteste les combats gratuits et dépourvus de sens, mais Matt Reeves est comme moi. On ne voulait pas faire l’apologie de la violence pour la violence – et il faut toujours que les affrontements soient guidés par des motivations psychologiques ». Alonzo a orchestré la chorégraphie afin de jouer sur la tension, déjà présente dans le scénario, que l’on ressent lorsque Bruce et Selina font connaissance. « Quand on rencontre quelqu’un pour la première fois, un jeu de séduction peut s’engager, même si on s’affronte physiquement », reprend-il. « On voulait suggérer qu’une forme de complicité pourrait se nouer entre eux, mais le plus important, à mon avis, c’est de garder en tête que Batman, lui, n’a pas la moindre envie de se battre. Il cherche à garder ses distances et à veiller à ne pas faire mal à la jeune femme, parce qu’il ignore dans quelle mesure elle est impliquée dans les événements qui secouent Gotham City ».

Si Batman tient à ne pas blesser Selina, convaincu qu’il a un net avantage sur elle grâce à son gabarit, on comprend rapidement, grâce aux figures d’Alonzo et à la dextérité de Zoë Kravitz, que la jeune femme n’est pas forcément en situation de faiblesse. Et comme Pattinson est, de toute évidence, plus imposant physiquement que sa partenaire, Alonzo a constamment fait en sorte que les deux acteurs soient parfaitement vraisemblables. « Parfois, quand on entraîne des comédiens, ils se focalisent tellement sur leur gestuelle qu’ils en oublient les intentions de leurs personnages », indique Alonzo. « Ce qui m’intéresse, c’est la réactivité des acteurs, autrement dit, j’essaie de les habituer à adopter des gestes naturels : ils n’apprennent pas des gestes par cœur, mais tentent de les retrouver spontanément, en fonction de ceux de leur partenaire. C’est ce que j’appelle un ‘dialogue physique’ : tout comme dans une joute verbale, chaque geste doit être porteur de sens et faire avancer l’intrigue. Tout au long du tournage, on devait veiller à imaginer un style de combat qui tienne compte de la composition, des cadrages, de l’éclairage, de ce que Matt cherchait à mettre en valeur dans la scène. Il s’agissait de faire en sorte que les intentions des personnages soient claires tout au long de la séquence, mais aussi que les acteurs soient investis dans ce qu’ils faisaient. Je trouve que Rob et Zoë ont fait un super boulot ».

Pattinson s’est entraîné pendant sept semaines, s’initiant d’abord au premier combat du film qui se déroule sur le quai d’un métro, à Gotham City, le soir d’Halloween. L’acteur, qui s’est senti fin prêt au moment du tournage grâce à son intense préparation, affirme : « Le style de Rob [Alonzo] est extraordinaire. Tout d’abord, on apprend certains gestes emblématiques qui, par la suite, peuvent rapidement donner lieu à différentes figures. On s’est surtout attaché à développer des combinaisons de gestes spécifiques, sans les appliquer dans le contexte du combat, avant de répéter quelques combinaisons particulières. Au bout du compte, c’était plus naturel et proche d’un véritable combat, parce qu’on s’appuie sur la gestuelle de son partenaire, au lieu d’apprendre par cœur des gestes comme on le ferait pour un numéro dansé ».

« Rob Alonzo et son équipe sont épatants », s’enthousiasme Zoë Kravitz qui connaît le cascadeur depuis qu’il l’a initiée au taekwondo quand elle n’avait que 7 ans. « Dans ce film, on n’exécutait pas de figures invraisemblables. Par exemple, je ne portais pas de chaussures avec lesquelles je n’arrivais pas à marcher, et si je n’étais pas en mesure de soulever quelqu’un, Rob n’exigeait pas que je le fasse. Il tenait à ce que chaque geste soit crédible et guidé par l’émotion, ce qui est formidable ». Bien entendu, la comédienne reconnaît volontiers que ce n’était pas non plus une promenade de santé. « Les deux premiers mois d’entraînement ont été très durs, et je rentrais chez moi en boitant », avoue-t-elle en riant. « Mais c’était génial. Je ne m’étais jamais sentie aussi forte et c’est vraiment une expérience marquante ».

La conception du nouveau Batsuit

Le Batsuit est l’armure protectrice de Batman qu’il a lui-même fabriquée. Bruce Wayne a utilisé des tissus de haute technologie et un blindage résistant aux balles pour offrir à son alter ego une protection stratégique contre les criminels. Grâce au Batsuit, il a créé une silhouette effrayante qui se détache parmi les ombres de Gotham City. Matt Reeves avait en tête un style très précis pour l’élément iconographique sans doute le plus important du film : « Je me disais qu’à partir du moment où Bruce créait lui-même le Batsuit, l’objectif de cette combinaison iconique devait être double : tout d’abord, il est censé terroriser les criminels, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il a choisi cette silhouette qui semble sortir de l’ombre ; ensuite, il doit être extrêmement protecteur et stratégique, comme une tenue anti-émeutes. Je savais qu’en y regardant de près, on devait voir les coutures. Je voulais qu’on voie que le casque s’est souvent pris des coups et qu’il a été renforcé, et qu’on distingue les endroits où la combinaison a été abîmée. Je tenais à ce qu’on ait l’impression que Bruce a concocté cette tenue dans sa Batcave ».

En enfilant cette combinaison légendaire, Pattinson a aussitôt senti qu’elle lui permettait de mieux s’approprier le personnage : « On se sent immédiatement doté d’une force étonnante », confirme-t-il. « Et puis, on comprend que si on fait le moindre effort, on se met à transpirer en cherchant à jouer la scène sans tenir compte du masque. On comprend rapidement que c’est très compliqué, bien plus qu’un rôle habituel et que jouer Batman vous contraint à gérer des difficultés spécifiques. On dépend beaucoup de l’éclairage et de la mise en scène car, en réalité, on doit jouer avec un nouveau visage. Tout ce que j’avais anticipé pour créer mon jeu s’est avéré inopérant. Il s’agissait presque d’apprendre un langage entièrement différent. Au bout du compte, on s’aperçoit qu’on peut obtenir beaucoup avec de tout petits mouvements et que, à bien des égards, l’iconographie du masque est beaucoup plus marquante que n’importe quelle mimique ou expression du visage ».

« Nous voulions donner le sentiment que le Batsuit et la Batmobile ont été conçus par la même personne, autrement dit Batman en personne », indique Clark. « La combinaison est stratégique, elle est d’inspiration militaire, elle est fonctionnelle et pratique. Elle est aussi mythique : Batman possède son propre emblème, son masque, sa cape. On a choisi un style que Bruce Wayne, âgé de 30 ans, aurait pu mettre au point par lui-même ».

Le Batsuit du film a été conçu par le graphiste Glyn Dillon et le superviseur costumes Dave Crossman. Inspiré par d’anciennes combinaisons pressurisées soviétiques, elle semble avoir été fabriquée à la main : les coutures et les traces de combats antérieurs y sont manifestes. Pattinson a été surpris par le confort que lui offrait la combinaison qui, dans le même temps, le protégeait physiquement. En effet, si le style était primordial, le souci de confort était tout aussi crucial pour Dylon et Crossman : ils souhaitaient que le comédien se sente à l’aise dans cette tenue entre les prises et ne voulaient pas devoir faire appel à cinq personnes pour l’extraire de la combinaison s’il avait besoin de souffler.

« J’ai tout de suite eu envie de faire des roulades ! », reconnaît l’acteur. « On pouvait sauter partout et rentrer dans toutes sortes d’objets. Et la tenue était couverte de marques et d’éraflures, si bien qu’elle ne donnait pas trop l’impression d’appartenir à un super-héros. Il y avait même un impact de balle sur le masque qu’on voit tout au long du film. La moindre égratignure était visible. Pour moi, c’est le signe que Batman n’est pas invulnérable ». Par souci d’efficacité, chaque partie de la combinaison possède une fonction, de son gant de protection dissimulant son légendaire lance-grappin à l’emblème de la chauve-souris qui s’avère être un couteau de combat pliant Glauca magnétique. Et contrairement à ses prédécesseurs, le Batsuit n’est pas rembourré à l’aide d’épaulettes ou rehaussé de moulages de muscles saillants. Au contraire, il a été conçu pour être discret et habiller un combattant mince et longiligne.

L’aspect de recyclage a guidé toute la conception du costume, qu’il s’agisse du masque – dans un latex censé évoquer le cuir, dont les nombreuses coutures laissent croire qu’il a été fabriqué à la main – ou de la ceinture, équipée de poches de munitions. « Il en est de même des bottes », remarque Dillon. « Il ne s’agit pas de somptueuses bottes de super-héros. Ce sont des bottes de l’armée autrichienne que Bruce a customisées pour protéger ses tibias ». Les gants de protection de Batman s’inspirent en partie du pistolet que Travis Bickle (Robert De Niro) dégaine rapidement en le faisant glisser le long de sa manche dans TAXI DRIVER. Là encore, il est clair qu’il est le fruit d’un dispositif mis au point par Bruce Wayne. « Il doit donner le sentiment que Bruce s’est servi d’objets de récupération », indique Dillon, « qu’il a customisés en utilisant une sorte de manche de couteau ou une pièce de lave-linge. Les gants s’inspirent d’un shuriken, arme traditionnelle japonaise de lancer, mais ce sont ici des harpons dont Batman se sert pour parer à d’éventuelles agressions au couteau ».

Vous saurez tout sur la conception de la combinaison volante et sur la création des costumes en lisant la prochaine partie de notre dossier consacré à THE BATMAN ! Bookmark and Share


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